CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Beaucoup s’interrogent encore sur l’existence de la bande dessinée africaine. D’autres se demandent si elle peut être considérée comme africaine. Répondre à ces questions c’est montrer d’abord que la BD africaine est une réalité et non un mythe, qu’elle se lit, se vend et qu’elle existe sous différents formats (vignettes dans un quotidien, planches dans un magazine, album complet, album de compilation, album collectif, etc.). Elle est publiée en français, en anglais, en portugais, en arabe et dans les langues locales. Elle couvre différents genres : les contes, légendes et épopées traditionnelles ; le domaine éducatif ou didactique ; l’humour ; les biographies ; l’histoire ; la religion [1].

2Comme partout ailleurs, la BD africaine possède ses héros. À titre illustratif, nous mentionnerons Yirmoaga au Burkina Faso ; Zoba Moke au Congo Brazzaville, Mata-Mata et Pili-Pili, Apolossa, Mohuta et Mapeka au Congo démocratique ; Dago, Monsieur Zézé et Cauphy Gombo en Côte-d’Ivoire ; Bibeng et Tita Abessolo au Gabon ; Tékoué en République centrafricaine ; Boy Melakh et Goorgoolou au Sénégal, etc.

3Cependant, il est important de souligner que la bande dessinée est confrontée sur le sol africain à de multiples difficultés qui freinent son développement et surtout son éclosion en tant qu’art et média à part entière. Il s’agit, entre autres, du manque de formation des artistes, du manque de maisons d’édition spécialisées, de l’insuffisance des circuits de diffusion et de distribution, de l’absence de structure de promotion du livre en tant que produit de consommation et de diffusion de la culture [2]. Ces difficultés n’ont pas empêché le neuvième art de connaître une certaine vitalité en Afrique et de tenter, par différents moyens, d’être présent lors des grandes manifestations internationales.

4Cet article traite d’une manière schématique de l’existence de la BD africaine en précisant ses principaux acteurs et en décrivant son appareil de production ; mais il se limite à l’aire francophone.

Les acteurs

5Il est question ici de tous les acteurs qui évoluent dans le champ africain de la bande dessinée, c’est-à-dire tous ceux qui contribuent à sa production et son éclosion : les éditeurs, les auteurs et les chercheurs.

Les maisons d’édition

6En Afrique, le problème de l’édition se pose de la même façon pour toutes les expressions culturelles. Les éditions spécialisées dans la BD n’existent pas. Néanmoins, quelques-unes implantées en Europe ou en Afrique, publient ponctuellement des albums. Il s’agit notamment de L’Harmattan (Paris), Gallimard (Paris), Segedo (Paris), Éditions du Palmier vert - ABDT (Tourcoing), Euraf Éditions (Écaussines, Belgique), Lai-Momo (Bologne, Italie), Nouvelles Éditions Ivoiriennes (Abidjan), Nouvelles Éditions Africaines (Dakar), Médiaspaul (Kinshasa), Acrep Éditions (Kinshasa), Achka (Libreville), Horaka (Antananarivo), Sogedit (Dakar), etc. Ces maisons ont contribué à la diffusion de la BD africaine en publiant quelques auteurs décrits ci-dessous.

7Parmi ces éditeurs, notons spécialement la Coopérative Lai-Momo, liée à l’association italienne Africa e Mediterraneo. Toutes deux se sont engagées à fond dans la promotion de la BD africaine ; suite aux concours qu’elles organisent, elles ont publié plusieurs anthologies collectives et des albums individuels. Cette initiative louable constitue un signe d’encouragement pour les créateurs africains et permet de les faire connaître au public européen.

