CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1L’importance accordée aujourd’hui aux Translation Studies, aussi bien dans les universités anglo-saxonnes qu’à l’échelle internationale, est indéniable : sur Google, elles renvoient à pas moins de 579 000 entrées. Nées aux États-Unis dans les années 1960 (Apel et Kopetzki, 2003, p. 56), les Translation Studies connaissent un développement spectaculaire dans les années 1980, et deviennent une discipline de premier plan, définitivement reconnue comme telle par les milieux universitaires, dans la décennie suivante. Du moins si l’on en croit Mona Baker, qui, dans son introduction à la Routledge Encyclopedia of Translation Studies n’hésite pas à dire que c’est « une nouvelle discipline passionnante, peut-être la discipline des années 1990 » (2001, p. xiii) [1].

2La montée en puissance, bien réelle, de cette nouvelle discipline, a cependant trois inconvénients. Le premier, c’est de risquer de faire oublier qu’elle n’est « nouvelle » que rapportée au monde universitaire anglo-saxon ou au rayonnement international dont elle jouit depuis une vingtaine d’années. On rappellera que le terme de « traductologie » a été forgé au début des années 1970 par le Canadien Brian Harris (Harris, 1973), et que, même au sein du domaine francophone, il s’entend de manière différente au Canada, en France, en Suisse ou en Belgique, et l’on ajoutera au couple Translation Studies / traductologie ses variations dans les autres langues, Übersetzungswissenschaft (allemand), traduttologia (italien), perevodovedenie (russe), etc. Par ailleurs, l’humanité n’ayant pas attendu l’émergence des Translation Studies pour s’intéresser à la traduction, il est indispensable de replacer la question dans un contexte historique plus large.

3Le deuxième inconvénient serait de croire qu’un « tournant traductologique » – de même que l’on parle de « tournant langagier » (Guillhaumou, 2000) ou de « tournant communicationnel » (Maigret, 2001) en sciences humaines – s’est produit au xxe siècle alors qu’en réalité on peut le faire remonter au siècle précédent, en l’occurrence aux théories apparues dans l’Allemagne romantique (Berman, 1984).

4Enfin, l’emploi du terme de Translation Studies tout autant que celui de traductologie, même à vouloir les regrouper sous le terme générique de « théorie(s) de la traduction », risque d’occulter le fait que la traduction, devenue un aspect majeur de la mondialisation, n’intéresse pas que les spécialistes de la traduction. Autrement dit, la traduction est un objet d’étude pluridisciplinaire, faisant intervenir l’ensemble des sciences humaines. Ce sont ces trois volets qui seront examinés tour à tour.

« Translatio studii » et « Translatio imperii »

5Il n’est pas exagéré de dire que la traduction est constitutive de la civilisation occidentale. La notion de translatio studii (transfert du savoir), concept clé du Moyen-Âge, en est la parfaite illustration. D’après cette conception, le savoir s’est « transféré » de la Grèce vers Rome, puis de Rome vers le monde chrétien. Ce transfert des connaissances va de pair avec le transfert du pouvoir (translatio imperii) : celui-ci s’effectue de la Grèce à l’Empire romain, qui a son tour le transmet à l’Empire carolingien, mouvement que perpétue la Renaissance. La traduction est inséparable du contexte historique ou culturel mais également politique. De plus, si la traduction joue un rôle si crucial, alors ce qui n’est pas traduit peut l’être tout autant. C’est ce que souligne Roger Bacon (1214-1294) dans son Opus Tertium (Cassin, 2004, p. 1315) : « Dieu révéla d’abord la philosophie à ses saints, à qui il donna la loi […]. Elle fut donc donnée de manière principale et complète en langue hébraïque. Elle fut ensuite principalement rénovée par Aristote en langue grecque ; puis principalement par Avicenne en langue arabe ; mais elle ne fut jamais composée en latin, et fut seulement traduite/transférée (translata) à partir des langues étrangères, et les meilleurs [textes] ne sont pas traduits (translata). »

6Les Romains n’avaient pas cru bon de s’intéresser aux mathématiques, auxquelles les Grecs attachaient tant d’importance, à la physique, à l’astronomie, etc. Ce sont les Arabes qui ont traduit les textes scientifiques grecs à partir du viiie siècle, avant de les transmettre de nouveau à l’Occident. La traduction n’est pas qu’une opération « neutre » : les Arabes ne se sont pas contentés de traduire, ils ont considérablement fait avancer, par leurs propres travaux, les connaissances scientifiques (Djebbar, 2005). Et ces connaissances, à leur tour, allaient être (re)traduites et enrichies par l’Occident. Vu l’importance de la translatio studii et imperii, il n’est donc pas étonnant que, très tôt, on se soit intéressé à une question clé de ce processus, celle de l’intraduisible.

