CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Au collège, l’institution scolaire traite les faits d’indiscipline les plus sérieux en impliquant les parents de l’enfant accusé sur la base de leur responsabilité parentale, au sens juridique et moral du terme. Lorsqu’un élève commet un « manquement grave » tel que défini par le règlement scolaire, cela se traduit par une convocation de l’enfant et de ses parents en conseil de discipline. Cette instance est une émanation du conseil d’administration. Elle réunit des membres élus (parents d’élèves délégués, professeurs délégués de l’établissement, représentants du personnel et des élèves) ainsi que des membres de droit (principal, principal adjoint, conseiller principal d’éducation, gestionnaire). Bien qu’il soit employé ou interprété, en pratique, comme une punition le conseil de discipline est censé être une instance de délibération et d’établissement d’une sanction (Merle, 2012). De par sa forme, le conseil de discipline place l’élève et ses parents sur le « banc des accusés ». Ceux-ci doivent s’expliquer, se justifier et sont invités à (voire sommés de) prendre des engagements. En d’autres termes, le conseil de discipline fait vivre à l’élève, souvent « déjà coupable et condamné » (Merle, 2012) par avance, ainsi qu’à ses parents, un face-à-face aux allures de tribunal.
S’agissant des parents dont l’enfant est convoqué en conseil de discipline au collège, nombre de recherches (Millet, Thin, 2005 ; Delay, 2011 ; Payet, 2017) montrent que les comportements d’indiscipline de l’enfant sont associés aux défauts éducatifs des parents…

Français

Le présent article se propose d’appréhender une partie de l’expérience vécue par les parents de Seine-Saint-Denis ou de certains quartiers socialement défavorisés de Paris et convoqués en conseil de discipline, du fait d’un manquement grave au règlement scolaire commis par leur enfant au collège. Il s’agira de dresser une typologie des différentes attributions de la responsabilité de l’acte perpétré par l’enfant. Si une partie des parents attribuent la responsabilité à l’enfant, ou d’autres estiment que la faute revient à l’institution scolaire et ses acteurs, la majorité des parents considèrent qu’ils sont responsables de la situation dans la mesure où celle-ci serait le résultat d’un défaut éducatif dont ils se sentent coupables. Nous montrerons les conséquences de ces attributions différentielles sur les relations avec l’institution scolaire, avec l’enfant ou encore sur l’image de soi du parent.

Zoé Yadan
Doctorante au CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux – Paris V Descartes), sous la direction du professeure Anne Barrère. Elle mène une recherche de thèse sur les liens entre l’institution scolaire et les parents dont l’enfant est exclu de façon définitive ou temporaire du collège.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 27/01/2020
https://doi.org/10.3917/rfas.194.0215
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