CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Les jeunes en France sont confrontés depuis maintenant plus de 40 ans à une dégradation continue de leur situation et conditions d’emploi (Peugny et Van de Velde, 2016), à des difficultés structurelles d’insertion sur le marché du travail et, plus largement, d’insertion sociale. Sur le marché du travail, les difficultés rencontrées par les jeunes sont de deux ordres : d’une part, des obstacles pour accéder à un premier emploi et, d’autre part, des difficultés à obtenir un contrat à durée indéterminée (CDI). L’enquête Génération du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (CÉREQ) montre que seulement quatre jeunes entrés sur le marché du travail en 2013 sur dix n’ont pas connu d’épisode de chômage au cours des trois années suivant la fin de leurs études (CÉREQ, 2017). Dans cette même enquête, on observe également que quatre jeunes sur dix sortis en 2013 du système éducatif occupent en 2016 un emploi à durée indéterminée, tandis que trois sur dix sont au chômage ou inactifs. Par rapport à l’ensemble de la population, les jeunes âgés de 15 à 29 ans sont moins souvent en emploi. Quand ils sont en emploi, 47 % des jeunes sortis de formation initiale sont employés sous des contrats temporaires (contrat à durée déterminée, intérim), contre 15 % de l’ensemble de la population (Minni et Galtier, 2017). L’obtention d’un emploi, et plus encore d’un emploi stable, apparaît pourtant comme une condition nécessaire à la stabilité de la vie professionnelle, et plus largement à l’insertion sociale de ces jeunes, comme l’accès à un logement autonome (Portela et Dezenaire, 2014).

2Avant et en préparation de cette future entrée sur le marché du travail, la formation des jeunes fait l’objet d’une véritable mobilisation familiale. Bien conscients de la forte relation qu’il existe en France entre formation et emploi, les jeunes et leurs parents perçoivent la jeunesse essentiellement comme une période d’acquisition de compétences, qui doit être sanctionnée d’un diplôme. Cécile Van de Velde parle pour la France d’un « investissement à vie déterminant de façon quasi définitive le statut social de l’individu », voire de « tyrannie du diplôme » (Van de Velde, 2008). Durant cette période, la famille est bien souvent le principal soutien pour les jeunes : financier, matériel et moral. Dans les représentations comme dans les pratiques sociales, l’investissement dans les études nécessite souvent un engagement à temps plein. Travailler en parallèle de ses études reste de facto peu fréquent par rapport à d’autres pays, où ces emplois s’inscrivent dans un parcours classique de l’étudiant, favorisés par l’administration éducative et par le droit du travail national (sur l’exemple du Québec, voir Vultur et Papinot, 2010). En outre, la construction des politiques publiques de jeunesse [1], et plus largement du système de protection sociale, se concentre sur la famille plutôt que sur l’individu, faisant de la situation de dépendance des jeunes à l’égard de leurs parents un trait saillant de l’expérience de jeunesse à la française.

3Si l’on exclut le financement public de l’éducation qui est l’un des piliers de l’État social en France, les jeunes ne font généralement pas partie des bénéficiaires directs de la protection sociale. Les parents des jeunes en sont la plupart du temps les destinataires au nom du principe cardinal de subsidiarité selon lequel l’État n’intervient directement auprès des jeunes que si les parents font défaut. La lecture comparée des politiques sociales et économiques à destination des jeunes dans plusieurs pays d’Europe fait notamment dire à Tom Chevalier que la citoyenneté sociale des jeunes est largement « refusée » en France, dans la mesure où : « le système de protection sociale […] les considère comme de grands enfants ou des mineurs sociaux, […] le système éducatif ne permet pas, à une part importante de la jeunesse, d’acquérir les compétences qui leur permettront d’accéder à un emploi de qualité et donc à l’autonomie, [et] la politique de l’emploi ne compense pas ces lacunes » (Chevalier, 2016). Après une formation et à défaut d’emploi ou d’emploi stable, l’intervention publique à destination des jeunes se fait toujours balbutiante et la famille reste fortement présente.

4Dès lors, les jeunes puisent la majeure partie de leurs ressources matérielles auprès de leur famille (parents, grands-parents parfois également). Le passage à l’âge adulte est ainsi l’occasion d’une transformation dans la composition de ces ressources, les revenus du travail prenant une importance croissante. L’accès direct à la redistribution devient possible avec l’avancée en âge et les transferts intrafamiliaux des parents aux enfants laissent progressivement et potentiellement la place au partage des ressources au sein des couples formés par les jeunes. Étudier la composition des ressources des jeunes adultes, ainsi que les inégalités d’accès aux différents types de ressources au sein de cette population, est un prisme intéressant pour comprendre les modes de vie de ces générations. Cette analyse apparaît également essentielle pour le législateur, afin de concevoir et mettre en œuvre des politiques publiques. En France, en 2016, 20 % des 18-29 ans ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté monétaire [2], contre 14 % de l’ensemble de la population, et les 18-24 ans sont les plus touchés (25 % contre 14 % des 25-29 ans, chiffres 2015 [3]).

