CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Aller au-devant des populations qui restent à l’écart des politiques sociales et de santé publique est souvent présenté comme une posture d’intervention sociale émergente. D’une telle posture d’aucuns espèrent qu’elle contribue à améliorer l’accessibilité des services qui visent à venir en aide à ces populations, à réduire le non-recours aux politiques sociosanitaires et, ce faisant, qu’elle contribue à favoriser l’inclusion sociale des populations en situation de grande marginalité sociale. L’« aller-vers » n’est pourtant pas une nouveauté. En tant que démarche d’approche et d’immersion, il a irrigué divers pans de l’intervention sociale tout au long du xxe siècle, tant en Amérique du Nord qu’en Europe. Il constitue même le cœur d’un champ de pratiques qui ont cours dans divers pays, dont le Canada, la Norvège et la Belgique, comme le montre la première partie de cet article.
L’« aller-vers » a ceci de particulier qu’il ne s’exerce pas de part et d’autre d’un guichet. Il n’est donc pas segmenté par une frontière spatiale entre la personne accompagnée et l’intervenant de terrain, ce dernier allant activement à la rencontre des personnes restées à l’écart, en se déplaçant physiquement vers leurs lieux de vie pour établir un lien avec ces personnes. Ainsi, on pourrait penser que l’« aller-vers » ne contribue pas à tracer de frontières, mais plutôt à remettre en cause des frontières qui entravent les relations entre la société et sa marge, voire à les effacer. Pour autant, de par la nature atypique de leur mandat, les praticiens de l’« aller-vers » disposent d’un pouvoir discrétionnaire non négligeable, lequel pourrait contribuer à la normalisation de populations « déviantes » (Foucault, 1975 ; Bourgeault, 2003 ; Heite, 2012)…

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En tant que démarche d’approche et d’immersion auprès des populations restées à l’écart des politiques sociales et de santé publique, l’« aller-vers » a irrigué divers pans de l’intervention sociale tout au long du xxe siècle, tant en Amérique du Nord qu’en Europe. Il constitue même, dans divers pays, le cœur d’un champ de pratiques : le travail de rue. Cet article s’interroge sur les effets sociaux de ce champ de pratiques et sur sa capacité à remettre en cause des frontières symboliques qui affectent les relations entre la société et sa marge. Les auteurs prennent pour cela appui sur des recherches qualitatives menées en Belgique flamande, au Canada et aux Pays-Bas.

Évelyne Baillergeau
Sociologue, chercheure à l’université d’Amsterdam (département de Sociologie) et chercheure associée au CREMIS (Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales et les discriminations) et au CESDIP (CESDIP, Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales, CNRS).
Hans Grymonprez
Chercheur à l’université de Gand (département de Travail social et de Pédagogie sociale) et enseignant-chercheur à la Haute École d’Anvers - Artesis Plantin (département de Santé et Bien-être) et Centre de recherche ISOS.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/08/2020
https://doi.org/10.3917/rfas.202.0117
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