CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Les scientifiques s’intéressent tout particulièrement aux centenaires car ils représentent des exemples du vieillissement en bonne santé (Engberg et al., 2009). Ainsi la recherche des déterminants de la longévité exceptionnelle des centenaires attire-t-elle non seulement les gérontologues, mais aussi les chercheurs de plusieurs disciplines proches. Démographes, généticiens, nutritionnistes, psychologues, sociologues, anthropologues, tous sont en quête d’explication : quel est le secret des centenaires ? Dans le monde entier, on peut estimer que le nombre de centenaires de nos jours se situe entre un demi-million et un million avec cinq femmes centenaires par homme centenaire (Herm, Cheung et Poulain, 2012). Leur nombre suit une croissance exceptionnelle, sans précédent dans l’histoire de l’humanité (Robine et Caselli, 2005). Si l’espérance de vie a connu un doublement depuis le milieu du XIXe siècle, l’âge maximal au décès a progressé nettement plus lentement puisque Geert Adriaan Boomgaard décédait en 1899 à l’âge de 110 ans et que, de nos jours, les plus âgés de la planète ne dépassent guère les 116 ans, très loin de l’exception de Jeanne Calment et ses 122 ans.

2La longévité est un phénomène que l’on aborde au niveau individuel et qui, lorsque l’on a validé l’âge exceptionnel de ces personnes, débouche sur la recherche des déterminants de cette longévité individuelle. À cet effet, de nombreuses études sur les centenaires ont été menées par des chercheurs rattachés à des disciplines diverses. La plupart de ces groupes de recherche collaborent au sein de l’International Centenarian Consortium et contribuent à mettre en évidence les traits spécifiques aux centenaires, qu’il s’agisse de caractéristiques génétiques ou biomédicales, nutritionnelles, cognitives ou encore liées à un style de vie spécifique. Des synthèses faisant le point sur l’apport conjoint de ces différents facteurs sont publiées couramment dans les revues scientifiques (Christensen et Vaupel, 1996), mais il reste, semble-t-il, du chemin à parcourir avant d’avoir trouvé la ou les clefs de la longévité individuelle tant le phénomène est complexe…

Longévité individuelle et longévité d’une population : la genèse des Blue Zones

3La longévité exceptionnelle a toujours suscité largement l’intérêt des chercheurs, mais aussi d’un public plus large en quête d’irrationnel ou de sciences paranormales. L’intérêt porté aux populations des Balkans, à celles du Caucase, des Andes ou encore à celles vivant dans les vallées perdues de l’Himalaya relève de cette quête du secret de la longévité exceptionnelle. L’identification d’éventuelles populations longévives a fait couler autant d’encre que l’interprétation des âges exceptionnels atteints par les patriarches de la Bible. Le cadre de vie des Hunzas dans les vallées du haut Pakistan, celui des habitants de Vilcabamba en Équateur et celui des Abkhazes dans le Caucase ont été considérés comme un Éden sur terre, un Shangri-La, justifiant leur longévité extrême. Dans le numéro de National Geographic paru en janvier 1973, le médecin américain Alexander Leaf donne un récit détaillé de ses voyages dans ces contrées de haute longévité. Selon A. Leaf, il y avait dix fois plus de centenaires dans ces régions par comparaison à la plupart des populations occidentales et il observa que ces populations étaient caractérisées par une « poor sanitation, infectious diseases, high infant mortality, illiteracy, and a lack of modern medical care making the inhabitants’extreme longevity even more extraordinary » (Leaf, 1973). D’autres recettes ou substances miracles sont prétendument favorables à la longévité, comme l’huile d’olive ou le yaourt bulgare et constituent en quelque sorte une Fountain of Youth. Enfin, certains mythes de longévité furent le fruit de dérives nationalistes à l’exemple de la situation de la Géorgie dans le Caucase où, selon le vœu de Staline, la longévité était l’objet d’une fierté nationale (Young et al., 2010). Mais les scientifiques durent vite déchanter. R. Mazess et S. Forman (1979) ont montré que les plus âgés de Vilcabamba avaient tendance à exagérer leur âge et cela pour améliorer leur statut social, mais aussi, par la suite, pour promouvoir le tourisme local dans la foulée du retentissement médiatique qui a suivi la publication de l’article de A. Leaf en 1973. A. Leaf (1981), lui-même, dut admettre qu’il n’y avait aucune évidence de l’existence de ces âges exceptionnels à Vilcabamba.

