En France, les politiques du handicap et du vieillissement ont contribué à la reconnaissance du rôle des aidants profanes dans la prise en charge des personnes dépendantes et à l’émergence d’un référentiel d’action publique de l’aidance. La constitution de ce référentiel a généré des coalitions entre des acteurs publics et associatifs, mais aussi des oppositions notamment concernant la rémunération des proches. L’article se propose de cartographier les discours et les positions qui structurent ce débat sur la rémunération des aidants profanes. Les résultats montrent que les principales critiques de la rémunération sont formulées au niveau national et sur un registre moral, tandis que l’on observe des formes d’acceptation plus pragmatiques à l’échelle locale. L’insuffisance de l’offre institutionnelle et de la compensation financière contraignent les proches à s’impliquer dans l’aide et conduisent les travailleurs sociaux à utiliser les dispositifs de rémunération pour pallier des situations de précarité généralisée. L’analyse repose sur l’étude des débats publics et la réalisation de soixante entretiens auprès des principaux acteurs du domaine inscrits au niveau national et départemental.
Article
Depuis près de vingt ans, une succession de lois et de débats sur la dépendance ont constitué une politique publique en France qui privilégie le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie et des personnes en situation de handicap. Cette politique repose sur des services publics dans les champs du soin, du social et du médico-social, mais aussi sur des services privés marchands et non marchands dans le domaine des assurances ou des services à la personne notamment. Les proches de personnes en situation de dépendance réalisent également une part conséquente du travail d’aide, comme le souligne un rapport récent de la Cour des comptes qui insiste sur « le rôle central de la solidarité familiale dans l’organisation du maintien à domicile » (Cour des comptes, 2016). La reconnaissance progressive de ces aidants profanes a donné lieu à l’émergence d’un domaine d’action publique qui vise à encadrer l’activité des proches aidants, voire à les enrôler dans les politiques sociales du handicap et du vieillissement (Trabut et Weber, 2009 ; Capuano et Weber, 2015 ; Campéon et Le Bihan-Youinou, 2016).
Les politiques publiques en direction des proches aidants sont toutefois assez peu explicites et unifiées. Le domaine de l’aidance se trouve à l’articulation d’un grand nombre de secteurs sociaux structurés et dotés eux-mêmes d’une forte autonomie (santé, handicap, vieillesse, intervention sociale, protection sociale, travail, services à la personne, etc.). À cet éclatement intersectoriel s’ajoute un éclatement vertical entre les niveaux de pouvoir qui sont compétents pour intervenir sur les enjeux du handicap et de la perte d’autonomie des personnes âgées, particulièrement dans le cas du soutien aux aidants…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/05/2019
- https://doi.org/10.3917/rfas.191.0199

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