CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Les origines des sciences de la communication, on le voit dans ce numéro, sont multiples. Et encore celui comporte-t-il des lacunes, une profondeur historique limitée et pas assez de comparatisme. C’est en fait le comparatisme qui permettrait, au mieux, de percevoir la diversité, et la richesse de ces sciences, les plus récentes, venant à la suite, au xxe siècle, des sciences de l’ingénieur, puis de celles du vivant et de l’environnement.

2Les sciences de la communication sont en réalité le symbole du début de ce siècle : comment vivre ensemble, ou plutôt cohabiter dans un monde ouvert, fini où l’autre est omniprésent, et pourtant si différent et incontournable ? La question de la communication, c’est-à-dire de « l’autre », avec l’obligation et la difficulté de la cohabitation est bien au cœur des défis nouveaux. Avec ce risque de renversement inouï dans l’histoire : l’information et la communication qui furent depuis trois siècles des valeurs d’émancipation ne risquent-elles pas, au contraire, dans un monde ouvert de devenir un facteur de guerre, faute de pouvoir supporter cette présence de l’autre, si différent de soi ?

3Malgré la dévalorisation théorique dont elle fut trop longtemps l’objet, la communication est une des grandes questions de ce siècle. L’impensé d’un monde que l’on a voulu sans cesse plus ouvert, sans voir qu’il amplifiait la question qui est déjà au cœur de toute l’histoire humaine, à savoir celle de la cohabitation, toujours difficile, entre des hommes et des cultures différentes. Comment vivre, de manière pacifique, avec ce voisin qui ne me ressemble pas, de plus en plus mon égal, que je ne peux plus éliminer, et avec lequel il va falloir cohabiter ? Comment revaloriser l’identité, condition indispensable de la communication, sans favoriser pour autant tous les irrédentismes identitaires ?

4C’est en cela, au-delà de la technique et de l’économie, que la question de la communication est avant tout une question politique. C’est d’ailleurs finalement ce qui émerge de ce début de travail d’anthropologie de la connaissance, qui appelle d’autres travaux, en France, dans les pays francophones et tous les autres.

La communication, d’hier à aujourd’hui

5Cet éclairage sur l’émergence de la problématique de la communication montre l’extrême diversité de ce qui sera toujours des sciences interdisciplinaires. C’est d’ailleurs probablement le caractère composite, hétérogène, souvent peu noble et valorisé de ces questions, qui explique en bonne partie la faible légitimité dont elle fut la victime, jusqu’à une date récente.

6Comme dans toute l’histoire des sciences, cela a commencé par de l’interdisciplinarité c’est-à-dire fondamentalement de « l’indiscipline ». Seuls des esprits originaux, en marge ou rebelles, s’occupaient de questions comme l’information et la communication qui n’intéressaient personne et ne semblaient guère porteuses d’avenir. En outre, qu’il s’agisse de littérature, théâtre, cinéma, enseignement, psychologie sociale, médias… ceux qui s’y intéressaient étaient eux-mêmes tellement hétérogènes qu’ils n’avaient pas toujours le même langage pour échanger entre eux. Certains étaient ingénieurs, d’autres fonctionnaires, journalistes, universitaires, militaires, militants. C’est donc « l’incommunication » des pères fondateurs, liée à l’hétérogénéité des sources et des origines de cette question qui explique, en partie, la faible légitimité qui entoure l’émergence de la problématique.

7Ceci dit, on retrouve toujours quelques points communs chez ces fondateurs. D’abord des esprits critiques et indépendants qui souhaitent changer la société et les hommes. Un grand intérêt pour les techniques, sans pour autant tomber dans l’idéologie technique qui dominera à partir des années 1980. Une volonté de lier progrès technique et projet social. Des militants et des politiques. Avec en filigrane une réflexion plutôt favorable sur l’émergence de la société de masse dans les années 1960. Un hommage spécifique devra un jour être rendu à Georges Friedmann, philosophe et sociologue français, qui après avoir créé la sociologie industrielle dans les années 1946-1960 avec Alain Touraine, Michel Crozier et tant d’autres, crée également le Centre de recherche sur la communication de masse en 1960, avec Edgar Morin, Roland Barthes et Olivier Burgelin. C’est eux qui introduisent au CNRS, la recherche sur les médias de masse, avec cette volonté de faire le lien entre ce qui était perçu comme une double chance d’émancipation : la société et la communication de masse.