5Porter un regard renouvelé sur les ressources des jeunes, ambition qui sous-tend ce dossier de la Revue française des affaires sociales, nécessite au préalable d’avoir une vision claire de leurs ressources matérielles (les plus « simples » à mesurer en apparence) et de la façon dont s’articulent les sphères domestique, économique et sociale dans la constitution de celles-ci. C’est ce que propose le cadrage statistique p. 23 réalisé à partir de l’enquête nationale sur les ressources des jeunes de la DREES [4] et de l’INSEE [5] (ENRJ), dispositif original ayant permis d’interroger de façon détaillée un échantillon de jeunes de 18 à 24 ans et leurs parents. Cet éclairage chiffré a également pour but de contextualiser les différents sujets abordés dans les articles de ce dossier, qu’il s’agisse des trajectoires résidentielles des jeunes adultes, du travail pendant les études, des mécanismes de solidarité intrafamiliale ou des jeunes comme cibles des politiques publiques.

6Ce dossier propose aussi un examen approfondi des ressources au sens large qu’offre la famille, dont le rôle est si crucial à cette période de la vie. Repenser les ressources des jeunes, c’est tenter d’en finir avec la « boîte noire » que constituent les échanges au sein des familles : dans un couple, chacun des deux parents peut avoir des pratiques différentes, de même que des parents séparés et les jeunes eux-mêmes ne peuvent être appréhendés de manière uniforme. Cela implique de changer les hypothèses interprétatives (égalité de traitement entre les enfants, rôle primordial du niveau de revenus des parents), à l’instar de travaux récents sur les échanges entre les jeunes et leurs parents qui tendent à démontrer que l’équation est souvent plus complexe qu’il n’y paraît. Il reste de ce fait de nombreuses inconnues que les travaux en sciences sociales se doivent d’éclairer telles que les normes de solidarité qui structurent les échanges ou encore la place des relations ou des sentiments dans l’économie domestique (Le Pape et al., 2018 ; 2019 [à paraître]). Plusieurs articles de ce dossier analysent en détail le fonctionnement de l’entraide familiale sous différentes formes (apport financier, accompagnement dans les choix d’études ou même de parcours de vie, hébergement au domicile parental), en mettant en lumière les logiques qui la sous-tendent et les rapports qu’elle induit entre les jeunes adultes et leurs parents.

7Porter un regard actualisé sur les ressources des jeunes exige aussi de s’intéresser aux politiques publiques actuelles qui leur sont destinées, analyse que mettent en œuvre les deux premiers articles de ce dossier.

8Une telle analyse gagne à s’effectuer à l’aune des changements de paradigme dans la recherche sur la jeunesse. Olivier Galland qualifiait il y a maintenant bientôt 30 ans la jeunesse de « nouvel âge de la vie » marqué par une volonté d’expérimentation, et par « un individualisme des mœurs » qui lui serait propre (Galland, 1990). Dix ans plus tard, l’actualisation de ses analyses le conduisait à décrire la jeunesse comme un continuum de situations non uniformes entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte, avec des systèmes de valeurs ou des modèles culturels ne se distinguant pas de ceux des plus âgés (Galland, 2001). Récemment, ce sont les approches générationnelles qui se sont développées, privilégiant la comparaison des effets temporels plutôt que des âges de la vie à un moment donné, chaque cohorte d’âge construisant ses expériences de jeunesse dans un contexte socio-économique différent (Van de Velde, 2015 ; Peugny et Van de Velde, 2016). Cette évolution tendancielle des paradigmes analytiques au cœur de la sociologie de la jeunesse n’a pas essaimé dans la société. On observe toujours une conception cloisonnée par âge de la société, tout particulièrement en matière de politiques sociales (Vérot et Dulin, 2017). La jeunesse est toujours perçue comme un âge particulier de la vie, entre enfance et âge adulte, mais toujours sous couvert d’une « minorité sociale ».

L’État providence et les jeunes : vers une plus grande individualisation des politiques de jeunesse ?

9Le rôle des parents comme principaux pourvoyeurs de ressources des jeunes découle en grande partie du cadre juridique français qui leur impose de soutenir leurs enfants (Code civil, articles 203 et 371-2). En matière de droits sociaux, le modèle d’État providence français, d’inspiration assurantielle, dans lequel l’État se doit de couvrir les risques sociaux du travailleur et de sa famille, laisse peu de place aux jeunes, les reléguant, s’ils ne travaillent pas, au statut de « mineurs sociaux » dépendants de leurs parents (Chevalier, 2012).

10Par opposition, l’individualisation des politiques de jeunesse et de la protection sociale repose sur l’exclusion de la famille comme institution redevable envers les jeunes adultes dans la couverture des risques sociaux. Les jeunes adultes sont alors identifiés comme des individus à part entière. Ces approches d’inspiration assistancielle ou béveridgienne (Chevalier, 2012) peuvent se décliner en deux versants : plutôt généreux et assorti d’un accompagnement renforcé des jeunes, dans une logique d’« empowerment », c’est-à-dire une logique d’accès aux capacités permettant notamment d’obtenir la stabilité dans l’emploi ; ou bien moins généreux, centré sur le marché du travail et peu regardant quant au type d’emploi obtenu du moment que les individus en trouvent un rapidement (sur cette distinction entre les formes des politiques actives, voir l’entretien avec Jérôme Gautié p. 191).