Les auteurs

8Nous nous limiterons ici à des dessinateurs et scénaristes qui publient ou ont publié des œuvres méritant d’être cataloguées comme une expression authentiquement africaine. À titre indicatif nous citerons : Raya Sawadogo, A. Kiba, Timpouss Diane, Zoumabe et Joël Salo (Burkina Faso) ; T. Lokoka et Willy Zekid (Congo Brazzaville) ; Salia, Lacombe, Maïga, Mendozza, Zohore, Amanvi, Illary Simplice, Kan Souffle, Titi Faustin, K. Benjamin et Margueritte Abouet (Côte d’Ivoire) ; Hans Kwaaitaal, Laurent Levigot, Pahe et Ly Bek (Gabon) ; O. Bakouta Batakpa et Didier Kasai (Centrafrique) ; Mongita, Boyau, Mongo Sissé, Barly Baruti, Tchibemba Ngandou, Assimba Bathy, Lepa Mabila Saye, Djemba Djeiss, Thembo Kash, Makonga, Pat Masioni, Fifi Mukuna, Pat Mombili, Hallain Paluku, Fao Kitsa, Alix Fuilu, Serge Diantantu, Dick Esale, Jason Kibiswa, Jérémie Senga, Didier Kawende, Hissa Soli (Congo Kinshasa) ; R. Rabesondranata, Aimé Razafy, Anselme Ramiandrisoa Ratsavalka, Lawrence Ralimihanta, Christian Razafindrakoto, Didier Mada BD (Madagascar) ; Massiré Tounkara, Papa Nambala, Julie Batendao (Mali) ; les frères Accoh (Togo) ; Samba Fall, T.T. Fons, Cisse Ndarr, Kabs (Sénégal) ; Simon Pierre Bumbo, Chrisany, Christophe Edimo (Cameroun) ; Hector Sonoh, Jo Palmer (Bénin) ; Adji Moussa et Adjim Dangar (Tchad).

9Cette liste non exhaustive atteste que les talents ne manquent pas en Afrique. Certains travaillent sur place en Afrique. D’autres travaillent avec des scénaristes européens. C’est le cas par exemple de Barly Baruti qui collabore avec Frank Giroud avec qui il a publié Eva K et Mandrill. Citons encore : Salia avec Bréal et Karul, Quand les flamboyants fleurissent et les Blancs périssent (deux tomes) ; Hallain Paluku et Benoît Rivière, Missy ; Kash et Duchâteau, Vanity. Pour leur part, Margueritte Abouet (scénariste) et Clément Oubrerie (dessinateur) ont publié quatre volumes de Aya de Yopougon chez Gallimard. D’autres encore, dans le souci de réussir leur carrière, ont choisi de s’exiler et d’évoluer à l’étranger. Par exemple : Alix Fuilu, Serge Diantantu, Bruno Tshibanda, Hallain Paluku, Fifi Mukuna, Alain Mata, Pat Masioni, Pat Mombili (Congo Kinshasa) ; Simon Pierre Mbumbo, Chrisany, Christophe Edimo (Cameroun) ; Didier Randriamanantena (Madagascar) ; Mariam Nurgoni, Bertin Amanvi (Côte d’Ivoire) ; Adjim Danngar (Tchad) ; Willy Zekid (Congo Brazzaville), etc. Ils se consacrent aussi à la promotion de la BD africaine en participant à tous les grands rendez-vous de la BD, notamment les concours et les manifestations de portée internationale.

La reconnaissance scientifique

10L’existence de la BD africaine est aussi attestée par les travaux scientifiques qui lui sont consacrés. Il y a d’abord des dossiers ou des articles publiés par les revues scientifiques ou de vulgarisation. À titre illustratif, nous pouvons mentionner : L’Année de la bande dessinée (Paris, 1986), Vivant Univers (Namur, 1987), Notre Librairie (Paris, 1987, 1989, 1990, 1991, 1992, 2001), Défis sud (Bruxelles, 2002), Africultures (Paris, 2000), L’ABC de la BD (Québec), Mediaforum (Aix-la-Chapelle, 2000), Nigrizia (Vérone 2002), Equilibri (Milan, 2006), etc.

11En outre, il existe des travaux réalisés par des chercheurs [3] : des thèses de doctorat, des mémoires et des colloques consacrés à l’étude de la bande dessinée africaine.

L’appareil de production

12La presse écrite, les revues et magazines de BD ont favorisé l’émergence de la BD africaine car elle a servi d’espace de publication ou de pré-publication à bon nombre de dessinateurs. Toutes proportions gardées, la découverte de la BD est liée à l’intérêt que les médias locaux lui ont accordé.

