Si l’on suit la philosophie des dispositifs de soutien à la parentalité telle que pensée par les Caisses d’allocations familiales (CAF), les parents devraient être les acteurs centraux des dispositifs, participant volontairement aux actions, voire y étant moteurs, les intervenants sociaux adoptant une posture d’accueil non jugeante face à eux. Dans les discours politiques, médiatiques d’intervenants sociaux voire de familles elles-mêmes, certaines familles issues de l’immigration sont supposées évoluer dans des univers normatifs différents de ceux qui dominent en France. Dans ce contexte, la question se pose de savoir comment elles s’adaptent dans les faits à l’action proposée et au contexte d’interaction avec les intervenants sociaux et les autres familles. Afin d’y répondre, une enquête multisite combinant différentes méthodes qualitatives a été privilégiée. Des observations ethnographiques de dispositifs de soutien à la parentalité (n = 27, en LAEP, REAAP et CLAS) [1] ont été effectuées en 2018 et combinées à des entretiens semi-directifs avec les différents acteurs sociaux (92 entretiens avec des intervenants, des parents et des travailleurs sociaux) dans trois départements. Il est ainsi apparu que les parents issus de l’immigration semblent fréquenter les dispositifs de soutien à la parentalité et y trouver leur place en fonction de l’articulation de leur propre contexte de vie avec les modalités d’organisation des actions (entendues au sens large, c’est-à-dire à la fois selon le cadre institutionnel, l’organisation de l’action et les postures des intervenants). C’est la manière dont les positions respectives des acteurs sociaux dans l’interaction et le degré de liberté des familles s’entrecroisent qui impacte l’agentivité des parents. Il est ainsi possible de distinguer quatre types de capacités d’action selon la perception des actions parentalité et le caractère plus ou moins contraignant des interactions entre parents et intervenants : l’adhésion, la coconstruction, la participation et enfin l’opposition parentale.
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Les « familles issues de l’immigration », à savoir, dans le cadre de cette recherche, celles qui sont perçues comme ayant connu une migration internationale, peuvent être amenées à fréquenter différents espaces de soutien à la parentalité.
Ces dispositifs ne sont pas issus d’une politique publique unique et précise, et les acteurs institutionnels engagés sont multiples (État central, collectivités territoriales, Caisse d’allocations familiales [CAF], associations, etc.) (Campéon et al., 2014). Au cours des années 1990, différents types d’actions publiques ont été mis en place en se fondant sur l’existant et en s’appuyant sur le tissu associatif, les collectivités locales et la branche Famille de la Sécurité sociale (DGCS, 2018). Ces politiques de soutien à la parentalité, explicitées dans différentes circulaires, chartes ainsi que dans les schémas départementaux des services aux familles, ont une visée préventive et considèrent les parents comme étant les « premiers éducateurs » de leurs enfants (Campéon et al., 2014).
Parallèlement à l’émergence de ces dispositifs, des études sur ces politiques publiques et plus généralement sur les modèles de parentalité ont été effectuées. G. Neyrand (2011) a ainsi mis au jour, au sein de la société française en général et dans les actions parentalité plus particulièrement, l’existence d’une forte responsabilisation parentale face au devenir des enfants (le « parentalisme ») et d’une « psychologisation » de leurs comportements. Ceci a, selon lui, pour conséquence d’individualiser les dynamiques familiales plutôt que de les inscrire dans leur contexte social…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/08/2021
- https://doi.org/10.3917/rfas.212.0275

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