11L’individualisation des politiques publiques de jeunesse implique, en théorie, que la majorité légale constitue une majorité sociale, autrement dit que d’autres bornes d’âge ne réduisent pas les droits sociaux des jeunes majeurs compte tenu de la responsabilité parentale à leur égard.

12Or, l’État social français, en superposant les dispositifs et les seuils d’âge associés, est progressivement devenu un véritable prescripteur en matière d’âge. Il contribue à façonner les rôles sociaux en fonction de ce paramètre, indépendamment des préférences et des capacités des individus, conduisant certains chercheurs à parler d’une société dirigée par une véritable « police des âges » (Percheron, 1991). Dans un récent rapport, Célia Vérot et Antoine Dulin réaffirment la nécessité d’un choc de simplification pour en finir avec une lecture par âge au profit d’une analyse en termes de parcours individuels des jeunes et de sécurisation professionnelle de ce parcours (Vérot et Dulin, 2017). Mais ces transformations de l’État social vers davantage d’individualisation ne semblent pas s’enclencher en France. Cécile Van de Velde parle d’ailleurs (p. 197) de politiques de jeunesse « enfermées dans une structuration par “dispositifs” destinés aux jeunes de moins de 25 ans, qui se superposent comme autant de couches d’un mille-feuille difficilement lisible ».

13En effet, les illustrations de la faible individualisation des politiques publiques de jeunesse ne manquent pas : importance des critères familiaux, en comparaison internationale, dans l’attribution des bourses de l’enseignement supérieur (Charles, 2012), exclusion des jeunes de l’accès aux minima sociaux par peur de favoriser l’oisiveté juvénile et le désengagement parental (Lima, 2016).

14Tom Chevalier et Sébastien Grobon ouvrent ce dossier par un article réflexif (p. 57), incitant le lecteur à envisager concrètement ce que signifierait une transformation des politiques de jeunesse vers plus d’individualisme, vers une « citoyenneté habilitante » pour les jeunes et la fin d’un régime de « citoyenneté refusée », concepts mobilisés par T. Chevalier dans ses travaux précédents (Chevalier, 2016 ; 2018). Ils notent que le régime actuel combine une importante familialisation des transferts sociaux vers les jeunes et une politique de l’emploi qui ne cherche pas à investir dans les compétences de ceux qui se trouvent les plus éloignés du travail, mais plutôt à abaisser le coût du travail des jeunes et à développer les emplois aidés. Les auteurs soulignent que ce n’est pas d’un choc unique que peut naître un nouveau régime mais bien d’une série de réformes aboutissant à une transformation au long cours du système. Ils proposent, à partir d’une revue de littérature de rapports institutionnels récents, trois « trajectoires de réformes » envisageables, renvoyant à trois stratégies distinctes de lutte contre les inégalités : une trajectoire d’actualisation du régime existant, visant d’abord à lutter contre la pauvreté des jeunes ; une trajectoire de dualisation des politiques de jeunesse se focalisant sur une redistribution monétaire verticale entre les familles ; et une trajectoire de changement de régime afin de promouvoir un droit à la formation tout au long de la vie dans la perspective d’une stratégie d’investissement social.

15Certaines évolutions de l’action publique en France laissent toutefois entrevoir une inflexion, certes à la marge, des politiques de jeunesse. Le premier scénario proposé par Tom Chevalier et Sébastien Grobon pourrait être en cours de réalisation. Imposée à l’agenda politique en Europe et en France récemment (Erhel et Gautié, 2018), l’aide publique en faveur des « Neets » (Not in Employment, Education or Training), ces jeunes sans emploi et sans formation [6], s’est récemment développée à la faveur d’un nouveau dispositif reposant sur une forme d’individualisation : la Garantie jeunes (GJ). Mise en place dans une phase expérimentale en 2013, puis généralisée en 2017, la GJ propose un accompagnement et une prestation pour et à destination des jeunes Neets en grande précarité, notamment du fait de l’impossibilité pour les parents de subvenir à leurs besoins. Sortant de la seule dimension expérimentale, comme le revenu contractualisé d’autonomie (RCA), plus généreuse que le contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS – Gomel et al., 2013), et contrairement au Fonds d’aide aux jeunes (FAJ – Lima, 2016), ne nécessitant pas de justifier a priori la dépense à réaliser avant de recevoir l’aide, la GJ constitue un bouleversement dans les politiques de jeunesse.

16Jérôme Gautié, ancien président du comité scientifique en charge de l’évaluation de la GJ, relate, dans l’entretien accordé à la RFAS, la mise en place de ce dispositif et sa philosophie politique (p. 191). S’il s’agit bien d’une politique de l’emploi, ce dispositif revêt une dimension d’accompagnement social importante. Il en souligne les fondements, dans une approche de la politique de l’individu : accompagner de manière personnalisée sans attenter à la liberté des individus. Invitant les décideurs publics à ne pas s’attacher de façon excessive au « bon usage » des prestations versées aux jeunes, il note que la majorité des bénéficiaires de la GJ semblent au contraire faire un usage « responsable » de l’allocation reçue.

