Nous nous intéressons, dans cet article, aux dilemmes moraux que rencontrent les aidant·e·s rémunéré·e·s au cours de l’assistance et des soins qu’ils délivrent aux membres de leur entourage. Nous abordons l’aide comme une activité qui s’apparente au care et qui, à ce titre, relève à la fois du travail et des relations d’intimité. Au sein de ces deux sphères, le travail d’aide entre proches inclut un double rapport d’autorité : hiérarchique dans la relation d’emploi, domestique dans la relation familiale. Du fait de ce double registre, mais aussi de la variabilité des normes dans chacun d’entre eux, les aidant·e·s rémunéré·e·s sont confronté·e·s à l’incertitude dans leur négociation des frontières d’un travail de care acceptable de leur point de vue. Dans ce contexte de flou normatif, les limites et contours du travail d’aide font l’objet de protestations plus ou moins assumées vis-à-vis des institutions et les arbitrages entre aidé e·s et aidant·e·s prennent la forme de conflits plus ou moins francs, de conduites de retrait et de microrésistances dans l’activité effectuée au quotidien.
Article
Les proches aidant·e·s sont des personnes qui apportent leur aide à un membre de leur famille ou de leur entourage en situation de handicap ou de maladie. Ils peuvent être rémunérés pour l’aide apportée au travers des deux dispositifs publics soutenant l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées. Un·e bénéficiaire de l’allocation personnalisée pour l’autonomie (APA) peut ainsi salarier un·e ou plusieurs de ses proches, à l’exception de sa conjointe ou de son conjoint, et un·e bénéficiaire de la prestation de compensation du handicap (PCH) peut dédommager un membre de sa famille ou salarier un·e proche.
Nous nous intéressons, dans cet article, aux dilemmes moraux que rencontrent les aidant·e·s rémunéré·e·s au cours de l’assistance et des soins qu’ils délivrent aux membres de leur entourage. Nous abordons l’aide comme une activité qui s’apparente au care, c’est-à-dire aux « soins coutumiers liés à l’entretien de la vie » (Molinier, Laugier et Paperman, 2009) et qui, à ce titre, relève à la fois du travail et des relations d’intimité. Nous prenons ainsi comme point de départ, d’une part, les travaux qui abordent l’activité de care comme relevant du travail et, d’autre part, des travaux qui révèlent la coexistence, dans les pratiques, de deux dimensions souvent considérées comme séparées : celle de l’activité économique et celle de l’intimité. Les théoriciennes du féminisme et du care ont en effet analysé le travail domestique et les activités de care comme des activités de travail, semblables au travail professionnel (Kergoat, 2001), mais faisant l’objet d’un déficit de reconnaissance en ce qu’elles sont souvent non rétribuées ou non rémunérées à leur juste valeur, car renvoyées à des compétences féminines supposées naturelles (Dussuet, 2005…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/05/2019
- https://doi.org/10.3917/rfas.191.0133

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