RFAS : pouvez-vous vous présenter brièvement, ainsi que vos travaux ?
Nous sommes toutes deux sociologues et anthropologues, mais dans des cadres différents. Maya est chercheuse praticienne et a fondé le bureau d’études Sociotopie, hébergé en coopérative d’activité et d’emploi (CAE), et qui s’est transformé en société coopérative et participative (SCOP) en 2022. Flora est chercheuse au CNRS, au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (UMR 7317 à Aix-en-Provence). Maya est africaniste et s’est récemment spécialisée en sociologie urbaine et en sociologie du travail. Flora situe ses travaux à la croisée de la sociologie de l’art, des professions, du travail indépendant et de la sociologie politique ; ces deux derniers domaines l’ont plus particulièrement occupée ces dernières années, à travers ses travaux sur les zones grises de l’emploi.
Ainsi, en tant que binôme, nous étions autant « dans » l’objet que nous étudions qu’« en dehors », et nous avons tenté de tirer parti au mieux de ces deux postures. L’engagement de Maya dans sa propre CAE (en tant qu’entrepreneuse-salariée et membre du conseil d’administration) nous a permis d’identifier certaines pratiques sociales quasi invisibles pour un·e profane des CAE ; en parallèle, l’extériorité de Flora permettait d’identifier des manières de faire peu perceptibles, car vécues comme « naturelles » ou parfois difficiles à admettre du fait de l’appartenance des membres interrogés à ce milieu et de l’adhésion à ses croyances…