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Le réductionnisme de l’empirisme logique

Restrictions sur le lexique et la syntaxe

1Dans le champ de la communication scientifique et technique, traduction et terminologie apparaissent comme des sciences empiriques indissociables, collaborant au même degré à la production de textes de qualité (fiables, pertinents et clairs), conformément aux canons positivistes d’une langue se voulant moderne. Toutefois cette confraternité ne va pas sans dissonances. La décomposition de la tâche du traducteur en deux moments distincts reflète ainsi une différence de pratiques concrètes : traduire le texte d’une part, acquérir les ressources terminologiques pertinentes d’autre part. Derrière ces consignes empiriques dispensées par la plupart des manuels de traduction et de terminologie s’esquisse une vision bipolaire, largement partagée et toujours d’actualité, opposant le linguistique (ce qui relève de la langue dite naturelle et des mots ordinaires) au conceptuel (concepts du domaine, ontologie, etc.).

2En forçant un peu le trait, la compétence propre du traducteur est attendue du côté de la maîtrise des systèmes des langues sources et cibles et, accessoirement, de leurs normes textuelles respectives (stylistique du texte scientifique et technique) ; quant au traitement des connaissances véhiculées par le texte ressortissant à la terminologie du domaine (niveau conceptuel), il se décide en principe ailleurs et en amont, dans la mesure où les termes sont indépendants du contexte et échappent aux aléas historico-culturels de la langue. Ainsi l’autonomie du traducteur se restreint-elle à l’espace de jeu ouvert par le passage d’une langue à une autre (le regrettable particularisme du texte-contexte !) et son professionnalisme se mesure-t-il à sa capacité à déléguer la décision terminologique ultime aux instances normalisatrices du domaine. Cette division du travail renvoie à la moindre valeur épistémique attribuée au langage ordinaire auquel devrait un jour, idéalement, se substituer une méthode de syntaxe formelle éliminationniste qui produirait des énoncés protocolaires d’une valeur de vérité égale à celle des termes-concepts.

3On reconnaît dans ce positionnement empirique le parallèle entre termes vs mots ordinaires et souslangage technique (LSP) vs langue ordinaire (Picht et Draskau, 1985). Autrement dit, théorie de la terminologie et théorie des sous-langages techniques (en anglais, languages for specific purposes, LSP) avancent main dans la main, guidées par une critique du langage issu de l’empirisme logique [1]. Celui-ci est à l’origine d’un dualisme qui caractérise aussi bien la théorie générale de la terminologie de Vienne (VGTT) que des travaux sur les sous-langages techniques qui vont fleurir à partir des années 1970 (Harris, 1968 ; Kittredge et Lehrberger, 1982). Plus complexes parce que concernant le fonctionnement des langues aux différents paliers, notamment syntaxique, les sous-langages scientifiques procèdent des mêmes postulats : conception instrumentale de la langue vue comme vecteur d’information ; doxa d’une langue pour la science où le signe est promu en symbole pur, monosémique, bi-univoque et dénué d’émotivité ; principe de réduction résultant de restrictions grammaticales et lexicales régies par la logique et les normes de la communauté. La rémanence du paradigme référentiel est particulièrement visible dans le traitement automatique des langues (TAL) pour lequel la « langue scientifique et technique » constitue un terrain d’application privilégié. Nous le verrons plus loin avec la traduction des terminologies.

La traduction, terrain de jeu spéculatif

4À partir des années 1930, la place centrale qu’occupe la traduction dans la critique du langage faite par la philosophie analytique vient de la certitude que l’acte même de traduire d’une langue à une autre représente une validation de la sémantique vériconditionnelle. Le débat sur la traduction n’intéresse la philosophie du langage que dans la mesure où il permet d’aborder les questions posées par la référence, les divers visages du réalisme (Putnam, 2002), l’objectivité, le relativisme et, par voie de conséquence, les limites de la traductibilité, questions connexes aux problématiques du rapport entre langues, langages et connaissances. En sont exclues les langues concrètes et, a fortiori, les questions relatives au passage de textes d’une langue donnée dans une autre. C’est qu’à l’horizon de ce débat se dessine explicitement la perspective d’un rapprochement entre langages artificiels et langue naturelle supposé suivre la progression suivante : langage machine, Basic, Pascal, ADA, langages d’interrogation, anglais (Lehrberger, 1986). On remarquera que l’anglais standard trouvait un perfectionnement naturel dans le Basic English d’Ogden que nous examinerons plus loin. L’enjeu technologique immédiat de ce débat est naturellement la traduction automatique. Le malentendu principal vient du postulat implicite que les problèmes classiques posés par la traduction humaine sont appelés à être dépassés par la traduction automatique.

