CAIRN.INFO : Matières à réflexion

L’assurance maladie universelle (AMU), devenue l’une des priorités du développement durable a fait l’objet d’une résolution adoptée par l’assemblée générale des Nations unies en décembre 2012. Elle apparaît comme un moyen de favoriser l’exercice du droit à la santé en tant que droit de l’homme, et constitue aussi le concept le plus efficace que la santé publique puisse offrir déclarait Margaret Chan, ancienne directrice générale de l’OMS (OMS, 2013). Car dans les pays d’Afrique subsaharienne, par exemple, environ 90 % de la population n’est pas assurée contre les risques maladies et d’accidents (ILO, 2007) et les soins de santé de base sont hors de portée pour la majorité des pauvres. Les régimes de couverture existants ne favorisent que les élites économiques et politiques, générant ainsi des fortes inégalités (Letourmy, 2006).
Pour l’OMS, la couverture sanitaire universelle consiste à veiller à ce que l’ensemble de la population ait accès aux services préventifs, curatifs, de réadaptation et de promotion de la santé dont elle a besoin et à ce que ces services soient de qualité suffisante pour être efficaces, sans que leur coût n’entraîne des difficultés financières pour les usagers (Margot et al. 2013). Dans cette perspective, l’amélioration et le financement du secteur de la santé en Afrique par l’AMU ne constituent pas une démarche superflue.
L’AMU facilite l’accès aux soins en réduisant la part du paiement direct des services et permet de solvabiliser du même coup la demande aux formations sanitaires…

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En l’absence des mécanismes institutionnels efficaces de redistribution des richesses comme c’est le cas dans la plupart des pays d’Afrique, l’assurance maladie universelle (AMU) se pose en seul véritable rempart de lutte contre la pauvreté et la justice sociale. C’est ainsi que sous l’influence des recommandations des institutions internationales, plusieurs pays s’inscrivent dans cette ligne de financement solidaire des dépenses de santé. Cependant, mettre en place et soutenir cette politique implique une définition claire du panier de soins adapté à la fois aux besoins de santé, à la capacité de leur financement et à la participation des populations. Car un panier de soins insolvable hypothéquerait la pérennité et la viabilité d’une politique d’AMU, considérée comme facteur protecteur de la pauvreté liée aux dépenses de santé en Afrique. Ce travail tire son idée des efforts et recherches de pistes que déploie actuellement la République du Congo pour parvenir à l’AMU. Il s’agit ici de promouvoir la protection sociale sous l’angle de l’AMU, et d’examiner l’intérêt de définir le panier de soins, en proposant des aspects méthodologiques fondés sur des critères simples mais pertinents que sont : l’analyse coût-efficacité, la protection financière, la charge de morbidité, les préférences des citoyens et les valeurs sociétales. Cet article plaide donc en faveur de la prise en compte de ces critères qui servent d’éléments méthodologiques précieux permettant d’établir un équilibre entre l’offre et la demande des soins de façon durable.

Ange Clauvel Niama
Enseignant-chercheur en santé publique à la Faculté des sciences de la Santé (FSSA) de Brazzaville, université Marien Ngouabi. Analyste du financement du système de santé et de la mise en place de l’assurance maladie au Congo/Brazzaville.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/01/2019
https://doi.org/10.3917/rfas.184.0173
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