7C’est à Rome que s’élaborent d’abord les fondements de la théorie de la traduction dans le monde occidental, au contact du grec, langue apparentée au latin, mais très éloignée en de nombreux points. Les premières traductions des œuvres des auteurs grecs apparaissent au iiie siècle avant J.-C. Elles sont proches du mot à mot, mais peu à peu se met en place l’opposition entre le « sens », renfermé par l’original et qu’il faut conserver, et les « mots », qu’il s’agit de modifier, car le grec ne peut passer tel quel – estime-t-on – en latin. Cicéron (106-43) expose ainsi la méthode qu’il a suivie pour ses propres traductions : « Je ne les ai pas rendues en simple traducteur (ut interpres), mais en orateur (sed ut orator) respectant leurs phrases, avec les figures de mots ou de pensées, usant quelquefois de termes adaptés à nos habitudes latines. Je n’ai donc pas jugé nécessaire d’y rendre chaque mot par un mot (verbo verbum reddere). » (Oseki-Dépré, 1999, p. 19).

8La même démarche est adoptée par lui pour traduire les philosophes grecs : « Et même si je me contentais de traduire (vertere) Platon ou Aristote, comme nos poètes ont traduit les pièces grecques, ce ne serait pas, à mon avis, un mauvais service à rendre à mes concitoyens que de leur rendre accessibles ces génies divins en les transportant (transferre) jusqu’à eux » (Cassin, 2004, p. 1308). Il rentre dans la traduction à Rome une part d’adaptation plus ou moins grande, puisqu’il s’agit de conformer l’original aux « habitudes latines ».

9À la traduction des œuvres littéraires et philosophiques, il faut ajouter celle de la Bible, capitale pour l’Occident à la fois gréco-romain et judéo-chrétien. Elle commence, non à Rome, mais à Alexandrie, au iiie siècle av. J.-C. La Septante est traduite par la communauté juive de cette ville en grec, car c’était alors la langue internationale par excellence, tant sur le plan littéraire que politique. Une fois que le latin eut supplanté le grec dans cette fonction, la version latine qui finit par s’imposer est, au ive siècle après J.-C., celle de saint Jérôme dont le nom (la Vulgate) signale qu’elle a pour but d’être comprise par le plus grand nombre.

10Saint Jérôme part de la Septante, mais l’estime inexacte par rapport à l’original hébreu, dont il entend rétablir l’hebraica veritas dans sa traduction. C’est pourquoi il infléchit la conception cicéronienne en affirmant : « Oui, quant à moi, non seulement je le confesse, mais je le professe sans gêne tout haut : quand je traduis les Grecs – sauf dans les Saintes Écritures où l’ordre des mots est un mystère –, ce n’est pas un mot par un mot, mais une idée par une idée que j’exprime. » (Oustinoff, 2007, p. 28).

11À partir de ce moment, que ce soit dans le domaine des textes littéraires, théoriques ou religieux, la vision occidentale de la traduction oscillera, et pour longtemps, entre les deux pôles que sont la fidélité à la lettre (en traduisant selon les mots, ad verbum) ou à l’esprit (en traduisant selon le sens, ad sensum) avec, au centre, l’original : il faudra attendre le xixe siècle pour voir apparaître un paradigme radicalement nouveau.

Le tournant traductologique de l’Allemagne romantique

12Comme l’a démontré Antoine Berman dans L’Épreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique (1984), la conception de la traduction qui se forge alors va à l’encontre de la vision gréco-romaine, que perpétuait à la même époque la pratique française dite des Belles Infidèles, consistant à franciser à outrance les traductions. On peut prendre la mesure du renversement de perspective opéré en se référant à ce que préconisait Rudolf Pannwitz (Berman, 1984, p. 36) : « Nos versions, même les meilleures, partent d’un faux principe, elles veulent germaniser le sanscrit, le grec, l’anglais, au lieu de sanscritiser, d’helléniser, d’angliciser l’allemand […]. L’erreur fondamentale est de conserver l’état contingent de sa propre langue au lieu de la soumettre à la motion violente de la langue étrangère. »