17Les usages sociaux de l’allocation accompagnant la GJ sont d’ailleurs étudiés par Julie Couronné, Marie Loison-Leruste et François Sarfati dans le deuxième article proposé dans ce dossier (p. 81). À partir d’une enquête ethnographique menée dans trois missions locales, les auteurs étudient l’utilisation qui est faite de l’allocation mensuelle versée dans le cadre de la GJ. Certains des jeunes bénéficiaires, qui sont tous en difficulté financière, mobilisent effectivement cette aide pour améliorer leur situation personnelle : subvenir à leurs besoins quotidiens, régler des dettes accumulées et, dans les situations les plus favorables, épargner un peu (pour financer leur permis de conduire, par exemple). La majorité d’entre eux l’utilisent aussi pour aider financièrement leur famille, conduisant les auteurs à parler de « refamilialisation » de cette allocation pensée pour être « défamilialisée ». Ils montrent que cet usage, impensé initialement par les concepteurs du dispositif, a bien un impact positif sur le statut individuel de ces jeunes car il vient « renforcer l’autonomie des jeunes qui deviennent des acteurs de l’aide familiale ».

18Plusieurs contributions examinent justement en profondeur le fonctionnement des échanges intrafamiliaux entre les jeunes et leurs parents. La deuxième partie du dossier s’attache aux mécaniques en jeu durant le temps particulier des études, si important pour les jeunes Français.

Le temps des études : les parents, acteurs du « projet » jeunes ?

19La division ternaire traditionnelle entre trois âges de la vie, l’enfance en formation, les adultes au travail et les plus âgés au repos (Kohli, 1986), fait de la jeunesse, période d’entre-deux entre l’enfance et l’âge adulte, le moment privilégié des études et de l’accès au premier emploi. En France, selon les travaux comparatifs, la jeunesse apparaît plus spécifiquement comme un moment où il s’agit de « se placer » sur le marché du travail ou dans une hiérarchie sociale, souvent irréversible (Van de Velde, 2008). Ce placement passe essentiellement par l’obtention d’un diplôme, censé signaler les compétences acquises au cours de la formation. À la sortie des études, les jeunes Français vivent leur intégration sociale et professionnelle comme l’entérinement de leurs performances scolaires.

20Le temps des études revêt ainsi une importance déterminante pour les jeunes, mais aussi pour leurs parents. L’engagement parental au moment des études peut s’inscrire dans une logique sociale de « promotion » qui vise à l’amélioration du statut de leur enfant par rapport au leur (Pitrou, 1976), mais aussi dans une logique de maintien, qui vise la conservation de celui-ci. Au-delà de la seule question de la jeunesse, S. Paugam et J-P. Zoyem (1997) parlent, à propos des solidarités familiales, de logique d’« émancipation » dans le premier cas et de logique de « compensation » dans le second. L’aide financière parentale à destination des jeunes va ainsi se concentrer pendant les études (Castell et al., 2016b) [7].

21Quand le soutien financier parental fait défaut, les jeunes en études doivent souvent travailler en parallèle de celles-ci pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Selon l’Observatoire de la vie étudiante, sept étudiants sur dix qui travaillent le font pour améliorer leur niveau de vie et cinq sur dix car cela leur est indispensable pour vivre (Belghith, 2015). Vanessa Pinto, Tristan Poullaouec et Camille Trémeau se questionnent dans le troisième article de ce dossier sur le rapport au travail étudiant des jeunes et de leurs parents (p. 101). À partir d’une enquête par entretiens, ils identifient quatre portraits de familles socialement distinctes. Le premier porte ainsi sur une famille à faibles revenus où les activités rémunérées du jeune adulte constituent de fait un complément indispensable au financement de ses études. Pour autant, l’investissement de sa mère dans ses études est primordial tant du point de vue moral que du point de vue financier, la conduisant à effectuer des sacrifices importants sur son budget ou ses projets. Cet engagement parental dans les études de leurs enfants est une constante des portraits dressés par les auteurs, quels que soient l’origine sociale, la trajectoire de chacun des parents et leur rapport au travail. Les parents se font d’abord un « devoir » de soutenir leurs enfants dans leurs choix d’études. Pour les parents de milieux populaires, le travail au cours des études, quand il n’est pas une stricte nécessité, apparaît comme l’intériorisation rassurante par leurs enfants adultes « d’une morale du travail et d’un sens de l’effort » ou comme un apprentissage des contraintes de la vie à venir, quand les études semblent se faire « trop théoriques ». Dans un milieu plus aisé, le travail est le moyen de disposer d’un revenu libre d’usage pour les jeunes, de financer ses loisirs ou enfin d’acquérir une expérience valorisable sur le CV. Dans l’ensemble de ces portraits, les familles cherchent plutôt à préserver le temps consacré par les jeunes aux études et, comme le notent les auteurs, semblent assez peu en phase avec la vision, promue par certains discours publics, du travail étudiant comme solution au financement des études et à l’insertion professionnelle des diplômés.

