CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Le prise en charge de la petite enfance est une question déjà ancienne de politique publique en France. Depuis la création de l’école pré-élémentaire à la fin du xixe siècle, originalité française, l’accueil des jeunes enfants de moins de six ans a pris des formes variées et a été traversé d’enjeux multiples relevant tant de la politique familiale que de considérations sociales et économiques. De ce fait, il est un objet de recherche à l’intersection de différents champs disciplinaires, qui restent toutefois souvent cloisonnés. Démographes, économistes et sociologues abordent par exemple la question de la conciliation des vies familiale et professionnelle, mais sans nécessairement faire dialoguer leurs approches. Sur d’autres plans, là où les économistes mesurent les coûts liés à l’accueil des jeunes enfants, les sociologues s’intéressent à la professionnalisation du secteur de la petite enfance, les psychologues et les médecins à la répercussion du mode d’accueil sur le bien-être de l’enfant et les politologues aux référentiels des politiques et à la gouvernance de la petite enfance. Afin de saisir cette question dans toute sa richesse, ce dossier de la Revue française des affaires sociales se propose de rassembler, dans un même espace et dans une démarche pluridisciplinaire, des recherches et des points de vue récents sur l’accueil des jeunes enfants. Ils sont précédés de trois éléments de cadrage : sur deux enquêtes de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) relatives l’une aux Modes d’accueil des jeunes enfants et l’autre à la Protection maternelle et infantile (PMI) et sur le fichier localisé des utilisateurs d’EAJE (Filoue) de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF).

Une brève histoire des politiques d’accueil des jeunes enfants en France

2Au croisement de multiples enjeux, la politique d’accueil des jeunes enfants peut être conçue comme un investissement social (Thévenon, 2016). Les modalités et le montant de cet investissement procèdent d’un arbitrage entre des objectifs et des contraintes multiples, voire contradictoires. Des considérations démographiques : soutien de la fécondité ; économiques : participation au marché du travail des parents, emplois dans le secteur de la petite enfance ; sociales : promotion de l’égalité femmes/hommes ; éducatives : réduction des inégalités scolaires… sont abordées dans ce débat.

3Lors du Conseil européen de Barcelone, en 2002, l’Union européenne s’est fixé des objectifs chiffrés de développement des modes d’accueil des enfants d’âge préscolaire, mais le choix des instruments pour atteindre ces objectifs relève des politiques nationales (principe de subsidiarité). Au regard de son investissement passé et également de ses contraintes budgétaires, chacun des États membres concocte sa recette plus ou moins « familialisée » de l’accueil des jeunes enfants. Longtemps citée comme un mauvais élève de l’offre d’accueil extrafamilial, l’Allemagne met ainsi les bouchées doubles depuis les années 2000, pour augmenter son offre d’accueil collectif. Dans un contexte budgétaire moins défavorable que ses voisins, plusieurs lois ont été adoptées en ce sens afin de ralentir le vieillissement démographique et de soutenir l’activité féminine, comme l’a présenté Ilona Ostner lors du colloque « Petite enfance : regards croisés sur les modes d’accueil des jeunes enfants », relaté dans ce dossier par Pauline Virot. Sans atteindre le niveau des pays scandinaves qui décrochent les prix d’excellence, la France consacre un niveau élevé de dépenses au service d’une politique qui se prévaut de manière originale d’un principe de libre choix des parents. Ce libre choix vise trois décisions :

  • cesser ou réduire son activité à la naissance d’un enfant ;
  • confier son enfant à un mode d’accueil extra familial ;
  • et, dans ce second cas, choix du ou des modes d’accueil formels.

4Cette liberté de choix associée à une diversité des modalités d’accueil (chez un•e assistant•e maternel•le, au domicile parental, en établissement d’accueil du jeune enfant ou encore à l’école pré-élémentaire) constituent, avec la précocité de cet accueil extraparental, les principales spécificités d’un modèle français qui est l’héritage d’une longue histoire (Thévenon, 2016).

