1Les documents présentés ici [1] ont été recueillis par Harvey W. Zorbaugh [2], un élève de Robert E. Park et Ernest W. Burgess, alors qu’il préparait sa thèse au département de sociologie et anthropologie de l’université de Chicago dont ses deux professeurs étaient alors des figures éminentes. Cette enquête fut réalisée en 1924 et au début de 1925 dans le cadre du programme dirigé par Burgess sur « les communautés locales de Chicago » – que finançait une des fondations Rockefeller créée pour soutenir et réformer les sciences sociales (Bulmer 1980). La rédaction fut interrompue en 1926 et reprise un peu plus tard en vue de la publication d’un livre dans la collection « Sociological Series » des Presses de l’université de Chicago – la vitrine du département. L’ouvrage parut en 1929 sous le titre The Gold Coast and the Slum : A Sociological Study of Chicago’s Near North Side.
2L’étude portait sur un district limitrophe du centre des affaires et discutait une question principale : une telle zone urbaine constitue-t-elle ou peut-elle constituer une « communauté » ? (Topalov 2003) La réponse de Zorbaugh était résolument négative, notamment parce que le district était constitué de trois « aires naturelles » profondément différentes : les taudis de Little Sicily, la bohème du « monde des chambres meublées » où se mêlaient employés et employées célibataires travaillant au centre-ville, prétendus artistes, intellectuels sans le sou et travailleurs migrants, enfin la Gold Coast où les familles les plus riches et les plus puissantes de Chicago vivaient dans de grands immeubles modernes au bord du lac Michigan.
3Zorbaugh a enquêté dans ces trois zones écologiques – selon des méthodes très différentes dans chacune d’elles, nous le verrons bientôt. Dans les beaux appartements et hôtels de luxe de la Gold Coast, il parvint à entrer en contact avec un bon nombre d’informateurs – principalement des femmes. L’étudiant, sans doute convenablement introduit, était reçu pour un entretien et obtenait parfois de son interlocutrice qu’elle écrivît pour lui un texte. Zorbaugh précise : « Les documents [documents] sur lesquels ce chapitre est basé furent écrits, sans exception, par des personnes résidant le long de la Gold Coast. Ils représentent donc des points de vue de l’intérieur et amicaux et des auto-analyses plutôt plaisantes, et non une vision intolérante et jalouse. Pour des raisons évidentes, ces documents sont présentés ici de façon anonyme », prévient Zorbaugh (1929 : 46, n. 1).
Trois documents
4Quelques-uns de ces documents, utilisés ou non dans l’ouvrage, sont conservés dans les archives de Burgess et l’on trouvera ici trois d’entre eux. Leur fraîcheur et leur saveur sont étonnantes. Ils donnent des aperçus intéressants sur la vie et les devoirs des femmes de la haute société de Chicago au lendemain de la Première Guerre mondiale. En outre, ils permettent d’observer de près le statut et l’usage de tels documents dans une enquête que l’on peut considérer comme très représentative de celles que dirigèrent Park et Burgess tout au long des années 1920 [3].
5Les trois documents sont des doubles dactylographiés sur du papier pelure remis à Burgess, l’usage du carbone permettant à l’étudiant et à son professeur de disposer chacun d’un exemplaire. Les manuscrits originaux, qui semblent avoir disparu, furent écrits de la main de diverses informatrices ou étaient des notes prises par Zorbaugh. Ils furent tapés à la machine à l’université par l’enquêteur ou par une dactylographe du département.
6Aucun de ces documents n’est daté, mais ils furent écrits en 1924 – ce qui peut être inféré de l’intitulé du dossier où ils se trouvent [4] et, surtout, de ce que nous savons par ailleurs du déroulement de l’enquête. La plupart de ces textes furent écrits par des femmes qui appartenaient à ce que l’on appelait – à Chicago comme à New York – the society ou the best society [5]. Ces femmes se désignaient elles-mêmes comme society woman (document C, f. 4) ou haute societe woman (f. 12), woman of fashion (f. 12), fashionable woman (f. 13), Les documents publiés ici (référencés par A, B et C) offrent sur leur vie et leur rôle social des éclairages différents.

7Le document A est intitulé « A Friend’s Day – From Memory (D. A.) ». Il n’est pas cité dans le livre de Zorbaugh, et nous n’avons aucun indice sur sa provenance. Une femme dont les intitiales sont D. A. aurait écrit de mémoire pour Zorbaugh l’emploi du temps d’une de ses amies. Pour acquérir une telle familiarité avec celle dont elle parlait, il fallait qu’elle eût partagé sa vie quotidienne, au moins pendant les trois jours qu’elle relate. Peut-être l’informatrice est-elle Miss Dora Allen, remerciée par Zorbaugh au début du livre (1929 : xxi) : activiste de causes sociales, elle peut avoir été elle-même une femme du monde ou liée personnellement à l’une de celles-ci. On ne peut exclure que l’amie dont on parlait fût l’informatrice elle-même. Le document est bref, c’est le simple enregistrement d’un emploi du temps écrit par une observatrice bien informée, sans empathie ni désapprobation.