22Face à l’incertitude économique, « la famille d’origine tend à peser de plus en plus longtemps dans les trajectoires » des jeunes, comme le souligne Cécile Van de Velde dans son entretien (p. 197). Au-delà des aspects matériels, ce poids de la famille passe aussi par les logiques et pratiques éducatives que les parents mettent en œuvre. Cette question est abordée dans le quatrième article de ce dossier, proposé par Nicolas Charles, Marie-Clémence Le Pape, Mickaël Portela et Élise Tenret (p. 121). Leur enquête menée auprès de parents de jeunes adultes montre d’abord que la vision parentale de la jeunesse oscille entre une certaine insouciance sur les questions relationnelles et une inquiétude marquée en matière d’insertion professionnelle. De cette inquiétude découle la construction d’une rhétorique parentale portée sur la nécessité de construire un « projet » éducatif. Certains parents y projettent une trajectoire strictement linéaire entre l’école et l’emploi, tandis que d’autres seraient plus favorables à une forme de tâtonnement ou d’expérimentation, qui reste toutefois très relative dans le cas français. Quoi qu’il en soit, pour la quasi-totalité des parents, l’enjeu de la jeunesse est bien de « trouver sa place ». En croisant rhétoriques et pratiques éducatives parentales, l’article met en avant quatre logiques éducatives prédominantes visant à répondre à cette injonction, qui diffèrent notamment selon l’origine sociale : la confiance en l’institution scolaire, l’encadrement stratégique parental, l’expérimentation encadrée et limitée par les parents et l’expérimentation en confiance. Les trois premières s’inscrivent dans une logique de placement, même si la dernière est légèrement aménagée par un droit à l’erreur. L’article conclut enfin sur le poids de la responsabilité parentale quand survient une forme d’échec de leurs enfants. Les auteurs notent que c’est alors autour de la prise en charge matérielle de leurs enfants en difficulté que se cristallisent les interrogations des parents, pris entre des principes contradictoires : sanctionner une forme de défection du jeune ou bien continuer à l’aider pour ne pas le laisser entrer dans sa vie d’adulte sans avoir achevé son projet professionnel.

23Les parents subissent d’autant plus les effets de cette charge mentale, quand elle s’associe à une situation où ils doivent prendre en charge leurs propres parents âgés, caractéristique de ces « générations pivots » (Attias-Donfut, 1995). Jeunes et parents semblent ainsi bel et bien engagés conjointement dans un « projet », celui de « trouver sa place » dans la société. Cela passe en grande partie par les études, mais pas uniquement. Les aides en temps ou en service identifiées dès le début des années 1990 dans les travaux de Claudine Attias-Donfut, le soutien ou l’accompagnement actif dans les choix éducatifs décrits dans cette partie, l’intensité et la qualité du lien familial constituent des ressources pour les jeunes. Ceux qui en sont dépourvus, à la suite de ruptures familiales ou de conflits, sont souvent plus exposés aux difficultés. Cécile Van de Velde rappelle ainsi que « ce relais de la famille vient renforcer les inégalités au sein des jeunes générations, pénalisant particulièrement ceux qui en sont dépourvus » (p. 201). Elle note d’ailleurs que les jeunes adultes « mentionnent de plus en plus souvent, dans leurs discours, l’importance des facteurs de réussite allant bien au-delà du seul diplôme, tels que les ressources familiales, les réseaux familiaux, ou encore le territoire d’origine ».

24Certains de ces facteurs sont mobilisés dans les contributions formant la troisième partie de ce dossier. Ce sont des formes alternatives de ressources qui y sont analysées, au-delà des stricts aspects matériels, à la faveur d’expériences de jeunesse spécifiques : pouvoir revenir vivre chez ses parents, pouvoir bénéficier d’un réseau local quand on est une jeune femme d’origine rurale.

Des expériences de jeunesse spécifiques : où trouver des ressources pour aller vers l’âge adulte ?

25Si l’approche classique conçoit la jeunesse comme le franchissement presque simultané de trois seuils vers l’âge adulte – emploi stable, résidence indépendante, mise en couple –, la sociologie de la jeunesse a largement pris acte du fait que l’expérience des jeunes à chacune de ces « étapes » est désormais marquée par des formes de réversibilité et de désynchronisation (Van de Velde, 2008). Cécile Van de Velde souligne une nouvelle fois dans l’entretien accordé à la RFAS l’amplification des « petites et grandes bifurcations » des trajectoires des jeunes Français (familiales, sociales ou géographiques) qu’elle analyse comme des stratégies d’ajustement dans un contexte économique défavorable mettant les jeunes dans des situations de compétition sociale. La dernière partie de ce dossier rassemble deux contributions qui présentent des expériences de jeunesse spécifiques mettant en évidence ces procédés d’adaptation. La première, d’Emmanuelle Maunaye, Virginie Muniglia, Émilie Potin et Céline Rothé (p. 147), traite, à partir d’une série d’entretiens, des trajectoires résidentielles et de la mobilisation du domicile parental de jeunes adultes ayant vécu une recohabitation, c’est-à-dire un retour chez les parents après avoir quitté leur domicile. La deuxième contribution, de Sofia Aouani, Sophie Orange et Fanny Renard, se focalise sur les trajectoires d’accès à l’âge adulte des jeunes femmes d’origine populaire et rurale (p. 169). Si celles-ci peuvent renvoyer une image de relative immobilité (géographique, professionnelle et sociale), les ressources particulières qu’elles mobilisent pour compenser l’absence ou la faiblesse des capitaux culturels et/ou économiques nécessaires à l’insertion professionnelle ou à l’accès au logement témoignent des « stratégies d’ajustements “de soi” et de ses aspirations intimes » que relève C. Van de Velde.