Une chose publique ancienne

5En schématisant, on peut considérer quatre grandes périodes qui ont fait passer l’accompagnement des jeunes enfants du modèle de la mère au foyer à celui d’une articulation des vies familiale et professionnelle des deux parents (Comaille et al., cité par Vanovermeir, 2012). Depuis ses prémices, en 1932, jusqu’au début des années 1970, la politique familiale française est surtout conçue comme un soutien à la natalité ; elle accompagne le modèle dominant du père qui travaille et de la mère qui s’occupe des enfants. À partir des années 1970-1980, l’objectif nataliste, maintenu, s’accorde désormais avec un objectif économique ; les femmes participent davantage au marché du travail, et la demande d’accueil extraparental devient plus forte. Dans les années 1990, marquées par un chômage de masse, la politique de l’emploi prend l’ascendant dans la définition des objectifs de la politique de la petite enfance. L’accueil des 0-3 ans n’est plus seulement conçu comme un levier de la demande d’accueil (de la part des parents), mais aussi de l’offre, comme gisement d’emploi pour les professionnel•le•s. La professionnalisation du secteur, la diversification des modes d’accueil proposés aux parents et la lutte contre le chômage s’inscrivent successivement à l’agenda des politiques publiques. Avec les années 2000, les congés parentaux à temps partiel sont encouragés pour limiter les difficultés de retour à l’emploi, après des années d’interruption, des mères peu qualifiées. Au cours des dernières années, les ajustements budgétaires qui ont fait suite à la crise financière ont renforcé le ciblage des aides en faveur des familles les plus modestes. Par ailleurs, une préoccupation plus grande est accordée à l’égalité femmes/hommes dans les dispositifs d’articulation des vies familiale et professionnelle, et également au développement cognitif de l’enfant, à son bien-être et, plus largement, à la qualité de l’accueil [3].

6La contribution de Bertrand Fragonard et de Céline Marc à ce dossier revient avec précision sur les différents dispositifs qui ont conduit au modèle actuel du libre choix, contribuant à la combinaison singulière en France d’un haut niveau de fécondité et de participation des femmes au marché du travail. Pour viser le libre choix, la politique d’accueil repose ainsi sur deux piliers : le soutien des familles quand le•s parent•s ne travaille•nt pas après la naissance d’un enfant et l’investissement sur l’accueil en dehors de la famille.

Du soutien de la mère au foyer à l’accompagnement du parent qui réduit son activité

7Premier pilier de la politique du libre choix, l’accompagnement du retrait ou de la réduction d’activité du ou des parents qui souhaitent garder leur enfant est ancré dans la politique d’accueil depuis la création, en 1985, de l’allocation parentale d’éducation (APE). La logique de l’APE qui prévaut encore aujourd’hui a marqué une rupture. Il existait auparavant des allocations pour les mères au foyer, destinées à soutenir la natalité ; le bénéfice de l’APE est réservé aux parents (mères ou pères) de familles nombreuses (trois enfants ou plus) qui ont déjà travaillé. L’allocation peut s’articuler avec un congé parental et contribue aux droits à la retraite. Mais le montant de l’allocation versée ne dépend pas du niveau des revenus de l’activité passée, à la différence de ce qui est fait par exemple en Allemagne depuis 2007 (Erler, 2009). L’APE est étendue aux parents du deuxième enfant en 1994. Le complément de libre choix d’activité (CLCA) de la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE), qui vient la remplacer en 2004, diversifie ses modalités de versement avec un champ étendu aux familles d’un seul enfant ; l’accent est mis sur la réduction du temps de travail des parents et le partage de l’allocation entre les deux parents. En 2014, la prestation partagée d’éducation de l’enfant (PreParE) creusera ce sillon en étendant la durée de perception pour les familles d’un seul enfant et en incitant le partage de la prestation entre les deux parents, pour promouvoir l’égalité femmes/hommes dans les tâches parentales. Cependant, contrairement aux pays scandinaves ou à l’Allemagne, où le congé parental est calculé en fonction d’un taux de remplacement du salaire antérieur, la France privilégie, avec des montants forfaitaires, un « système permettant surtout de renvoyer les femmes mal positionnées sur le marché du travail vers l’inactivité », comme le souligne Claude Martin dans ce dossier p. 302.

La promotion d’une offre d’accueil accessible…

8Deuxième pilier de la politique du libre choix, depuis le début des années 1970, le développement d’une offre d’accueil formel accessible financièrement pour les familles emprunte plusieurs canaux.

