1Ce titre pourra paraître provocateur et injuste. En fait, nous souhaitons mettre en avant, dans une démarche contre-intuitive, deux constats issus de travaux récents : d’une part, la profession de journaliste, en France, demeure encore aujourd’hui très peu formée, tant sur un plan quantitatif que qualitatif. D’autre part, le groupe professionnel, en dépit des efforts rhétoriques de certains de ses représentants, demeure le principal responsable de cette carence.
2Si, dans certains pays comme le Brésil, il reste indispensable d’être diplômé d’une école agréée pour exercer officiellement le métier de journaliste, tel n’est pas le cas de la France, où une large majorité des professionnels n’a pas suivi (et continue de ne pas suivre…) de formation ad hoc. C’est d’ailleurs ce que révèlent deux études sociodémographiques réalisées à dix ans d’intervalle, et qui montrent la faible proportion des diplômés des écoles professionnelles agréées par la profession : 10 % en 1990 [1], puis 12 % en 2000 [2]. L’étude [3] de deux cohortes de nouveaux titulaires de la carte, en 1990 et 1998, a permis d’accéder à une représentation complète du parcours scolaire de tous les entrants dans la profession : la proportion de diplômés de formations spécialisées, « reconnues » ou non, y varie de 16 à 23 % seulement.
3Une appréciation des flux de sortie des écoles montre aussi la distance entre les besoins d’emploi et l’offre de formation : compte tenu du différentiel que l’on constate toujours entre le nombre de diplômés et le total des employés effectifs dans le secteur, on peut estimer que les écoles agréées mettent annuellement sur le marché environ 300 diplômés, les non agréées 150, et la formation par alternance environ 50. Un total de 500 journalistes formés parmi les nouveaux « encartés » de l’année, soit 18 % si l’on rapporte le chiffre à 2001.
4En définitive, on retiendra que seulement un cinquième à un quart des entrants chaque année dans le journalisme ont bénéficié d’une formation professionnelle initiale, dont la moitié seulement par des écoles ou filières universitaires pleinement agréées par le paritarisme de la profession.
5Nous souhaitons ici proposer une exploration des raisons de cette rareté, d’autant plus surprenante que le processus de mise en place d’un système de formation a commencé il y a plus de cent ans, que les organisations de journalistes se sont le plus souvent montrées favorables à la densification de l’offre pédagogique, que l’organisation de la profession réalisée par la loi de 1935 portant statut du journaliste fut explicitement reliée à l’institution de la formation, et que le dispositif d’agrément des écoles fut inséré dans la convention collective de 1956 afin de favoriser leur développement. Pourquoi un siècle de bonnes intentions aurait-il donc accouché d’une souris ?
Une réponse préférentielle aux besoins des médias généralistes
6En première analyse, il semblerait que le système actuel de formation ne couvre qu’une partie de l’offre d’emplois. En effet, il n’existe pas un marché du travail du journalisme, mais plusieurs. Sa segmentation doit dès lors tenir compte des lieux de production, des publics et des médias. Un des principes de structuration du champ journalistique tient, selon Dominique Marchetti [4], à l’articulation entre les pôles « généraliste » et « spécialiste ». La répartition numérique des emplois n’est pas réalisée en l’état actuel des données, car l’on ne dispose que d’une appréciation par grands types de média (ainsi, 36 % des journalistes français seraient employés par les médias regroupés sous la bannière de la presse spécialisée). Or, cette appréciation ne tient pas compte du phénomène suivant : bon nombre de journalistes travaillant dans les médias nationaux et régionaux d’information générale sont affectés à des rubriques spécialisées (éducation, santé, sport…).
