En vingt ans, NICE (National Institute for Clinical Excellence) s’est imposé comme une agence de référence internationale en matière d’évaluation médico-économique. Créée en 1999, l’agence a conservé deux spécificités : le caractère central des analyses coûts-résultats dans ses travaux, et une expertise en matière de médicament. NICE a conquis une capacité administrative dans des contextes débattus, sur lesquels les industriels se sont efforcés d’exercer une influence récurrente, comme l’illustre l’analyse sociologique du cas de l’interféron bêta dans le traitement de la sclérose en plaques. L’introduction du médicament à un prix élevé en 1995, dans un contexte de réorganisation du système de soins, accompagne la création d’une agence nationale. Mais des stratégies de contournement mises en œuvre par des industriels donnent à voir des formes d’influence, voire d’interférences avec la décision publique, qui aboutissent à l’invention d’un « schéma de partage de risques » dont la mise en œuvre se déploie jusqu’aujourd’hui. Tout en contournant les avis négatifs de NICE, l’accord garantit durablement un prix élevé à des médicaments controversés.
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En vingt ans, NICE (National Institute for Clinical Excellence) s’est imposé comme une agence de référence internationale en matière d’évaluation médico-économique. Créée en 1999, l’agence a beaucoup évolué, en changeant plusieurs fois de nom, de périmètre et même de statut. Outre son sigle emblématique, elle a conservé deux spécificités : le caractère central des analyses économiques de type coûts-résultats dans ses travaux et une expertise en matière de médicament, au-delà de compétences plus générales en santé publique et dans l’organisation des soins. Dénuée de compétence dans la fixation des prix des médicaments, NICE a progressivement conquis une capacité à influer sur l’entrée des médicaments sur le marché britannique dans un contexte où les prix du médicament sont proposés par les industriels. Cette position n’a pas été acquise d’emblée. Le recours aux analyses coûts-résultats dans l’évaluation des médicaments a longtemps été disputé au Royaume-Uni. Dans ces débats, l’industrie pharmaceutique a adopté des positions souvent prudentes, parfois hostiles, toujours actives.
Cet article analyse le travail de NICE après sa création, au seuil des années 2000. Il appréhende ce travail « en situation » en mettant en avant des éléments d’interaction sociale, économique et institutionnelle, plutôt que l’organisation interne de l’agence. Ces interactions associent nombre d’acteurs du système de santé britannique, voire plus spécifiquement anglais. Tandis que l’agence affirme son autorité et sa réputation en produisant des évaluations indépendantes, elle est prise dans des jeux stratégiques associant l’industrie et illustrant la situation controversée dans laquelle se trouvent des agences publiques au contact d’acteurs de marché dans le secteur du médicament…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/11/2018
- https://doi.org/10.3917/rfas.183.0181

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