8Le document B est composé de deux éléments distincts. D’une part, écrit par Zorbaugh, un récit alerte et cocasse des difficultés qu’il a eu à réaliser un entretien avec Mrs J. qui, comme un certain nombre de membres de la haute société, vivait dans ses meubles à l’hôtel – ici le Drake, l’un des plus luxueux de la ville. D’autre part, un bref texte rédigé par une informatrice ou recueilli de sa bouche, probablement Mrs J. Les allusions répétées à « Jeanne », sans doute la fille de cette dernière, laissent à penser que Zorbaugh connaît cette jeune personne – qu’il a pu rencontrer à l’université et qui lui aurait donné le contact avec sa mère. Les documents A et B ne furent pas utilisés par le sociologue dans son livre.
9Le document C : « The Ritual », fut, au contraire, longuement cité par Zorbaugh (1929 : 57-61). Par contraste avec les textes précédents, celui-ci livre un point de vue de l’intérieur, sympathique et amusé, sur le monde social auquel appartient l’informatrice. Le sociologue précise : « une society woman écrit, moitié avec humour, moitié avec sérieux, sur le rituel » (ibid. : 57) – il faut entendre par là le social ritual qui règle la vie sociale de la haute société de la ville et permet de reconnaître ceux qui en font vraiment partie de ceux qui prétendent en être. Dans ces quinze feuillets dactylographiés, des lignes de pointillés suggèrent que Zorbaugh a pratiqué des coupes sur le manuscrit original, les titres de sections, qu’il peut s’agir de plusieurs manuscrits de la même main mis bout à bout, les phrases courtes encadrées par des pointillés pouvant être des notes de Zorbaugh après une conversation avec la même personne. Ce document, qui subira encore des transformations lors de son utilisation dans l’ouvrage, est donc déjà de facture composite. C’est parce que le sociologue y a pratiqué des coupes (de l’ordre de 60 %), de multiples remaniements et de nombreuses corrections de détail ou de style que l’on peut considérer ce document comme un inédit.
10Les trois documents sont donnés ici dans la langue d’origine avec la pagination des feuillets originaux, des notes permettant de s’orienter dans les allusions au Chicago des années 1920 et les expressions courantes à l’époque, mais moins familières aujourd’hui [6].
11Laissant le lecteur découvrir lui-même ces documents, je limiterai mes commentaires à quelques aspects qu’a négligés Zorbaugh.
Les lourdes tâches des femmes du monde
12Sur la haute société de la Gold Coast, l’élève de Park et Burgess a relevé l’essentiel : il s’agissait d’un groupe de gens riches et puissants qui se défendait farouchement d’être envahi par de nouveaux venus – les climbers – en leur opposant notamment la barrière d’une étiquette très stricte. Le professeur Park, cependant, voyait la société de la grande ville moderne comme fondamentalement fluide : « Partout l’ordre ancien s’en va, mais le nouvel ordre n’est pas encore venu. Tout est indéterminé et libre, mais tout est problématique » écrivait-il en préface du livre de Zorbaugh (Park 1929 : xviii). En accord avec cette vision, l’élève précisait que si, jadis, la haute société de Chicago était une caste et « la position sociale […] une affaire de famille, d’éducation et d’aristocratie » (Zorbaugh 1929 : 47), désormais « on ne naît plus dans une position sociale élevée, on l’atteint en jouant le “social game” » (ibid. : 49). « [Ce jeu] est une concurrence constante entre ceux qui en sont [who are ‘in’] pour la distinction et la prééminence ; et une lutte constante de ceux qui n’en sont pas [who are not ‘in’] pour pénétrer dans les cercles de ceux qui en sont. » (ibid. : 49)
13Les documents cités par Zorbaugh détaillent longuement les règles qui permettaient de marquer la différence entre ces deux positions. Le sociologue commentait : « […] une grande quantité de rituels, de façon conventionnelles de faire les choses, […] servent à séparer l’aristocratie [aristocracy] des “gens du commun” [the ‘common’]. Et le contrôle social dans la “haute société” [‘society’]s’effectue largement par ces rituels. » (1929 : 57) Zorbaugh insistait donc sur l’enjeu très sérieux de ces règles, tout en montrant leur arbitraire et leur pittoresque, qu’illustraient les descriptions amusées de ses informatrices.
14On pourrait s’en tenir là, si quelques autres points n’apparaissaient pas avec netteté dans les documents originaux publiés ici, notamment dans des passages que Zorbaugh n’a pas jugé pertinent de retenir.