13Faire l’éloge de ce que la traduction apporte à sa propre langue n’est cependant pas nouveau. C’est ce que proposait Joachim du Bellay dans Deffense et illustration de la langue françoise (1548) : « Si les Romains (dira quelqu’un) n’ont vaqué à ce travail de traduction, par quels moyens ont-il pu ainsi enrichir leur langue, voire jusques à l’égaler quasi à la grecque ? » (Longeon, p. 157). Mais ce n’est là que le premier temps d’un cycle, celui de l’« appropriation », concept clé de la Renaissance, qui en compte trois : le deuxième est celui de l’« imitation » ; le troisième est supérieur aux deux précédents et consiste à « illustrer » sa propre langue en créant des œuvres nouvelles. C’est par ce cycle qu’est passée Rome, et c’est aussi celui de la Renaissance : d’abord valorisée, la traduction se voit ensuite reléguée au second plan.

14La première originalité des romantiques allemands, c’est de considérer la traduction comme lieu permanent d’enrichissement des langues, des littératures et des cultures de l’humanité entière, permettant de « féconder le Propre par la médiation de l’Étranger » (Berman, 1984, p. 16). Humboldt est un de ceux qui a le mieux théorisé cette question, en distinguant étrangeté et étranger : « En vérité, il faut attacher à cette conception [l’idée] que la traduction porte en soi une certaine coloration d’étrangeté, mais la limite où ceci devient défaut est ici très facile à tracer. Tant que l’on ne sent pas l’étrangeté, mais l’étranger, la traduction a rempli son but suprême ; mais là où l’étrangeté apparaît en elle-même et obscurcit peut-être même l’étranger, alors le traducteur trahit qu’il n’est pas à la hauteur de son original. » (Humboldt, 2000, p. 39).

15La deuxième originalité, c’est de reconsidérer le statut de l’original. Celui-ci, en effet, n’est plus le dépositaire unique de l’œuvre, mais seulement une de ses versions, certes majeure, mais que chaque traduction vient « potentialiser » : « En affirmant, au moins implicitement, que la traduction potentialise l’original, Novalis a contribué à nous faire sentir que gains et pertes, ici, ne se situent pas sur le même plan. Ce qui veut dire : dans une traduction, il n’y a pas seulement un certain pourcentage de gains et de pertes. À côté de ce plan, indéniable, il en existe un autre où quelque chose de l’original apparaît qui n’apparaissait pas dans la langue de départ. La traduction fait pivoter l’œuvre, révèle d’elle un autre versant. » (Berman, 1984, p. 20).

16La troisième originalité a trait à la manière de considérer le langage. Le fondateur de l’herméneutique moderne, Friedrich Schleiermacher, est également l’un des premiers théoriciens modernes de la traduction [2] avec Des différentes méthodes du traduire (1999). Mais on insistera sur l’apport de Wilhelm von Humboldt, auteur, selon certains, d’une « révolution copernicienne » dans ce domaine (Hansen-Løve, 2000 ; voir aussi Trabant, 1999).

17Au cœur de ses réflexions sur la langue, on trouve l’idée suivante : « Sie selbst ist kein Werk (Ergon), sondern eine Thätigkeit (Energeia) » (Humboldt, 2003, p. 315), qui se laisse traduire par « Elle-même n’est pas un ouvrage (ergon), mais une activité (energeia) ». Autrement dit, la langue est une force agissante, et non un simple instrument au service de la pensée. Puisque la langue informe la pensée, alors il n’est pas indifférent que cette dernière s’exprime dans telle ou telle langue, chaque langue constituant une vision du monde (Weltansicht) qui lui est propre. Ensuite, si tel est le cas, alors la diversité des langues n’est pas une malédiction, comme le laisserait entendre une lecture hâtive du mythe de Babel, mais un facteur d’enrichissement réciproque.

« Translation Studies » et mondialisation

18Les théories des romantiques allemands représentent donc un tournant dans la manière de concevoir la traduction. Auparavant, celle-ci avait tendance à être considérée comme « défective » (Berman, 1995). Dorénavant, la traduction n’a plus simplement pour finalité de reproduire l’original : elle est à considérer aussi (positivement et non plus négativement) du point de vue de sa fonction transformatrice, en tant qu’energeia. C’est une des orientations qui sera reprise, au siècle suivant, par les Translation Studies.

19Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le passage suivant, tiré de l’introduction de Susan Bassnett et André Lefevere à Contemporary translation theories d’Edwin Gentzler (2001, p. ii) : « La traduction est, bien sûr, une récriture du texte original […]. La récriture est une manipulation, effectuée au service du pouvoir, qui, considérée sous son aspect positif, contribue à l’évolution d’une littérature et d’une société données. La récriture est susceptible d’introduire de nouveaux concepts, de nouveaux genres, de nouveaux procédés, si bien que l’histoire de la traduction est également l’histoire de l’innovation littéraire, et du pouvoir qu’a une culture d’en façonner une autre [3]. »

20L’originalité d’une telle démarche est à replacer dans le contexte de son époque. Au xxe siècle, les conceptions des théoriciens de l’Allemagne romantique sont d’abord tombées dans un oubli relatif. Ce qui prédomine, c’est la conception « cibliste » de la traduction, tournée tout entière vers la langue cible, notamment dans les pays anglo-saxons. Norman Shapiro en expose le principe on ne peut plus clairement : « La traduction consiste selon moi à produire un texte d’une telle transparence qu’il ne semble pas avoir été traduit » [4] (Venuti, 1995, p. 1).

21Les termes de « langue source » et de « langue cible », ou de « langue de départ » (LD) et de langue d’arrivée (LA), se trouvent en effet dans de nombreux ouvrages, à partir des années 1960. Cette terminologie reflète les tentatives faites alors pour formaliser les opérations en jeu dans la traduction. Les schémas utilisés sont parfois d’une grande complexité (c’est en particulier le cas des théoriciens s’appuyant sur les travaux de Noam Chomsky), mais on pourrait les réduire tous à la formule fondamentale : LD ? LA.

22Ces tendances des années 1960 et 1970 n’ont pas que des inconvénients. La traduction cibliste, par sa « transparence » même, a des avantages certains, du point de vue, notamment, de la communication : l’interprète y a massivement recours, car autrement il risque de ne plus être compris par son auditoire ; la littérature pour enfants, par exemple, ne peut se permettre non plus d’être « opaque » ; il en va de même pour les ouvrages de vulgarisation qui, par définition, doivent éviter d’utiliser un langage obscur. Par ailleurs, la formalisation du langage a des applications évidentes en matière de traduction automatique (TA) ou de traduction assistée par ordinateur (TAO), dont l’utilité n’est plus à démontrer, dans un monde ayant à faire face à des « flux de traduction » que les NTIC rendent de plus en plus considérables.

23Néanmoins, les inconvénients de telles conceptions sont devenus, aujourd’hui, tout aussi patents. Dans le domaine de la littérature, Edmond Cary, dès 1958 s’insurgeait contre une vision mécaniste, en s’écriant dans Comment faut-il traduire ? : « La traduction littéraire n’est pas une opération linguistique, c’est une opération littéraire. » Dans les années 1970, c’est en réaction contre la même dérive que paraissent les travaux d’Henri Meschonnic, de George Steiner, d’Antoine Berman, et de bien d’autres auteurs (voir Oustinoff, 2007).

24Dans le domaine des sciences humaines, la remise en cause de la vision de la langue que sous-tendent ces conceptions avait été effectuée, notamment, par Émile Benveniste dans son Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969). C’est dans cette lignée que s’inscrit le Vocabulaire européen des philosophies dirigé par Barbara Cassin, qui explique dans sa présentation que l’ouvrage est fait « de mots pris dans la différence commensurable des langues » (2004, p. xvii) : Geist, ce n’est pas exactement mind, ou esprit, pas plus que pravda n’est superposable à justice ou à vérité, etc. La même démarche est transposable à la politique, à l’histoire ou aux autres sciences humaines.

25Par ailleurs, la théorie de la traduction s’était surtout intéressée à la traduction littéraire, et seulement accessoirement aux autres formes de traduction. Les Translation Studies n’ont pas hésité à déborder très largement ce cadre jusqu’à prendre en compte des domaines considérés auparavant comme mineurs, en s’appuyant sur la théorie de la réception élaborée par l’École de Constance (H. R. Jauss, W. Iser, etc.) et en élargissant sa portée. Du coup, c’est tout un nouveau champ de recherches qui s’ouvre : la traduction devient un maillon essentiel de la communication interculturelle, puisqu’il n’est nullement l’élément neutre qu’on se plaisait à y voir.

