1 Il faudrait plus que quelques mots pour rappeler le rôle de Marianne Berthod-Wurmser à la MIRE, dont elle a été la responsable, ou plus exactement la cheffe d’orchestre, entre 1992 et 1999.
2 Ce rôle a été essentiel à bien des égards.
3 Essentiel, d’abord, pour impulser de nouveaux programmes de recherche dans les différents champs de la santé et de la santé mentale, des migrations, de la protection sociale, des solidarités associatives, de l’administration sanitaire et sociale, des inégalités sociales, etc. Vingt-cinq programmes et une vingtaine d’appels à projets ont ainsi vu le jour, au cours de son mandat.
4 Essentiel, ensuite, pour développer des recherches appliquées au sens noble du terme, c’est-à-dire combinant des cadres d’analyse novateurs et des données empiriques originales issues de méthodes variées. Marianne était particulièrement attachée à cet objectif de production de nouvelles connaissances, non pas tant pour apporter des réponses toutes faites, mais pour identifier et mesurer des phénomènes, comprendre des processus, caractériser des stratégies, éventuellement en reformulant les questions initialement posées.
5 Mais, aussi, pour convoquer différentes disciplines dans le développement des recherches : le droit, la sociologie, la science politique, l’histoire, la gestion, l’économie, la psychiatrie, la géographie et d’autres encore. Elle savait nécessaires ces croisements disciplinaires pour mieux appréhender la complexité du monde social. Elle a ainsi mis en place un conseil de la recherche pluridisciplinaire pour soutenir le travail de réflexion générale conduit en interne.
6 Essentiel, également, pour impliquer de jeunes chercheurs afin d’irriguer le milieu de la recherche et favoriser ainsi l’investigation de nouveaux champs. Elle a particulièrement soutenu des jeunes thésards en leur permettant de prendre toute leur place dans des programmes importants comme ceux ayant porté sur la comparaison internationale des systèmes de protection sociale ou les inégalités sociales. Marianne a contribué ainsi à leur intégration dans le milieu de la recherche.
7 Essentiel, enfin, pour valoriser les résultats des travaux de recherche à travers la diffusion de synthèse, l’organisation de manifestations scientifiques, le soutien à des publications ou encore l’accès à la littérature grise constituée par les rapports de recherche.
8 Bref, une direction d’orchestre exercée pour que la recherche apporte sa contribution au débat public en éclairant enjeux, contradictions et choix possibles dans une société en mutation.
9 Cette fonction, au sein d’une équipe constituée de personnes ayant des parcours divers, elle l’a exercée avec détermination et enthousiasme, mais aussi avec une grande bienveillance pour que les chargés de mission apportent chacun le meilleur de leur curiosité intellectuelle et de leurs compétences disciplinaires. Marianne savait provoquer et réguler la discussion au sein de l’équipe MIRE pour que les programmes soient appropriés par les uns et par les autres, au-delà des implications personnelles de chacun.
10 Elle savait être exigeante et n’hésitait pas à faire valoir son point de vue. En témoignent les nombreuses corrections apportées aux notes qui lui était soumises, les « gloups » qu’elle affectionnait pour marquer son scepticisme à l’égard d’une opinion peu étayée et qui envoyait à son interlocuteur un signal fort mais amical.
11 Bien sûr, Marianne a eu également un rôle important dans la vie de la Revue française des affaires sociales, qui lui apparaissait un support idéal pour relier le monde de la recherche et celui de l’administration. Au cours des dernières années, elle a réalisé des entretiens pour la revue, publié des notes de lecture et même coordonné plusieurs numéros, sur les patients et usagers du système de santé, la politique du logement ou la protection sociale des pays en émergence. À chaque réunion des instances, elle participait activement, ayant lu attentivement les articles soumis et expertisé avec soin ceux qui lui étaient confiés.
12 Pour son engagement total, son exigence et les relations simples et directes qu’elle savait établir avec chacun, anciens et nouveaux de la MIRE ou membres des instances de la RFAS, nous lui disons merci.