5Si la littérature sur les sous-langages scientifiques est parfaitement claire sur ses objectifs en se plaçant d’emblée du côté des nouvelles théories de l’information et de la communication (Wiener, 1948) et en proposant de « formater » l’information contenue dans les textes (Sager, 1981), les choses le sont moins du côté des linguistes et des langagiers que les théories successives de la traduction et de la terminologie ont souvent laissé perplexes.

6L’équivoque provient d’abord de la difficulté à identifier l’héritage logiciste chez les promoteurs d’une théorie de la traduction et de la communication que furent Richards, Ogden, Catford, Vinay-Dalbernet, Mounin, Nida et d’autres. Comme nous le verrons plus loin, l’alternative fonctionnaliste qui succède aux modèles formalistes amplifie le phénomène. Que l’on ait affaire à des théories d’ambition générale (Ogden, Catford) ou à des théories partielles à visée plus empirique (Vinay-Dalbernet, Gak, Malblanc), l’on a de la peine à déceler que leurs propositions seraient plus ou moins gagées sur la logique et l’ontologie. Ainsi, des théoriciens des années 1950 tels que C. K. Ogden, I. A. Richards et J. C. Catford, dont les œuvres ont eu un retentissement considérable, ne sont pas explicitement présentés comme les héritiers de la philosophie analytique de Cambridge dont ils prolongent le projet. Les typologies des théories de la traduction qui ont cours aujourd’hui perpétuent en partie cette incertitude en raison d’une analyse insuffisante des postulats sur lesquels repose leur cadre théorique.

Les héritiers de J. S. Mill ou la détestation des langues

Des mots sans signifiés

7La proximité entre la théorie de la terminologie et les idées du Cercle de Vienne est aujourd’hui un fait indiscutable, de même qu’il est établi que le programme de la VGTT (Vienna General Theory of Terminology) s’inspire du Manifeste du Cercle de Vienne paru en 1929. Apparemment moins directe, la relation d’Ogden et de Richards aux idées de l’Aufbau et de l’empirisme logique en général – notamment à travers Russell et Wittgenstein à Cambridge – n’est pas moins significative. Revenons brièvement sur ce socle mythique. Rappelons qu’Ogden a traduit en anglais en 1923 le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein et que la correspondance entre ce dernier et son traducteur témoigne de la familiarité d’Ogden avec les postulats de l’atomisme logique. De son côté, Richards s’est intéressé de près à la définition comme procédure de réduction (recherche des mots primitifs ou irréductibles : Richards, 1943) et a apporté une contribution à une théorie de la traduction (Richards, 1953).

8J. S. Mill, le père fondateur de la philosophie analytique, avait déjà formulé une théorie compositionnelle selon laquelle « les lois des phénomènes de société sont décomposables en lois de la nature de l’homme individuel » (Mill, 1843) et son influence sur Ogden et Richards est assurément capitale (de même que celle de Bentham, fondateur de l’utilitarisme et père spirituel de Mill). Sans chercher à approfondir ici ces connexions, nous rappellerons qu’Ogden et Richards, auteurs de Meaning of Meaning – théorie-phare de la signification wüsterienne (Ogden et Richards, 1946) – devaient élaborer le projet du Basic English, appelé à devenir la lingua franca de la communication universelle. Les auteurs distinguent dans le langage deux fonctions, la fonction référentielle dont le but est de parler du monde de façon adéquate et la fonction émotive, source d’erreurs et de confusion (d’où l’invitation de Richards dans sa théorie des fictions à « expulser la rhétorique mystificatrice »). Leur sémiotique consiste en une « science de la symbolisation » (Science of Symbolism) déterminant l’emploi correct des mots dans le raisonnement, d’où la place centrale qui y occupe l’opération logique de définition, démarche majeure du positivisme logique. Leur projet d’« orthologie » consiste à expurger les signifiés des mots pour créer délibérément un ensemble fini de signes symboles univoques, traduisibles dans toutes les langues. Présenté comme un langage sténographique de la pensée, le Basic English nous libérerait de l’étrange pouvoir que les mots ont sur nous et nous donnerait le sens des vraies valeurs. Il s’agit bien d’un projet contre les langues, comme l’affirme la préface à Basic English : « It is clear to most persons with a knowledge of history and an interest in international organization that one of the chief needs of Europe is fifty more dead languages » (Ogden, 1930).