4La validation de l’âge des centenaires est un prérequis essentiel pour toute étude les concernant. Être centenaire reste une circonstance exceptionnelle et les exemples d’âges erronés et exagérés sont nombreux parmi les personnes supposées être les plus âgées de la planète. Aucune de ces populations à longévité exceptionnelle identifiées dans les années 1970 n’a résisté à une validation stricte de l’âge extrême de certains de leurs membres. À la fin du siècle dernier, les démographes sont devenus de plus en plus critiques concernant la validation de l’âge du nombre croissant des supposés supercentenaires (Jeune et Vaupel, 1999) et ce, en présence d’un accroissement sans précédent du nombre de centenaires dans les pays développés (Robine et Caselli, 2005). Les démographes plaident pour une validation de l’âge de ces personnes exceptionnelles et des règles strictes ont été élaborées dans ce but par les responsables de l’International Database on Longevity (supercentenarians.org). Si ces règles ne sont pas rencontrées, un doute subsiste sur l’âge exact des personnes concernées et par conséquent sur les résultats scientifiques que leur situation exceptionnelle a permis de tirer (Poulain, 2010 ; Maier et al., 2010). C’est à ce contexte que l’on doit rattacher la genèse du concept de Blue Zones.

5Au cours d’une réunion de chercheurs contribuant à l’International Database on Longevity qui s’est tenue à Montpelier en octobre 1999, un médecin sarde, Gianni Pes, a fait état d’une longévité exceptionnelle en Sardaigne. Dans le cadre de l’enquête AKEA [1], un grand nombre de centenaires ont été identifiés dans la province montagneuse de Nuoro où, en outre, le nombre d’hommes centenaires s’est avéré similaire à celui des femmes centenaires (Deiana et al., 1999). Or, dans toutes les populations occidentales, le niveau de la longévité féminine dépasse largement celle de la longévité masculine et le nombre de femmes centenaires est au minimum le double de celui des hommes centenaires et, plus souvent, cinq, voire sept, fois plus élevé (Herm, Cheung et Poulain, 2012). La fiabilité des données sardes a immédiatement été mise en question par les démographes présents et la nécessité d’une validation approfondie de l’âge des présumés centenaires sardes s’imposait. Celle-ci fut réalisée par Michel Poulain en collaboration avec Gianni Pes en 2000 (Koenig, 2001). Les résultats de cette validation, positifs contre toute attente, furent présentés lors de réunions scientifiques internationales et publiés ultérieurement (Poulain et al., 2006). Malgré le caractère relativement isolé de ces régions montagneuses de Sardaigne, toute la documentation administrative indispensable existe et elle a permis de démontrer le caractère exceptionnel de la longévité de la population sarde et plus particulièrement celle des hommes de la province de Nuoro. De ce fait, les résultats de l’enquête AKEA s’en trouvaient entièrement validés.

Figure 1

Différents types de répartition spatiale des centenaires sur un territoire donné (Poulain, Herm et Pes, 2013)

1a

Faible densité de centenaires

1a

Faible densité de centenaires

1b

Forte densité de centenaires

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Forte densité de centenaires

1c

Répartition spatiale aléatoire des centenaires

1c

Répartition spatiale aléatoire des centenaires

1d

Concentration spatiale des centenaires

1d

Concentration spatiale des centenaires

Différents types de répartition spatiale des centenaires sur un territoire donné (Poulain, Herm et Pes, 2013)

6Avec le recul, cette validation des âges individuels de chacun des centenaires ne fut pas le résultat le plus significatif de cette investigation. En validant les centenaires, village par village, une conviction vit le jour progressivement. Les centenaires validés n’étaient pas répartis dans l’espace au hasard, mais une aire de longévité exceptionnelle émergeait dans la région la plus montagneuse de Sardaigne. C’est en marquant sur une carte de Sardaigne, au marqueur bleu, chacun des villages où nous avions rencontré des centenaires qu’est né le concept de Blue Zone, une aire où la population faisait preuve d’une longévité exceptionnelle par rapport au reste de la Sardaigne, et plus encore, par rapport à l’ensemble des populations occidentales. Les figures 1a, b, c et d visualisent la différence entre une situation où des centenaires en plus ou moins grand nombre sont répartis aléatoirement sur un territoire donné et une répartition non aléatoire mettant en évidence une zone à forte densité de centenaires. Dans ce dernier cas, on identifie une aire peuplée par une population à longévité exceptionnelle dénommée Longevity Blue Zone.