7La spécialisation demeure un principe majeur que, pourtant, les structures professionnelles hésitent toujours à intégrer à leur système de formation. Attachées à une représentation unifiée par crainte de voir s’objectiver des sous-marchés professionnels [5], les organisations de journalistes ne tiennent pas à ce que la spécialisation apparaisse dans les critères d’agrément des écoles par la Commission paritaire chargée de l’emploi et des formations [6]. Cette position du paritarisme n’incite pas les écoles à créer des filières préparant aux spécialités de l’information, et les rares qui sont allées dans ce sens n’ont pas rencontré de réel succès [7].
8Cette réalité en rencontre une autre, qui est la tendance des diplômés des écoles agréées à se diriger, durant les stages d’étude et dans la recherche d’emploi, vers les médias généralistes nationaux (de 55 à 60 %) et régionaux (de 25 à 30 %). Les médias spécialisés n’accueillent ainsi que 15 % des diplômés… alors qu’ils offrent 47 % des emplois. On constate aussi une surreprésentation de l’audiovisuel dans l’affectation des diplômés : 41,8 % des anciens étudiants des cinq formations publiques agréées [8] font carrière dans la télévision ou la radio, alors que ces médias n’emploient que 20,5 % de la population générale des journalistes. Cette attitude des diplômés s’explique par leur préférence pour des médias connus, bien identifiés, offrant des perspectives de carrière et de notoriété personnelle. La réalisation de cet objectif dépend aussi, bien entendu, de la notabilité de l’école fréquentée, une hiérarchie précise s’étant établie entre elles [9].
9La non-prise en compte du segment spécialisé des marchés du journalisme permet d’apprécier plus positivement la performance des formations reconnues. Ce pas est franchi par Alain Chanel qui, faisant l’hypothèse « que 80 % des professionnels des écoles conventionnées sont dans les médias généralistes » et considérant que les écoles n’ont pas à former à certaines fonctions techniques du journalisme, estime que le système couvre « près de 30 % » des besoins [10] (et non 10 %, comme l’affirme la sociographie de 1990). C’est ainsi que tout un segment d’emploi des journalistes disparaît des objectifs des écoles et de ce fait participe à la construction de la rareté de l’offre de formation.
La défense des représentations acquises
10La profession est-elle si motivée qu’il y paraît par la question de la formation de ses pairs ? Rien n’est moins sûr. Depuis un siècle, le groupe professionnel a été très partagé entre les tenants d’un cursus académique axé sur l’enseignement des Humanités avec une attention particulière accordée aux médias, et les partisans d’une formation aux techniques rédactionnelles. Les premiers ont créé des lieux de conférences et même de recherche comme l’Institut des Sciences de la Presse (ISP) en 1937. Les seconds ont mis en place le Centre de Formation des Journalistes (CFJ) à la Libération, avec l’intention de former notamment les cadres des médias. Cet atermoiement entre deux conceptions, l’une critique, l’autre pratique, a souvent été expliqué par les représentations individuelles et collectives d’un groupe dont le métier ne s’apprendrait pas autrement que « sur le tas », c’est-à-dire en le pratiquant de façon assidue dans les entreprises de presse et en imitant les pairs plus expérimentés soucieux de transmettre leurs « bonnes recettes » et leur « éthique professionnelle ».
11Le scepticisme souvent partagé des journalistes à l’égard de tout encadrement de leur profession, autre que celui qui leur confère l’avantage d’un titre protégé et de ce fait raréfié, est une autre explication, proposée par Henri Deligny. Selon lui, de nombreux professionnels hésitent à reconnaître publiquement que le journalisme est soumis à des lois économiques, comme les autres métiers. Constatant que le refus de la formation va de pair, dans les discours des journalistes, avec l’incapacité à définir véritablement leur métier, il estime que cette « idéologie professionnelle s’interpose là pour masquer leur subordination dans la structure de l’entreprise de presse » [11]. Cette analyse rejoint celle que nous avions faite des ambiguïtés de la position des journalistes au cours de la première moitié du siècle, alors que se négociait le statut professionnel qui les protège aujourd’hui : recherchant le salariat, et donc la subordination, nombre de journalistes entendaient conserver leur indépendance par la reconnaissance de leur qualité d’écrivain que le « talent » distinguait des autres employés [12].
