L’aide familiale aux personnes âgées dépendantes a été décrite comme genrée – les femmes y prenant la plus grande part et mettant en œuvre des compétences dont les hommes, du moins en France, disposeraient moins souvent. Cet article se base sur l’enquête PEGASE (Poids et effets de genre dans l’aide aux seniors), basée sur des entretiens auprès d’aidants familiaux, associée à l’enquête CARE (Capacités, aides et ressources des seniors, DREES, 2015). L’aide semble toujours s’organiser autour d’un·e aidant·e principal·e beaucoup plus impliqué·e que les autres, le ou la conjoint·e en première ligne. Le caractère genré de l’aide conjugale apparaît alors davantage dans la façon dont elle est vécue que dans sa (mise en) pratique. L’aide prodiguée par les hommes (conjoints mais aussi fils) semble mieux vécue, car plus valorisée socialement et individuellement, que l’aide apportée par les femmes. L’aide filiale, en revanche, paraît nettement genrée : la désignation (ou l’autodésignation) de l’enfant aidant principal porte le plus souvent sur l’une des filles lorsqu’il y a fratrie, en lien avec l’histoire familiale des places de chacun·e·s. Le genre, jamais évoqué comme argument de désignation, opère à travers des considérations de disponibilité et de proximité affective autant que géographique.
Article
Dans son dernier ouvrage, Christophe Capuano défend la thèse que la politique du maintien à domicile des personnes dépendantes est susceptible d’accroître la charge des femmes au sein des familles et que l’on pourrait l’assimiler au familialisme le plus traditionnel (Capuano, 2018 ; Weber, 2012). Cette position repose sur le constat que l’aide profane aux seniors dépendants est genrée. Dès 2001, Nathalie Dutheil a formulé, sur la base de l’enquête Handicap, incapacité et dépendance (INSEE, 1998), les constats qui seront répétés et confirmés par la suite : « L’aidant principal est une femme six fois sur dix quand c’est le conjoint qui occupe ce rôle et sept fois sur dix quand il s’agit de l’enfant. » Pour les hommes aidés, « plus de sept fois sur dix, c’est le conjoint qui est l’aidant principal », ce qui est le cas « dans seulement un tiers des cas » quand il s’agit de femmes aidées. « Les conjoints s’occupent plus fréquemment que les enfants des soins personnels (49 % contre 24 %). » « Quand les enfants s’occupent des tâches ménagères, il s’agit plus fréquemment des filles ou des belles-filles que des fils ou des gendres (55 % contre 25 %). La défense des droits des personnes âgées revient au contraire plus souvent aux fils qu’aux filles (54 % contre 49 %). » « La moitié des enfants (aidants principaux) sont inactifs (52 %), 4 % de ces inactifs ayant cessé leur activité professionnelle pour se consacrer à leur rôle d’aidant. » (Dutheil, 2001).
Bonnet, Cambois, Cases et Gaymu ont poussé le constat plus loin…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/05/2019
- https://doi.org/10.3917/rfas.191.0115

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