7Pour identifier avec plus de précision cette aire de longévité, nous avons rapporté le nombre de centenaires nés dans un village donné au nombre de nouveau-nés dans ce même village, un siècle auparavant. Cet indicateur de longévité baptisé Extreme longevity index (ELI) n’est autre que la probabilité d’atteindre l’âge de 100 ans, selon un lieu de naissance donné [2]. La répartition spatiale de cet indicateur a fait l’objet d’un lissage spatial gaussien pour laisser apparaître un résultat complètement différent de la situation publiée initialement par l’équipe AKEA. La carte proposée par AKEA (figure 2a) considérait les centenaires en fonction de leur lieu de résidence et non de leur lieu de naissance. En outre, il s’agissait des chiffres absolus de centenaires identifiés à l’époque de l’enquête AKEA et non de chiffres relatifs qui prennent en considération à la fois les centenaires vivants et décédés et la population des nouveau-nés dite soumise au risque de devenir centenaire. Notre approche a permis de faire ressortir une zone de forte longévité autour de Punta la Marmora, le plus haut sommet de Sardaigne, à cheval sur les régions de l’Ogliastra et la Barbagia (figure 2b). Cette région de haute longévité couvrant 15 villages et 40 000 habitants est la première Longevity Blue Zone définie comme une région géographiquement limitée et caractérisée par un niveau de longévité significativement plus élevé par comparaison aux régions voisines, les âges des plus âgés y étant strictement validés. Il s’avère, dans les faits, que cette région est assez homogène et que ses habitants y partagent un même style de vie dans un environnement commun (Poulain et al., 2004). En outre, on mentionnera que, dans la Blue Zone sarde, les hommes vivent aussi longtemps que les femmes (Poulain, Pes et Salaris, 2011) et que la proportion des uns et des autres atteignant cent ans représente un pour cent dans les cohortes de nouveau-nés de la fin du XIXe siècle.

Figure 2

Distribution spatiale des centenaires et du niveau de longévité en Sardaigne

2a

Distribution des centenaires identifiés par l’enquête AKEA, par lieu de résidence (Deiana et al., 1999)

2a

Distribution des centenaires identifiés par l’enquête AKEA, par lieu de résidence (Deiana et al., 1999)

2b

Variation spatiale lissée du niveau de la longévité ELI estimé par lieu de naissance (Poulain et al., 2004)

2b

Variation spatiale lissée du niveau de la longévité ELI estimé par lieu de naissance (Poulain et al., 2004)

Distribution spatiale des centenaires et du niveau de longévité en Sardaigne

8En introduisant le concept de Blue Zone, la longévité d’une population est mise en exergue en complément de la longévité individuelle des centenaires que l’on y rencontre. L’intérêt qu’il y a d’étudier des populations à longévité exceptionnelle réside dans le fait que les déterminants de la longévité peuvent y être plus facilement identifiés, car ils concernent une grande part de membres de ces populations, qu’il s’agisse d’un régime alimentaire spécifique, d’une activité physique plus soutenue, d’un type d’occupation particulière ou d’un soutien familial et communautaire plus marqué. En analysant la population de cette Blue Zone, on augmente la chance de mettre en évidence des variables explicatives plus pertinentes pour expliquer la longévité. Ceux qui la peuplent ont des caractéristiques génétiques communes, ils ont expérimenté les mêmes conditions de vie depuis leur jeune âge, ils partagent les mêmes traditions, ils se nourrissent bien souvent en majorité des produits locaux et ils vivent dans le même environnement à la fois physique et humain.

