Le travail social fait l’objet de critiques qui soulignent ses carences et le besoin de repenser l’action sociale dans la mesure où elle est susceptible de priver les personnes de leur force de proposition et d’initiative. Un ensemble de pratiques citoyennes propose un changement de paradigme et s’inscrit dans le sillage de l’action communautaire. Il s’agit de démarches d’action collective qui relèvent d’une logique d’empowerment par la valorisation des ressources des personnes, des groupes, des communautés. C’est une action politique, levier pour le pouvoir d’agir des plus pauvres et des exclus, capable d’appuyer le déploiement de formes inédites d’organisation et de solidarité issues de collectifs citoyens qui viennent questionner le travail social. Cependant, l’action communautaire reste difficile à cerner car elle agit dans plusieurs domaines et s’exprime sous différentes formes. Pour cette raison, nous nous sommes intéressées à une pratique spécifique, celle des biffins en Île-de-France, de l’Association de marché écologique individuel organisé de la récupération (AMELIOR). Elle favorise une forme d’insertion renouvelée, ainsi non seulement les biffins s’auto-organisent mais ils revendiquent des droits dans une visée d’émancipation par l’occupation d’espaces socio-économiques dont ils sont généralement exclus. Nous questionnerons ainsi l’impact de l’action communautaire des biffins sur les pratiques et le cadre du travail social.
Article
Le travail social pourrait apparaître comme un vecteur du changement social et un levier puissant de lutte contre la pauvreté en faveur de l’émancipation. Cependant, depuis la fin des années 1980, il fait l’objet de critiques qui soulignent ses carences et le besoin de repenser l’action sociale telle que développée par les politiques sociales (Donzelot et al, 2003). En particulier, certaines critiques soulignent le risque grandissant que l’action sociale soit susceptible de priver les personnes de leur force de proposition et d’initiative. Malgré les avancées induites par la loi 2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale, qui préconise entre autres une plus grande participation et implication des personnes accompagnées, elles restent perçues ou jugées comme de simples destinataires de services. Ainsi que le montre C. Avenel, « il ne s’agit plus seulement de limiter l’action sociale à une politique de réparation et de compensation, mais de pouvoir intervenir également dans le cadre d’une conception plus globale et préventive des besoins sociaux. La politique sociale n’est, dans cette perspective, plus seulement délimitée par la mission de protection et d’insertion des personnes et des publics ciblés ; elle est également mobilisée de façon plus globale pour favoriser le vivre ensemble en intervenant sur les liens sociaux » (Avenel, 2016). Dans ce sens, le Conseil supérieur du travail social avait préconisé en 2010, de valoriser les différentes approches collectives en travail social, dans le cadre de l’Intervention sociale d’intérêt collectif (ISIC), et d’aller vers des pratiques qui permettent « une prise en charge par le groupe ou la population de leurs problèmes afin d’arriver à une autonomie individuelle et sociale »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/08/2020
- https://doi.org/10.3917/rfas.202.0137

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