26Comme la traduction est toujours porteuse de transformations, même lorsqu’elle semble la plus « transparente », ces transformations demandent à être analysées pour elles-mêmes, d’autant qu’elles ne font que prendre plus d’importance du fait de la mondialisation.

Conclusion

27La théorie de la traduction est une science humaine : Les Translation Studies ont fait de la traductologie (et ses diverses variantes : Übersetzungswissenschaft, traduttologia, perevodovedenie, etc.) une discipline internationalement reconnue comme telle. C’est là un mérite qu’on ne saurait leur dénier.

28On accordera aux Translation Studies un second mérite : celui de prendre appui sur le tournant traductologique opéré au xixe siècle dans l’Allemagne romantique et d’en étendre de manière convaincante le champ d’application, notamment en intégrant en leur sein les écoles de pensée les plus diverses en la matière (Baker, 2001).

29C’est là, selon nous, leur intérêt majeur du point de vue de la recherche. Néanmoins, à trop vouloir s’étendre, la traductologie risque de perdre en profondeur ce qu’elle gagne en extension (critique qui est souvent faite aux Cultural Studies, dont elles constituent un prolongement). Ce risque peut cependant être évité : la solution réside dans l’interdisciplinarité.

30C’est pourquoi la traduction, par l’importance qu’elle revêt aujourd’hui, et la diversité des formes qu’elle prend en raison du développement spectaculaire des NTIC et de l’emprise de la mondialisation, ne doit pas être réservée aux traductologues : elle demande à être étudiée aussi par les spécialistes des autres sciences (humaines ou « dures »). En particulier, une association apparaît comme particulièrement prometteuse, en tout cas indispensable : celle de la traduction et des sciences de la communication.

Notes

  • [1]
    « […] an exciting new discipline, perhaps the discipline of the 1990s » (notre traduction).
  • [2]
    Herméneutique et traduction sont intimement liées, dès les origines : dans l’Antiquité, l’herméneutique est née à Alexandrie du besoin de remplacer, dans les textes homériques, les mots devenus incompréhensibles par les termes modernes correspondants, ce qui est une forme de traduction intralinguistique (Apel et Kopetzki, p. 20).
  • [3]
    « Translation is, of course, a rewriting of an original text […]. Rewriting is manipulation, undertaken in the service of power, and in its positive aspect can help in the evolution of a literature and a society. Rewriting can introduce new concepts, new genres, new devices, and the history of translation is the history also of literary innovation, of the shaping power of one culture upon another. » Cité par Appel, Kopetzki, 2003, p. 56 (notre traduction).
  • [4]
    « I see translation as the attempt to produce a text so transparent that it does not seem to be translated » (notre traduction).
Français

Les Translation Studies ont, par leur rayonnement depuis les années 1970, fait de la traductologie (et ses diverses variantes, Übersetzungswissenschaft, traduttologia, perevodovedenie, etc.) une discipline internationalement reconnue au sein des sciences humaines. Néanmoins, il ne faudrait pas croire que le « tournant traductologique » ait attendu la fin du xxe siècle pour se produire : il a eu lieu le siècle précédent dans l’Allemagne romantique. Enfin, du fait de la multitude de formes que peut prendre la traduction et que vient encore démultiplier la mondialisation, la traduction ne saurait être l’apanage des seuls spécialistes de la traduction : elle demande à être appréhendée sous l’angle de l’interdisciplinarité la plus large.

Mots-clés

  • translation studies
  • traductologie
  • tournant traductolgique
  • sciences humaines et traduction

Références bibliographiques

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Michaël Oustinoff
Michaël Oustinoff, maître de conférences HDR à l’Institut du monde anglophone, Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, et membre du Tract (Traduction et communication transculturelle anglais/français-français/anglais) au sein de l’EA 3980, Lilt. En outre, il participe au comité de rédaction de la revue Palimpsestes et a publié Bilinguisme d’écriture et auto-traduction. Julien Green, Samuel Beckett, Vladimir Nabokov (L’Harmattan, 2001) et La traduction (coll. « Que sais-je ? », 2004).
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 24/10/2013
https://doi.org/10.4267/2042/24124
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