12Jean-Marie Charon [13], quant à lui, recherche les origines identitaires de l’ambiguïté du rapport que les journalistes entretiennent avec leur qualification. Il remarque que la préférence donnée généralement par les journalistes à l’apprentissage par le terrain revient à relier leur expertise professionnelle aux aspects pratiques et techniques. Donc à se distinguer parmi d’autres métiers intellectuels, notamment ceux qui se remarquent par leur spécialisation disciplinaire (universitaires, ingénieurs, avocats, écrivains…) dans l’objectif de se construire une identité commune. Cette conviction que leur compétence tiendrait avant tout aux techniques de perception et de restitution de la réalité (l’enquête, l’interview, la rédaction, la mise en page) expliquerait que les journalistes émettent des réserves vis-à-vis de l’acquisition d’un savoir plus généraliste, tout en reconnaissant souvent leurs carences de ce point de vue.
13Les professionnels sont aussi très réticents à l’égard de toute initiative qui attaquerait l’unicité de leur groupe. S’ils sont les premiers à reconnaître la diversité de leur profession et la nécessité de se former de façon différenciée, ils savent qu’une spécialisation des écoles impliquerait un travail d’objectivation des sous-champs professionnels, une mise à plat de différences fonctionnelles importantes (irréductibles ?) et peut-être la réactivation de propositions visant à créer une distinction entre deux niveaux de journalisme, l’un plus intellectuel et l’autre plus technique (idée que l’on trouvait récemment dans le rapport Sales [14]). Relancer un tel débat ne reviendrait-il pas à rouvrir une boîte de Pandore dans lesquels le groupe des journalistes ne tient pas à entrer ?
14En définitive, la généralisation de la formation serait perçue comme un risque de remise en cause des représentations construites souvent difficilement, depuis un siècle, par le groupe des journalistes. Cependant, au-delà de cette question identitaire, il nous semble opportun d’avancer des motivations économiques à l’origine du déficit de formation.
La fluidité des procédures d’embauché
15Chargé par la ministre de la Communication d’évaluer le système de formation des journalistes français, Claude Sales remarquait que les éditeurs manient un discours difficile à suivre à propos de la formation et des écoles. Volontiers critiques lorsque l’on s’en tient à des propos très généraux, les employeurs entretiennent, en fait, des rapports étroits avec une ou plusieurs écoles, dont ils se disent satisfaits. De même, les recruteurs dans les médias se montrent soucieux de voir les diplômés possédant une solide culture générale, mais leur problème principal est de disposer de jeunes immédiatement utilisables, sans temps d’adaptation, parfaitement formaté aux techniques et usages… afin notamment de remplacer les absents pour congés ou maladies.
16Durant les années 1990, marquées par l’aggravation des difficultés d’emploi des journalistes, les employeurs ont perfectionné la pratique du « vivier ». Il s’agit d’un volant de débutants sur lesquels on compte pour remplacer les manquants ; ils sont payés à la tâche, parfois à la journée ; quand ils ont une carte professionnelle, leur statut est celui de « pigiste ». On leur signe aussi des contrats à durée déterminée (CDD), mais la plupart d’entre eux restent confinés dans un statut de stagiaires plus ou moins rémunérés, voire dans des statuts hors journalisme (correspondants de presse locale, auteurs indépendants). Certaines entreprises [15] ont institutionnalisé le recours à ces emplois précaires, parmi lesquels on trouve des diplômés des écoles de journalisme les plus notables aux côtés de jeunes sans aucune autre formation que « sur le tas ».
