Cet article s’intéresse à la mise en œuvre d’une politique d’insertion territoriale dans le cadre institutionnel spécifique d’une métropole. En effet, la métropole de Lyon, créée au 1er janvier 2015, regroupe les compétences de l’ancienne communauté urbaine et du conseil départemental sur le territoire lyonnais et 58 communes alentour. Toute l’action sociale a donc été prise en charge par une collectivité nouvelle, aux compétences particulières. Les orientations de la politique d’insertion sont à ce titre plutôt révélatrices des enjeux politiques de l’intervention sociale en contexte métropolitain : il s’est agi de concevoir l’insertion comme un réservoir d’emploi, comme de l’investissement social [1] à disposition des entreprises du territoire dans le cadre d’une politique renommée « insertion par l’emploi ». Cette conception modernisée de l’insertion n’a pas été sans conséquence pour des bureaucraties sociales territoriales aux pratiques de travail relevant de l’habitude et s’inscrivant dans des réseaux d’interconnaissance locaux. Cet article questionne donc les ajustements d’administrations et de partenaires de l’insertion sociale et professionnelle face à des orientations politiques ainsi que leurs conséquences sur les parcours d’allocataires. L’argumentation s’attache à montrer la spécificité lyonnaise dans l’accentuation d’une prise en charge des parcours d’allocataires très segmentée selon l’employabilité directe des bénéficiaires du RSA. Les acteurs bureaucratiques peuvent démontrer des formes de résistance par la non- mobilisation des dispositifs d’insertion par l’emploi, renforçant de facto une hiérarchisation des parcours d’allocataires.
Article
Si le rôle des départements en matière d’action sociale est primordial, à tel point qu’à l’issue de la loi de décentralisation de 2003, on s’est demandé si l’on assistait à l’avènement des « départements providence » (Lafore, 2004), qu’en est-il, quasiment vingt ans après, de ceux qui changent de statut institutionnel ? Les différentes réformes territoriales qui ont pu affecter l’organisation du pays ont abouti notamment au renforcement des métropoles. Considérées comme un moyen de répondre à l’intégration de territoires urbains toujours plus larges, les métropoles françaises ont été l’objet d’un investissement fort en matière de compétitivité territoriale.
Il est un cas français bien singulier dans cette intégration métropolitaine : celui du Grand Lyon. Regroupant sur le territoire de la ville de Lyon et de 58 communes alentour les compétences de l’ancienne communauté urbaine et du conseil départemental du Rhône, la métropole se distingue sur deux aspects : le mode de suffrage des élus métropolitains et l’intégration des compétences sociales en son sein. En effet, les premières élections métropolitaines, qui ont eu lieu en mars et juin 2020, ont pris la forme d’un suffrage universel direct, afin de combler le « déficit démocratique » (Parnet, 2020), souvent pointé du doigt dans les institutions intercommunales. De plus, la fusion entre les deux anciens échelons territoriaux a eu pour conséquence directe la récupération par la métropole des compétences départementales, dont le pan le plus important réside dans l’action sociale (Assemblée des départements de France, 2019) et au sein de laquelle un tiers des dépenses est à destination de l’insertio…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 18/07/2022
- https://doi.org/10.3917/rfas.222.0019

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