Les quotidiens et hebdomadaires

13Au Burkina Faso, c’est grâce à la presse écrite, tant privée que gouvernementale que la BD s’est développée et ouverte au grand public. L’Observateur, un quotidien privé, Sidwaya, quotidien gouvernemental, et L’Intrus, hebdomadaire institutionnel, ont publié quelques dessinateurs tels qu’Anatole Kiba, auteur de Maître Kanon. De même, la série des Yirmoaga de Raya Sawadogo a été éditée sous forme de petits livrets [4]. À ces pionniers succèdent les jeunes qui tentent d’émerger aujourd’hui, notamment Sylvestre Zoumabé Kwene et Joël Salo. Sylvestre Zoumabé est bédéiste et caricaturiste dans l’Observateur Paalga. Il est l’auteur de Zoom sur Ouaga, une contribution au concours Vues d’Afrique organisé par le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD). Joël Salo collabore à l’hebdomadaire Bendré et il est auteur d’un album, Wambi, et de France au revoir, sa contribution au concours Vues d’Afrique. À partir de l’an 2000, dans Kouaka, et sur scénario de Noraogo Sawadogo, les lecteurs ont pu apprécier les talents d’Anatole Kiba, Diane Myriam Quedrogo (Diane) et Timpouga Kaboré (Timpous).

14En Côte-d’Ivoire, l’émergence de la BD remonte aux années 1970 avec la création de l’hebdomadaire Ivoire Dimanche. Celui-ci a publié quelques personnages dont les célèbres Dago et Monsieur Zézé [5]. « Dago » est l’œuvre de Maïga (dessins) et d’Appolos (Textes) et a été publié sous forme d’album en 1977 par Inter Afrique Press. « Monsieur Zézé », création de Lacombe, est sorti en album aux éditions Achka à Libreville [6]. Aussi, Fraternité Matin a publié, dans sa rubrique « Sourire du jour », quelques vignettes de Jess Sah, Pépé et Soumalia. Jess Sah a réuni ses meilleures vignettes dans un album intitulé Imbécile et heureux. Aujourd’hui, la palme revient à l’association « Tache d’encre » avec des jeunes comme Mendozza, Amanvi ou Zohoré. Parmi eux, Mendozza (Maxime Aka Gnoan Kacou) est co-fondateur de l’hebdomadaire Gbich ! et auteur de Proverbes sérieusement illustrés, recueil de dessins humoristiques. Il a participé au concours Vues d’Afrique, avec Abri 3000 comme contribution. Bertin Prosper Amanvi est membre de Tache d’encre, collaborateur au journal Gbich ! et auteur de Blolo Bian, L’amant de l’au-delà. Zohoré, caricaturiste à Fraternité matin est directeur de publication de Gbich ! et créateur du personnage Cauphy Gombo qui a acquis une indéniable notoriété en Côte d’Ivoire.

15Au Gabon, C’est le quotidien L’Union qui, dès 1976, a publié quelques BD à suivre : Bibeng, l’homme de la rue et Tita Abessolo, personnages créés par Hans Kwaaitaal (Achka) et Richard Amvame (Laurent Levigot). En 1983, Achka publie un hebdomadaire gratuit de petites annonces, le Coin Coin où il distille ses BD.

16En République démocratique du Congo, l’hebdomadaire Zaïre-Hebdo a publié, entre 1972 et 1975, les Aventures de Mata-Mata et Pili-Pili de Mongo Sisé [7]. C’est l’unique hebdomadaire d’information générale qui s’est intéressé à la BD en lui consacrant une rubrique, « Notre feuilleton ».

17Au Congo Brazzaville, on peut signaler dans l’hebdomadaire catholique Semaine Africaine la publication de Zoba Moke due à T. Lokoka [8].

18Au Sénégal, Samba Fall, Salioune Sène, Ibrahim Mbengué, J.-P. Kiba, T. T. Fons et Samba Ndar Cissé figurent parmi les grands noms de la BD locale. Certains ont commencé comme caricaturistes. C’est le cas, par exemple de T. T. Fons et Samba Ndar Cissé. Le premier a d’abord dessiné pour le journal satirique Le Cafard libéré ; il est connu pour son personnage Goorgoorlou qui a été adapté pour le petit écran [9]. Le second a été caricaturiste au quotidien Sud (sous le pseudonyme de Bath Cissé) et dans le journal satirique Cactus où il est auteur de Moments privés et Fié waay copain ; de plus, il a apporté avec El Dorado sa contribution au concours Vues d’Afrique.