17Ces « viviers » remplissent aussi une fonction de « sas » de décantation de la motivation, de la compétence et de l’adaptation des candidats à un emploi stable. Durant une période de plusieurs années, le jeune journaliste est soumis à des obligations de mobilité, de disponibilité, de réactivité qui mettent à l’épreuve son caractère tout en le formant « à la dure ». À la différence du « tas » d’autrefois, il n’est pas pris en charge par un aîné pour le conseiller, il demeure souvent seul. L’étude des cohortes de jeunes journalistes en possession de la carte professionnelle en 1990 et en 1998 a montré que cette pratique du « sas » s’est étendue en durée et en nombre de séquences durant la phase préprofessionnelle, donnant lieu à toute la gamme des emplois déguisés de journaliste (stages, correspondance locale, droits d’auteur, vacations) ou simplement précaires [16] (piges, CDD enchaînés).
18Les écoles ont dû s’adapter à cette évolution du marché de l’emploi. Malgré leur rareté, les diplômés des écoles reconnues doivent, s’ils veulent intégrer un média notable, se plier à ces pratiques du « vivier » et du « sas ». Afin d’en minimiser la durée, les écoles ont généré, dès le début des cursus, une pédagogie fondée sur la pratique professionnelle (des journaux-ateliers) et les stages en cascade. Les étudiants intègrent ainsi dès les premiers mois de leur formation un ou plusieurs « viviers » et l’école devient une sorte de « sas » qui, pour être performant, doit se délester du principal de ses enseignements de culture générale ou professionnelle, au profit de la pratique à répétition. S’enclenche alors un cercle vicieux : la pédagogie par la pratique étant très coûteuse, en temps d’enseignant et en matériel (surtout en audiovisuel), elle conduit les responsables de formation à rechercher des compléments financiers auprès des entreprises sous forme de taxe d’apprentissage [17]. En contrepartie, les entreprises de presse attendent une adéquation technique précise à leurs usages de production (styles d’écriture et ton, notamment dans l’audiovisuel). Cette stratégie s’explique aussi par le fait que le diplômé d’école agréée se déprécie très vite, relativement aux autres parcours qui, après quelques mois ou années de « sas », se révèlent aussi performants aux yeux des employeurs.
19Pour finir, il nous reste à tenter d’expliquer, plus en amont, le poids et la persistance de ce modèle professionnaliste et techniciste peu ouvert sur les enjeux de formation, notamment en culture générale.
Un « gap » épistémologique : la persistance d’un modèle protopositiviste [18] dans la conception du métier
20Ayant développé plus longuement cette proposition critique dans d’autres textes [19], bornons-nous ici à en rappeler les principales articulations.
21Nous avions tout d’abord montré que, lorsque le groupe des journalistes français a construit son identité professionnelle dans la deuxième moitié du xixe siècle, il a subi une double influence [20]. D’une part, celle du paradigme empiriste anglo-saxon, se traduisant par l’importation en France du modèle de la presse commerciale, orientée par trois grands principes : objectivité, professionnalisme et intérêt public. Cette presse s’organise autour du « reporterisme » et des pratiques de rationalisation de l’information à son essentiel dans un contexte de libre marché. D’autre part, le journalisme français rencontre le positivisme par le biais d’influences autochtones, à travers notamment le succès des courants naturalistes et réalistes dans la littérature, et les sciences de l’époque. S’établit alors, dans les médias français, la certitude que le journalisme est dépositaire du droit et du devoir (donc de la compétence) d’informer objectivement de la réalité. Se construit aussi le sens commun qui prête au « fait » une vertu quasi divinatoire, et la conviction que la réalité allant de soi, il suffit de lui appliquer rigueur et engagement pour qu’elle soit dévoilée. Les professionnels vont donc privilégier des modèles de manipulation du réel fondés sur des opérations visant la rationalisation du monde (séparation, isolement, réduction, hiérarchisation, inclusion, déduction, analyse…) au détriment de sa meilleure compréhension.