8Contraste réel avec l’émergence des NTIC dans les années 1980-1990 qui se fera, au contraire, contre le thème de la société de masse, condamnée pour son égalitarisme, au profit de tout ce qui sera individuel. Et qui verra dans Internet le symbole de « l’intelligence » d’un individu libre, contre le troupeau passif et manipulé du grand public de la télévision. Dans les années 1960, il y a tout de suite le souhait d’utiliser les techniques pour un projet politique social ou culturel. La culture est d’ailleurs omniprésente chez ses jeunes fondateurs. Ils ne craignent pas la perte de la culture d’élite – contrairement aux années 1990 pendant lesquelles cette crainte sera exagérée. La plus grande partie d’entre eux, quelle que soit leur discipline d’origine, se pose la question de savoir comment aider à faire émerger une culture de masse de qualité. D’ailleurs à l’époque, on parle souvent de « communication sociale » voire de « communication populaire » ce qui atteste la volonté de lier la communication à un projet de société. Et ceci quelles que soient les opinions politiques de droite ou de gauche de ces auteurs. La société d’alors n’a pas encore été gagnée par l’individualisme d’aujourd’hui, et les inégalités culturelles sont combattues au nom de la société de masse, qui depuis la guerre était considérée comme un progrès. En tout cas une chance à saisir, et où l’on pourrait remarquer l’engagement des intellectuels. On voit comment le contexte a changé… Rares sont ceux aujourd’hui qui pensent d’abord par rapport à une responsabilité sociétale et collective. Les lourdeurs de la société de masse, les possibilités de l’individualisme, le progrès technique et l’enrichissement partiel, ont « démonétisé » la question d’un projet pour la société de masse qui était animée de valeurs égalitaires et d’émancipation dans les années 1960.

9Et aujourd’hui, justement ? C’est presque le contraire. La technique domine avec ses réalisations inouïes, la vitesse des changements, les coûts en diminution, un usage de plus en plus vaste et plus populaire. La banalisation et la marchandisation réussie semblent être la réponse à toutes les questions politiques d’hier. Les usages populaires comme moyen d’éliminer ou de dépasser une problématique politique. C’est d’ailleurs le lien technique-économie qui domine. Le progrès va tellement vite, et les marchés sont tellement au rendez-vous, que l’adaptation des usages aux techniques devient synonyme de projet politique ! Pourquoi se poser des questions si les individus s’enthousiasment librement pour toutes les techniques de communication et leurs interconnexions ? Le marché comme substitut de la politique, ou plutôt comme déplacement de la question politique. Et comme tous les milieux sociaux et toutes les classes d’âges se convertissent progressivement aux NTIC, tout semble aller dans le bon sens. D’où la prédominance de l’idéologie technique et l’absence de projet politique en dehors d’une petite frange d’auteurs critiques.

10Si les budgets de communication sont les budgets les plus en expansion chez les ménages depuis vingt ans, n’est-ce pas la preuve de l’adéquation entre technique, économie et société ? L’adaptation comme seul projet politique. Quant à la culture, c’est là encore celle des usages qui domine. La culture des NTIC a tout envahi, symbole de la modernité et de l’ouverture. Très peu de culture critique, d’autant qu’il y a toujours le souvenir que, parmi les premiers fondateurs d’Internet, il y avait beaucoup de libertaires qui souhaitaient, par les réseaux, subvertir le marché capitaliste et la démocratie formelle. Un peu d’ailleurs comme ce qu’il s’est passé au début de la radio et de la télévision dont on supposait qu’elles allaient changer la société. Flotte encore autour des TIC un parfum de subversion, de critique et d’émancipation qui semble, en tout cas, dévaluer encore plus les médias de masse et valoriser les services interactifs individualisés. Par le sacre de la demande et de l’individu, n’y a-t-il pas la preuve d’une émancipation par les TIC ? Et la manière dont les altermondialistes se sont saisi de ces techniques depuis une dizaine d’années, confirme le sentiment d’une adéquation entre les nouvelles techniques de l’information et l’émancipation politique, sociale et culturelle.

11Rarement, dans l’histoire des techniques, aura-t-on constaté un lien aussi direct entre usage, technique, économie, politique, projet et critique. Rarement des techniques n’auront été autant investies positivement, avec aussi peu d’esprit critique. La preuve ? Toute critique est considérée comme de la « technophobie ». Et comme beaucoup d’individus, notamment jeunes, éprouvent une légitime fierté à se servir de cet outil pour s’émanciper et à exprimer leurs opinions dans les blogs et forums, on en arrive à un quasi-consensus. Des plus sceptiques à l’égard de la société de consommation, aux vendeurs les plus acharnés, tout le monde voit dans l’emprise croissante des techniques de communication et du multi-branchement une des manifestations les plus visibles de l’émancipation de l’homme.

12Un exemple ? La quasi-absence de critiques contre l’idéologie sécuritaire qui envahit progressivement nos sociétés et qui trouve dans les systèmes d’information toutes les traçabilités nécessaires à la surveillance des individus. Et même si cela menace une bonne partie des libertés politiques, privées ou publiques, qui ne furent reconnues qu’après tant de siècles de luttes…

13Dans aucun autre domaine d’activité la technique n’a été investie d’une telle capacité à changer l’homme et la société. Bien sûr les problèmes et les contradictions sont devant nous, mais pour le moment, c’est l’euphorie. Avec le sentiment que là au moins il y a « un progrès ». Pourquoi pas ? C’est évidemment la redécouverte de l’incommunication qui progressivement obligera à un retour critique.

