Les politiques publiques de la parentalité promeuvent le modèle de la participation parentale qui suppose de façon implicite la capacité des parents à s’interroger sur leurs propres pratiques. Dans ce contexte, la réflexivité s’impose aujourd’hui comme une compétence parentale attendue et valorisée par quelques professionnel·le·s de la petite enfance. Cette norme rencontre néanmoins des résistances dans les milieux éducatifs et chez certains parents. Confrontés à l’attente d’une compétence de réflexivité, les parents adoptent différentes postures selon leur position sociale, la singularité de leur configuration familiale et leur adhésion plus ou moins marquée à des traditions ou des croyances affirmées. Certains se conforment à cette attente, soit par adhésion, soit par soumission. D’autres résistent, convaincus de la supériorité de leur modèle éducatif. D’autres encore négocient, dans une approche pragmatique, des compromis entre ouverture réflexive vis-à-vis des professionnel·le·s et respect de leurs propres convictions éducatives. S’il existe de nombreuses formes de résistance à cette compétence de réflexivité attendue, toutes ne sont donc pas conflictuelles. En particulier, les savoirs d’expérience, transmis par héritage familial ou acquis auprès des jeunes enfants, permettent dans certains cas de parer au risque d’asymétrie de relation avec les professionnel·le·s.
Article
Si l’on considère la parentalité comme un processus dynamique qui, pour les parents, se construit non seulement à chaque nouvel enfant mais aussi au regard des autres, les interactions entre parents mais aussi entre ces derniers et leur environnement donnent à voir les normes de parentalité en actes. Les professionnel·le·s médico-sociaux, sociaux et éducatifs sont particulièrement nombreux à intervenir au moment de la naissance et dans les premiers mois d’un bébé. Leur action d’accompagnement, de soutien voire de contrôle auprès des parents contribue à façonner l’image d’une parentalité socialement autorisée.
Entre 2012 et 2015, dans le cadre d’une convention de recherche signée avec la CNAF, nous avons choisi d’enquêter auprès de familles de divers milieux sociaux et culturels et de diverses configurations familiales qui ont pour point commun la naissance d’un premier ou d’un nouvel enfant en 2011 pour appréhender leurs expériences de la parentalité et leurs rapports avec les institutions de la petite enfance. L’objectif premier de cette recherche était de mettre au jour les conflits de normes éducatives entre les parents et les professionnel·le·s de la petite enfance. Nous avons ainsi pu mettre en évidence une palette étendue de réactions des parents tous plus ou moins aux prises avec les attentes des professionnel·le·s à leur égard. Parmi ces attentes, nous nous intéressons plus particulièrement ici à la réflexivité parentale, comprise comme une capacité à interroger ses propres pratiques…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/08/2020
- https://doi.org/10.3917/rfas.202.0281

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