De quelles langues parle-t-on ?

9L’ouvrage magistral de J.-C. Catford, A Linguistic Theory of Translation : An Essay in Applied Linguistics (1965), s’affiche comme une théorie linguistique relevant de surcroît de la linguistique contrastive : « The theory of translation is concerned with a certain type of relation between languages and is consequently a branch of comparative linguistics » (p. 20). L’axiome d’équivalence tel que le définit l’auteur pose que la correspondance formelle entre deux segments de langue (source et cible) est atteinte lorsque tous les niveaux correspondent (phonologique, graphologique, syntaxique, lexical). En fonction de ces critères formels, la traduction sera considérée comme totale ou limitée. Une telle approche de la traductibilité relève clairement des langages formels et des propositions de Rudolf Carnap dans Logical Syntax of Language. En excluant qu’il y ait un transfert de signification dans l’opération de traduction puisque la signification est une propriété de la langue (un texte russe a une signification russe, un texte chinois, une signification chinoise, etc.), Catford s’inscrit dans un débat fameux en philosophie du langage. Ce point renvoie en effet à la dissociation entre forme et contenu revendiquée par Schlick (2003). C’est ainsi que la question embarrassante des signifiés linguistiques est mise hors jeu, le recours à une interlangue conceptuelle, en l’occurrence le Basic English, étant admis par Catford.

10L’affiliation de Catford au projet d’Ogden et Richards est en effet attestée par un article remarqué « The Background and Origins of Basic English », paru dans la revue Language Teaching en 1950. Catford leur emprunte le principe d’intratraduction (de l’anglais standard au Basic English), lui-même issu du principe de réduction, et il tient pour acquis le paradigme de la sémantique vériconditionnelle. En concevant l’équivalence traductive comme un transfert de règles grammaticales instanciant des entités fixes susceptibles d’acculturation (en chinois, russe, etc.), il se place hors du champ de pertinence de la traduction concrète. Sous couvert de théorie linguistique de la traduction, il nous parle de traduction automatique. Si J. S. Mill n’accordait aucun intérêt particulier à la diversité des langues, Catford, tout comme Ogden, s’inscrivent clairement dans le camp des débabélisateurs, soucieux d’en finir avec l’originalité de chaque langue [2].

Traduction des terminologies

Montée en puissance du fonctionnalisme

11Nous avons vu que l’intérêt pour la traduction chez les héritiers du positivisme logique était soit spéculatif (la traduction servant de test aux postulats de la sémantique vériconditionnelle), soit prosélyte (planter dans l’esprit des populations analphabètes du monde des « semences morales et mentales » selon Ogden et Richards), les deux positions interférant largement. Il en est résulté un ensemble de prolégomènes, axiomes et hypothèses déconnectés de la pratique réelle de la traduction. En réalité, impuissants à réformer le langage ordinaire, les théoriciens de la traduction ont fini par se lasser d’un problème trop complexe qu’ils ont abandonné aux praticiens. La thèse de l’indétermination de la traduction de Quine (1960) accroît le scepticisme et marque la fin de la période utopique de la « théorie de la traduction ». La thèse de l’indétermination de la traduction a en effet une portée considérable : « Les significations ne sont pas indépendantes des manuels de traduction mais, en partie, engendrées par eux » (trad. fr. p. 115).