19Le Cameroun possède aujourd’hui quelques auteurs de bandes dessinées qui ont commencé pour la plupart dans la presse. Marius Desfoussots, illustrateur professionnel de livres, est caricaturiste satirique ; il a travaillé pour LMJ Magazine, Le Messager Popoli, Aurore Plus, Dikato, La Nouvelle Expression, Mami Wata, Les Voix de la Jeunesse. Chrisany a collaboré à la revue Mac BD et réalisé des illustrations pour le mensuel L’Œil du Sahel et l’hebdomadaire Le Temps ; il est l’auteur de Tâ Sâ le futur notable et Articles 5 et 9.

20Au Bénin, Hector Sonon, caricaturiste à La Gazette de Golfe et au Cafard enchaîné, a contribué à l’album collectif À l’ombre du baobab. Il a aussi publié Zinsou et Sagbo, considéré comme le premier album de la BD béninoise. Jo Palmer a aussi débuté comme caricaturiste dans la presse béninoise : Forum Hebdo, Atopani Express, La Gazette du Golfe et La Tribune des démocrates. Il a publié en BD Soukrou ou les méfaits des sacs plastiques et Le Défi. Il a également contribué à À l’ombre du baobab.

21Au Tchad, Adji Moussa a commencé par la caricature dans Le Progrès et dans Tchad et culture. Il a réalisé quelques BD dans divers numéros de Sahibi (bimensuel) et il a illustré des manuels didactiques. Adjim Danngar (Achou) est illustrateur au quotidien Rafigui à Ndjamena et au journal satirique Le Miroir. Il est également membre de la dynamique association « L’Afrique dessinée ». Colère sur la ville est sa contribution au concours Vues d’Afrique.

22Terminons ce parcours par Madagascar où les quotidiens publiaient déjà autour des années 1970 quelques séries à satire sociale. C’est le cas de Madagascar Matin où Xhii et Maa ont publié Besorola et Doda. C’est le début des années 1980 qui marque l’éclosion et le développement de la BD malgache : création des associations et des maisons d’éditions. Les éditions « Eh » publient des journaux de BD et des fascicules de poche, notamment Fararano-Gazety où se sont exprimés A. Ratsivalaka, Lawrence Ralimahanta et Tiana Ratovohery. Il convient également de signaler BD Madagasikara, Sarigasy, devenu par la suite Sarigasmes, où se sont exprimés Aimé Raza et Anselme Ramiandrosoa, ainsi que des journaux humoristiques comme Kitra, Midi Madagasikara et Madagascaricature où Elisé Ranarivelo et A. Ratsivalaka ont exprimé leurs talents.

Les magazines de BD

23La BD au Gabon est aussi passée par des magazines comme Afrikara, Cocotier, L’Union-Magazine et BD Boom. La revue Afrikara, créée par Laurent Levigot, a connu une brève existence. On y a découvert, outre Tita Abessolo, d’autres personnages comme Ayo et Ombiri. Cocotier, première revue de BD, est devenue aujourd’hui une maison d’édition : Achka. L’Union Magazine est un mensuel d’information où Achka et Laurent Levigot ont produit respectivement des illustrations et des BD. Le dernier né est BD Boom, « Magazine explosif des bandes dessinées ». Il est animé par une nouvelle génération d’artistes comme Ly-Bek, Pahé et le Congolais Emmany Makonga qu’on retrouve également dans l’album collectif, Kalou chez les Bantu.

24La République démocratique du Congo est un pays qui a vu naître plusieurs revues de BD. La toute première est Jeunes pour jeunes (1968) [10], devenue Kake en 1971. D’autres revues, moins célèbres, ont existé. Il s’agit de Alama (Lubumbashi), Yaya, Disco, Rasta Magazine, Bédéafrique, Afro BD, Évasions, Bleu Blanc, Lisese, Fula Ngenge, Africanissimo, Bulles et Plumes et la toute dernière, Kin Label (née début 2008). Les hebdomadaires catholiques Renaître et L’Avenir publient également de la BD. Renaître a publié en 2007 une BD de Tembo Kash, La Jungle urbaine et L’Avenir des planches de Luc Zola.