26Être en capacité de rester, de partir et de revenir chez ses parents est une ressource inégalement répartie parmi les jeunes. La situation de cohabitation avec les parents s’est par ailleurs transformée tant du point de vue des pratiques, que du vécu par les jeunes adultes. L’accès massif à l’enseignement supérieur a eu pour conséquence, à partir des années 1980, une hausse des taux de cohabitation des jeunes adultes de 18 à 29 ans avec leurs parents (Pouliquen, 2018). Celle-ci a ensuite connu un frein avec l’extension des aides personnelles au logement qui ont facilité la décohabitation des étudiants. Mais depuis le début des années 2000, la proportion de jeunes adultes de 18 à 29 ans qui habitent chez leurs parents a augmenté : en partie en raison d’une augmentation de la part des étudiants dans cette tranche d’âge, mais aussi de celle des chômeurs après la crise de 2008. De fait, la cohabitation des jeunes avec leurs parents est souvent prolongée. Elle peut aussi être marquée par des réinstallations au logement parental (Gaviria, 2017) ; cette situation a même trouvé un nom dans la « génération Boomerang » (Mitchell, 2006) ou dans celui des « Tanguy [8] » souvent cités dans les médias, probablement plus frappant que le phénomène statistique, qui reste minoritaire [9].

27Il n’en reste pas moins que le « devenir adulte » se construit à partir de la capacité des jeunes à définir un « chez-soi » distinct du domicile parental (Maunaye, 2000 ; Ramos, 2016). Lorsque les jeunes sont amenés à vivre de nouveau chez leurs parents, le « chez-soi » et le « chez ses parents » entrent en confrontation pour une partie d’entre eux. Ce sont ces expériences qu’observent E. Maunaye, V. Muniglia, E. Potin et C. Rothé, en s’intéressant aux modes de cohabitation au quotidien entre les parents et leurs enfants adultes après une période d’autonomie résidentielle. Ils sont mis en regard des représentations qu’ont les jeunes et leurs familles du passage à l’âge adulte, selon une conception plutôt linéaire ou s’autorisant au contraire des temps d’expérimentation. Les auteures dressent ainsi une typologie de quatre expériences juvéniles de recohabitation : les retours vécus sur le mode de la « continuité » en fin d’études [10], ceux qui permettent un « rebond » et ceux qui font du domicile parental un « refuge » avec un sentiment d’échec prégnant ou un « dernier recours » dans une expérience de « renoncement ». Elles pointent la ressource essentielle que constitue le domicile parental dans toutes ces situations, point d’ancrage et filet de sécurité des transitions vers l’âge adulte. Elles notent toutefois que ce filet de sécurité est aussi pensé par les jeunes et leurs familles sur une durée limitée, et l’incertitude pesant sur l’accès à l’indépendance des jeunes peut générer des tensions au sein de la famille. Les auteures soulignent aussi les inégalités sociales des parcours. La trajectoire de la « continuité », où le départ des jeunes n’occasionne pas de véritable détachement du domicile parental, très liée aux études supérieures, se retrouve surtout dans les classes moyennes et supérieures. De même, dans les situations où le retour s’effectue après un « vrai » départ, la capacité des parents à accueillir à nouveau leurs enfants dans des conditions ne suscitant pas de tension sur le budget familial, ainsi que l’acceptation de phases de tâtonnements dans les parcours, sont plus grandes dans les familles de classes moyennes et supérieures. Les parcours vécus les plus positivement se retrouvent de fait principalement dans ces milieux sociaux. Comme le rappelle C. Van de Velde, « expérimenter est un privilège ».

28L’article de S. Aouani, S. Orange et F. Renard donne enfin à voir l’entourage et le territoire local comme une autre forme de ressources. Comme le domicile parental, ces derniers constituent parfois dans les parcours un point d’ancrage, à la fois amarre salutaire et force de rappel contraignante. Analysant un corpus d’entretiens avec des jeunes femmes d’origine populaire et rurale, les auteures mettent en lumière le rôle central dans leur accès à l’âge adulte de leur inscription dans une communauté locale et son réseau d’interconnaissances, en s’appuyant sur le concept de « capital d’autochtonie ». Cette appartenance rend notamment possible leur insertion sur le marché du travail, qui serait difficile au vu de leurs seuls diplômes, ainsi souvent qu’un maintien dans l’emploi quand surviennent les charges familiales que ces jeunes femmes assument encore largement. Au même titre que la proximité de leurs parents, les solidarités locales facilitent la conciliation entre l’emploi et la prise en charge des enfants. Ce réseau d’interconnaissances permet même parfois d’accéder à un logement qui ne serait pas abordable sur le marché immobilier standard. Ce capital d’autochtonie est fréquemment acquis par « héritage », du fait de l’ancienneté de l’appartenance de la famille d’origine à un réseau local. Il doit toutefois dans tous les cas être entretenu, souvent par un engagement marqué dans la vie locale (par le biais d’associations : sportives, pompiers volontaires) et par la présentation de gages de respectabilité aux yeux de la communauté. Les auteures pointent la portée limitée de ces ressources symboliques et relationnelles, qui ne peuvent guère s’exporter géographiquement. Les aspirations – par exemple devenir propriétaire – nécessitent parfois d’être réajustées. Les statuts acquis via des emplois locaux sont fragiles. Ils ne résistent en effet pas toujours aux modifications des cadres réglementaires nationaux ou de la configuration locale de l’emploi.