12Les tentatives qui se succèdent à partir de l’ouvrage majeur d’Eugene Nida, Towards a Science of Translating (1964), se présentent comme des études partielles, limitées à des langues ou à des domaines particuliers, ou consacrées à des questions spécifiques (Holmes, 2000). Les Translation Studies offrent un paysage fragmenté selon des lignes théoriques peu lisibles où prédomine un pragmatisme justifié par des visées applicatives, en réaction contre les excès de formalisme de la période précédente. Adopté par Nida, le fonctionnalisme constitue ainsi l’option méthodologique majoritaire dans les travaux anglo-saxons. Plutôt que de mots ou de structures, on parle de messages et d’équivalence entre messages. La pointe extrême du courant fonctionnaliste est sans doute représentée par la théorie du skopos (la traduction comme action). On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la position réformiste au sein de la VGTT qui substitue à la valeur épistémique du terme sa fonction communicative. Inspirée des travaux de Halliday (1985), l’approche fonctionnaliste permet d’intégrer des informations socioculturelles et, en cela, représente un progrès par rapport aux grammaires formelles, « indemnes de culture ». Le fonctionnalisme n’en est pas moins limité aux unités pivot, la phrase et le mot, qui induisent une approche tronquée de la traduction. Assujetis à une linguistique fondée sur une analyse grammaticale par niveaux, la plupart des travaux qui font autorité en traductologie et en lexicologie ont échoué à refonder sous l’aile de la pragmatique des propositions qui prétendent arracher la traduction et la terminologie à leurs limitations théoriques et pratiques. L’intention louable d’intégrer le cadre pragmatique de l’action traduisante n’a pas permis l’émancipation nécessaire du cadre logiciste.

13Faute de place, nous n’évoquons pas ici un courant post-fonctionnaliste majeur qui considère la traduction comme un actant social agissant sur les cultures (Venuti, 1998). Il a engendré une conception de la traduction à la fois anthrologique (problématique de l’altérité) et cognitiviste (l’émergence des représentations culturelles et modèles mentaux) qui présente l’intérêt de substituer à la recherche d’équivalence de langue à langue, l’équivalence de texte à texte (Meschonnic, 1999), mais qui relève plus des Cultural Studies que d’une sémantique textuelle, seule capable selon nous de renouveler l’approche de la traduction.

Le concept de « ressources »

14Les projets de traduction des terminologies constituent l’un des chantiers emblématiques du Web sémantique. Ils s’inscrivent dans la lignée du programme de la science unitaire rêvé par les philosophes des années 1930. Peu embarrassés par cette pétition de principe, ils postulent l’universalité de la logique et de l’ontologie pour accomplir la mission universaliste du World Wide Web.

15Les sous-programmes de travail expriment clairement cet engagement logique et ontologique puisqu’ils visent principalement le stockage de termes, vus comme des entités conceptuelles fixes dont la signification serait indépendante des langues. La norme ISO est l’instance de normalisation mondiale qui valide les termes et leur traduction. La fixation de la norme de traduction d’un terme relève d’un comité ISO. Aussi les plus radicaux des terminologistes appellent-ils à développer la créativité néologique afin de contrecarrer la montée inexorable de la polysémie dans les LSP (Riggs, 1986). L’instauration de néologismes devrait permettre d’endiguer à la fois la polysémie et la diachronie, hantise du dogme logiciste.

16La traduction de terminologies offre un espace où le contrôle des significations est supposé garanti. C’est en quelque sorte le degré zéro de la traduction puisque les unités concernées (la phraséologie étant l’unité supérieure) sont réputées peu sensibles au contexte.

17L’intérêt pour les cognates illustre bien cette stratégie de contournement. Il s’agit en effet de répertorier dans le lexique d’une langue tous les signifiants qui se retrouvent dans le lexique d’une autre et de les aligner comme des synonymes ; or cette factorisation du lexique « apparenté » participe d’une démarche à rebours de l’attitude attendue du traducteur. C’est mettre le local en avant, au détriment du global. Pire encore, la méprise sur les emprunts, calques et autres cognates constitue une régression par rapport à ce qu’écrivait Jakobson : « Equivalence in difference is the cardinal problem of language and the pivotal concern of linguistics » (Jakobson, 1969). C’est même une régression par rapport à la théorie des faux amis de Vinay et Dalbernet qui, entravés par leur modèle descriptif et hiérarchique, entrevoyaient le problème de la variabilité du sens dans le texte et comprenaient l’importance de la sémantique historique.