9À partir de 2005, une collaboration étroite fut initiée avec Dan Buettner, un journaliste américain qui publia à l’époque, dans National Geographic, un article comparant les populations de trois aires de longévité exceptionnelle, Okinawa, la Sardaigne et la communauté des Adventistes de Loma Linda en Californie (Buettner, 2005). Cette collaboration nous a permis d’étendre le concept de Blue Zone à d’autres régions à longévité exceptionnelle de par le monde (Buettner, 2008 ; Buettner, 2015) (figures 3). Tout d’abord, à Okinawa où vit une population avec un nombre incroyablement élevé de centenaires, près d’un millier de centenaires pour une population de 1,3 million d’habitants. Même si une validation plus poussée de ce niveau exceptionnellement élevé de longévité reste hautement souhaitée (Poulain, 2011), cette population est unique à bien des égards, notamment par le fait que l’on y trouve près de 8 fois plus de centenaires femmes par comparaison aux hommes. En 2007, dans la foulée des travaux de recherche de L. Rosero-Bixby (2008) sur les nonagénaires du Costa Rica, des enquêtes de terrain ont permis d’identifier une troisième Blue Zone sur la presqu’île de Nicoya, avec un niveau de longévité supérieur à celui enregistré par ailleurs au Costa Rica. Une tentative pour identifier une Blue Zone au Pérou s’est soldée par un échec car aucune donnée chiffrée ne permettait de valider une telle situation. C’est en Grèce, et plus particulièrement sur l’île d’Ikaria, que fut identifiée en 2009 la quatrième Blue Zone validée à ce jour. Cette île montagneuse peuplée par à peine plus de 8 000 habitants est restée en dehors des circuits touristiques. La vie agro-pastorale y est encore importante parmi une population qui représente le dernier bastion du communisme en Grèce, un communisme étonnamment proche de la religion orthodoxe. Depuis, d’autres initiatives ont vu le jour. Une recherche sommaire concernant la Vallée de Bama en Chine et l’Île de Rodrigue dans l’océan Indien ont donné des résultats négatifs alors qu’une investigation en cours à Cuba peine à aboutir faute de données probantes. Ce sont donc à ce jour quatre Blue Zones (figure 3) qui ont été identifiées et qu’il convient d’étudier de façon comparative pour tenter d’expliquer leur longévité exceptionnelle.

Figure 3

Localisation des 4 Blue Zones en Sardaigne, à Ikaria, au Costa Rica et à Okinawa (Poulain et al., 2013)

Figure 3

Localisation des 4 Blue Zones en Sardaigne, à Ikaria, au Costa Rica et à Okinawa (Poulain et al., 2013)

Les premiers résultats de l’étude comparée des populations des quatre Blue Zones

10Les investigations scientifiques comparées entre les populations des Blue Zones n’en sont encore qu’à leurs prémisses (Poulain, Herm et Pes, 2013) et elles se poursuivent notamment dans les domaines anthropologique, biomédical et de l’épigénétique. Ces recherches sont particulièrement intéressantes car chacune de ces populations, considérées séparément, est largement homogène à bien des égards. Toutefois, elles appartiennent à des cultures différentes et vivent dans des environnements distincts. Parmi les facteurs qualifiés d’écologiques et favorables à la longévité, la situation en altitude et la variabilité du relief sont des caractéristiques rencontrées dans trois des quatre Blue Zones. Seule l’île d’Okinawa n’est pas particulièrement montagneuse. Vivre dans un environnement au relief accentué avec d’importants dénivelés à franchir quotidiennement constitue un facteur favorable en termes de santé car cela implique une plus grande consommation d’énergie durant la vie active pouvant se traduire par une meilleure survie (Pes et al., 2013). En outre, le fait que les populations vivant en altitude même modeste vivent plus longtemps pourrait également être le fruit d’un isolement plus marqué de ces endroits. De fait, la situation relativement isolée occupée par les Blue Zones pourrait être associée à des comportements individuels spécifiques en termes de régime alimentaire et d’activité physique, par exemple. Plus généralement, le contexte socio-culturel plus traditionnel de ces zones touche l’habitat, l’activité économique et la vie sociale en général. L’environnement physique y est également différent, qu’il s’agisse notamment de la qualité de l’air et de l’eau, et tous ces facteurs ont un effet potentiel sur la longévité.