14Pour l’instant c’est donc l’euphorie. Un symbole ? Le mot « communication » a perdu son sens normal. On ne parle que d’information ou de « systèmes d’information ». Nous sommes fascinés par la capacité à produire et distribuer un nombre sans cesse croissant d’informations, et persuadés que la communication est au bout des tuyaux et des systèmes.

15Hier information et communication étaient synonymes. Aujourd’hui avec le progrès technique, l’élévation du niveau de vie et d’éducation, l’information l’emporte sur la communication. Pourtant entre les deux, émerge le récepteur de plus en plus critique et dont on a sous-estimé depuis un demisiècle, la complexité. En réalité, cette complexité de la communication évacuée au fur et à mesure du changement technique ressurgit par le biais de la résistance trop oubliée de ce récepteur. Celui-ci négocie, refuse, se débranche… en tous cas, n’est plus en ligne. Entre la révolution de l’information et la résurgence de la complexité de la communication surgit donc la figure inattendue du récepteur. Le récepteur, comme retour d’une complexité dont on aurait rêvé, qu’elle soit réduite ou diminuée par le progrès technique. Le retour de l’homme, là où la technique devait en simplifier la complexité.

Un demi-siècle : quatre tournants théoriques

16Depuis les années 1960, l’histoire de la communication a été marquée par une emprise croissante de la technique, de l’économie et de la problématique des usages. Au point que les questions des années 1950-1960 – les techniques, et la communication, au service de quel projet politique, social ou culturel – sont devenues progressivement des questions centrées sur l’adaptation. Non pas comment adapter les techniques à un projet, mais quel projet social, culturel, élaborer à partir de ces techniques. La modernisation comme horizon. Au point que, depuis une génération, il est préférable de ne pas mettre en cause le bien-fondé de ces techniques, surtout depuis qu’elles sont individualisées.

17Celui qui interroge, ou critique, doit se justifier de n’être pas conservateur ou technophobe. L’usage est devenu le projet. L’adaptabilité la valeur. D’ailleurs, en France, jusque vers 2005 le discours dominant était « comment rattraper le retard ? ». Toute l’histoire technique, liée hier à une problématique du service public, est devenue celle d’un horizon commercial, avec la condamnation d’un peuple « frileux » à l’égard des nouvelles technologies. Le Français était supposé incapable de s’adapter à l’ordinateur et à Internet, même si le succès du minitel montrait le contraire. Aujourd’hui, où la France est dans le peloton de tête des équipements et des usages, on a oublié cette obsession à vouloir rattraper un prétendu « retard », brandi comme la preuve de l’anti-modernité française. En réalité, comme toutes les vieilles cultures, il y avait un temps de latence. Aujourd’hui, plus que jamais la question n’est plus l’équipement et l’usage, mais celle du projet. Tout cela pour quel projet de société ?

18En dehors des chercheurs liés aux NTIC et aux sciences sociales, les autres disciplines ont continué des débats liés à la linguistique et aux sciences cognitives. L’entrée à partir des années 1970 des sciences de l’information et de la communication dans l’université, avec la création de la 71e section, a accentué une sorte de séparation entre ceux qui s’intéressaient à la problématique des médias et des nouvelles technologies, et ceux qui poursuivaient des problématiques plus traditionnelles. Les deux mondes ne se sont guère rapprochés jusqu’au début des années 2000.

19Dans une approche plus classique, du langage, de la sémiologie, de la littérature, de la philosophie, puis des sciences cognitives, on peut distinguer, en simplifiant, quatre étapes qui finalement seront un atout théorique pour les sciences de la communication de demain. Car là est sans doute l’apport de ces sciences naissantes : rapprocher et féconder des regards différents sur l’information et la communication.

20Au fond, l’émergence des sciences de la communication, auxquelles Hermès contribue, ainsi que l’Université et toutes les politiques du CNRS depuis trente ans, jusqu’à la création de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, illustre ce mouvement de rapprochement et de coopération entre des approches différentes, finalement complémentaires, de la question de l’information et de la communication.

21On constate ainsi la légitimité croissante d’une problématique autour du mot « communication », entendu comme le lien entre relation, incommunication et cohabitation, même si, pendant un demisiècle, ce mot fut largement sous-évalué, pour ne pas dire dévalorisé. Le mot « information » avait une certaine valeur, de la presse aux NTIC, alors que le mot « communication » était symbole de toutes les dérives marchandes et manipulatrices.

