Le cumul des activités professionnelles et familiales des femmes est devenu une préoccupation importante des recherches en sciences sociales dans les années 1980, tant en France qu’outre-Atlantique (Roi 1982 ; Chabaud, 1984 ; Haicault, 1984 ; Kingston et Nock, 1985 ; Lewis, 1986 ; Hochschild, 1989 ; Commaille, 1993). Dans les années 1990 a émergé l’idée de conciliation entre travail et vie familiale qui, dans le contexte de la stratégie européenne pour l’emploi (SEE) [Dauphin et Marc, 2008], s’est ensuite imposée comme l’un des objectifs des politiques familiales (Le Bihan-Youinou et Martin, 2008). La notion de conciliation (ou d’équilibre – balance, dans la version anglophone) a cependant été critiquée par les chercheurs car elle sous-entend une forme d’harmonie des arrangements entre vie professionnelle et vie familiale (Lewis, 2009). Aussi est-il préférable de privilégier un autre terme, qui apparaît plus neutre : celui d’« articulation » entre travail et vie familiale, qui vise à « exprimer l’articulation, les réglages et les liens entre les sphères familiales et professionnelles » (Tremblay, 2003).
La question de l’articulation entre activité professionnelle et vie familiale a longtemps été posée surtout pour les parents, et plus particulièrement pour les mères de jeunes enfants (Le Bihan-Youinou et Martin, 2008). Divers dispositifs ont été créés pour faciliter cette articulation, à la fois par les pouvoirs publics dans le cadre de la politique familiale (aide au financement du mode de garde des jeunes enfants, création de crèches, congé pour enfant malade, etc…