CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Communiquer, c’est aller vers autrui pour lui signifier quelque chose – d’important ou non –. La psychologie sociale considère les relations entre individus, entre groupes comme un objet essentiel d’étude et ce faisant, elle souligne que l’acte de communication est initial par rapport à cet objet. Prémisse ou effet, la communication a parfois été écartée des recherches de psychologie sociale alors qu’elle était fondamentalement articulée à l’idée d’interaction entre individus, entre individus et groupes, groupes au sein de la société, au sein de cultures diverses et variées. Mais l’acte de communication dérange en ce sens qu’il se réfère à un acte de pouvoir (celui qui énonce un savoir domine celui qui le reçoit dans une approche « classique ») : les implications de la communication avec le pouvoir, le politique ont alors rendues caduques des références trop explicites à la communication. Partant, son éventuel rejet, ou en tous les cas son abandon sporadique.

2Or, que dit la psychologie sociale lorsqu’elle se définit par un regard spécifique qui met en scène ego/alter/objet ? Elle renchérit sur la notion de communication, jugée nécessaire et répartit la construction d’un savoir sur le monde et la société entre deux instances équivalentes, ego et alter, tous deux considérés comme des sujets dans leur relation à l’objet. Mais l’objet peut aussi être la communication elle-même : peu importe parfois le contenu de l’énoncé, ce qui compte relève d’un lien avec autrui, lien que l’on peut nouer et dénouer en fonction des aléas de la vie quotidienne, en fonction d’événements plus ou moins extraordinaires qui jalonnent cette vie, bref, en fonction d’une nécessité d’être en partageant du sens. Et c’est bien de construction de sens, d’un sens commun, dont il est question ici puisque du regard psychosocial à la communication sociale pléonastique ou subversive, en passant par le dialogisme dans nos interactions, on s’achemine vers une compréhension plus claire des phénomènes psychosociologiques et communicationnels, on décèle l’imbrication étroite de deux champs – symboliques entre autres – qui perturbent et séduisent notre compréhension du monde. Communication et psychologie sociale s’avèrent alors interdépendantes car elles stipulent que le sens est donné dans l’échange, la reconstruction permanente du lien social, le partage de savoirs élaborés ensemble dans des processus réciproques et simultanés qui permettent en outre de définir le monde et la société.

Birgitta Orfali
Birgitta Orfali, maître de conférences HDR en sociologie, université Paris 5-René Descartes. Groupe d’étude pour l’Europe de la culture et de la solidarité (Gepecs), Paris 5. Laboratoire européen de psychologie sociale (Leps), Maison des sciences de l’homme.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 19/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/8946
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