25En République Centrafricaine, la BD est apparue grâce aux revues spécialisées, comme Tatara (1983) suivie par Balao et Dounia. La revue Balao publiait de la BD, des jeux et des dossiers thématiques. Par contre, Dounia et Tatara sont totalement des magazines de BD et en BD. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes est en train de se mettre en place. On note entre autres Didier Kassai. Il est l’auteur de Bangui la Coquette, contribution au concours Vues d’Afrique, et il a participé à l’album collectif À l’ombre du baobab.

26Au Congo Brazzaville, la revue Ngouvou a fait connaître les talents de J. Bhain, Bob Salco, G. Bemba, Y. Kandza, C. Mambou et Ken.

27Créé à Madagascar par l’association Band’décidée, Le Cri du margouillat, devenu Margouillat, était une revue de bandes dessinées diffusée aussi sur l’île de la Réunion et tout l’océan Indien. Aujourd’hui, après une période de crise, des jeunes artistes, comme Didier Mada BD, cherchent à relancer la BD malgache. Didier Mada BD publie ses planches dans L’Express de Madagascar. Il est président de Mada BD, une jeune association qu’il a contribué à fonder.

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Un exemple de la vitalité de la BD africaine, trop méconnue en Europe

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Un exemple de la vitalité de la BD africaine, trop méconnue en Europe

28Ce parcours ne prétend pas à l’exhaustivité, mais il nous permet de montrer comment la presse a contribué à l’éclosion de la BD africaine. La presse généraliste a pu offrir aux bédéistes un espace de démarrage comme caricaturistes pour les uns et de prépublication pour les autres. Mais la plupart sinon la totalité de ces magazines ont cessé d’exister.

Les manifestations (salons et expositions)

29Dans le but de faire connaître la BD africaine plusieurs manifestations tant nationales qu’internationales s’organisent depuis 1983. Cette année est considérée comme celle de la tenue du tout premier colloque sur la BD africaine à Antananarivo. Par la suite, les manifestations ci-après ont été organisées.

  • Colloques : Antananarivo (1983), Kinshasa (2000), Bruxelles (2007), Alger (2008).
  • Festivals et salons : Salon africain de la bande dessinée (Kinshasa, 1991, 2000, 2002, 2004, 2005), Journées africaines de la bande dessinée (Libreville, 1998, 1999, 2000), Afro Bulles (Paris), Coco Bulles (Grand Bassam), Gazy Bulles (Tananarive), Il’en Bulles (Festival international de la BD et du dessin de presse de Port-Louis, 2000, 2005, 2007), Salon de la BD de Bamako, Festival international de BD d’Alger (FIBDA, 2008).
  • Expositions : Cases africaines (Bruxelles) ; Bulles africaines (Africalia 2003 à Bruxelles), Alger (2008), etc.
  • Concours (Prix) : Regards d’ailleurs (Côte d’Ivoire), Vues d’Afrique (Angoulême), Un dîner à Kinshasa (1996), Chroniques Kinoises (2006) [11], Prix panafricain de la Bande dessinée organisé par Africa e Mediterraneo (Bologne, Italie, 2002, 2003, 2005-2006, 2007-2008), le concours organisé par le FIBDA (2008).
À ces manifestations, il convient d’ajouter les différents ateliers de formation ouverts aux bédéistes africains, consacrés à la conception et à la rédaction de scénarios, à la présence des personnages, à la mise en planches, au lettrage et au coloriage. Ces ateliers se terminent souvent par l’exposition des dessins originaux produits par les dessinateurs ayant suivi cette formation.

30Tous ces efforts fournis par les uns et les autres, tant en Afrique qu’en Europe, ont permis d’un côté à la BD africaine d’amorcer son entrée dans le champ mondial de la BD, et de l’autre à sortir de l’anonymat un bon nombre des bédéistes.

31Voici schématiquement présenté et décrit le champ de la bande dessinée africaine qui – il n’y a plus de doute – existe bel et bien. Mais elle est confrontée à l’amateurisme de beaucoup de ceux qui œuvrent dans la création, et à des problèmes de formation des artistes, d’édition, d’impression et de commercialisation. Ce sont ces problèmes qui retardent son émergence totale.