9D’une part, cela comprend une solvabilisation de la demande potentielle des familles. Ainsi, Bertrand Fragonard et Céline Marc notent qu’en 1972, l’allocation de frais de garde (AFG) est la première prestation monétaire affectée au recours à un mode d’accueil agréé, collectif ou individuel. À partir de la fin des années 1980, la solvabilisation de la demande d’accueil formel intègre la prise en charge de cotisations sociales dans le cas d’un recours à l’accueil individuel (allocation de garde d’enfant à domicile – AGED), aides à la famille pour l’emploi d’un•e assistant•e maternel•le agréé•e (AFEAMA). Cette combinaison d’une prise en charge – au moins partielle – des cotisations sociales et d’une subvention du salaire est reprise en 2004 par la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) et son complément de libre choix du mode de garde (CMG). Pour l’accueil collectif, les principes d’une tarification commune sont mis en place par le plan crèche de 1982. La solvabilisation de la demande se fait par le biais d’une subvention à l’établissement, aujourd’hui la prestation de service unique (PSU), et le prix payé par les parents reste modéré et indexé sur le quotient familial. Enfin, le soutien financier est complété, depuis la fin des années 1970, par la prise en compte des frais de garde (individuels ou collectifs) dans le calcul de l’impôt sur le revenu, y compris pour les foyers non imposables depuis 2005. Au total, fin 2013, on pouvait estimer à 1,2 euro le « reste à charge » moyen de la famille pour une heure d’accueil dans un établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE) et à 1,4 euro celui pour une heure d’accueil chez un•e assistant•e maternel•le (Villaume, 2015).

… et variée

10D’autre part, la politique du libre choix passe par diverses mesures pour accroître la quantité et également la qualité des places d’accueil formel à proximité des familles. L’accueil individuel a été le principal vecteur de l’offre de places : en 2014, sur une offre globale d’accueil qui peut être estimée à 56 places pour 100 enfants de moins de trois ans, 35 places sont fournies par l’accueil individuel (dont 33 par les assistant•e•s maternel•le•s agréé•e•s) (Observatoire national de la petite enfance – ONPE, 2016). Cela représente un potentiel de plus de 840 000 places. Or, comme le souligne Olivier Thévenon (2016), en France le développement de l’accueil en milieu familial est marqué par la mise en place du régime d’agrément, conçu pour « blanchir » du travail non déclaré, professionnaliser le secteur et améliorer la qualité de l’accueil. Les premières normes − le nombre d’enfants gardés est limité à trois, le professionnel doit fournir un certificat médical − de l’accueil individuel sont définies en 1962, par la loi qui institue la protection maternelle infantile (PMI). La mise en place, en 1977, d’un agrément des assistant•e•s maternel•le•s définit un véritable statut de ces professionnel•le•s et la solvabilisation de la demande des familles, qui permet d’améliorer les salaires et les droits associés participent au développement du nombre des assistant•e•s maternel•le•s. La rénovation du statut des assistant•e•s maternel•le•s en 2005, le relèvement du nombre maximal d’enfants gardés de trois à quatre, en décembre 2009, contribuent à prolonger ce développement – un taux de progression moyen de 6 % sur la période de 1995 à 2010 (Vanovermeir, 2012) –, qui connaît toutefois un coup d’arrêt pour la première fois en 2014. Si la majeure partie des assistant•e•s maternel•le•s exercent leur profession à domicile, comme salarié•e•s d’un particulier employeur ou d’une crèche familiale, ces professionnel•le•s peuvent, depuis 2010, se regrouper et exercer leur activité dans une maison d’assistant•e•s maternel•le•s (MAM). Le statut de micro-crèche est également une option possible pour celles qui ont trois ans d’expérience, de même que pour d’autres professionnel•le•s de la petite enfance dans le même cas. Ces formes hybrides, entre l’accueil individuel et l’accueil collectif, se diffusent : en 2014, 1 230 MAM étaient recensées par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), 45 300 places sont offertes par les crèches familiales, et la capacité des micro-crèches, certes encore modeste (21 800 places), a été multipliée par 4,7 entre 2010 et 2014.