11Les populations des quatre Blue Zones peuvent être considérées comme sensiblement moins développées, socio-économiquement parlant, par rapport au reste du pays concerné. Ceci semble mettre en cause la théorie du gradient social postulée par R. Evans (1994) qui avance que la longévité s’accroît avec la prospérité économique. Dans chacune de ces populations des Blue Zones, y compris à Okinawa, on peut supposer que le style de vie plus traditionnel qui y a perduré en maintenant une symbiose entre l’homme et la nature qui l’entoure, pourrait avoir contribué à la longévité exceptionnelle de ces populations. Mais rien n’est démontré à ce stade de la recherche car il y a de nombreuses autres régions isolées où la vie traditionnelle perdure sans qu’une longévité y soit particulièrement élevée et, par ailleurs, d’autres facteurs pourraient très bien être entrés en jeu. Ainsi, le rôle de la composante génétique (Perls, Kunkel et Puca, 2002) reste une grande inconnue et la ténuité des effectifs de personnes très âgées étudiées dans les Blue Zones ne permet pas de conclure, même si des hypothèses liées à une plus forte endogamie ont été émises. Les premières enquêtes réalisées auprès des personnes les plus âgées de ces quatre Blue Zones montrent que l’alimentation, bien qu’elle soit différente entre les quatre Blue Zones, révèle un trait commun, celui d’une large consommation d’aliments produits localement, aliments qui, par conséquent, ne sont pas dérivés de l’industrie alimentaire. Dans les différentes Blue Zones, l’âge à la fin de la vie active dépasse bien souvent le cap des 80 ans et le niveau de l’activité physique que nous qualifierons de naturelle se maintient bien souvent au-delà. L’absence de stress et la faible prévalence de la dépression et de la démence ont également été observées à l’occasion de nos enquêtes dans chacune des Blue Zones. Enfin, les liens familiaux ainsi que les relations sociales très étroites à l’échelle communautaire sont également l’apanage des populations des Blue Zones. Ils assurent un soutien indéniable aux individus les plus faibles et les plus démunis et peuvent donc contribuer à une plus grande longévité. Bien que les enquêtes aient permis de mettre le doigt sur des déterminants potentiels de la longévité, on ne connaît encore rien de la façon dont ils agissent conjointement pour expliquer la longévité exceptionnelle au sein de ces populations et non, par ailleurs, dans des situations qui pourraient paraître similaires. Les recherches explicatives se poursuivent de façon comparative, ce qui les rend plus malaisées mais pourrait accroître les chances de trouver le secret de la longévité.

Le projet communautaire Blue Zones

12En 2009, Dan Buettner et l’équipe Blue Zones qu’il a rassemblée autour de lui lancent un projet pilote à l’échelle d’une communauté locale, celle d’Albert Lea au Minnesota, afin de transférer les leçons des Blue Zones pour aider ces populations à vivre mieux et plus longtemps en contribuant à améliorer l’état de santé et le niveau de bien-être au sein d’une société occidentale contemporaine. Ce projet vise à développer des actions favorisant un environnement sain et favorable à l’état de santé et ce, dans les secteurs du développement personnel, celui de l’habitat et des réseaux sociaux et communautaires.

13En 2010, Blue Zones s’allie avec Healthways, une importante compagnie américaine pour l’amélioration du bien-être (healthways.com), afin de répliquer l’expérience d’Albert Lea dans trois communautés californiennes sur la côte du Pacifique, à proximité de Los Angeles : Hermosa Beach, Manhattan Beach et Redondo. En 2011, les projets communautaires Blue Zones prennent une extension considérable en impliquant dix communautés sélectionnées dans l’État d’Iowa et en s’associant à Wellmark Blue Cross and Blue Shield, la compagnie d’assurance santé la plus importante d’Iowa (wellmark.com). Plus récemment, des projets communautaires Blue Zones ont vu le jour à Naples et dans le Collier County en Floride, à Fort Worth au Texas, à Klamath Falls en Oregon, dans le Dodge County au Wisconsin, dans les communautés d’Elkhart and South Bend en Indiana et à Hawaii.

14Plus concrètement, le projet communautaire Blue Zones (bluezonesproject.com) est une initiative dont la finalité est d’améliorer le bien-être à l’échelle communautaire en rendant plus aisés les choix individuels favorisant une vie saine et ce, à l’aide de changements durables de l’espace de vie de ces populations. Une approche systémique intégrée est proposée dans laquelle les citoyens, les écoles, les employeurs, les restaurants, les commerces et plus spécifiquement les épiceries, ainsi que les responsables politiques locaux collaborent pour la mise en œuvre de ce programme. La démarche se base sur l’hypothèse que les gens passent 90 % de leur vie dans un espace de vie dont le rayon ne dépasse guère 20 miles autour de leur lieu de résidence. On cherche dès lors à développer des actions qui optimisent l’environnement au sens large pour inciter les gens à adopter des choix meilleurs pour leur santé et leur bien-être dans leur vie, au jour le jour. Et tout ce programme s’articule sur les enseignements de vie en bonne santé perçus au sein des populations des quatre Blue Zones (BZ). Dans chacune de ces BZ, nous avons mené à bien des enquêtes en interviewant, de façon exhaustive, la population des plus âgés, nonagénaires et centenaires. Ce sont ces enquêtes qui nous ont orientés pour identifier les déterminants potentiels de la longévité exceptionnelle, ceux-là mêmes qui sont considérés dans le transfert des leçons des BZ dans le cadre du projet communautaire Blue Zones. Les leçons des Blue Zones qui ne sont encore à ce stade de la recherche scientifique que des déterminants potentiels de la longévité, sont résumées par les promoteurs du projet communautaire Blue Zones dans un schéma reprenant neuf principes de base qui est intitulé « Power 9 » (figure 4). Nous attirons l’attention sur le fait que ce schéma a été élaboré à destination du grand public, essentiellement nord-américain. Même si nous agréons à la plupart de ces principes, il ne s’agit en rien des résultats d’une analyse scientifique stricte qui est, par ailleurs, toujours en cours.