22C’est la découverte qu’il ne suffit pas qu’il y ait beaucoup d’informations pour créer davantage de communication qui a facilité la prise de conscience de la complexité théorique de la communication. Notamment avec les difficultés de dialogue homme-machine et l’émergence de la complexité du récepteur. S’il n’y a pas de communication sans information, chacun sait bien aujourd’hui qu’entre les deux, le mot, le plus compliqué reste celui de la communication : dès que l’on prononce le mot communication, la question est celle de la relation, avec la machine mais surtout avec l’autre être humain, au bout ou en dehors des machines. Au bout des réseaux et des systèmes, il n’y a pas d’autres systèmes, mais des hommes, des sociétés et des cultures.

23Au fond le mot « communication », qui hier était identifié à ce qu’il y a de plus simple, voir de plus vil, et de critiquable, par rapport au mot information, est en train de devenir le symbole de ce qu’il y a de plus compliqué. Avec la communication, la question est celle de l’altérité, donc des conditions d’une cohabitation possible entre des personnes, des sociétés, des cultures… différentes. Communiquer, c’est affronter l’autre. Question finalement éminemment plus complexe au fur et à mesure que les individus sont équipés de toutes les techniques leur permettant de se rapprocher et d’échanger des sons, des images, des données. Le village global devenu à peu près une réalité technique montre que le plus compliqué est devant nous. Non pas dans l’ordre technique et économique, mais dans celui du cognitif, du culturel et du social. Le village global n’est pas synonyme de la fin de la tour de Babel. Il en est le révélateur à une échelle jamais réalisée dans l’histoire de l’humanité.

24Le paradoxe dans cette maturation intellectuelle est qu’une bonne partie des ingénieurs, notamment au CNRS au travers du département SPI, puis STIC et ST2I ont été des alliés en faveur de cette ouverture. Ce n’est pas toujours, loin de là, chez les ingénieurs que le technicisme, que l’idéologie technique a été la plus dominante. Ceci est à rappeler pour montrer comment, dans un espace-temps où tout a été très vite, il est nécessaire de se garder des stéréotypes.

25Simultanément à cette revalorisation théorique et conceptuelle du mot « communication », contemporaine de l’élargissement des problématiques de l’information, et alors que débutent des recherches interdisciplinaires, on peut observer quatre mouvements d’idées, quatre tournants, qui à leur manière jouent tous un rôle certain dans l’émergence actuelle des sciences de la communication.

Le tournant linguistique (1960-1970)

26Lié au structuralisme, ce tournant est essentiel pour les sciences sociales, mais aussi bien au-delà. Le structuralisme a révolutionné la position du rapport entre le sujet et le monde, redessinant autrement, après l’existentialisme, la question des libertés de l’homme. Ici, la linguistique, puis la sémiologie et la psychanalyse ont joué un rôle essentiel, même si quelques années plus tard le raidissement des positions intellectuelles et théoriques appauvrira finalement ce qui était aussi une révolution de l’homme.

La rupture des techniques (1970-1980)

27Les techniques, surtout avec le surgissement de l’ordinateur, constituent le symbole de la modernité. Le sentiment qu’une autre époque s’ouvre, où en s’affranchissement du temps et de l’enjeu, l’homme va pouvoir façonner une autre modernité, dont les techniques sont un peu le symbole. À la redéfinition des rapports hommes/femmes, « l’ébranlement » des valeurs sociales et culturelles traditionnelles, s’ajoutent les promesses des techniques qui doivent permettre l’émergence de rapports humains plus simples et plus directs. Technique et modernité vont de pair. La recherche d’autres rapports humains et sociaux.

La révolution de l’information (1980-2000)

28C’est le règne des réseaux. Internet comme symbole du village global. Le systémisme après le structuralisme. Le lien entre la liberté et le système. La problématique critique, venue des États-Unis où Internet est perçu comme la condition d’une révolution cognitive autant que sociale et politique, séduit. Une utopie qui rappelle un peu les débuts de la radio et de la télévision, avec cette fois-ci non pour la foule, le peuple, la masse, la société, comme héros, mais l’individu libre.

29Du technicisme au systémisme et à l’idéologie technique, le chemin n’est pas long. Les progrès techniques sont si rapides, les services si attractifs et de plus en plus bon marché que chacun semble se convertir à la société de l’information et à ses « autoroutes ». Dites-moi le nombre d’ordinateurs existant par pays, et je vous dirai le niveau du développement de ces derniers. La fin de l’affrontement Est-Ouest accentue ce sentiment de vivre l’émergence d’un monde ouvert où tout est possible.

