Cet article propose de mobiliser le concept de « capital d’autochtonie » pour éclairer les formes de soutien et les types de ressources sur lesquels s’appuient les jeunes femmes d’origine populaire et rurale dans leur accès à l’âge adulte. Le capital d’autochtonie va permettre à ces jeunes femmes de compenser l’absence ou la faiblesse des capitaux culturels et/ou économiques nécessaires à l’insertion professionnelle ou à l’accès à la propriété. En venant combler les décalages entre les titres scolaires et les postes occupés, ou encore en contribuant à offrir aux jeunes femmes des marges de liberté et de résistance face à l’assignation domestique au sein du couple ou aux rapports hiérarchiques dans l’emploi, les ressources locales apparaissent comme des conditions de possibilité de la conciliation entre différents impératifs sociaux qui pèsent sur ces jeunes femmes, et notamment les normes de l’emploi et de la maternité. Mais, s’il permet de pallier l’absence ou la faiblesse des capitaux centraux dans l’accès à certains marchés (emploi, immobilier, matrimonial, etc.), le capital d’autochtonie ne permet pas de compenser intégralement ce déficit.
Article
L’accès à l’âge adulte des jeunes femmes d’origine populaire et rurale est tendanciellement marqué par la faiblesse des capitaux économiques et culturels qu’elles peuvent mobiliser et faire valoir sur les différents marchés (matrimonial, professionnel, immobilier) qui structurent cet âge de la vie (Mauger, 2015). En effet, les sorties de formation sont plus précoces et les études suivies sont moins souvent généralistes pour les jeunes en zone rurale que pour ceux résidant dans les grandes agglomérations et bénéficiant d’une offre scolaire élargie (Arrighi, 2004 ; Lemêtre et Orange, 2016). Moins pourvues en capital culturel institutionnalisé, les jeunes femmes d’origine populaire et rurale sont également faiblement dotées en ressources économiques. Non seulement leur milieu d’appartenance ne leur permet pas de pouvoir disposer d’un capital de départ élevé qu’elles pourraient investir dans des stratégies résidentielles coûteuses (Lambert, 2014) mais encore les statuts et les types d’emplois auxquels elles accèdent sur un marché du travail local dominé par la précarité et les métiers d’exécution (Lechien, 2013) peuvent rendre difficile la gestion conjointe de l’activité professionnelle et de la maternité, les revenus perçus ne suffisant pas toujours à couvrir les frais de garde (Stettinger, 2018).
La mise en œuvre d’un calendrier biographique non exclusivement tourné vers la maternité (Schwartz, 2018 ; Testenoire, 2006) oblige dès lors ces jeunes femmes à recourir à d’autres types de ressources et à mobiliser des capitaux d’une autre nature pour tenter de compenser l’absence ou la faiblesse des titres scolaires ou des apports financiers…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/08/2019
- https://doi.org/10.3917/rfas.192.0167

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