11L’accueil collectif, dans les EAJE, occupe le deuxième rang pour l’offre d’accueil avec 17 places proposées en 2014, pour 100 enfants de moins de trois ans, soit un volume de 420 000 places. Les principes de la tarification et du développement de l’accueil collectif sont posés en 1982, avec le contrat crèche. Ce plan pluriannuel combine un financement de places de crèches et une prestation de service versée pour le fonctionnement de l’établissement afin de permettre la création de places destinées aux familles dont la mère est active. En dépit de ce soutien renouvelé – avec la mise en place de la PSU en 2002 et les huit plans crèches depuis 2000 –, la progression du nombre de places en EAJE a été nettement plus lente que celle en accueil individuel (environ + 2 % par an au cours de la période 1995-2010). Au fil des plans, l’objectif initial purement quantitatif s’est diversifié ; la réduction des inégalités territoriales ou l’ouverture des établissements aux familles, quels que soient leurs revenus et le mode d’accueil souhaité, font désormais partie de la cible de cette politique publique. La crèche n’est donc plus nécessairement destinée à accueillir exclusivement des enfants de parents actifs. Ainsi, à la suite du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale de 2013, un objectif de 10 % des places réservées aux enfants vivant dans une famille sous le seuil de pauvreté a été fixé à l’ensemble des EAJE.

12La scolarisation pré-élémentaire constitue enfin le troisième type d’offre de places d’accueil, avec quatre places pour 100 enfants de moins de trois ans en 2014. L’accès aux écoles maternelles avant l’âge obligatoire de six ans remonte à la fin du xixe siècle en France. Au fur et à mesure, l’âge moyen d’entrée à l’école d’une génération a décru et, depuis 1990, quasiment tous les enfants âgés de trois ans sont scolarisés. Cela fait de la France, avec la Belgique, une exception dans le paysage européen, comme le rappelle Claude Martin dans sa contribution. Le chercheur souligne toutefois la forte segmentation des politiques publiques en fonction de l’âge, avec pour la petite enfance, un hiatus très net d’objectifs, de lieux et de personnels entre les modes d’accueil préscolaires avant trois ans et l’école maternelle qui prend la suite de trois ans à six ans.

13Ainsi, l’offre d’accueil pour les jeunes enfants est assez bien développée en France. Mais, comme le notent Bertrand Fragonard et Céline Marc dans ce dossier, entre le déploiement du parc d’EAJE laissé en grande partie à la prérogative des collectivités locales et le souci relativement récent de mieux gérer l’offre d’accueil fournie par les assistant•e•s maternel•le•s, elle est loin d’être uniforme sur le territoire. Et la déclinaison en pratique, au niveau local, des politiques nationales met à l’épreuve le principe du libre choix des parents.

La déclinaison des politiques nationales en dispositifs locaux

14Tout cumulé, l’offre d’accueil reste en effet très différenciée tant en quantité qu’en variété sur le territoire. La capacité théorique d’accueil atteint en moyenne 56 places pour 100 enfants de moins de trois ans en 2014, mais elle varie de 10 places (Guyane) à 89 places (Haute-Loire) selon le département considéré. L’offre des assistant•e•s maternel•le•s est plutôt abondante dans l’ouest et l’est de la France, alors que l’accueil collectif est plus important dans le sud de la France et en Région parisienne. Et à la différence de certains pays, comme la Suède, qui ont mis en place un accueil préscolaire universel des enfants dès l’âge d’un an depuis le milieu des années 1970 – voir l’intervention de Ann-Zofie Duvander lors du colloque « Petite enfance : regards croisés sur les modes d’accueil des jeunes enfants », rapportée dans ce dossier par Pauline Virot – ou l’Allemagne qui a fait le choix, en 2016, d’un droit opposable à une place d’accueil – voir l’intervention d’Ilona Ostner, l’offre en modes d’accueil formels n’est pas accessible à tous les parents.