Le tournant communicationnel (à partir de l’an 2000)

30Malheureusement il ne suffit pas d’informer pour communiquer. Au bout des réseaux et des systèmes d’information se révèle la complexité des hommes et des cultures. La découverte de l’incommunication à grande échelle, avec ses malentendus et ses échecs surprend, là où il ne devait y avoir que fluidité et circulation. C’est la découverte de la complexité du récepteur. Et le retour de la problématique de l’altérité, mais dans une perspective différente de celle évoquée par le structuralisme. Finalement l’autre et l’incommunication obligent à sortir d’une politique finalement technique, pour retrouver l’épaisseur des dimensions culturelles et politiques. D’où le début de la critique des théories de la société de l’information (cf. sommets de Genève et de Tunis)

31C’est la confrontation entre l’information, réduite à la performance technique, et la complexité de la communication humaine et sociale ; entre la vitesse de l’information et la lenteur de la communication. D’une certaine manière, c’est le retour de la problématique humaniste et politique, un peu rapidement évacuée par le double mouvement du structuralisme et du systémisme. L’un et l’autre s’étaient appuyés sur les progrès techniques dans les systèmes d’information pour y voir la fin d’un humanisme considéré, un peu rapidement, comme naïf et dépassé. Ce n’est plus la modernité technique qui invalide un schéma humaniste dépassé, c’est la complexité même de la manière dont les hommes et les sociétés abordent, et finalement utilisent les systèmes techniques, qui oblige à réintroduire une perspective humaniste et sociale.

32Deux mots symbolisent cette mutation de la problématique des années 1960 aux années 2010. Hier c’est celui du village global. L’utopie qu’un grand nombre de radios, de télévisions, puis d’ordinateurs, accessibles à un nombre de plus en plus grand d’individus permettent l’ouverture du monde, une meilleure compréhension des hommes entre eux, et finalement plus de justice, de paix et d’égalité. Aujourd’hui c’est le mot diversité culturelle, symbolisé par l’entrée en application, le 19 mars 2007, de la Convention pour le respect de la diversité culturelle signée à l’Unesco par 146 États en octobre 2005. Le problème n’est plus le village global technique, mais l’obligation d’organiser la diversité culturelle comme condition de la paix. Considérable changement. Au moment où les techniques de communication n’ont jamais été aussi présentes et plébiscitées, on réalise que le plus important n’est pas du côté des réseaux, mais des hommes, des cultures et des politiques. Au moment où le technicisme semble triompher, on assiste au contraire à la revalorisation de la problématique sociale. On est passé de la performance des systèmes techniques d’information à la complexité de la communication, avec la cohabitation entre les peuples et les cultures.

Les enjeux scientifiques du « tournant communicationnel »

33Ces enjeux sont considérables, et nous n’en avons pas suffisamment conscience tant notre modèle culturel et scientifique identifie information et communication, valorise encore le premier au détriment de la seconde, et réduit la problématique à celle des techniques.

34En réalité cet enjeu scientifique est tombé dans « le trou creusé » en un demi-siècle par une baisse de réflexion théorique sur l’homme accompagné d’une parcellisation des savoirs et d’autre part un progrès technique considérable qui donne l’illusion d’une réduction de la problématique de communication humaine à celle de la performance technique. Et comme la performance technique est quasiment parallèle au mouvement d’émancipation individuel, on a progressivement identifié les deux. On a même vu, à travers les performances techniques de la radio, de la télévision, d’Internet et du téléphone portable les symboles et les acteurs de cette libération individuelle. Ils en ont été les contemporains, oubliant, ce qui progressivement se rappelle à nous, par les échecs récents, qu’il n’y a pas de rapport direct entre la performance des techniques et l’amélioration de la communication humaine.

Les cinq caractéristiques du tournant communicationnel

351. L’homme est définitivement plus compliqué que la technique. Il n’y a ni rapport direct, ni continuité entre les performances des systèmes et les progrès de la communication humaine et sociale. Même si les techniques amplifient et améliorent les fonctions humaines de la communication. On rêve de continuité. On découvre la discontinuité entre l’homme et les outils qu’il a inventés pour communiquer avec autrui.

362. La problématique de la communication est plus complexe que celle de l’information. L’information c’est le message, la communication, la relation, donc la prise en compte du point de vue de l’autre. Une information se transmet, une communication se construit.

373. Entre les deux surgit l’importance du récepteur qui n’est jamais « en ligne » avec l’émetteur, le message et la technique. La représentation du récepteur ne correspond pratiquement jamais à sa réalité.

384. L’autonomie croissante de ce récepteur, rappelle que le plus difficile dans la communication n’est ni le message, ni la technique, mais l’autre. L’enjeu de la communication reste l’appréhension – et la gestion – de l’altérité.

395. Cette omniprésence de l’altérité révèle l’importance de l’incommunication qui devient, en quelque sorte, l’horizon de la communication. Incommunication qui oblige à négocier et admettre que la plupart du temps le sens de la communication est moins le partage de valeurs ou d’intérêts communs, que la construction d’une cohabitation.