15Il faut d’abord relever la puissante capacité d’observation et de description des informatrices du sociologue. Ce qui frappe chez l’auteure du document C, c’est une vive conscience des règles selon lesquelles son monde social agit : « Il est essentiel d’être un good sport, c’est-à-dire de faire les choses que font les autres gens du groupe auquel on souhaite appartenir. » (f. 3) Relevons aussi la « découverte scientifique totalement stupéfiante » qu’a faite Mrs J. notant avec une condescendance habillée d’humour que le personnel de l’hôtel et ses propres domestiques l’observent et la classent (doc. B, f. 7), ce qui ressemble assez aux situations d’ethnographie généralisée repérées par l’anthropologie réflexive d’aujourd’hui (Bazin 1996). La description des règles de l’étiquette fait écho, il est vrai, à un genre solidement établi à l’époque et que connaissent parfaitement nos femmes du monde : les traités de savoir-vivre – traités auxquels faisait référence la publicité pour le livre parue dans le Chicago Tribune en 1929 et dont une autre informatrice de Zorbaugh (1929 : 48) évoquait un exemple fameux à l’époque (Post 1922). Mais l’exposé du document C ressemble moins à une litanie de règles énoncées sur 627 pages qu’à la mise en scène littéraire de ces règles qu’offraient, par exemple, les romans de l’écrivaine et femme du monde new-yorkaise Edith Wharton (1913). C’est que, en effet, il est essentiel d’avoir oublié les règles pour les mettre en œuvre comme il convient.
16L’informatrice de Zorbaugh ne se contente pas d’énoncer les règles du jeu, elle insiste tout autant, sinon plus, sur le jeu avec les règles. Comme pourrait le faire un traité d’étiquette, sans doute, mais avec plus de légèreté, elle donne des conseils pratiques à une femme qui hésiterait sur les comportements à retenir : en matière de choix de l’adresse, quelles sont les décisions prudentes quand on n’a pas « une position sociale solide » (f. 1) ? En matière de mode, que faire si l’on n’a pas une amie compétente auprès de qui demander conseil (f. 2) ? Où faut-il se montrer, quels livres faut-il lire, comment faut-il réagir quand la conversation porte sur des choses sérieuses (ff. 3-4) ? Comment vos domestiques doivent-ils se tenir (ff. 7-8) ? Sur tous ces problèmes et quelques autres, le ton est plaisant, mais la vigilance doit être de chaque instant.
17Le point le plus important, toutefois, est ailleurs aux yeux de celle qui donne tous ces conseils : « À peu près toutes les conventions peuvent être rompues si vous le faites de la bonne manière et au bon moment. » (f. 7) Elle revient constamment sur le fait qu’il est permis de se tromper, mais à une condition : montrer que l’on fait partie de celles qui sont au-dessus de l’erreur. « Quoi que je fasse, c’est correct puisque c’est moi qui le fais. » (f. 5) C’est « l’aisance » ou « la désinvolture » décrites par Pierre Bourdieu (par ex. 1979 : 284-287) : on peut tout se permettre, si l’on est de façon naturelle ce que votre supériorité sociale a fait de vous. Notre informatrice nomme cette attitude : « la manière “je suis venue en omnibus” » (allusion f. 4 à une anecdote racontée ff. 5-6) ou, plus couramment et en français, « savoir faire » (f. 7, 9, 11). Seconde nature des personnes naturellement distinguées, celui-ci permet d’ignorer superbement les situations embarrassantes, comme celle du parapluie mouillé (f. 2) ou du thé qu’il faut servir en l’absence de la maîtresse de maison (f. 6). C’est la même seconde nature qui permet de reconnaître du premier coup d’œil les personnes qui « pourraient se servir d’un cure-dent », même si l’on n’a jamais partagé leur table (f. 9). « Cet air de totale confiance en soi, ou d’assurance naturelle, avec à l’occasion une nuance de hauteur, est absolument nécessaire au succès en société. » (f. 6). Il demande un peu d’audace et beaucoup de travail.
18Bien entendu, l’effort doit être invisible. L’emploi du temps donné dans le document A fait une grande place aux frivolités. Frivolité affichée par Mrs J. dans le document B, avec sa distraction lors de ses rendez-vous avec le sociologue, son « négligé à l’italienne » (f. 5), son attitude évaporée et l’incessant défilé de livreurs, domestiques et appels téléphoniques qui interdit toute conversation suivie.
19On peut, dans certains cas au moins, mettre en balance l’obligation de la femme du monde d’être désinvolte avec ses obligations en matière d’œuvres sociales et d’activités culturelles : « On obtient de plus en plus la reconnaissance sociale par des œuvres politiques, civiques et philanthropiques », disait une autre informatrice de Zorbaugh (1929 : 61). De ce point de vue, ce que révèle l’emploi du temps décrit dans le document A est impressionnant. En trois jours, une femme du monde, très occupée pourtant par son courrier, ses conversations téléphoniques, ses thés, dîners et soirées à l’opéra, a trouvé le temps de participer à six événements de caractère civique : dans le registre de la philanthropie classique une réunion d’une association de secours à l’enfance et une autre d’un comité de gestion d’un hôpital, plus un concert du matin destiné à collecter des fonds pour une association protectrice de la jeunesse ; une réunion d’une association de soutien à une compagnie d’opéra ; une réunion de ce qui est peut-être un club féminin que je n’ai pas su identifier ; et enfin une rencontre, autour d’un déjeuner, de femmes qui envisageaient de soutenir la campagne d’un candidat au poste de gouverneur de l’Illinois. Le jeu social sur le théâtre de la vie mondaine et celui des devoirs civiques laisse, dans ces journées très remplies malgré les petits-déjeuners pris au lit, une place des plus réduites à ce qui pourrait être une vie privée.
