CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La cognition – ou la cognition sociale – dans la psychologie sociale contemporaine constitue un exemple à la fois de monologue disciplinaire et de monologue intra-individuel. La cognition ou la cognition sociale est supposée prendre place dans l’esprit/cerveau (the mind/brain) de l’individu sous forme de processus d’information intra-individuel grâce au langage naturel ou peut-être grâce à un langage « interne » plus abstrait. Cette perspective remonte à la philosophie qui, d’après William James, tente de construire une sorte de « temple de marbre (théorique) qui brille sur la montagne », qui sépare totalement ses impératifs des expériences personnelles du commun des mortels qui sont, quant à elles, glauques, douloureuses et perplexes. Il est significatif que de tels impératifs cognitifs commencent avec le langage, système abstrait et statique s’il en est, plutôt qu’avec la communication.

2Contrairement aux modèles de la cognition individuelle et du langage interne, les articles dans cette partie comprennent la cognition humaine dans son interdépendance avec la communication. Ces articles traitent certes des processus cognitifs de différentes manières, mais ils rendent tous compte de la complexité du phénomène cognitif. Didier Courbet et Marie-Pierre Fourquet-Courbet s’intéressent à une analyse de la nature du processus de création des bannières dirigées par des voix intra-psychiques. Ils montrent que cette création est composée de quatre types de processus latents qui se déroulent de manière itérative et interactive. Fabio Lorenzi-Cioldi rejette l’homogénéité interne des modèles de groupes sociaux et présente un argument que les modèles de la cognition sociale doivent décliner, leurs monopoles respectifs pour parvenir à la complémentarité avec des modèles plus dynamiques. Stéphane Laurens analyse enfin quelques malentendus théoriques, historiques et contemporains relatifs aux processus d’influence, l’une des erreurs principales étant le traitement de l’individu sous influence comme un «récepteur passif, sans initiative, sans esprit critique ». Jaan Valsiner s’intéresse enfin aux risques d’une psychologie sociale appliquée à travers l’histoire de cette discipline.

3Il est important de noter que tous les articles de cette partie argumentent de diverses manières en faveur d’une approche prônant l’individu comme actif et critique à la fois au niveau de la pensée et au niveau de son investissement dans la communication avec autrui.

Ivana Marková
Ivana Marková, professeur de psychologie, University of Stirling, Stirling, Écosse.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 19/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/8954
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