40Ces cinq caractéristiques, non seulement déplacent la problématique classique de la communication mais obligent aussi à un travail théorique d’interdisciplinarité. Au sein des sciences humaines et sociales, mais aussi entre celles-ci et les disciplines techniques, ainsi qu’au travers des multiples processus d’interaction existant dans nos sociétés.

41La séquence théorique de tout processus de communication peut se résumer ainsi. On souhaite communiquer pour séduire, partager ou connaître. On découvre l’incommunication, c’est-à-dire l’altérité du récepteur qui modifie le processus de transmission auquel on réduit souvent la communication. On négocie avec le récepteur. On construit une forme de cohabitation.

42On passe ainsi d’une théorie de communication liée à un modèle de transmission à un modèle de cohabitation. D’un horizon de compréhension et d’adhésion à une réalité d’incommunication ou de négociation, quelle que soit l’échelle de la communication, le nombre de partenaires et de techniques.

43On passe d’une perspective communicationnelle à une réalité de l’incommunication. Le déplacement théorique est aussi un déplacement de points de vue sur le monde. C’est surtout notre vision des rapports humains et sociaux qui change. Tout devient négociation, dans un processus de relance, d’interprétation, de déplacement qui fait du processus communicationnel, tout sauf quelque chose de simple et de « naturel ». La communication comme le double ou le symbole des ambivalences de l’homme dans ses rapports avec autrui.

44On est loin de la valorisation de l’information, « emblématisée » par les systèmes techniques jusqu’aux fantasmes de la société d’information en réseaux. On découvre la place irréductible de l’incommunication. Le décalage croissant, entre la vitesse de production et de circulation de l’information et la lenteur de la communication humaine et sociale. Tout cela oblige à revisiter les paradigmes communicationnels.

45Le tournant communicationnel, devient l’occasion, notamment, de refonder les sciences humaines et sociales dans un monde ouvert où les individus sont beaucoup plus libres, critiques, mobiles qu’il y a un siècle. Ce qui oblige aussi à relativiser la place et le rôle des techniques qui pourtant n’ont jamais été aussi nombreuses, omniprésentes et objet de tant de succès.

46Autrement dit, non seulement le triomphe des techniques oblige à tout repenser, pour éviter la déconvenue face à tant d’incommunication visible entre les hommes, les sociétés, les cultures…, mais aussi à regarder à nouveau frais ce progrès technique qui dans le domaine de la communication a été identifié pendant trois siècles, à juste titre, à un facteur individuel de progrès, d’ouverture et d’émancipation.

47La communication émancipatrice d’hier peut devenir le cauchemar d’une incommunication entre les hommes et les sociétés ; et la performance croissante des outils devenir un accélérateur de cette incommunication qu’elle devait réduire. La communication n’est plus seulement un objet de recherche interdisciplinaire au sein des sciences humaines et sociales en mobilisant les philosophes, les linguistes, historiens, politologues, psychologues… elle oblige à prendre en compte toutes les autres données techniques, sociales, culturelles qui entrent en ligne dans n’importe quel processus communicationnel. En déplaçant le point de vue sur le monde, elles déplacent non seulement les frontières des disciplines et des problématiques, mais aussi les modèles épistémologiques historiques. Avec la communication, tout ce qui devait se simplifier se complique.

D’un champ de recherches interdisciplinaires à la naissance des sciences de la communication

48L’émancipation de la communication par rapport à l’information, de même que sa légitimation comme concept scientifique fondamental, a donc été un processus lent. S’il y avait eu une catastrophe technique, culturelle ou sociale, sans doute y aurait-il eu une prise de conscience et une demande de connaissances. Mais comme depuis trente ans, la technique domine, impose son rythme et ses miracles, le sentiment général est qu’« il n’y a rien à penser », ou plutôt que « penser c’est s’adapter ».

49Il faut quatre conditions – en train de se réaliser dans le monde – pour expliquer le passage actuel du stade d’un objet de recherche interdisciplinaire à l’émergence d’une nouvelle discipline. D’abord, le fait que les problématiques théoriques sont trop complexes pour être résolues par une simple coopération des disciplines. C’est ce qui s’est passé pour les sciences de l’ingénieur, du vivant et de l’environnement, en un demi-siècle. Il faut aussi trois autres conditions. Bien sûr, une capacité de production de connaissance autonome. Par ailleurs, une transmission de ces connaissances dans le système universitaire. Enfin, une demande de la société.

50Les sciences de la communication sont donc à la fois, un objet de recherche interdisciplinaire, une théorie de la connaissance et un ensemble de savoirs nécessaires à une société dominée par les interactions.

51Avec trois pieds :

52– Le pied épistémologique. Comparer la manière dont les différentes disciplines ont progressivement introduit des concepts et des théories de l’information et de la communication. Le travail épistémologique comparatif est indispensable en sciences de la nature, de la matière, de la vie, et dans les sciences sociales. Comparaison à faire par grands ensembles de connaissances et par pays. La diversité culturelle joue ici un rôle central.