20Ces documents, en tout cas, me semblent laisser transparaître quelque chose sur quoi Zorbaugh n’insiste guère : le poids que ces rituels peuvent représenter pour celles sans lesquelles tout le jeu s’effondre. Le sociologue relève en passant : « Des femmes font profession de faire avancer les succès de leur mari » (1929 : 56). Mais il a considéré comme sans intérêt – et n’a pas cité dans son livre – ce passage du document C : « Les hommes n’ont aucune responsabilité en société. Ils sont très demandés s’ils sont présentables et convenablement faits. Ils bénéficient, par rapport à l’état réel de la haute société, d’autant d’indépendance que les femmes de chambre. Ils ne sont pas obligés de faire des invitations à des soirées s’ils ne le veulent pas ; ils ne sont pas obligés de recevoir, ni d’aucune façon “retourner des obligations sociales”. Ils ne sont pas obligés de lire, ils ne sont pas obligés d’être enjoués ou intéressants. » (f. 11)
21Dans ce monde où la ségrégation des sexes semble aussi marquée que dans les relations entre époux que les sociologues décriront quelques décennies plus tard comme caractéristiques de la working class family (par ex. Gans 1962 : 47-53), le jeu social repose intégralement sur les femmes : c’est l’une d’entre elles qui le dit dans le document C avec la légèreté qui convient, accompagnée d’une ironie un peu grinçante. Il se trouve que, parmi les informateurs que Zorbaugh a rencontrés dans la société de la Gold Coast et qui ont accepté d’écrire pour lui, on compte entre six et huit femmes pour trois hommes [7] : c’était sans doute aussi aux femmes que revenait l’obligation sociale de recevoir le jeune homme venu de l’université qui posait de si curieuses questions. C’est en tout cas les femmes par lesquelles se réalisaient chaque jour les opérations de confirmation du statut social du mari, des fils et des filles – ce qui est fondamental pour la transmission – les classements internes au groupe des puissants, la protection de ses frontières, protection qui comprenait les rituels d’admission de nouveaux venus que rendait nécessaires un grand capitalisme du Middle West en constante transformation.
22Malgré le ton ironique et enjoué de la dame, il me semble que l’on peut repérer, à de multiples détours de son texte, la description d’obligations d’autant plus pesantes qu’elles touchaient à l’intimité de la personne. Il faut travailler sa façon de parler : « La voix doit être bien modulée, et il doit y avoir un accent, une prononciation, une intonation de la côte Est ou légèrement anglaises. C’est un point important, et son acquisition procure un atout certain » (f. 6). Il faut avoir les ongles faits (f. 11), prendre un ou deux bains par jour (f. 11) mais ne pas faire son shampoing soi-même (f. 8), être maquillée mais de façon naturelle (f. 13) et – pointe de provocation à l’égard du jeune homme à qui le texte était destiné ? – porter des sous-vêtements très légers et pas trop fleuris (f. 12). Il importe aussi de parler avec légèreté des sujets les plus sérieux, même si l’on s’y intéresse (f. 3), de se priver du plaisir des potins (f. 4) et de ne jamais faire de confidences – si ce n’est avec les plus intimes : « nous n’avons que des succès et nous sommes heureuses » (f. 11). Bref : « la sincérité du genre authentique est rare » (f. 11). L’inflexibilité des obligations féminines est illustrée par deux anecdotes dramatiques : dans les deux cas, il s’agissait d’aller jusqu’au bout de ses devoirs vis-à-vis de son club féminin ou d’une institution de bienfaisance, même si l’on était à l’article de la mort ou si l’on avait subi un deuil tragique (ff. 4-5). L’ironie qui marque si nettement ce témoignage pourrait donc avoir une double signification : la distance avec les règles de celle qui « peut faire ce qu’elle veut » parce qu’elle est « au-dessus de toute critique » (f. 6), mais aussi le sens, peut-être douloureux, d’un destin social fait d’obligations supérieures impérieuses et de sacrifices intimes constants et indécelables.
