Avec l’augmentation de l’espérance de vie et de l’espérance de vie en bonne santé, l’expérience de la mort devient avant tout une affaire de personnes âgées, voire très âgées (Anchisi, Hummel et Dallera, 2014 ; Clément, 2007 ; Monnier et Pennec, 2001). Sur le territoire helvétique en 2018, 86 % et 62 % des 67 088 décès concernaient respectivement des personnes de plus de 65 ans et de plus de 80 ans (OFS, 2019). Cette réalité statistique, qui reflète le vieillissement des populations, contribue à transformer les modalités d’accompagnement des personnes en fin de vie et les perceptions que les individus entretiennent de la mort dans nos sociétés contemporaines (Walter, 2017). Ces dernières sont soumises aussi bien à l’institutionnalisation qu’à la privatisation de la mort. D’une part, le fait que la plupart des décès surviennent en contexte hospitalier ou en établissement médico-social implique la mise en place de nouveaux dispositifs et acteurs, à l’instar des soins palliatifs (Castra, 2003), reconfigurant les normes de la « bonne mort » (Pennec, 2004). D’autre part, la mort serait vécue sur un mode plus intime, plus privé, plus subjectif ; elle serait moins contrainte par les discours savants et experts à son propos (Déchaux, 2000). Cela se traduit par de nouvelles modalités pratiques relatives à la fin de vie, comme l’assistance au suicide, qui concerne elle aussi majoritairement les personnes âgées. Sachant que la mort des personnes très âgées tend à être banalisée (Nicolet, 2018), est-ce que l’âge devient un critère susceptible de favoriser l’acceptabilité de la mise en œuvre d’une assistance au suicide …