Figure 4

Les principes du « Power 9 » proposent une synthèse en 9 points des leçons issues des Blue Zones (figure empruntée au site www.bluezonesproject.com)

Figure 4

Les principes du « Power 9 » proposent une synthèse en 9 points des leçons issues des Blue Zones (figure empruntée au site www.bluezonesproject.com)

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  1. Move naturally : favoriser l’activité physique naturelle et non l’activité physique artificielle et forcée.
  2. Know your purpose : avoir un plan de vie que l’on puisse exprimer en se levant chaque matin.
  3. Down shift : prendre le temps chaque jour pour méditer, faire la sieste, prier ou prendre du bon temps avec des amis.
  4. 80 % rule : manger avec sagesse et s’arrêter de manger lorsque l’estomac est aux 4/5 plein.
  5. Plant Slant : manger plus de légumes, fruits et céréales, moins de viande et moins de nourriture provenant de l’industrie alimentaire.
  6. Wine@Five : adopter un comportement sain par rapport à l’alcool tout en sachant qu’un verre de vin par jour reste bénéfique.
  7. Family First : mettre l’accent sur le rôle de la famille est essentiel avec une attention particulière aux enfants et aux parents âgés.
  8. Belong : reconnaître l’importance de la religiosité et de l’appartenance à une communauté de foi, quelle qu’elle soit.
  9. Right Tribe : étendre le cercle de ses amis peut largement contribuer au bien-être si l’on veille à y inclure des personnes bien-pensantes qui puissent vous soutenir.

16Le projet communautaire Blue Zones considère plus particulièrement quatre types d’environnement qui doivent permettre de faire plus facilement des choix de vie saine (figure 5).

Figure 5

Les quatre types d’environnement sur lesquels est développé le projet communautaire Blue Zones (figure empruntée au site www.bluezonesproject.com)

Figure 5

Les quatre types d’environnement sur lesquels est développé le projet communautaire Blue Zones (figure empruntée au site www.bluezonesproject.com)

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  1. Inner Self : Le moi intérieur doit être privilégié afin que chacun puisse exprimer sa raison de vivre, ce que les Costaricains appellent le Plan de Vida. Ce faisant, on encourage les gens à réduire leur niveau de stress et à évaluer comment leur action contribue au bien-être de la communauté dans son ensemble.
  2. Habitat : Tous les lieux où les gens passent la majeure partie de leur temps, la maison, l’école, le lieu de travail… doivent permettre de favoriser des comportements sains. Les responsables des restaurants, des écoles, des épiceries et les lieux de travail sont sollicités afin de retenir des options pouvant inciter la population à les adopter.
  3. Social Network : Il convient de former et entretenir des groupes sociaux qui veillent à favoriser un style de vie saine. Les réseaux de relation influencent le comportement des gens et sont donc susceptibles de renforcer cette adhésion à un mode de vie saine et d’accroître le bien-être de chacun.
  4. Community : La communauté locale et les responsables politiques peuvent soutenir très largement cette amélioration du bien-être et de la santé, que ce soit, entre autres, par l’amélioration des routes et moyens de transport, l’investissement dans les zones vertes et espaces publics, ainsi que les décisions politiques qui encouragent l’activité physique et mettent des entraves à la malbouffe et au tabagisme.