15Cas particulier, l’école, dont la vocation première n’est pas de fournir une place d’accueil aux familles, mais qui, dans le contexte de la généralisation de la scolarisation à trois ans a ouvert ses portes aux enfants de deux ans avec un objectif de mixité et de justice sociale, voit aussi les places qu’elle offre décomptées dans les objectifs de solutions d’accueil de la convention d’objectifs et de gestion – COG 2013-2017. Prônée pour des enfants issus des milieux sociaux les plus éloignés de l’institution scolaire, avec comme objectif principal la lutte contre l’échec scolaire, elle a connu un essor pour atteindre plus de 35 % des enfants de deux ans scolarisés, au début des années 2000 (Vanovermeir, 2012). Mais sans obligation de l’Éducation nationale d’accueillir les enfants à deux ans, ce recours à l’école à cet âge reste dépendant d’une offre [4] qui est aussi très inégalement répartie sur le territoire. Cet engagement connaît un fort déclin à partir du début des années 2000 et moins de 12 % des enfants de deux ans sont scolarisés en 2015 (ONPE, 2016). La loi de refondation de l’école, en 2013, visait un objectif de 30 % de scolarisation en zone prioritaire. À la rentrée 2015, un peu plus de 19 % des enfants des réseaux d’éducation prioritaire étaient scolarisés à deux ans.

16Au bout du compte, l’expression concrète d’une politique aux objectifs définis nationalement prend des formes très variées selon les contextes local et social considérés. Plusieurs articles de ce dossier permettent d’observer cette hétérogénéité.

Du côté des institutions

17La contribution d’Élisa Herman vise ainsi une analyse du protocole qui permet aux services de la petite enfance des communes d’apporter une réponse concrète aux besoins des familles de places en crèches dans le contexte d’une offre limitée. Chacune des trois communes qu’elle a étudiées a mis en place un guichet unique pour centraliser et traiter la demande adressée le plus souvent par les familles et aussi, parfois, par les institutions (PMI ou aide sociale à l’enfance − ASE) aux EAJE publics et associatifs. Derrière l’unicité du guichet se cache une multiplicité de parcours depuis l’expression du besoin de la famille jusqu’à l’attribution ou non d’une place. Pour gérer les contraintes locales du nombre et des caractéristiques des places disponibles (âge, éloignement géographique, horaires…), la qualification des situations prioritaires ne recourt pas toujours aux mêmes critères ; selon la commune considérée, l’ancienneté de la demande, les ressources des familles, la durée d’accueil demandée sont diversement prises en compte. Au-delà de critères explicités dans les dossiers écrits de demande d’une place, l’analyse des rendez-vous avec les familles ou des réunions de commissions d’attribution peuvent révéler d’autres facteurs à l’œuvre dans le processus d’affectation. L’équilibre au sein de la structure d’accueil intervient aussi, car l’addition, au sein du groupe, d’enfants en situation difficile peut mettre à l’épreuve les personnels de la crèche.

18C’est cette question du fonctionnement ou plus précisément du management d’un EAJE qui est au cœur de l’article de Benoit Cret, Pierre Moisset et Christophe Pascal. Ces auteurs mobilisent la sociologie des organisations pour démonter les rouages du management en accueil collectif. Ils conduisent une analyse socio-historique d’un service municipal de la petite enfance d’une grande agglomération ayant mis en place une régie [5] au début des années 2000. Tout d’abord, les auteurs soulignent le poids des circonstances locales qui peut interférer avec les enjeux d’une politique définie au niveau national et la propagation des dysfonctionnements dans la ligne hiérarchique jusqu’aux établissements eux-mêmes. Ainsi, la municipalisation n’avait pas pour objectif principal une meilleure coordination de l’offre ; elle a été décidée pour résoudre les difficultés financières récurrentes de l’association gestionnaire et instrumentaliser l’accueil de la petite enfance dans des élections locales opposant alors des membres de la municipalité et de cette association. Par la suite, le jeu de l’ensemble des acteurs de la petite enfance a été conditionné par une conflictualité originelle. Ces jeux en coulisses ne sont pas sans conséquence sur l’accueil offert par l’établissement : les auteurs observent ainsi des comportements d’absentéisme ou de turnover dans des configurations d’EAJE où la direction instaure un climat de contrôle ou de méfiance ou laisse au contraire les agent•e•s livré•e•s à eux-mêmes•elles-mêmes, dans une forme d’autorégulation qui favorise l’apparition de conflits internes. Les rapports de force locaux conduisent ainsi à brouiller le contexte dans lequel se déroule l’activité quotidienne des professionnel•le•s et ont un impact sur leurs conditions de travail.