29Ces jeunes qui s’appuient sur des ressources non financières familiales ou locales, mettent en lumière la vulnérabilité et les difficultés de ceux qui ne peuvent pas bénéficier de cette forme de soutien familial ou qui ne souhaitent pas activer certaines ressources latentes. Ce portrait dressé des ressources des jeunes fait apparaître toutes les nuances d’une jeunesse aux multiples facettes. Comme il a été rappelé plus haut, la connaissance des ressources est un préalable nécessaire pour les pouvoirs publics à toute réflexion quant à la transformation des politiques de jeunesse. À la lecture de ce dossier, et compte tenu des débats en cours actuellement, que peut-on dire sur le renouveau de ces politiques ?

Renouveau des ressources, renouveau des politiques de jeunesse

30En guise de conclusion à cet avant-propos, prenons le recul nécessaire afin de proposer une réflexion sur le renouveau des politiques publiques de jeunesse. L’ensemble des articles de ce dossier, ainsi que les interviews réalisées auprès de C. Van de Velde et J. Gautié, font clairement apparaître une forte tension au sein de la société française, comme des sociétés occidentales, entre « individualisme » et « famille ». Selon François de Singly, nos sociétés sont de plus en plus imprégnées par l’idée d’individualisme (de Singly, 2016). Pour les jeunes, cet individualisme se caractérise par l’idéal d’« être soi » (de Singly, 2009), qui semble se diffuser dans toutes les strates de la société. Dans le même temps, la famille et les relations familiales semblent toujours prégnantes, même si elles sont désormais gouvernées par une norme davantage relationnelle que statutaire [11] (Déchaux, 2001 ; sur le cas spécifique des jeunes voir Le Pape et al. [à paraître]). Ces deux injonctions se confrontent lorsque les jeunes se retrouvent exposés à la « violence » du marché, pour reprendre les propos de C. Van de Velde. Cette tension se retrouve dans l’entièreté des articles de ce dossier. Comment ne pas identifier ces retours parfois forcés au domicile familial ou le recours à l’entourage social local, que nous décrivent E. Maunaye et al., ou S. Aouani et al., comme une conséquence de l’exposition des jeunes à ces tensions économiques ? Parmi les parcours étudiés, ceux où les jeunes sont en capacité d’expérimenter librement sont peu fréquents. Comment ignorer les craintes des parents concernant l’insertion sociale de leurs enfants, qui semble conditionner toutes les pratiques éducatives et l’engagement familial dans les études, analysées à la fois par N. Charles et al. et V. Pinto et al. ? D’après C. Van de Velde, en période de crise, « quand on “individualise”, en réalité on “familialise” ». Comment ne pas y voir un parallèle avec l’article de J. Couronné et al. qui décrit l’usage « refamilialisé » d’un dispositif – la GJ – initialement pensé par ses concepteurs pour être « défamilialisé » ?

31Les tensions économiques, amplifiées à la suite de la crise de 2008, ont donné lieu à des mouvements de jeunesse importants dans le monde entier, comme le rappelle C. Van de Velde. Les jeunes Français (avec « Nuit debout »), Espagnols et d’autres pays du sud de l’Europe (avec les « Indignados »), Américains, Canadiens et Britanniques (avec les mouvements contre le prix des études supérieures) ont fait entendre les raisons de leur colère.

32Se pose également la question de la surexposition de certains jeunes, ceux les plus dépourvus d’aides parentales, souvent les plus exclus socialement. Depuis que les travaux statistiques et scientifiques existent sur les transferts, ils font état de fortes inégalités en matière d’aides (Le Pape et al., 2018). Les inégalités sociales sont bien présentes dans l’intégralité de ce dossier. Les Neets sont devenus une nouvelle catégorie de bénéficiaires des politiques publiques, situation sociale qui semble par ailleurs souvent reçue en héritage, pour reprendre la formulation de J. Couronné et al. Les pouvoirs publics semblent mettre la focale sur ces Neets qui seraient dénués de soutien familial, le public cible de la Garantie jeunes (GJ). Ils s’interrogent également sur les trajectoires des jeunes qui ont été suivis par l’aide sociale à l’enfance (à l’instar du rapport Dulin, 2018) sans pour autant proposer de véritables alternatives à ces jeunes (Frechon, Breugnot et Marquet, 2017). En effet, si la GJ est une véritable réussite comme s’accordent à le dire J. Gautié et C. Van de Velde dans ce dossier et répond à un problème de fond pour ces jeunes, il faut sans doute enfin avoir « l’audace de la transversalité » en matière de politique de jeunesse pour reprendre les propos de C. Van de Velde.