22Tout au long du xxe siècle, cette double imprégnation inaugurale va faire tache d’huile sous l’effet des principaux relais de propagation de l’identité professionnelle des journalistes : en premier, les syndicats et les organisations professionnelles, mais aussi les entreprises de presse et les établissements de formation. Ces derniers vont même devenir le creuset de l’apprentissage d’un « professionnalisme à la française » [21], structuré autour de grands mythes mobilisateurs [22] : objectivité, technicité, efficacité, rationalité, transparence, etc. Ceux-ci vont permettre un meilleur cadrage des relations aux sources, au public, à la loi, et surtout aux pairs : il s’agit toujours de se forger une identité commune. Que cela s’effectue à coup de réductionnismes en chaîne, cela importe moins que la nécessité de préserver ses frontières vis-à-vis des autres professions.
23Encore aujourd’hui, les établissements de formation, et plus particulièrement les écoles agréées, apparaissent très marquées par ce « moule positiviste ». Nous avions repéré au moins trois marqueurs de cette prégnance : le poids exorbitant et la normativité des enseignements des techniques d’écriture ; le volume réduit des enseignements des Humanités dans des programmes pédagogiques construisant en opposition savoir généraliste et savoir-faire (ce qui va à l’encontre de l’idée essentielle d’une culture technique unifiée) ; enfin, le rôle capital (80 à 90 % des volumes horaires, même dans les structures universitaires) confié aux enseignants vacataires ou associés travaillant dans les entreprises de presse et propageant donc leur modèle professionnaliste au sein même des écoles.
24Le succès non démenti de ce dernier auprès des étudiants apparaît d’autant plus problématique que le moule que nous avons décrit permet de plus en plus difficilement de saisir la complexification croissante des problèmes contemporains. Il s’inscrit en opposition avec la nécessité, de plus en plus soulignée par certains chercheurs, de faire du journaliste un consultant en complexité, maîtrisant bien sûr les techniques d’écritures, mais possédant aussi un solide bagage de type encyclopédique, à la fois généraliste et expert (d’où l’intérêt des formations supérieures spécialisées en journalisme scientifique ou économique, par exemple).
25Au total, il existe ainsi des raisons culturelles, conjoncturelles et structurelles (voire conceptuelles) au faible développement de la formation au journalisme en France, qui ont un effet dissuasif sur les créateurs d’écoles. Autant les cursus en communication, documentation, librairie et bibliothèque, publicité, ont fait florès depuis une vingtaine d’années (une formation au moins dans chaque université), autant le journalisme demeure souvent un parent pauvre. Une absence difficile à combler… tant le climat que nous avons décrit décourage les volontaires.
Notes
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[1]
Devillard, V., et al., Les Journalistes français en 1990. Radiographie d’une profession, Paris, La Documentation française, 1991.
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[2]
3 810 diplômés sur 31 903 titulaires de la carte. Ce dénombrement est un peu imprécis car il ne retient pas les journalistes diplômés avant que l’école qui les a formés soit agréée, et non plus ceux qui ont suivi une formation non agréée ; il doit donc être augmenté de quelques points pour être plus juste. Devillard, V., Lafosse, M.-F., Leteinturier, C., Rieffel, R., Les Journalistes à l’aube de l’an 2000, Éditions Panthéon-Assas, 2001.
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[3]
Marchetti, D., Ruellan, D., Devenir journalistes. Sociologie de l’entrée sur le marché du travail, Paris, La Documentation française, 2001.
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[4]
Marchetti, D., « Les Spécialistes du journalisme. La comparaison entre les sous-champs spécialisés du journalisme. Bilan et perspectives de recherches », Réseaux, vol. 20, n° 111, 2002.
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[5]
Ces sous-marchés existent, mais en dehors du statut professionnel : nous pensons par exemple aux correspondants de presse locale, dont la contribution représente jusqu’à 70 % de la copie de certains hebdomadaires, mais qui n’ouvre pas à la reconnaissance statutaire et donne lieu à des modalités de rémunération très défavorables.
