Le droit social, en tant que cadre normatif des politiques sociales, a connu un développement spectaculaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En Allemagne, le besoin d’un traitement scientifique de la matière conduisit à la création, il y a quarante ans précisément, d’un Institut Max-Planck consacré au « droit social étranger et international ». Pourquoi le choix d’un institut en dehors des universités ? Quels sont les apports et les influences de cet institut en matière de droit social comparé ? Le présent article cherche à dresser un bilan – provisoire – des travaux de l’Institut qui semblent avoir utilement contribué à la fondation du droit social comparé comme discipline scientifique en Allemagne. Par sa structure et sa méthode, l’Institut, tout en étant perçu par le public extérieur comme un point d’information et de contact, cherche à explorer des terrains moins connus et complète ainsi la recherche universitaire dans le paysage scientifique.
Article
Créés pour dépasser le modèle universitaire fondé par Humboldt au xixe siècle, les Instituts Max-Planck en Allemagne n’en partagent pas moins l’ambition d’acquérir de nouveaux savoirs scientifiques. En matière de droit social comparé, la création il y a quarante ans d’un Institut Max-Planck de droit social étranger et international (aujourd’hui dénommé l’Institut Max-Planck de droit social et de politiques sociales, ci-après « l’Institut » ou « MPISOC ») semble avoir contribué de manière décisive à la naissance de cette discipline. Comment l’Institut a-t-il reçu ce rôle historique ? Quels sont ses apports en matière de droit social comparé ? Existe-il des influences sociétales des travaux réalisés à l’Institut ? Le présent article se propose d’examiner ces questions en premier lieu par son histoire et en second lieu par les travaux de l’Institut, afin d’explorer une alternative institutionnelle dans le monde de la recherche, ou mieux, trouver un modèle complémentaire, pour affermir l’indépendance et l’autonomie de la recherche.
La création d’un institut en droit social n’a pas été exempte d’hésitation de la part de la Société Max-Planck dont le centre d’intérêt est la recherche fondamentale. Mais l’hésitation fut rapidement dissipée et le fonctionnement de l’Institut consolidé.
La Société l’Empereur-Guillaume-II (Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft), devenue la Société Max-Planck après la Seconde Guerre mondiale, est initialement fondée en 1911. À une époque où l’université préconisée par Alexander von Humboldt reste le modèle dominant des institutions scientifiques en Allemagne, sa création est en soi un acte de grande audace : l’une des caractéristiques les plus marquantes des instituts Kaiser-Wilhelm (aujourd’hui les MPI) est de se consacrer à la recherche pure, c’est-à-dire l’absence de charges d’enseignement pour ses chercheurs…
Résumé
Plan
- Introduction
- La Société Max-Planck et le MPISOC : la recherche fondamentale au service de l’État social
- La recherche du MPISOC : l’invention d’une science
- Conclusions
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/01/2021
- https://doi.org/10.3917/rfas.204.0193

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