Une enquête sociologique à Chicago en 1924
23Les documents publiés ici donnent aussi un aperçu sur la façon dont l’auteur de l’enquête a conduit celle-ci. On y aperçoit, sur le mode cocasse, la difficulté à conduire un entretien suivi avec une femme du monde (doc. B), le grand intérêt, au moins dans certains cas, des témoignages recueillis par écrit (doc. C), l’usage, enfin, que l’on peut faire de témoignages indirects fournis par des informateurs complices (doc. A). Au-delà de ces trois exemples et pour l’ensemble du Near North Side, comment Zorbaugh a-t-il enquêté ? Comme le souligne Jennifer Platt, qui a posé cette question pour l’ensemble des sociologues de Chicago des années 1920 et lui a donné une réponse que la présente étude confirme pleinement, ces chercheurs explicitèrent rarement leurs méthodes. Mais celles-ci peuvent être inférées de l’examen détaillé de leurs « monographies classiques » (Platt 1994 : 59, 61).
24Dans l’ouvrage de Zorbaugh, le lecteur est mis en présence des « faits » de deux façons. L’une est la carte, que je n’étudierai pas ici, mais qui est, bien sûr, essentielle dans la perspective de l’écologie humaine. L’autre est la publication de « documents », c’est-à-dire de textes, de diverses origines. Ce qui marque leur statut commun, c’est d’abord une différence typographique : les documents sont imprimés en caractères plus petits que les analyses et commentaires du sociologue. Ils ne sont pas encadrés de guillemets. Ils sont toujours suivis d’un appel de note et la note de bas de page donne une référence. Selon une pratique qui a commencé à se généraliser dans les travaux universitaires aux États-Unis deux décennies plus tôt, cette référence donne au lecteur la possibilité de vérifier l’origine du document cité et, ainsi, atteste de l’authenticité du fait rapporté.
25La différenciation du corps des caractères au sein d’un même article ou ouvrage selon le statut de ses différents éléments était, elle aussi, d’usage fréquent à l’époque, particulièrement dans les livres qui avaient le caractère d’auxiliaires à un enseignement. Park et Burgess, en particulier, eurent souvent eu recours à cette technique, aussi bien dans la « Green Bible », leur manuel de sociologie de 1921, que dans des textes scientifiques comme l’article programmatique de Park dans American Journal of Sociology en 1915 ou la réédition de 1925 de l’exposé de Burgess devant l’American Sociological Society.
26Chez Zorbaugh, d’où proviennent ces textes en petits caractères ? Prenant en compte l’ensemble de l’ouvrage, il s’agit dans 38 cas de passages référencés « document » par l’auteur, dans 23 autres de passages provenant d’autres genres de sources. Mais ce qui est appelé « documents » n’est pas toujours utilisé sous cette forme : dans 34 cas, ils apparaissent seulement dans une note de bas de page, sous la forme d’un extrait, d’un résumé ou d’une simple référence. Les « documents » sont numérotés de 1 à 73 – compte tenu de documents non numérotés et d’erreurs de numérotation, il y en a effectivement 72 [8]. Si on leur ajoute les 23 citations ou références non numérotées, le nombre des éléments mentionnés comme ayant le statut de faits atteint donc 95.
27Examiner ce que sont ces sources permet d’approcher d’assez près la façon dont Zorbaugh a réalisé son enquête. Il s’agit d’objets très variés par leur nature matérielle, leur origine, leur mode de recueil. Soulignons, une fois encore avec J. Platt, qu’aucune de ces façons de faire enquête n’était nouvelle, car toutes avaient été pratiquées auparavant par les travailleuses et travailleurs sociaux de Chicago et mentionnées dans leurs écrits (Platt 1994 : 59-61).
28Il s’agissait pour une part de ce que William A. Thomas (Thomas et Znaniecki 1918-1920), puis Park et Burgess, appelaient personal documents. Certains d’entre eux résultaient de notes prises par l’enquêteur au cours d’une conversation ou à la suite de celle-ci : c’est sans doute le cas du document B publié ici. Mais la plupart étaient des textes écrits pour le sociologue par des informateurs – comme les documents A et C. Cela est suggéré par le fait que l’auteur évoque ce point et que l’usage était commun aux étudiants de Park et Burgess, mais aussi par la façon dont ces documents se présentent dans les archives – plusieurs feuillets dactylographiés paginés de façon continue et agrafés – et par le caractère très « écrit » de la plupart d’entre eux. Certains de ces documents furent rédigés par des habitants – ce fut notamment le cas dans la Gold Coast [9] – mais beaucoup le furent par des membres d’institutions sociales travaillant dans le district étudié. Dans un cas comme dans l’autre, les auteurs comprennent une très large majorité de femmes.
29Parmi ces « documents personnels », on trouve un très petit nombre d’extraits d’histoire de vie (life stories) ou de journaux (diaries). On peut penser que si les histoires de vie ont sans doute été écrites pour l’auteur, les journaux existaient déjà et lui ont été confiés. Certaines de ces histoires de vie ont pu être écrites contre rémunération, comme cela était souvent le cas chez les collègues de Zorbaugh s’agissant de sujets socialement déchus ou appartenant aux couches populaires [10]. Dans le cas d’un document rédigé par un ancien homme d’affaires influent tombé dans la dépendance de la drogue, le journal avait été confisqué à son auteur par la police (1929 : 136-137).
