1Il y a quelques années, vous aviez publié une BD sur la création d’entreprise à destination des collégiens de troisième. Pouvez-vous nous présenter la genèse de ce projet ?
2Nous avons tous trois créé notre première entreprise durant nos études – EM Lyon – entre 21 et 25 ans. Diverses expériences de création ont développé chez nous une réelle passion pour l’entreprenariat, qui s’est traduite par la création d’une association regroupant des jeunes créateurs d’entreprises, des conférences de sensibilisation ou encore le développement de modules de formation pour des étudiants de troisième cycle universitaire.
3Lors de rencontres avec des étudiants, nous remarquions qu’ils n’ont que rarement entendu parler de création d’entreprise, et jamais d’un point de vue pratique… Mais si nous observons les pratiques dans ce domaine dans d’autres pays, nous constatons que la sensibilisation à l’entreprenariat y commence beaucoup plus tôt. L’idée a été alors de toucher les élèves dès les études secondaires (il y a une orientation scolaire importante en fin de troisième) à l’aide d’un outil précis, complet et ludique pour que les collégiens aient envie de se l’approprier. La bande dessinée s’est imposée d’elle-même : c’est un support didactique que les enfants appréhendent facilement et de manière autonome.
4L’approche par la bande dessinée permet de soumettre, en face de chaque planche, une page plus théorique, plus complexe. Dans tous les tests réalisés, la bande dessinée Lucy et Valentin a toujours été lue, avec ou sans la présence ou apport de l’enseignant. Le succès rencontré par cette BD ludo-éducative auprès des collégiens – au format particulier confrontant une planche BD avec une page d’informations techniques – nous a amenés à pousser notre réflexion sur la transmission d’informations. Et en développant les domaines d’application et en enrichissant notre palette de réponses, nous avons créé Sydo, une société spécialisée dans la communication explicative.
5Quelle est la place de la BD comme technique de communication au sein de votre entreprise ?
6Notre objectif est de transmettre une information, un savoir, de manière à ce que le message soit accepté et intégré par la cible. Le support BD est l’un de ceux que nous utilisons le plus régulièrement pour son universalité, l’infini de ses possibilités (sa seule limite est l’imagination), et la facilité de sa mise en œuvre (créer une BD ne nécessite pas de moyens techniques trop importants).
7Il se peut également que nous utilisions la vidéo, le jeu ou autre média si nous les jugeons plus efficaces pour transmettre le message. Cela dépend du type de message, du contexte, des modes de diffusion possible et bien évidemment de la cible identifiée.
8Pourquoi avoir choisi la BD comme vecteur de communication ?
9La BD peut toucher tout type de cible avec tout type de message. Il faut adapter le style graphique, le ton et l’univers aux codes de la cible pour que celle-ci soit réceptive au message. Nous utilisons la BD comme clé d’entrée vers l’ensemble d’une information complexe. À l’aide d’une histoire, d’un univers et de codes identifiables par les destinataires du message, la BD crée une émotion, un état de disponibilité du lecteur qui permet l’acceptation de l’information. L’identification du lecteur à l’histoire, aux personnages et aux codes mis en scène dans la BD permet de l’impliquer, de le rendre réceptif aux informations accompagnant la BD.
10Comment travaillez-vous avec vos scénaristes, dessinateurs et commanditaires ?
11Suite à la rencontre avec le client, nous élaborons la stratégie de réponse et le type de message qu’il va falloir transmettre et expliquer. Nous créons ensuite le scénario ainsi qu’un story-board très précis (il s’agit là de BD d’entreprise) que nous transmettons à nos dessinateurs. S’ensuit une série d’échanges entre notre client, nous et le dessinateur pour obtenir la réponse souhaitée.
12La BD est-elle, dans votre stratégie de communication, un média à part entière ou un outil de simplification ?
13La BD est un média à part entière, que nous utilisons pour répondre aux besoins de nos clients. La BD permet de faciliter l’acceptation de messages, notamment par l’identification de la cible et l’utilisation de l’humour.
14Pensez-vous enfin que l’expérience « Lucy et Valentin » puisse avoir conditionné les orientations de votre entreprise ?
15Oui. Que des élèves de troisième lisent l’intégralité des informations rédigées dans la BD nous a montré qu’un support adapté à une cible permet de transmettre tout type d’information et ce de manière efficace. Ce besoin d’explication se retrouve aujourd’hui dans de très nombreuses organisations publiques ou privées. Depuis Lucy et Valentin, Sydo est intervenu sur des sujets aussi divers que l’explication d’un métier, d’une formation, l’instauration d’un nouveau logiciel ; nous avons créé un outil sur le management de la diversité ou encore accompagné une nouvelle politique de développement durable en entreprise.