Du côté des parents et des enfants

19L’analyse de l’expression concrète des politiques nationales passe également par l’observation des enfants et des parents qui sont la cible de ces politiques. Ainsi, Pascale Garnier et Gilles Brougère observent un petit groupe d’enfants pour étudier « un contexte ordinaire de scolarisation précoce en éducation prioritaire ». Les débats ne sont en effet pas clos quant aux effets de la scolarisation à deux ans sur le devenir des enfants. Certains concluent plutôt à un effet positif sur les résultats scolaires en primaire (Filatriau, Fougère et Tô, 2012). Pascale Garnier et Gilles Brougère, mobilisant à la fois leurs observations et les travaux en sociologie de l’éducation, pointent quant à eux l’écart entre les ambitions d’une politique et sa mise en œuvre. Le bénéfice d’une année supplémentaire pour des enfants dont la famille est la plus éloignée de la culture scolaire ne serait ni homogène ni égalisateur. Les chercheur•e•s dressent ainsi le portrait de tout jeunes enfants confrontés au script scolaire, à une organisation collective du temps et de l’espace avec des attentes comportementales et des interdits stricts, tout en tenant compte de leur milieu social et de leur genre. La prégnance des objectifs et des exigences scolaires, même pour des tout-petits, la représentation des enfants en termes de performance mettent une partie d’entre eux en situation d’échec, compromettant finalement les objectifs initiaux de cette préscolarisation. Comme le notent les auteur•e•s, certaines compétences enfantines se transforment ainsi déjà en incompétences scolaires. Les réactions des enfants pour faire face à ces injonctions – entre les stratégies d’entraide entre les petites filles observées et la mise en retrait des activités, voire l’isolement de certains d’entre eux – posent la question du bien-être de ces jeunes enfants dans cet environnement scolaire.

20Enfin, la contribution de Delphine Brochard et de Marie-Thérèse Letablier traite des dispositifs mis en place au sein des entreprises à destination des parents de jeunes enfants. Dans un cadre législatif qui, depuis le début des années 2000, vise l’incitation davantage que l’obligation des employeurs dans ce domaine, l’éventail de ces dispositifs est très étendu, allant du soutien matériel direct aux salariés : primes, chèques emploi-service dédiés aux frais de garde, financement de places de crèches… à des mesures facilitant l’aménagement du temps de travail : accès et durée des congés parentaux, modularité du temps de travail… en passant par la sensibilisation de l’entreprise aux difficultés de l’articulation des temps des parents. Pourtant, la portée de ces dispositifs est très hétérogène d’une entreprise à l’autre et même d’un établissement à l’autre d’une même entreprise, voire d’une catégorie à l’autre des salarié•e•s d’un même établissement. Au-delà du coût qui est le premier frein cité quand il faut arbitrer entre efficacité et équité, la réticence des parents à revendiquer des besoins est également invoquée, avec la persistance de stéréotypes de genre sur le rôle du père et de la mère au sein de l’entreprise. Les deux chercheures soulignent aussi à cette occasion le rôle des employeurs dans la promotion d’un meilleur partage des tâches parentales. Et quand l’entreprise propose des dispositifs, le recours des salarié•e•s n’est pas acquis. Par exemple, la modulation des horaires reste subordonnée aux impératifs de l’activité, et la culture du « présentéisme » peut représenter un autre frein à la diffusion ou à l’usage des dispositions existantes. Le management intermédiaire peut être déterminant pour la promotion ou au contraire la déchéance de ces dispositifs.

Articuler vie familiale et vie professionnelle : des aspirations des parents aux arrangements quotidiens

21Dans les faits et compte tenu des contraintes locales que nous venons d’énoncer, comment les mères et les pères vivent-ils ce principe de libre choix, comment s’emparent-ils des différents dispositifs existants ? La contribution de Quentin Francou, Lidia Panico et Anne Solaz à ce dossier établit un panorama quantitatif des modes d’accueil des premières années jusqu’à la scolarisation de l’enfant. En utilisant le calendrier rétrospectif collecté par l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants en 2013 de la DREES, il•elles identifie•nt cinq trajectoires-types qui illustrent la diversité des parcours d’accueil et aussi, de notre point de vue, les limites de l’effectivité de la politique de libre choix. Pour une partie des parents, la question de l’accueil de leur enfant ne se pose en effet pas sous la forme d’un choix, mais plutôt d’un arrangement qui répond à de nombreuses contraintes professionnelles, de coût et de disponibilité des modes d’accueil, comme nous venons de le rappeler.