30Zorbaugh a aussi enquêté de façon indirecte sur des ensembles d’habitants. On a gardé la trace d’un questionnaire administré aux résidents d’une rue de la Gold Coast pour savoir s’ils la considéraient ou non comme une community (1929 : 67 n. 1), d’un autre questionnaire sur la composition des familles et les rapports entre « races », enfin d’une enquête administrée par des instituteurs du district, qui firent faire en classe aux enfants une petite rédaction sur leur quartier (neighborhood) [11].
31Un autre ensemble de documents est constitué de résultats d’enquêtes réalisées par d’autres, mais qui n’avaient pas fait l’objet d’une publication : le document n’est alors pas assorti d’un numéro et un titre et un auteur sont généralement mentionnés. Il s’agit parfois de rapports rédigés pour l’auteur par des professionnels du travail social – le texte ne se distingue alors du « document personnel » que par le fait que la personne qui l’a écrit en est nominalement créditée. Il arrive couramment aussi que le document émane d’autres étudiants du département, qui sont alors toujours cités : cette pratique d’utiliser les résultats des autres en s’appuyant sur des manuscrits non publiés, des rapports peu diffusés, des livres ou des dissertations de M. A. est très fréquente dans le livre de Zorbaugh comme dans tous les écrits de ses collègues [12] – attestant que le département fonctionnait comme un collectif de recherche.
32Autre source importante d’information, Zorbaugh a analysé des gisements de documents qui se trouvaient dans les archives de la police ou d’institutions sociales : comme la plupart de ses prédécesseurs à l’université depuis Thomas, il a eu recours tout particulièrement aux dossiers individuels (case records) conservés par de telles institutions et à de nombreux extraits de rapports et bulletins [13]. Il cite aussi la presse quotidienne, notamment pour des faits divers et procès criminels [14] et des ouvrages de toute sorte : reportages urbains [15], publications des milieux du travail social [16] et ouvrages savants, notamment ceux qu’avaient publiés des professeurs du département [17].
33Parmi l’ensemble des 72 documents numérotés utilisés dans l’ouvrage de Zorbaugh, on compte ainsi 21 témoignages dont on peut être sûr qu’ils furent recueillis auprès des habitants (soit 29 % de l’ensemble), 18 documents émanant du milieu du travail social et deux de la police (28 %), 11 études diverses, la plupart réalisées par des étudiants du département (15 %), enfin 19 documents dont il est difficile de déterminer la provenance, mais qui se présentent tous comme des témoignages sur le district et ses habitants considérés de l’extérieur et non sur le mode du « nous » : par exemple un prêteur sur gage, un historien local, un avocat, des personnes fréquentant Towertown – le « Latin Quarter » – celles-ci pouvant toutefois appartenir au quartier tout en s’efforçant de se tenir à distance.
34Les « documents » cités sont, dans certains cas attestés, plus ou moins profondément remaniés par l’auteur. Dans le cas du document C publié ici, le texte original – dont on ne sait pas si lui-même avait déjà subi des coupes lors de la dactylographie – a été modifié de deux façons lors de sa publication partielle (1929 : 57-61). D’une part, non seulement 60 % environ de l’original ont été supprimés mais aussi l’ordre du propos a été bouleversé : pas moins de 15 pièces (comprenant tantôt une phrase tantôt un ou deux paragraphes) y ont été découpées et réarrangées dans l’ordre qui convenait au sociologue. Ni les coupes, ni cette réorganisation ne sont signalées. En outre, certaines phrases enlevées de ce document ont été insérées dans un autre (doc. 6, ibid. : 50). D’autre part, de nombreuses corrections de style ont été apportées à l’original, qui était pourtant écrit de façon – c’est le moins – parfaitement élégante. L’une de ces modifications est intéressante à relever : l’informatrice de Zorbaugh utilisait une orthographe britannique que, chaque fois, Zorbaugh ou son éditeur a corrigée en orthographe américaine. Cette liberté prise avec les « documents » n’avait rien de choquant aux yeux de l’auteur : en d’autres endroits dans le livre, une même citation – parfois comprenant un seul paragraphe – porte la référence de deux documents émanant de personnes distinctes (ibid. : 48, 62, 174) et lui-même précise après certaines citations de textes savants ou de reportages : adapted (ibid. : 109, 233, 229-230, 239-240). Relevons que cet usage d’« adapter » ainsi les sources fut largement répandu aux États-Unis dans les enquêtes de type ethnographique, les ouvrages ethnographiques d’Oscar Lewis en étant l’exemple le plus frappant (par ex. 1961 ; 1966) : ils se présentent comme un discours courant sur des centaines de pages et divisé en chapitres. Ce flot de paroles est attribué aux sujets observés, toute question posée par l’enquêteur, le passage des jours et l’ordre dans lequel les propos ont été tenus – si toutefois ils l’ont été – ayant disparu.
