Le développement de la télémédecine (TM) génère depuis quelques années beaucoup d’espoirs. Dans un contexte de vieillissement de la population et de développement des maladies chroniques, elle est propulsée à la fois comme outil favorisant l’accès aux soins, améliorant la coordination entre secteurs et professionnels et limitant des dépenses évitables (HAS, 2019). Dans des contextes en mutation, les leviers technologiques sont souvent parés de toutes les vertus mais leur appropriation concrète n’est pas toujours simple et garantie.
Dans les EHPAD, la téléconsultation est un acte médical à distance qui vise plus particulièrement à faciliter et accélérer l’accès à un médecin spécialiste (centre expert), à améliorer la qualité de vie des patients en évitant des déplacements pénibles et répétés, à décloisonner les pratiques professionnelles, enfin à éviter certains coûts (les transports sanitaires par exemple). En raison de son utilité manifeste, tout semble concourir à une bonne acceptation de la TM dans les EHPAD tant les services rendus profitent à l’ensemble des résidents et des professionnels. Or l’appropriation de la TM par les professionnels et son implémentation dans les EHPAD ne vont pas de soi. De nombreux obstacles surgissent et conduisent à tirer des enseignements concernant l’appropriation des innovations technologiques, le travail de soin dans les EHPAD et le changement organisationnel dans ces établissements.
Dans cette perspective, le présent article présente une étude sociologique conduite en Nouvelle-Aquitaine où l’Agence régionale de santé (ARS) a lancé en 2014 le projet « Télémédecine en EHPAD »…