L’accompagnement global qui fait l’objet de cet article est un dispositif qui mobilise, pour l’insertion des demandeurs d’emploi réputés « éloignés de l’emploi », le travail conjoint de conseillers de Pôle emploi et de travailleurs sociaux des départements. Instauré en 2014 par un protocole national, il constitue un point d’entrée privilégié pour questionner les évolutions de la gouvernance du service public de l’emploi et des politiques d’insertion. Ce dispositif à la fois transversal (il s’appuie sur des acteurs de l’emploi et de l’insertion) et multiniveau (défini au niveau national, il est déployé dans les départements et doté d’un financement européen) entend renouveler le service public de l’emploi. Mais il s’avère délicat à mettre en œuvre dans les territoires. En s’appuyant sur des enquêtes monographiques réalisées dans deux départements, l’article part des outils du dispositif pour interroger les processus de normalisation des politiques locales d’insertion dont ils sont porteurs. Il met en évidence les décalages entre la définition nationale de l’accompagnement global et ses déclinaisons locales, entre les normes d’intervention portées par les outils du travail conjoint et la réalité du travail d’accompagnement. Enfin, il se penche sur cet outil particulier qu’est le financement via le Fonds social européen (FSE), en montrant qu’il porte des normes de gestion problématiques, incompatibles avec la transversalité.
Article
Sous l’effet du développement des politiques visant le retour à l’emploi, la mission du service public de l’emploi (SPE) s’est transformée en mission d’accompagnement vers l’emploi mobilisant un « traitement individualisé de masse » de l’ensemble des demandeurs d’emploi (Debauche, Jugnot, 2006). Cette politique d’activation par l’accompagnement s’est étendue en 2009 aux politiques d’insertion des départements pour les allocataires du RSA. En invitant les personnes privées d’emploi à multiplier les preuves de leurs démarches d’insertion, cette politique a eu tendance à leur faire davantage porter la responsabilité de leur situation. Elle s’est aussi traduite par des injonctions paradoxales pour les acteurs de l’emploi (conseillers à l’emploi de Pôle emploi en tête) et de l’insertion (notamment les travailleurs sociaux ou les conseillers en insertion des départements) : accompagner des publics confrontés souvent à de multiples difficultés (sociales, familiales, d’accès à l’emploi, de santé, etc.) pour les ramener à l’emploi, sans disposer d’offres d’emploi ni de dispositifs de formation en nombre suffisant.
Le développement de cette politique d’activation, demandeuse en ressources et décevante en termes de retour à l’emploi (Barbier, 2011 ; Eydoux, Gomel, 2014), s’est accompagné de multiples réformes paramétriques : renforcement des incitations à l’emploi et des contrôles, redéfinition des publics prioritaires et des gradations en intensité de l’accompagnement. En 2009, la fusion de l’ANPE et des Assédics dans le nouveau Pôle emploi devait permettre de renouveler les logiques d’intervention du SPE par un décloisonnement de l’accompagnement, en le calibrant en fonction des besoins des demandeurs d’emploi plutôt que de leur statut indemnitaire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2019
- https://doi.org/10.3917/rfas.190.0105

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