Selon les projections récentes, les effectifs de médecins libéraux diminueront de 30 % d’ici à 2027 et la densité standardisée diminuerait jusqu’en 2023, créant des poches de sous-densité relativement nombreuses sur le territoire français métropolitain. L’article s’intéresse aux ajustements que les médecins généralistes de ville mettent en œuvre lorsque, sur leur territoire, ils sont d’ores et déjà confrontés à cette raréfaction. Les données utilisées sont celles du troisième panel des médecins généralistes enrichies d’indicateurs fournis par la CNAMTS. Nous nous sommes appuyés sur l’indicateur d’accessibilité potentielle localisé, développé par l’IRDES et la DREES, pour définir les zones les moins dotées en généralistes. En comparant les comportements des généralistes exerçant dans les zones les moins dotées à leurs homologues des zones mieux dotées, il est apparu d’abord que le planning d’activité du médecin tend à s’intensifier plutôt qu’à s’allonger. Nos données semblent en effet montrer que les rythmes de consultation dans les zones les moins dotées sont plus élevés, alors que le temps de travail global des généralistes s’avère quant à lui peu réactif à la densité en médecins alentour. On note aussi quelques différences statistiquement significatives sur les pratiques médicales : usage accru de certains médicaments, moins de renvoi vers des soins paramédicaux, suivis gynécologique probablement un peu moins réguliers, etc. Cependant, il semble que les différences ne sont pas statistiquement significatives pour les indicateurs de qualité des pratiques rattachés au dispositif de rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP).
Article
La densité médicale en France est, pour le moment, l’une des plus importantes des pays de l’Organisation de la coopération et du développement économique (OECD, 2016). Mais, selon les projections récentes, sous l’hypothèse de prolongement des comportements et de la législation actuels, les effectifs de médecins libéraux diminueraient jusqu’en 2027 et seraient à cette date inférieurs de 24 % à leur niveau de 2012 (Bachelet, 2017). C’est la conséquence des départs en retraite de classes d’âge nombreuses de médecins formés avant l’application d’un numerus clausus très restreint à partir du milieu des années 1970. Cette baisse, accompagnée d’une croissance de la population française, se traduira mécaniquement par une densité médicale plus faible au niveau national.
En outre, au-delà d’une logique purement quantitative, le système français de délivrance des soins fait actuellement face à trois problèmes. Tout d’abord, la demande de soins ne cesse de croître, du fait à la fois du vieillissement de la population et de l’augmentation de la part des patients souffrant de maladies chroniques (Dormont, 2012). Ensuite, on assiste à une baisse de l’offre de travail moyenne des médecins libéraux, liée aux aspirations des jeunes générations et au nombre croissant de médecins cumulant emploi et retraite, dont le temps de travail est souvent plus faible. Le troisième problème est celui des inégalités géographiques d’installation (Vergier, 2016). La répartition spatiale des médecins généralistes (MG) est moins inégalitaire que ce qui est observé pour les autres professions de santé (Vergier et Chaput, 2017), mais une baisse marquée du choix d’installation en libéral parmi les nouvelles générations de médecins pourrait augmenter le risque de « tensions » sur de nombreux territoires…
Résumé
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L’ordre de présentation a été défini par les auteurs.
Cité par
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/08/2019
- https://doi.org/10.3917/rfas.192.0213

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