18Les unités opératoires que se donne le TAL dans le traitement des terminologies et de leur traduction relèvent d’une linguistique de la phrase rivée sur le syntagme nominal. Le statut douteux de la phraséologie comme unité complexe figée exprime une attitude pusillanime face à la traduction. La position de la phraséologie comme unité intermédiaire entre le mot et la phrase trouve sa justification dans une réduction commode du syntaxique au lexical puisqu’on dit pudiquement à son propos que « le syntagme s’étend jusqu’au phraséolexème ».

19La traduction des terminologies est donc motivée à la fois par l’impératif de performance requis par la capacité illimitée du Web et par la facilité du stockage par alignement ajusté à la structure des bases de données.

20L’acquisition de termes par alignement de corpus de textes parallèles constitue à cet égard un exemple éclairant. La mise en parallèle de textes traduits pose la question du statut du texte traduit et sa validation (biais du texte original). L’argument d’autorité qui tient à la source des textes alignés (traductions multiples d’institutions internationales, par exemple) coupe souvent court à la discussion. En fait, c’est la raison technique qui l’emporte sur tout autre considération (Pierrel et Slodzian, 2004).

21S’il est vrai que la terminologie textuelle sur corpus a permis de questionner le dogme logiciste en révélant la variabilité des signifiés terminologiques en texte, l’exploitation actuelle des techniques d’alignement exige un retour critique qui convoque la traductologie et la sémantique textuelle (Rastier, 2006).

Notes

  • [1]
    L’apport décisif de l’empirisme logique, notamment avec la parution de l’ouvrage de Rudolf Carnap, La Construction logique du monde (Der logische Aufbau der Welt), en 1928, a été de proposer une reconstruction rationnelle de la connaissance au moyen de la logique des relations, toute connaissance étant connaissance de la structure de la réalité, et non du contenu lui-même. De Wittgenstein à Schlick en passant par Carnap ou Neurath, l’usage scientifique du langage est une question centrale qui présuppose l’univocité d’un langage intersubjectif garantissant la possibilité de la communication. Cette structure des faits, transportable et donc communicable, correspond à des entités logico-linguistiques (termes et énoncés) obtenus essentiellement par réduction.
  • [2]
    L’auteur a développé ces points dans différents articles dont : « Rationalisation des langues : l’état de la question entre les années 1930 et 1950 » in De la mesure dans les termes, Lyon, PUL, 2005, et « L’émergence d’une terminologie textuelle et le retour au sens », in Le Sens en terminologie, Lyon, PUL 2000.
Français

La traduction scientifique et technique et la terminologie relèvent d’un régime empirique comparable. Examinées au prisme de la doctrine linguistique de vérité logique, elles se différencient à partir de la ligne de démarcation langue naturelle / langage formel. Après avoir analysé les rapports respectifs des théories de la traduction et de la terminologie à la philosophie du langage issue de l’empirisme logique, on cherchera à clarifier les rapports réciproques entre ces théories chez les auteurs les plus représentatifs du modèle logico-ontologique. On s’intéressera enfin à l’évolution du modèle dans un cadre fonctionnaliste et on s’interrogera sur les limites de la rupture épistémologique entrevue depuis les années 1980. L’engouement pour la traduction des terminologies servira d’exemple à charge. L’alternative pourrait venir de la sémantique textuelle.

Mots-clés

  • traduction scientifique et technique
  • sous-langage technique
  • philosophie analytique
  • logique
  • ontologie
  • interlangue conceptuelle
  • diversité des langues
  • sémantique textuelle
  • techniques d’alignement
  • ressources multilingues

Références bibliographiques

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Monique Slodzian
Monique Slodzian, professeur à l’Inalco, où elle dirige le département « Textes, informatique, multilinguisme ». Spécialisée dans les problèmes et les enjeux du multilinguisme (traduction, terminologie, recherche d’informations, document numérique), auteur de nombreuses publications, elle est également responsable scientifique de plusieurs projets européens (Princip, programme Safer Internet ; Alcpu, programme Lingua) ainsi que coordinatrice du projet C-Mantic, appel ANR « Masses de données », 2007.
Courriel : <mslodz@inalco.fr>.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 24/10/2013
https://doi.org/10.4267/2042/24128
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