22Dans l’article de Quentin Francou et al., trois trajectoires sur cinq sont marquées par le recours majoritaire à un mode d’accueil formel : 29 % des enfants empruntent une trajectoire principalement en accueil individuel, 19 % en l’accueil collectif et 9 % recourent à une combinaison des deux. Pour ces auteurs, la trajectoire combinant l’accueil collectif et individuel (9 % des trajectoires) pourrait s’interpréter comme le signe de la difficulté des familles à trouver un mode d’accueil stable. Par ailleurs, si les « restes à charge » sont modérés, le coût de l’accueil formel, en particulier individuel, limite de facto le recours des familles les plus modestes. Ainsi, une autre trajectoire, marquée par le recours informel (7 % des enfants) est associée à des catégories sociales et à des niveaux de diplôme moins élevés. Ces enfants gardés majoritairement par leurs grands-parents (principaux acteurs de la garde informelle) appartiennent plus fréquemment aux ménages modestes ou bien ce sont des enfants de parents séparés, comme le confirme la contribution de Morgan Kitzman à ce dossier.

23Enfin, la trajectoire la plus répandue (35 % des enfants) concerne les enfants majoritairement gardés par leurs parents. Ce type de trajectoire est associé à un niveau de diplôme et de catégorie socioprofessionnelle plus faible que ceux de l’ensemble des mères, réaffirmant ainsi un constat déjà bien connu de la littérature sur ce sujet : en France, ce sont les femmes dans les positions sociales les plus précaires qui s’arrêtent le plus souvent de travailler pour garder leurs enfants (Pailhé et Solaz, 2012 ; Legendre, Vanovermeir et Sautory, 2011 ; Meurs, Pailhé et Ponthieux, 2010).

Travailler ou pas ? Des décisions sous contrainte

24Mieux identifier les freins et les résistances au maintien en emploi des mères d’enfants en bas âge constitue un enjeu majeur pour les politiques publiques. Karine Briard, dans son article sur la réorganisation familiale et professionnelle à la suite de l’arrivée d’un enfant, montre que si la stabilité de l’emploi, le statut professionnel ou le niveau d’études sont des caractéristiques déterminantes dans la décision des femmes d’interrompre ou de continuer leur activité professionnelle, la situation conjugale (être en couple versus élever seule son enfant) et les horaires de travail alternants ou changeants ne jouent pas significativement dans cette décision. Par ailleurs, les frontières entre un arrêt pleinement souhaité et une situation davantage subie ou contrainte sont minces : « plus d’une femme en congé parental total sur cinq déclare ne pas avoir choisi d’arrêter de travailler, alors que le congé parental ne peut être imposé » (K. Briard, p. 154). De l’autre côté, trois femmes sur 10 qui travaillent préféreraient s’arrêter de travailler pour se consacrer principalement à leurs enfants, mais elles ne peuvent pas le faire. Les inquiétudes professionnelles sont souvent évoquées pour expliquer leur renoncement.

25Cette question autour du maintien dans l’activité professionnelle et des conditions d’exercice de son métier ne caractérise pas seulement le retour à la vie active après la naissance d’un enfant. Dans leur enquête par entretiens auprès de mères de jeunes enfants en activité continue et à temps plein, Lucie Goussard et Laetitia Sibaud observent que les femmes interrogées sont rarement satisfaites de la façon dont elles mènent de front vie parentale et vie professionnelle. Dans la lignée des travaux menés par Monique Haicault sur la charge mentale (1984), elles montrent les tensions organisationnelles, temporelles et subjectives qui caractérisent leur vie quotidienne. Loin de vivre une conciliation harmonieuse (Junter-Loiseau, 1999), la plupart de ces mères en activité à plein temps se disent partagées entre leur investissement maternel et leur emploi. La porosité et l’imbrication des différents temps sociaux (prendre rendez-vous chez le médecin depuis son lieu professionnel, rapporter du travail à la maison, etc.) accroissent leur sentiment de ne pas assumer pleinement leur rôle de mère ou de ne pas se consacrer correctement à leur travail. Les deux auteures insistent sur les ressources objectives, notamment en termes de mode d’accueil, qui participent à accroître ou à diminuer ce sentiment de « ne pas arriver à faire face ».

