CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les systèmes de protection sociale des pays de l’Europe de l’Ouest (Allemagne, France, Belgique, Luxembourg, Italie, Espagne, Portugal) sont caractérisés, comme on le sait désormais, par la prédominance des mécanismes d’assurance et de sauvegarde du niveau de vie (modèle bismarckien, conservateur-corporatiste dans la typologie d’Esping-Andersen). Ayant été conçus pour la plupart dans l’après-guerre en fonction de la famille traditionnelle (male breadwinner) et du salariat stable et croissant (militaires, fonctionnaires, ouvriers et employés à plein temps), ils s’avèrent particulièrement inadaptés au nouveau contexte socio-économique dominé par la libéralisation des marchés, l’instabilité familiale, le vieillissement démographique, le chômage massif, la montée de la précarité de l’emploi, la discontinuité des parcours professionnels, la numérisation et la robotisation accélérées, etc. Cela en dépit des diverses réformes jusqu’ici adoptées visant à élargir la couverture sociale et à renforcer les mécanismes d’assistance et de solidarité nationale (minima sociaux, prestations sous condition, dispositifs d’insertion). Les systèmes bismarckiens se sont ainsi mixés en marquant une certaine déconnexion par rapport au travail, au financement contributif (moins de cotisations, plus d’impôt) et au schéma familial patriarcal (moins de droits dérivés accordés aux ayants droit). Ils ont diversement combiné les deux mouvements qui les traversent, à savoir l’individualisation et l’universalisation des droits…

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Les systèmes « bismarckiens » de protection sociale de l’Europe de l’Ouest sont fortement remis en question du fait de leur relation étroite au travail et au statut familial. La France est particulièrement concernée. Elle a déjà réalisé des avancées significatives dans la logique des droits individuels et universels pour répondre à l’instabilité familiale, à l’alternance entre chômage et précarité de l’emploi, aux ruptures professionnelles et aux besoins de formation tout au long de la vie. Mais ces avancées butent sur des obstacles institutionnels, financiers et politiques. Leur poursuite, comme le montre l’article, nécessite des changements conceptuels importants. Il s’agit d’aller vers une protection sociale « proactive », intégrative et préventive dans la logique du développement humain. Tout l’enjeu consiste à trouver le bon équilibre entre les régimes assurantiels et les nouvelles générations de droits individuels et universels.

Chantal Euzéby
Professeur émérite UGA Grenoble.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/01/2019
https://doi.org/10.3917/rfas.184.0149
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