Cet article vise à comprendre comment la gestion de la crise a été organisée et vécue sur un territoire rural du Grand-Est situé en zone rouge. À partir d’une enquête conduite dès le début de l’épidémie (mars 2020) et jusqu’en juillet 2020, l’analyse porte sur la réception des mesures de sécurité sanitaire, sur la mobilisation locale entre entraide, peurs et tensions et, enfin, sur l’action de professionnels de santé regroupés au sein d’une structure d’exercice coordonné. L’enquête montre que la légitimité des mesures de sécurité sanitaire n’a pas été discutée mais que les modalités de leur application ont été critiquées au plan organisationnel et moral. La crise a en effet montré combien les démarches de soins primaires dans cet environnement rural étaient ancrées dans un entrecroisement de liens sociaux mis à l’épreuve par une réponse sécuritaire perçue comme stressante et parfois désajustée. Le pôle de santé existant sur le territoire a été un espace de soutien et d’échange pour les professionnels de santé, mais aussi un vecteur ayant facilité la réception des messages des autorités. Les formes de solidarité déployées ont mis au jour une sorte de désectorisation de la santé.
Article
Les territoires ont été aux prises avec les mesures de sécurité sanitaire face au Covid-19. Beaucoup d’incertitudes sur la maladie ont rendu le pilotage de la crise difficile aussi bien pour les autorités que pour les acteurs de terrain. La perspective adoptée ici vise à comprendre comment l’entrée dans la crise a été organisée et vécue sur un territoire rural du Grand-Est situé en zone rouge. Il s’agit d’analyser, empiriquement d’une part, la réception des mesures de sécurité sanitaire, le rôle de l’Agence régionale de santé (ARS) et des autorités publiques et, d’autre part, d’étudier l’action des professionnels de santé et du social dans le contexte local d’une communauté de communes. La relation entre santé et territoire est souvent abordée, notamment en milieu rural, à travers la question du maintien d’une présence médicale dans un espace où le vieillissement de la population génère des demandes de services médicaux de proximité et où le territoire est perçu comme délaissé ou à tout le moins fragile. Au niveau local, ici intercommunal, le territoire de santé est défini d’abord comme un espace d’organisation des soins (Coldefy, Lucas-Gabrielli, 2008), avec un rôle prépondérant des médecins généralistes, alors que les cadres de l’expérience des questions de santé par la population renvoient à la qualité du cadre de vie, à l’emploi et aux conditions socio-économiques, aux services sociaux, à l’isolement, en lien avec les compétences locales des collectivités (Fleuret, 2016). La gestion de la crise a certes donné un rôle clé aux soignants mais, par les mesures d’exception qui ont été prises, c’est bien le territoire global, considéré comme territoire de vie et un support d’intersectorialité, qui a été saisi…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/08/2021
- https://doi.org/10.3917/rfas.212.0013

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