53Un pied lié à la place croissante de l’information et de la communication dans les industries de la connaissance, à l’heure de la mondialisation.

54– Un pied lié aux rapports entre sciences et société. Toutes les sciences et les connaissances sont prises dans des rapports de force, entre le politique, le scientifique et l’économique. Cela oblige les scientifiques à sortir de leur « neutralité » et à réfléchir aux nouveaux liens qui s’établissent entre les métiers de la connaissance et la société. Avec la connaissance au cœur de l’économie, les scientifiques mais aussi d’autres professions liées à la culture et la connaissance sont entrés dans une logique de communication politique. Cela concerne autant les sciences de l’homme et de la société, que les sciences formelles, de l’univers, de l’environnement.

55Deux idéologies réductionnistes menacent ce très récent domaine de connaissance. C’est d’abord le scientisme, toujours séduisant face à un objet complexe. C’est un réductionnisme accompagné du refus d’une discontinuité entre des logiques de natures différentes. C’est notamment le problème du passage des neurosciences, aux sciences cognitives, au langage et à la communication. L’autre idéologie est le technicisme. Réduire la complexité de la communication aux performances croissantes des systèmes techniques. Avec comme complément l’idéologie du marché. Si les techniques ont beaucoup de succès c’est qu’elles correspondent à des besoins humains. Dans les deux cas, il s’agit d’un réductionnisme.

56La vraie difficulté théorique avec la communication est l’obligation d’admettre la cohabitation de logiques différentes pour comprendre des processus qui, apparemment, ont pour fonction de relier. On ne parle que d’intégration et de continuité là où il faut admettre la discontinuité. Nous sommes écartelés entre une aspiration humaine de communication intégrative, et une réalité de la discontinuité.

57Les communautés scientifiques ont une responsabilité particulière dans cette mutation culturelle. D’abord parce que parler de « société de la connaissance » met les scientifiques, tous les scientifiques, au cœur des mécanismes de pouvoir. Si la connaissance joue un rôle central dans l’économie, alors ses producteurs jouent un rôle central. Et comme il n’y a pas de connaissance, sans information et communication, on comprend le lien entre science, communication et société. Toutes les sciences, de la matière, de la nature, de la vie, de l’homme… sont confrontées à cette révolution intellectuelle. Ensuite parce que ces communautés analysent directement les défis scientifiques et techniques de ce monde ouvert, où tout circule, sans créer plus d’égalité, de démocratie, ou de tolérance à l’égard de l’autre. Enfin, elles doivent entreprendre un travail épistémologique, et comparatif, pour comprendre la place de l’information et de la communication dans l’évolution des disciplines et des théories de la connaissance. Analyser ainsi les nouveaux liens qui s’établissent, dans les sociétés ouvertes, entre sciences, technique et société.

58Sans oublier ce nouveau front des connaissances : la comparaison entre les cultures et les modes de pensée. On ne pense, ni n’agit la communication de la même manière d’un bout à l’autre des sociétés. Les processus communicationnels sont parmi les plus universels et simultanément parmi les plus différents. Tout ceci oblige les communautés scientifiques à repenser leur rapport à la société. Ni le refuge dans la tour d’ivoire, ni l’immersion complète dans la société, mais l’apprentissage d’un aller-retour pour maintenir l’objectif d’une autonomie des communautés, sans lesquelles il n’y a pas d’autonomie de la connaissance. Les sciences et les techniques sont dans la société, sans se réduire pour autant à une logique sociale ou culturelle. Comme l’art, la religion… Tout ceci oblige à réfléchir de nouveau au statut de l’expertise, comme à celui des industries de la connaissance.

59La reproduction, à la fin de ce texte, des cinq axes de recherche de l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC) illustre l’étendue et la diversité du champ de connaissances de la communication. Du langage à la communication. De la communication politique à l’espace politique. De la diversité culturelle à la mondialisation. De l’information à l’information scientifique et technique. Des rapports entre science, technique et société.

Conclusion

60Les sciences de la communication, par nature interdisciplinaires, vont peut-être permettre à la communication de sortir du couple technique-économie qui depuis trente ans l’enferme. Rappeler que dans la communication, qu’il s’agisse de dialogue entre les hommes, ou de la communication médiatisée par les techniques, le plus important est lié au modèle culturel et aux données sociales, même si ces deux caractéristiques changent moins vite que la technique et l’économie.

61Si dans la communication contemporaine, il y a toujours trois dimensions – technique, économique, culturelle – et même si les deux premières dimensions sont les plus visibles, c’est toujours la troisième qui est la plus structurante.

