Cet article problématise les effets d’une perspective de « rétablissement » sur les pratiques d’accompagnement social, notamment dans le cadre de la politique de « logement d’abord ». La préoccupation pour la santé mentale (négative comme positive) des personnes bénéficiaires de l’accompagnement est alors centrale. L’approche du rétablissement induit de s’intéresser aux capacités, savoirs, choix, désirs, volontés, droits et environnement des personnes confrontées à des difficultés. Elle nécessite un décloisonnement entre les champs du sanitaire, du médico-social et du social et conduit les intervenants de ce dernier champ à devoir être en mesure d’évaluer les effets de leurs interventions sur les personnes. Sur notre terrain d’enquête, l’accompagnement en multiréférence, l’attention aux forces et aux compétences et l’adoption de dispositions professionnelles particulières sont alors autant de principes qui visent à redonner du pouvoir d’agir aux personnes, qu’elles soient intervenantes ou bénéficiaires.
Article
Dans le cadre de cet article, nous nous intéressons aux effets d’une perspective de santé mentale dite de « rétablissement » sur les pratiques d’accompagnement social à partir de notre activité à l’Orspere-Samdarra et plus précisément d’une enquête aux côtés d’une équipe de travailleurs sociaux redéfinissant ses pratiques en lien avec la politique de « logement d’abord ». C’est principalement une préoccupation pour la santé mentale (négative comme positive) des personnes bénéficiaires de l’accompagnement qui est centrale dans les nouveaux projets de type « logement d’abord », et celle-ci à des incidences sur les pratiques et les métiers du travail et de l’intervention sociale. Une hypothèse en découle : cette préoccupation permet d’incarner pratiquement ce qui est attendu lorsqu’on mobilise les principes capacitaires dans le champ de l’intervention sociale. Nous commencerons par contextualiser les liens entre santé mentale et intervention sociale, avant de thématiser et problématiser comment le concept de rétablissement (et sa distinction avec le concept de guérison), de manière théorique voire injonctive, s’implémente dans le champ de l’intervention sociale. Nous finirons par documenter les perspectives pratiques que cela amène à partir d’extraits de matériaux d’enquête.
La diffusion de la problématique de la souffrance psychique prolifère de manière concomitante à l’individualisation de nos sociétés occidentales. Nous rejoignons alors l’hypothèse d’Alain Ehrenberg affirmant (Ehrenberg, 2005) que « le couple souffrance psychique-santé mentale s’est imposé dans notre vocabulaire à mesure que les valeurs de propriété de soi, de choix de sa vie, d’accomplissement personnel et d’initiative individuelle s’ancraient dans l’opinion…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/08/2020
- https://doi.org/10.3917/rfas.202.0097

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