33En effet, face à cette situation de surexposition aux tensions économiques des jeunes, un aggiornamento en matière de politique de jeunesse est sans doute nécessaire. Dans le souhait « d’individuation » rappelé plus haut, c’est une « politique de l’individu » (Brugère, 2013) qui semble être préconisée pour les jeunes afin de favoriser le soutien à l’épanouissement personnel, le développement du champ des possibles et les capacités d’agir de chacun, comme le rappellent à la fois J. Gautié et C. Van de Velde. Pour Cécile Van de Velde, la fin du « mille-feuille » des politiques à destination des jeunes au profit d’un système uniformisé serait la solution. Pour J. Gautié, il s’agit bien davantage de mettre en place un système d’activation des politiques publiques que nous nommerons « capacitant », de façon à permettre les ajustements qualitatifs dans les parcours. T. Chevalier et S. Grobon proposent dans ce sens une trajectoire de réformes des politiques de jeunesse et de politiques publiques, vers l’instauration d’un droit à la formation tout au long de la vie. Ce faisant, l’État devrait alors cesser de faire preuve de « paternalisme » en la matière. Les articles de ce dossier montrent bien qu’il faut en finir avec l’idée d’un mauvais usage par les jeunes des dispositifs publics dont ils sont les destinataires.

34Le chantier ouvert en septembre 2018 avec le lancement de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, et tout particulièrement la mise en œuvre d’un revenu universel d’activité, la création d’un service public de l’insertion (notamment sa garantie d’activité) et l’instauration d’une véritable réflexion en matière d’investissement social est certainement l’occasion d’un changement de paradigme en matière de politique de jeunesse et plus largement de politique sociale. L’« audace de la transversalité » est peut-être permise, une politique de l’individu développant ses capacités, qu’il soit jeune ou moins jeune, est peut-être envisageable, qui devrait toutefois s’accompagner d’une politique économique favorisant l’accès à l’emploi.

Notes

  • [1]
    Les politiques de jeunesse recouvrent principalement dans cet avant-propos la protection sociale, la politique de l’emploi à destination des jeunes, l’action des missions locales, le système des bourses d’études. Les politiques locales à destination des jeunes, les politiques fiscales et les politiques éducatives sont peu abordées dans le dossier.
  • [2]
    Seuil de pauvreté monétaire à 60 % du niveau de vie médian, hors ménages dont la personne de référence est étudiante [en ligne] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3650242?sommaire=3650460, consulté le 26 mars 2019.
  • [3]
    Cf. fiche 1.14 de l’ouvrage Les revenus et le patrimoine des ménages, INSEE, collection « Insee références », édition 2018 [en ligne] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3549496?sommaire=3549502, consulté le 26 mars 2019.
  • [4]
    Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des Solidarités et de la Santé.
  • [5]
    Institut national de la statistique et des études économiques.
  • [6]
    Une description des caractéristiques sociodémographiques de cette population à partir de l’enquête NRJ est proposée dans le cadrage p. 30.
  • [7]
    Pendant les études, les transferts financiers des parents vers leurs enfants varient de 160 euros par mois s’ils vivent chez leurs parents à plus de 500 euros lorsqu’ils ne vivent plus exclusivement chez leurs parents.
  • [8]
    Tiré du film éponyme d’E. Chatiliez sorti en 2001.
  • [9]
    En 2013, un adulte de 18-29 ans sur dix résidant actuellement chez ses parents est revenu après avoir occupé un logement indépendant (Pouliquen, 2018).
  • [10]
    Les situations les plus fréquentes (Castell et al., 2016a).
  • [11]
    Pour reprendre la distinction posée par Jean-Hugues Déchaux (2001), le caractère statutaire des relations familiales désigne l’attachement accordé au statut familial de la personne : « Je rends service parce que c’est la mère de mon mari ». Il se distingue du caractère relationnel, qui renvoie à la qualité du lien interindividuel : « J’aide ma tante parce que j’ai beaucoup d’affection pour elle ».

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Nicolas Charles
Maître de conférences en sociologie à l’université de Bordeaux. Il travaille sur les systèmes universitaires et les étudiants en comparaison européenne. Il a notamment publié Enseignement supérieur et justice sociale en 2015 à La Documentation française.
Mickaël Portela
Économiste à la DREES, chercheur associé au Centre d’études de l’emploi et du travail et conseiller scientifique au Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge. Il s’intéresse aux trajectoires d’insertion professionnelle et sociale des jeunes et au rôle de la famille dans celles-ci. Il a notamment publié avec Marie-Clémence Le Pape et Élise Tenret « “Ça n’a pas de sens de compter comme ça”. Difficultés et limites d’une approche comptable des aides financières et matérielles aux jeunes adultes dans la famille » en 2018 dans la revue Sociologie.
Émilie Raynaud
Cheffe du bureau de la jeunesse et de la famille de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Ses travaux portent actuellement sur les formes familiales, les modes de vie des familles, l’accueil des jeunes enfants, la conciliation entre vie familiale et professionnelle, les ruptures familiales, les conditions de vie des jeunes et l’entrée dans la vie adulte.
Mis en ligne sur Cairn.info le 07/08/2019
https://doi.org/10.3917/rfas.192.0005
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