18Plutôt que de miser sur le changement des comportements individuels, ce programme est donc axé sur des modifications de l’environnement à l’échelle de la communauté afin d’inciter les gens à prendre des choix de vie saine de façon plus facile et spontanée. Ce faisant, le projet communautaire Blue Zones est basé sur les principes du développement durable. Contrairement à d’autres initiatives de santé ou de bien-être, ce n’est pas l’individu qui est concerné en premier lieu, mais son environnement au sens large, ce qui entraîne des effets à long terme qui pourront, selon leurs initiateurs, résister à l’épreuve du temps. Les progrès enregistrés par les communautés engagées dans cette initiative sont suivis par les indicateurs du Gallup-Healthways Wellbeing Survey qui mesure l’évolution du niveau de santé et de bien-être des Américains au quotidien, communauté par communauté (gallup.com; well-beingindex.com).

19La plupart des témoignages que l’on trouve sur les réseaux sociaux expriment que de telles initiatives volontaristes sont louables. Elles veillent à promouvoir la santé et le bien-être des populations en faisant participer tout le monde, du patron de l’entreprise au shérif en passant par les familles, les écoles et les enfants. Dans tous les discours affichés, le rôle primordial des responsables politiques locaux n’est guère un secret. Outre les engagements des entreprises, des restaurants et commerces alimentaires, ce sont les pouvoirs publics qui finalement prendront les décisions politiques pour modifier les infrastructures susceptibles de favoriser un style de vie plus actif et plus sain. Malgré tout l’enthousiasme qui émerge dans les communautés engagées dans le projet Blue Zones, on se doit de relayer les réserves qui ont vu le jour récemment dans le Collier County, en Floride, à l’encontre du projet et ce, plus particulièrement à propos de l’implication des communautés scolaires (Naplesnews, 2015). Dans un article publié par The New American, Alex Newman (2015) constate que le « bien collectif supérieur » du projet Blue Zones couvre presque tous les domaines de la vie privée, y compris la religion. Le Dr Rich Sweir (2015) prétend, quant à lui, que le projet Blue Zones aide à faire des choix sains, mais qu’il est également un moyen pour contrôler les comportements individuels. Dans le cadre de ce projet, chaque homme, affirme-t-il, n’existe que par l’autorisation du groupe, pour le bien du groupe et le groupe seul. En d’autres termes, R. Sweir considère cela comme du collectivisme. Au-delà de ces checking-listes qui dictent à peu près tout dans et autour de votre maison, d’autres recommandations visent à choisir vos amis en fonction de leurs attitudes saines et à passer autant de temps que possible avec eux. Fréquenter exclusivement des amis qualifiés de sains se traduira par une exclusion progressive des amis en moins bonne santé, les obèses, ceux qui souffrent de dépression, ce qui va renforcer leur marginalité… Lorsqu’elle est appliquée au milieu scolaire, certains parents se demandent si les enfants seront divisés en « tribus » basées sur des critères tels que leur poids, leurs habitudes alimentaires ou leur état de santé. Somme toute, ces critiques peuvent se résumer par le qualificatif d’orwellien, qui a été cité lors de débats sur la question. Il fait référence à l’écrivain George Orwell qui, dans son roman intitulé 1984, a identifié une telle société pouvant être destructrice pour le bien-être des individus, en la comparant avec des situations de contrôle draconien de propagande, de surveillance et de désinformation ayant existé dans le passé.