35Dans le livre de Zorbaugh, un ensemble hétérogène de sources d’information recevait un statut identique, par le simple fait qu’elles étaient traitées de la même façon du point de vue typographique, mais aussi par les commentaires qui les accompagnaient. Les témoignages recueillis auprès d’habitants, les témoignages ou études émanant de professionnels dont le métier était de secourir, surveiller ou punir les populations, et enfin les descriptions de journalistes ou de savants étaient également considérés comme des « faits ». Jennifer Platt insiste à juste titre sur le caractère peu fondé des commentaires qui font des sociologues de Chicago dans les années 1920 des pionniers du recueil de « données de première main » (1994 : 61-70). Cette notion ne guidait en rien leur façon de faire, mais bien plutôt la case method des travailleurs sociaux, pour lesquels toute information ou avis était bon à prendre pour constituer le dossier et instruire une décision adaptée.
36On pourrait ajouter qu’il est tout à fait clair que ces sociologues étaient totalement insensibles au fait que la position de l’observateur – qu’il s’agisse d’eux-mêmes ou de leurs multiples informateurs directs ou indirects – pouvait avoir une incidence sur le contenu des « faits » rapportés. Si juges, policiers, journalistes, travailleurs sociaux ou sociologues étaient également qualifiés pour fournir des informations sur la population, n’est-ce pas que les sociologues partageaient fondamentalement les attitudes de leurs partenaires ? De telles pratiques de recherche éclairent utilement, il me semble, les relations entre science et réforme chez les sociologues de Chicago des années 1920.
37Trois districts divisaient la zone d’enquête de Zorbaugh : la Gold Coast, le district des chambres meublées avec Towertown et Bohemia, enfin le Slum – que l’on appelait aussi Little Sicily ou Little Hell. Comme on pouvait l’anticiper, l’écrasante majorité des documents émanant des travailleurs sociaux et de la police concerne le quartier des taudis et aucun la Gold Coast. Moins attendu, peut-être, est le fait symétrique que la majorité des 21 témoignages recueillis directement auprès des habitants concerne le quartier des riches : 14 proviennent de la Gold Coast, 6 du quartier des artistes et un seulement de Little Hell – encore que l’informateur ne fût pas Italien [18].
38Pourquoi cette absence totale de contact direct aussi bien dans le vaste quartier des taudis que dans Clark Street (« The Street »), la rue illuminée et mal famée des distractions populaires nocturnes, ou dans Washington Square, le cœur de Hobohemia où se rassemblaient travailleurs migrants et prédicateurs radicaux ? Le sociologue donne à cette question qu’il ne pose pas une réponse indirecte qui dit tout sur le statut qui lui est attribué dans ces lieux : « La police comme les institutions sociales reçoivent peu de coopération ou de réponse de la part de la population. Ceux qui y voient une occasion d’en tirer avantage accordent une coopération minimale ou basée sur le calcul. Les autres sont indifférents, méfiants, vindicatifs ou en opposition ouverte. […] Les enquêteurs [investigators] et les policiers en civil [detectives] sont partout, par conséquent l’attitude envers la personne inconnue du quartier [the stranger] est une suspicion active. »


Notes
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[1]
Les archives de l’enquête de Zorbaugh que j’ai pu retrouver sont localisées dans deux fonds : Department of Special Collections, The Joseph Regenstein Library, University of Chicago (JRL) et Rockefeller Archives Center, Sleepy Hollow, NY (RAC). Je remercie le personnel de ces deux institutions pour son aide généreuse et compétente. La recherche au RAC été rendue possible par une bourse allouée par cette institution.
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[2]
Harvey Warren Zorbaugh (1896-1965), né à Cleveland dans l’Ohio, fut étudiant au département de sociologie et anthropologie de Chicago de 1923 à 1926, mais n’y obtint ni le diplôme de M. A., ni celui de Ph. D. Sa recherche sur le Near North Side fut l’une des premières du programme de Burgess « Local Communities of Chicago ». Elle fut annoncée par Burgess en décembre 1923 à la réunion annuelle de l’American Sociological Society (Burgess 1924 : 97). En décembre 1924, la collecte des « données [data] » était annoncée comme « pratiquement terminée » et, en décembre 1926, il était annoncé que le « travail de terrain [field work] » était terminé et que le manuscrit, « en cours de révision en vue de la publication », devait être « prêt à être soumis » avant juillet 1927 (divers documents in JRL Burgess Papers, Box 13, Folder 4). À la rentrée universitaire 1926-1927, Zorbaugh fut recruté comme assistant de recherche sur un autre projet : « Behavior Problems of Delinquent Boys » (annoncé comme « en cours » en décembre 1926 et juin 1927), mais il ne put le terminer, car fut nommé (vers juin 1927) professeur assistant de sociologie à New York University. C’est à New York qu’il reprit et acheva la rédaction de l’ouvrage sur le Near North Side. Le dernier événement évoqué dans le livre est daté de 1925 (1929 : 220 n. 1) et la dernière réference de 1926 (soit H. L. Mencken, Prejudices, Fifth Series, New York, A. A. Knopf, cité 1929 : 88).