-
[6]
Dont l’article 3 précise : « L’Établissement d’enseignement dispense une formation générale au métier de journaliste d’au minimum trois semestres (…) et incluant des parcours d’approfondissement à la pratique des différents médias » (annexe 1bis de la Convention collective nationale de travail des journalistes, 30 octobre 2001).
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[7]
En fait, la mise en place de telles formations spécialisées (DU et DESS notamment) est de plus en plus le fait des filières en Sciences de l’information et de la communication des universités publiques. Dans le Sud-Est de la France, par exemple, cinq formations de ce type ont été créées…
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[8]
Chiffres du Conseil des Écoles Publiques de Journalisme, novembre 1999.
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[9]
La concentration des diplômés est ainsi constatée au Monde, à Libération, à France-Télévisions ou RFI. Voir Marchetti, D., Contribution à une sociologie des transformations du champ journalistique dans les années 80 et 90, thèse de doctorat de sociologie, EHESS, 1997.
-
[10]
Chanel, A., « Essai d’évaluation quantitative de l’impact des établissements délivrant des formations “conventionnées” sur la population des journalistes », tapuscrit de 20 pages non publié, 1996.
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[11]
Deligny, H., Le Discours des journalistes sur leur formation professionnelle. L idéologie du métier démasquée, thèse de doctorat, université Paris IV-Sorbonne, 1986.
-
[12]
Ruellan, D., Las « Pro » du journalisme. De l’état au statut, la construction d’un espace professionnel, Presses universitaires de Rennes, 1997.
-
[13]
Charon, J.-M., « Les Journalistes et leur qualification », Observatoire des pratiques et métiers de la presse, CFPJ, mars 1997.
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[14]
Sales, C., « La Formation des journalistes », rapport à Madame Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la Communication, 1998.
-
[15]
Les grandes rédactions audiovisuelles régionales, la presse quotidienne régionale et nationale, la presse spécialisée grand public.
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[16]
Voir Balbastre, G., (dir.), Les Journalistes précaires, Bordeaux, Le Mascaret, 1998.
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[17]
Cette taxe est de 0,5 % de la masse salariale. Elle peut être dirigée vers des organismes collecteurs ou distribuée directement par les entreprises vers des écoles de leur choix. Selon son directeur, la formation d’un étudiant du Centre Universitaire de Formation au Journalisme (CUFJ) coûte environ 120 000 francs par an, soit plus d’une fois et demie l’estimation par le ministère de l’Éducation du coût de formation d’un ingénieur.
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[18]
Ce terme renvoie à une conception « canonique » du positivisme, qui remonte au milieu du xixe siècle et tout particulièrement à Auguste Comte. Il reste cependant, que les doctrines positivistes ont largement évolué depuis cette période, prenant en compte les apports de nouvelles épistémologies et les problèmes de complexité du réel. Ces nouvelles épistémologies, liées au constructivisme ou au néo-positivisme, ont influencé depuis les conceptions pédagogiques de nombreuses formations supérieures françaises. Mais cela ne semble pas avoir été le cas des écoles agréées de journalisme, qui se rattachent par besoin de sécurité identitaire à un modèle « protopositiviste » en opposition avec la dimension « d’éclaireurs de la complexité du monde » que s’attribuent souvent les journalistes.
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[19]
Pélissier, N., et Ruellan, D., « La Compétence encyclopédique : un défi épistémologique pour la formation des journalistes », in Rieffel, R. (dir.), Journalisme et journalistes dans un environnement en mutation, Paris, Presses de l’Université Paris II, 2002. On trouvera une autre version de ce texte dans l’ouvrage suivant : Pélissier, N., (dir.), La Communication de l’information scientifique, Paris, L’Harmattan, 2002.
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[20]
Ruellan, D., op. cit., 1997.
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[21]
Siméant, J., « Déontologie et crédibilité : le réglage des relations professionnelles au CFJ », Politix, n° 19, été 1992, p. 37-56.En ligne
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[22]
Le Bohec, J., Les Mythes professionnels des journalistes français, Paris, L’Harmattan, 2000.