Conclusion

20En conclusion, de nombreuses recherches sont encore à mener pour découvrir le secret de la longévité mais, au-delà du caractère spécifique de cette quête, un constat s’impose : certaines populations dites « en cours de développement » comme celles de la péninsule de Nicoya au Costa Rica, celles de régions isolées de Sardaigne, celles d’Ikaria ou celles d’Okinawa présentent de meilleurs bilans en termes de survie aux âges élevés que des sociétés hautement développées. Ceci pourrait paraître un paradoxe sur lequel il convient de se pencher scientifiquement. Pourquoi nos sociétés enregistrent-elles tant de décès entre 60 et 80 ans alors que, dans les populations mentionnées, ceux-ci interviennent relativement plus souvent au-delà de 80 ans ? Les leçons tirées de l’analyse des déterminants de la longévité au sein des Blue Zones peuvent contribuer à y répondre. Par ailleurs, le Blue Zones Community Project constitue une expérience intéressante à plus d’un égard, dans la foulée de ce qu’affirme L. Appel (2008) lorsqu’il écrit que les « Blue Zones, now limited to just a few populations in the world, can become commonplace ». La particularité de ces projets est qu’ils ne cherchent pas à agir directement sur les individus en leur prescrivant un style de vie plus sain, mais qu’ils veillent à créer les conditions et les possibilités qui rendent plus faciles et plus spontanés les choix individuels de vie plus saine. Les enseignements rassemblés à l’occasion des investigations scientifiques sur les populations des Blue Zones peuvent-ils être transférés tels quels à nos sociétés dites avancées et post-industrielles afin de contribuer au meilleur état de santé et au bien-être de populations vieillissantes ? Même si cette initiative a su éviter la critique touchant le caractère rétrograde d’un style de vie à l’ancienne reclus dans des montagnes éloignées, il importe maintenant de contourner l’écueil de l’accusation d’orwellisme qui voudrait que ces initiatives puissent enfreindre la liberté individuelle de façon insidieuse et, par surcroît, marginaliser ceux qui ne se plieraient pas au courant porteur des Blue Zones. Néanmoins, force est de constater que les premiers résultats de terrain sont encourageants, comme l’affirme W. Wolfe (le 28 août 2012) : « The Blue Zones impact in how people eat and exercise, how they find new ways to build community and get to know each other, how they are cutting back areas for smoking and expanding opportunities for altruism - all key elements in creating a Blue Zones community. » Toutefois, il est encore trop tôt pour évaluer les améliorations en termes de vieillissement en santé qui pourraient être associées à cette initiative et ce même si les protagonistes du projet revendiquent dès à présent des gains significatifs dans les échelles de bien-être des villes américaines établies par le Gallup Well Being Survey. En parallèle avec la poursuite de l’analyse comparée des déterminants de la longévité dans les Blue Zones, les scientifiques devront être très attentifs dans les prochaines années et développer des indicateurs pertinents pour évaluer le bien-fondé du projet communautaire Blue Zones, l’efficacité des actions mises en œuvre et appréhender la durabilité de leurs résultats positifs dans le temps.

Remerciements

Cette recherche a reçu le soutien du ministère estonien de l’Éducation et de la Science (SF1300018s11) ainsi que de la Fondation scientifique estonienne (Grant No. 8325).

Notes

  • [1]
    AKEA est un acronyme pour Akentannos, un dicton sarde qui signifie « Que tu vives jusqu’à 100 ans ».
  • [2]
    ELI rapporte le nombre de centenaires nés dans un lieu donné au nombre de naissances dans ce même lieu. Grâce aux annotations marginales dans les actes de naissance, la connaissance des dates de décès est quasi exhaustive (plus de 95 %), ce qui permet une estimation fiable d’ELI, la probabilité d’atteindre 100 ans au sein de la cohorte de nouveau-nés. Seuls les décès à 100 ans et plus ayant eu lieu à l’étranger et non connus risquent d’altérer la valeur du ELI, et ce uniquement dans le sens d’une sous-estimation. L’effet des migrations est donc minime, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on considère la prévalence des centenaires dans la population résidente.
Français

De nombreuses études se sont intéressées aux centenaires, considérant ceux-ci comme des exemples d’un vieillissement en bonne santé. L’identification de populations longévives a également attiré l’intérêt des scientifiques et plus encore celui des médias. Dans le cadre des activités de l’International Database on Longevity, une aire de longévité exceptionnelle a été identifiée en Sardaigne. Nous avons introduit le concept de Blue Zones comme étant des zones relativement limitées dans l’espace, où la population partage un même mode de vie et environnement et montre une longévité exceptionnelle scientifiquement validée. À ce jour, quatre Blue Zones ont été identifiées : une région montagneuse de Sardaigne, l’île d’Okinawa, la péninsule de Nicoya au Costa Rica et l’île d’Ikaria en Grèce. Comparer les populations de ces Blue Zones permet de mieux mettre en évidence les déterminants de la longévité exceptionnelle qu’elles ont en commun car la plupart de ces personnes sont nées, et ont vécu, dans le même environnement. Cette contribution présente également un projet mis en œuvre aux États-Unis visant à transférer les leçons des Blue Zones à l’échelle de communautés locales afin d’améliorer l’état de santé et le bien-être de ces populations.

Mots-clés

  • longévité
  • centenaires
  • Blue Zones

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Michel Poulain
Estonian Institute for Population Studies, Tallinn University, Estonia ; Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines (IACCHOS), Université catholique de Louvain, Belgique
Anne Herm
Estonian Institute for Population Studies, Tallinn University, Estonia
Gianni Pes
Department of Clinical and Experimental Medicine, Università degli Studi di Sassari, Italy
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 16/11/2016
https://doi.org/10.3917/gs1.151.0055
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