Notes

  • [1]
    Ce texte est un extrait de Cases et bulles africaines. Introduction à la bande dessinée africaine d’expression française qui sera publié à Alger.
  • [2]
    Un colloque sur la BD africaine a été organisé, du 20 au 23 septembre 2000, à Kinshasa sur le thème Bande dessinée africaine. Son discours et ses problèmes. Les actes n’ont jamais été publiés, mais on peut lire à ce sujet une chronique rédigée par S. Langevin, « La bande dessinée africaine, son discours et ses problèmes », Africultures, n° 32, 2000, p. 17-21.
  • [3]
    Nous citons à titre indicatif notre thèse de doctorat, La Religion des bulles. Annales du discours religieux dans la bande dessinée africaine d’expression française, Louvain-la-Neuve, Université Catholique de Louvain, 1996. De même, plusieurs travaux de mémoires sont chaque année défendus, sous ma direction, aux Facultés Catholiques de Kinshasa.
  • [4]
    Les titres suivants ont été publiés : Yirmoaga au petit coin, L’homme trompair, Opital, La Salaire vital, Loyer 86, Cado ou pas Cado, Yirmoaga aux IPR. Comme les titres le montrent, ces récits sont en français populaire, français Moussa parlé dans la rue.
  • [5]
    Il est important de signaler qu’avant Dago et Monsieur Zézé, Ivoire-Dimanche avait publié d’autres œuvres : Yapi, Yapo et Pipo de G. G. Ferant ; Hubuc et le travail, Tout s’explique et Les Aventures de Grégoire Kokobé de Jean de Dieu Niazebo.
  • [6]
    À titre illustratif, nous citerons : Ça c’est fort, Ça gaze bien bon et Opération coup de poing.
  • [7]
    Les titres ci-après ont fait la joie des lecteurs congolais : Le Chèque (septembre 1972 à janvier 1973) ; La Médaille d’or (janvier à septembre 1974) et La Poudre de chasse (juillet à décembre 1975). Mais ces œuvres n’ont jamais été publiées en album complet.
  • [8]
    H. Mbiye Lumbala, « Zoba Moke, une bande dessinée critique et éducative », Médiaforum, n° 2, Aix-la-Chapelle, 2000, p. 5-7.
  • [9]
    A.-C. Robert, « Goorgoorlou, le cri du peuple », Le Monde diplomatique, février 2002, p. 19-20.
  • [10]
    Sur l’origine de cette revue, on lira utilement l’article de Jean-Pierre Jacquemin, « Jeunes pour Jeunes et compagnie », Un dîner à Kinshasa. Concours BD, Bruxelles et Kinshasa, Ti Suka, 1996, p. 20-21.
  • [11]
    Organisé par l’ASBL Deux Mondes, ce concours a connu la participation de 137 artistes parmi lesquels 20 furent primés. Leurs planches ont constitué l’essentiel de l’Exposition Talatala au Festival Yambi à Bruxelles (octobre 2007).
Français

La BD africaine est une réalité elle se lit, se vend et existe sous différents formats : vignettes dans un quotidien, planches dans un magazine, album complet, album de compilation, album collectif, etc. Elle est publiée en français, en anglais, en portugais, en arabe et dans les langues locales. Elle couvre différents genres, à savoir les contes et récits oraux, la BD biographique, éducative (didactique), comique, historique, religieuse (biblique, biographique et hagiographique). Ce texte traite d’une manière schématique de l’existence de la BD africaine en précisant ses principaux acteurs (première partie) et en décrivant son appareil de production (deuxième partie).

Mots-clés

  • bande dessinée
  • Afrique
  • éditeurs
  • contes
  • récits bibliques
Hilaire Mbiye Lumbala
Hilaire Mbiye Lumbala est licencié en théologie et sciences humaines, docteur en communication sociale (Université Catholique de Kinshasa) et professeur de communication visuelle (sémiologie de l’image), communication interculturelle et narratologie aux Facultés Catholiques de Kinshasa (RDC). Il est auteur d’une thèse intitulée La Religion des bulles. Analyse du discours religieux dans la bande dessinée africaine d’expression française (Louvain-la-Neuve, 1996).
Courriel : <hmbiye@hotmail.com>.
Mis en ligne sur Cairn.info le 12/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/31573
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour CNRS Éditions © CNRS Éditions. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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