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On ne naît pas parent, on le devient. Voilà, pour détourner une célèbre citation, l’idée fondatrice de la notion de parentalité, vocable récent qui est venu s’ajouter à la famille déjà nombreuse des termes issus du latin parentatus, aux côtés de parent (et beau-parent), parenté, parentèle, parental (et monoparental), parentage, apparenter… Proche du terme, récent lui aussi, de « parentalisation » (ou « parentification »), que les psychologues utilisent tantôt pour pointer les enfants qui grandissent trop vite et prennent des responsabilités d’adulte avant l’heure (Chase, 1999), tantôt pour penser le « devenir parent » (Lotz et Dollander, 2004), celui de parentalité permet de souligner, dans une perspective plus sociologique, les manières dont les parents acquièrent et s’approprient leur nouveau rôle. Ce faisant, l’étude de la parentalité permet de dénaturaliser cette expérience, souvent présentée comme relevant de l’inné et de l’instinct (de manière plus forte encore pour les femmes que pour les hommes). Pourtant, la notion de parentalité n’est pas née dans le giron des sciences sociales, mais plutôt dans la sphère médico-sociale, avec une portée pratique d’encadrement des parentalités fragiles, voire défaillantes (Neyrand, 2002). Les sociologues ont même vu arriver cette notion avec méfiance, la jugeant normative et soupçonnant qu’elle serve surtout à séparer les bons des mauvais parents, pour en définitive stigmatiser les parents des classes populaires (Martin, 2004). Penser en termes de parentalité peut donc consister à déconstruire le fait d’être parent, ou au contraire à reconstruire une parentalité idéale, à l’aune de laquelle les parents seraient jugés…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/01/2020
- https://doi.org/10.3917/rfas.194.0255

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