CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Élément clé des solidarités familiales (Bonvalet, Clément et Ogg, 2011), la génération « pivot » ou « sandwich » doit faire face tant à des engagements professionnels que familiaux. Ces derniers sont en réalité de deux natures : l’aide à un descendant, puisque cette génération a des enfants à charge qui sont accompagnés de plus en plus longtemps compte tenu de l’allongement de la jeunesse, ainsi que l’aide à un ascendant, puisque leurs parents, voire leurs grands-parents, arrivent à des âges où ils peuvent être limités dans leurs activités quotidiennes. Ces appellations visent à imager ce double engagement familial que les évolutions sociodémographiques récentes (allongement de la jeunesse et augmentation de l’espérance de vie) ne devraient que conforter à l’avenir. Parallèlement, cette génération a une implication forte sur le marché du travail puisque 70 % des Français âgés de 40 à 64 ans exercent une activité professionnelle en 2016 (calcul de l’auteure à partir des données issues de l’enquête Emploi 2016). La fondation Médéric Alzheimer a ainsi choisi d’accorder son attention à cette génération pivot dans la troisième vague de l’enquête Longévité, dépendance, risque et soutien (ELDERS 3).
Une première exploitation de cette enquête a donné lieu au deuxième baromètre de la fondation Médéric Alzheimer qui décrivait les aidants issus de la génération pivot ainsi que les aspirations de toute cette génération pour la prise en charge des personnes âgées en situation de perte d’autonomie et de leurs aidants en France…

Français

Isaiah Berlin (1988) introduit les concepts de liberté positive (être libre de faire ce que l’on veut) et de liberté négative (ne pas subir d’entrave à sa volonté). Ces deux concepts sont mobilisés pour étudier la latitude du choix des enfants d’aider leur(s) parent(s) en situation de perte d’autonomie. La liberté positive est abordée au travers de deux paramètres de préférences individuelles : l’altruisme et la réciprocité positive. La liberté négative est approchée par le triptyque d’engagements de la génération pivot (travail, enfant, parent) qui est l’objet d’étude de l’enquête ELDERS 3 mobilisée ici.
Cette analyse dessine une liberté d’aider principalement menacée par les besoins d’aide du parent. L’analyse selon le statut conjugal du parent confirme ce résultat même pour les aidants de parents sans conjoint. En effet, à besoins d’aide donnés, le choix d’aider un parent et l’intensité de cette aide s’expliquent par les préférences de l’enfant. Cette aide paraît rationalisée au regard des obligations familiales de l’enfant alors que, au contraire, le milieu professionnel de l’enfant n’a aucun impact sur l’aide apportée à son parent.

Nina Zerrar
Économiste à la fondation Médéric Alzheimer et chercheuse associée au LEDALEGOS. Ses travaux s’intéressent aux freins comportementaux au recours à l’assurance dépendance. Elle a élargi récemment ses thèmes de recherche à l’offre d’aide informelle.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 14/05/2019
https://doi.org/10.3917/rfas.191.0159
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