1Actuellement, la situation des mouvements de jeunesse est devenue difficile, mais autrefois ces derniers étaient considérés comme une « école de la vie » et les revues de BD étaient un terrain d’affrontement entre mouvements laïques et mouvements catholiques...
2Les mouvements de jeunesse sont des organisations regroupant des enfants ou des jeunes dans un but éducatif hors du temps scolaire. Citons, entre autres, le scoutisme, les auberges de jeunesse, et les maisons des jeunes et de la culture (MJC).
Deux camps, deux revues
3Le 20 octobre 1928, paraît le premier numéro du journal Cœurs vaillants, revue hebdomadaire illustrée élaborée par l’Union des œuvres. L’abbé Gaston Courtois obtient d’Hergé un accord permettant à Cœurs vaillants d’utiliser les clichés des aventures de Tintin. La publication de Tintin et Milou au pays des Soviets débute le 26 octobre 1928. De 1930 à 1936, le tirage du journal passe de 25 000 à 89 000. Dans les années 1930 naît le mouvement des Cœurs vaillants adossé à la revue.
4À la Libération, deux associations laïques sont créées par des proches du Parti communiste : l’association des Vaillants et Vaillantes (colonies de vacances) et l’association des Francs et Franches Camarades (patronages). Le premier numéro du journal Vaillant paraît le 1er juin 1945. Pif y fait ses débuts en 1952 et, dès 1969, Vaillant deviendra Pif gadget…
5En 1944, la revue Cœurs vaillants est interdite de parution (car on manquait de papier pendant la guerre…) alors que le journal Vaillant peut paraître. Après plus d’un an de monopole de Vaillant, les Cœurs vaillants peuvent rééditer. Leur journal est relancé en mai 1946. Il obtient un grand succès grâce au réseau des patronages et à Hergé qui publie en feuilleton Les Sept Boules de cristal et Le Temple du soleil.
6Les mouvements de jeunesse ont utilisé la BD pour remplir les pages de leurs revues, attirer les jeunes lecteurs et mieux vendre. Souvent, ils ont même utilisé un procédé de projection d’images (les « vues-fixes »), notamment pour projeter des cases de BD. Les séances de projections ont été des temps forts d’après-midi récréatives qui ont attiré de nouveaux participants.
7Ces revues ont facilité le développement des mouvements en intéressant et motivant les enfants. La BD a été également, pour les mouvements de jeunesse, un instrument de transmission de valeurs. Les « Tintin » s’opposeraient-ils aux « Pif » ?
Bande dessinée et scoutisme
8Le scoutisme est l’un des plus importants mouvements de jeunesse au monde, d’où sa place à part y compris dans le monde de la BD :
- Baden Powell est le fondateur du scoutisme. Il existe de nombreuses biographies et BD sur sa vie. La BD de Jijé créée en 1950 chez Dupuis a été souvent rééditée (plus de 100 000 exemplaires avec la réédition de 1981).
- Michel Tacq a été scout en Belgique. Il fait quelques illustrations dans les revues scoutes. Puis il dessine plusieurs histoires de l’Oncle Paul pour le journal Spirou où il publie, en 1954, « La patrouille des castors ». Le premier album paraîtra en 1957, le 30e et dernier tome en 1993.
- Gotlib a fait référence au scoutisme avec Hamster Jovial paru dans la revue Fluide glacial puis édité aux éditions Audié dès 1977.
- Deux séries sont parues en album aux Presses d’Île-de-France : La Sizaine des fauves et Les Aventures des mouflons. Toutes deux sont issues de revues scoutes.
- Enfin, plusieurs livres de la collection « Signe de Piste » [1] ont été adaptés en bandes dessinées, pour paraître en feuilletons dans des hebdomadaires. Notamment, dans Cœurs vaillants / J2 Jeunes, tandis que cinq titres ont été adaptés entre 1966 et 1968, dans Tintin / Hello BD. Trois d’entre eux sont parus en album aux éditions du Lombard.
La BD au service des mouvements catholiques de jeunesse

La BD au service des mouvements catholiques de jeunesse
La BD, un outil de communication toujours utilisé
9Aujourd’hui, les liens entre BD et mouvements de jeunesse persistent même s’ils sont plus distendus. Ainsi, À nous les vacances ! raconte l’histoire d’un enfant qui part en colonie de vacances pour la première fois. On y retrouve tous les clichés des colos d’autrefois : batailles de polochons, discours de la directrice, groupes d’enfants fixes… tandis que La BD des colos permet de découvrir les centres de vacances des années 2000. Outil chargé d’informer et de rassurer, cette bande dessinée raconte l’histoire d’un enfant qui part pour la première fois en centre de vacances. Elle est offerte à chaque enfant pour sa première inscription à un séjour de l’association Temps Jeunes [2].
Notes
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[1]
Plusieurs titres ont dépassé le million d’exemplaires comme Le Prince Éric et Le Bracelet de vermeil de Serge Dalens, ou La Bande des Ayacks et Le Relais de la Chance au Roy de Jean-Louis Foncine.
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[2]
Temps Jeunes, 99 rue de Merlo - 69600 Oullins. Cette initiative de l’association nationale Temps Jeunes a été soutenue par le ministère de la Jeunesse et des Sports.