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[3]
Au moment où les sociologues de Chicago des années 1920 furent promus comme ancêtres d’une nouvelle « anthropologie urbaine », un hagiographe pouvait écrire que l’ouvrage de Zorbaugh est « le modèle ou exemplum de la recherche de terrain [field research] par un observateur participant [participant observer] qui caractérisait l’école de Chicago d’études de communautés urbaines. » (Hunter 1983 : 461)
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[4]
« Zorbaugh, Harvey Warren, material for the “Gold Coast and the Slum,” 1924, includes interviews, neighborhood descriptions, etc. » (JRL Burgess Papers, Box 140, Folder 1).
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[5]
Zorbaugh risque aussi, dans un français approximatif inséré dans le texte anglais : « l’haute société » (1929 : 46).
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[6]
Je remercie vivement Laura L. Downs de son aide pour l’annotation des documents et, plus généralement, de ses réflexions et conseils.
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[7]
Parmi les douze documents écrits concernant la Gold Coast cités au ch. iii, six le furent certainement par des femmes (doc. 4, 6, doc. sans numéro p. 55, doc. 9, 10, 11), deux très probablement (doc. 3, 13), trois par des hommes (doc. 5, 15 [sic], 16), un cas restant indéterminé (doc. 12).
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[8]
Les documents A et B publiés ici ne sont pas évoqués dans l’ouvrage et le document C, largement cité, porte le numéro 10.
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[9]
Au début du livre, Zorbaugh remercie « les nombreuses personnes qui ont fourni des matériaux pour le chapitre “The Gold Coast”, dont les noms sont omis à leur demande » (1929 : xxii).
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[10]
On repère distinctement seulement deux histoires de vie : « The Life-Story of a Charity Girl » (doc. 15 [sic]), histoire d’une jeune fille venue du Kansas, fille d’un petit entrepreneur ou commerçant, ancienne étudiante en musique entretenue par une organisation charitable et « Durfie–The Autobiography of a Flower Girl » (doc. 30), une jeune prostituée. On repère aussi un journal tenu par un étudiant décrivant la vie sociale à Towertown (doc. 20) et « Diary of a Dope Friend » (doc. 29).
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[11]
Il reste la trace dans les archives de deux de ces enquêtes (RAC, LSRM Papers, Box 70, Folder 749) : 1/ un questionnaire très peu utilisé dans le livre (partiellement publié par Bulmer 1984 : 103) portant sur le logement, la composition de la famille, l’appartenance à des associations et la « distance sociale » entre races et 2/ le sujet de la rédaction, composé de quatre questions donnant lieu chacune à un paragraphe (résultats compactés dans les doc. 51 et 60).
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[12]
Zorbaugh cite ainsi L. Guy Brown (résumé de « Physical Defects and Problems of Personality », Zorbaugh 1929 : 110 n. 1), Nels Anderson (références à son livre The Hobo, ibid. : 106 n. 1, 108 n. 2, 111 n. 1, 115 n. 1) et Kimball Young (sans doute un extrait de sa dissertation de M. A. de 1918 : « A Sociological Study of a Disintegrated Neighborhood », ibid. : 198).
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[13]
Références aux case records de Juvenile Protective Association (Zorbaugh 1929 : 117 n. 1) et de United Charities (ibid. : 130-131, 132-134), Reports et Bulletin du Lower North Community Council (ibid. : 211-212), Bulletins de Woman’s City Club (ibid. : 210-211) et Social Unit Organization (ibid. : 264, 265, 265-266).
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[14]
Références principalement au Chicago Tribune (1929 : 112-114, 139 n. 1, 140 n. 1).
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[15]
Par exemple : Henry L. Mencken, Prejudices, Fifth Series, 1926, sur « Greenwich Village » (Zorbaugh 1929 : 88) et Genevieve Forbes, « Babel of Bunk and Sex » (ibid. : 92-94).
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[16]
Par exemple le très classique livre de doctrine : Robert A. Woods, Philanthropy and Social Progress, 1893 (Zorbaugh 1929 : 262), le compte rendu d’une réunion de travailleurs sociaux où était allé Burgess : Proceedings of the National Conference of Social Work […] Held in Toronto, Ontario, June 25-July 2, 1924, University of Chicago Press, 1924 (ibid. : 178-180) ou des monographies sur des problèmes sociaux : Trotter, The Housing of Non-Family Women in Chicago (ibid. : 68, 74), Albert B. Wolfe, The Lodging-House Problem in Boston, Boston, 1906 (ibid. : 73).
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[17]
Pour les savants : Thomas (Zorbaugh 1929 : 223-225, 225-226, 227 – parfois des témoignages cités par lui), des extraits de Park (ibid. : 233) et Burgess (ibid. : 229-230) dans The City, un extrait de Journal of Applied Sociology (ibid. : 239-240)
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[18]
« Nous aimons habiter ici. Les Italiens sont de bons voisins […] » (doc. 55, 1929 : 181).