1 J’ai connu Marianne fin 1981. Le commissariat général du Plan, dans le cadre de la préparation du IXe Plan (1984-1988), montait un groupe de travail sur la régulation de l’activité et des dépenses de santé.
2 Ayant contribué à la rédaction du programme santé du candidat François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981, je fus contacté par l’institution. Elle me proposa d’être corapporteur du groupe aux côtés de Jean-Pierre Weiss, directeur des équipements à l’AP-HP, et de Marianne qui travaillait au service des affaires sociales du Plan.
3 Nous avions un an pour remettre notre rapport. Dans ce temps contraint, nous organisions des auditions et rédigions notre rapport sous la présidence de M. Giraud, conseiller maître à la Cour des comptes.
4 Ainsi, j’appris à travailler avec Marianne. Rapidement, forte de son expérience dans la rédaction des rapports, qui jalonna ensuite sa vie professionnelle, elle prit les choses en main. Les trois rapporteurs, à partir des notes des auditions, d’une réflexion commune dans le cadre du mandat qui nous était donné, rédigèrent un document qui s’appela « La santé choisie » présenté en octobre 1982 (Documentation française, deuxième trimestre 1983).
5 Nos trois personnalités étaient très différentes. Jean-Pierre Weiss, polytechnicien vif et sensible, moi-même débarquant dans le monde inconnu de la haute administration et Marianne, rigoureuse et précise, donnant le « la » à notre trio.
6 Durant cette année 1982, j’appris auprès d’elle l’art de rédiger un rapport, de hiérarchiser et de synthétiser les choses. À l’inverse, j’obtins de ne pas faire de réunion le jour du match de foot France/Allemagne à Séville qui eut lieu début juillet 1982, une rencontre historique. Pour elle, c’était incongru, pour moi ce fut une tragédie grecque.
7 Sans revenir sur le fond du rapport, nous avions décidé de construire cinq scénarios de régionalisation du système de santé plus ou moins affirmés. Cette élaboration nous amusa beaucoup et donna libre cours à notre imagination.
8 Preuve de notre anticipation, en 2009, soit près de trente ans plus tard, la loi hôpital, patients, santé, territoires créait les agences régionales de santé (ARS) que nous avions imaginées. Pied de nez de l’histoire, je suis membre de celle de l’Île-de-France en tant que personnalité qualifiée au conseil de surveillance.
9 Je garde donc de Marianne, après ce court passage au Plan, l’image d’une haute fonctionnaire solide, intelligente, rigoureuse, voire rugueuse parfois, passionnée par le social et à qui je fis découvrir la Coupe du monde de foot 1982 !