Les « médiateurs de santé-pairs » (MSP) sont des professionnels, ex-usagers de services de santé mentale, ayant choisi de mettre à profit leur expérience personnelle d’un trouble psychique pour aider des personnes elles-mêmes concernées à avancer dans leur parcours de rétablissement. Dans le cadre d’une formation professionnelle associant une licence Sciences sanitaires et sociales (à l’Université Sorbonne Paris Nord) et un exercice sur le terrain, les MSP sont sélectionnés sur la base de leur savoir expérientiel, plutôt que sur celle de leur parcours scolaire et professionnel. Porteurs du stigmate plus ou moins visible du handicap psychique, les MSP sont tout de même de ceux qui « s’en sont sortis ». Ce travail propose ainsi d’étudier les logiques de domination et les dynamiques identitaires qui définissent leur « parcours d’empowerment ». À l’aide d’une enquête qualitative par entretiens, une analyse illustrée de portraits types révèle des dynamiques de parcours d’empowerment singulières mais toutes marquées par des déterminants sociaux, au sein desquelles la formation et le retour à l’emploi peuvent participer au pouvoir d’agir des personnes.
Article
Les « médiateurs de santé-pairs » (MSP) sont des usagers ou ex-usagers de services de santé mentale, ayant choisi de mettre à profit leur expérience personnelle d’un trouble psychique pour aider des personnes elles-mêmes concernées. Ces professionnels, recrutés dans des structures hospitalières, médico-sociales ou associatives, sont sélectionnés sur la base de leur « savoir expérientiel », plutôt que sur celle de leur parcours scolaire et professionnel, comme c’est le cas habituellement (Demailly, 2014). Ils possèdent alors un double statut de membre de l’équipe soignante et/ou éducative, et d’ancien usager. Ce statut de « pair » vis-à-vis des usagers, du fait de leur expérience personnelle des troubles psychiques, leur permettrait d’adopter une posture différente de celle des autres professionnels. Ce nouveau métier est le fruit, en France, du programme « médiateurs de santépairs », porté par le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS). L’argumentation développée par le CCOMS s’appuie sur le paradigme du rétablissement (Koenig et Gilliot, 2017), qui fait l’hypothèse qu’une personne vivant avec un trouble psychique peut se rétablir en construisant un projet de vie qui lui correspond et dans lequel elle se sent bien. Tout au long de son expérience de vie avec la maladie, cette personne développe alors des savoirs expérientiels, reconnus par le programme MSP comme des savoirs utiles pour aider d’autres usagers à s’engager dans le processus de rétablissement…
Résumé
Plan
- Introduction
- Éléments de contexte : la professionnalisation de la pair-aidance en santé mentale
- Éléments de problématique et méthodologiques : le programme MSP est-il une source d’empowerment et de construction identitaire ?
- Résultats : la place du programme MSP dans le parcours de vie et la construction de l’identité
- Des parcours de vie marqués par des ruptures et des expériences de stigmatisation
- Entrer en formation MSP : une source d’empowerment dans le cadre du rétablissement
- Vivre le programme MSP : des expériences participant au processus identitaire
- Le rôle du groupe de « pairs-étudiants » dans la socialisation professionnelle et la construction de l’identité
- Devenir MSP : une opportunité de (ré)inventer une identité questionnée
- Discussion : un empowerment individuel plutôt que collectif ?
- Conclusion
Auteurs
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/08/2021
- https://doi.org/10.3917/rfas.212.0169

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