62L’émergence de cette nouvelle discipline est aussi importante que ce à quoi l’on a assisté pour les sciences de l’ingénieur, les sciences du vivant et les sciences de l’environnement en cinquante ans. Dans les quatre cas, on remarque une prise en compte de plus en plus grande des paramètres humains et sociétaux, par rapport à ce qui fut longtemps un imperium des savoirs et des techniques. Imperium, on l’a vu d’autant plus séduisant dans le cas de la communication que les individus rêvent de réussir avec les techniques ce qu’ils n’arrivent pas à réussir directement entre eux.

63Un des progrès, liés à l’explosion de toutes les formes de communication qu’elles soient fonctionnelles ou normatives, est de réaliser progressivement la complexité et la fragilité de ce processus. Chacun dénigre la communication et la réduit à la « com » tout en cherchant derrière la « com » une certaine authenticité. Les paillettes de la « com », les limites de la communication fonctionnelle n’empêchent pas de voir combien ces caricatures ne sont jamais que la pointe visible de l’iceberg. Caricaturer la « com » pour ne pas voir qu’au-delà de ses caricatures, chacun recherche néanmoins une communication authentique.

64Dans les trois sens du mot – convaincre, échanger ou partager – c’est le dernier le plus important. Il n’y a pas de société ouverte, et a fortiori de démocratie sans recherche de cette dimension qui est le fondement de la communication normative. Et plus les sociétés s’ouvrent, s’enrichissent, se démocratisent, plus la recherche de l’autre devient une donnée centrale, même si l’épreuve de l’incommunication est souvent au bout des tuyaux, des systèmes techniques et des voyages. Cette incommunication n’invalide pas l’idéal de la communication au contraire, elle la relance et oblige à en comprendre sa complexité. Tant mieux. Il en est de même pour la démocratie. Les travers et les limites de celles-ci n’invalident pas le concept.

65En réalité, progrès technique ou pas, nous sommes toujours face à deux philosophies de la communication qui s’opposent, plus que jamais. Celle qui insiste sur les outils et les performances, et qui finalement fait bon ménage avec l’économie, et l’idée de société de la communication ou de la connaissance. Celle qui insiste sur les projets normatifs auxquels doivent être rapportées les performances fonctionnelles des techniques et qui finalement privilégie les choix politiques par rapport aux réalités économiques.

66Deux philosophies de la communication, qui depuis longtemps s’opposent, cohabitent et structurent les débats. À condition que ces deux philosophies restent face à face, laissant les individus et les collectivités libres de faire le choix qui leur convient.

Les cinq axes de recherche de l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC) (créé en janvier 2007)

1. – Langage et communication
• Neurosciences, sciences cognitives, psychologie, langage et représentation. Arts, cultures, religions, et imaginaires.
• Discours, images, textes et sons. Argumentation, débats, rumeurs, manipulations, interactions et communication. Marketing. Nouvelles formes d’expression.
• Usage des techniques, modélisation, dialogue homme/machine. Traduction et archives. Éducation. Industries de la connaissance et des loisirs. Cultures du livre, des images et des nouvelles technologies.
2. – Communication politique, espace public et société
• Espace public, médias, presse, opinion publique, sondages et politique. Information et communication : entre valeurs, pratiques, industries et démocratie.
• Médias de masse et nouvelles technologies. Contenus. Individus, récepteur et publics. Communautés, mobilités et lien social dans le temps et l’espace.
• Les hommes, et les systèmes d’information. Production et échange dans les organisations. Métiers de la communication et communication institutionnelle. Communication de crise.
3. – Mondialisation et diversité culturelle
• Mondialisation des industries culturelles et de la communication. Entre village global et tour de Babel.
• De la société de l’information à la société de la connaissance. Savoirs, industries, réseaux et dialogue des cultures.
• Identité, culture, communication. Diversité culturelle et inégalités. Enjeux politiques, économiques et conflits dans la mondialisation. Éthiques et internationalisation du droit.
4. – Information scientifique et technique
• Production, documentation, traitement, désinformation, saturation de l’information. Moteurs de recherche, fouille de données. Diffusion, vulgarisation. Appropriation de la culture scientifique et technique dans les sociétés ouvertes.
• Systèmes d’information : bases et banques de données. Gestion des contenus, médiation et aide à la décision. Entre connaissance, éducation, industrie et partage des savoirs.
• Savoirs, controverses et théories de la connaissance. Cultures et inégalités. Crise des systèmes d’information et de communication. Risques, normes et traçabilité. Sécurité et défense.
5. – Sciences, techniques et sociétés
• Concepts, théories et outils de l’information et de la communication. Sciences et anthropologie de la connaissance.
• Expertises. Rationalités et imaginaires. Controverses et connaissances. Régulation et innovation. Sciences et politique.
• Évaluation scientifique et technique. Statut, rôle et responsabilité des communautés scientifiques dans l’espace public, les organisations et la mondialisation.
Dominique Wolton
Directeur de la revue « Hermès »
Directeur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/24121
Pour citer cet article
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