La géométrie très variable des arrangements quotidiens

26Ces ressources ne se résument pas aux dispositifs institutionnels proposés aux parents, qui s’avèrent rarement suffisants pour articuler vie familiale et vie professionnelle. Dans un contexte où l’offre d’accueil est certes plurielle, mais aussi fortement contrainte, le recours aux grands-parents permet de « bricoler » une solution sur mesure, qui varie d’une famille à l’autre et dont les modalités d’intervention changent rapidement. Morgan Kitzmann s’intéresse ainsi à ces acteurs, rarement perçus comme légitimes par les parents eux-mêmes, mais dont le rôle est loin de se cantonner à la garde de loisir qui leur est traditionnellement associée. Dans une typologie, il décrit les différents arrangements possibles et analyse comment les grands-parents s’approprient et conçoivent leur place auprès de leurs petits-enfants et de leurs enfants. Tandis que dans les classes sociales moyennes et supérieures, certains grands-parents refusent ostensiblement tout rôle éducatif (qu’ils réservent aux parents), l’organisation sous forme de maisonnée est davantage caractéristique des milieux populaires. Dans ces familles, l’intervention des grands-parents est moins réglementée ou organisée et s’inscrit dans le quotidien des échanges et des solidarités intergénérationnels.

27Les familles monoparentales sont celles qui font le plus fréquemment appel aux grands-parents et plus largement à l’accueil informel pour s’occuper de leurs enfants (Boyer et Villaume, 2016). Et en cas de recours à un mode d’accueil formel, elles privilégient l’EAJE à l’assistant•e maternel•le. En mobilisant deux sources, l’Enquête famille et logement (EFL) d’une part et l’Étude longitudinale française depuis l’enfance (ELFE) d’autre part, Tatiana Eremenko, Xavier Thierry, Laure Moguerou et Rose Prigent s’intéressent dans leur contribution au cas particulier des mères immigrées seules. Elles se singularisent par une préférence et un recours plus marqué encore que les autres mères seules à l’accueil collectif. Mais cela tient davantage à leurs caractéristiques socio-économiques – précarité économique, résidence dans les grandes unités urbaines notamment – qu’à leur origine migratoire. Pour les familles monoparentales, immigrées ou non, l’articulation des vies familiale et professionnelle doit en effet intégrer deux contraintes supplémentaires par rapport aux couples : leurs ressources économiques sont globalement plus limitées, et la gestion des temps repose principalement sur un seul adulte.

28Or, réduire l’objectif public de conciliation vie familiale-vie professionnelle à une simple externalisation ou délégation de la garde parentale des enfants (grâce à des ressources formelles ou informelles) conduit à occulter le travail d’organisation et de gestion temporelle fait par les parents. Seul un tiers des enfants de moins de trois ans est gardé exclusivement par ses parents au cours d’une semaine habituelle, mais 61 % le sont la majeure partie de leur temps (Villaume et Legendre, 2014). En effet, il n’est pas rare que les parents se relaient – en parallèle ou non des modes d’accueil institutionnels – afin de garder eux-mêmes leurs enfants. Cette situation se vérifie d’autant plus que l’un, voire les deux parents travaillent en horaires décalés, alternants ou changeants (Villaume et Virot, 2016). Plusieurs recherches avaient déjà montré que les contraintes professionnelles des femmes renforçaient l’investissement paternel (par exemple : Boyer et Nicolas, 2006 ; Maublanc, 2009). Karine Briard remarque de son côté que les horaires contraignants, que ce soient ceux du père ou de la mère, participent à une meilleure égalité homme-femme concernant la garde des enfants. Ce constat statistique est confirmé par l’enquête de terrain mené par Lucie Goussard et Laetitia Sibaud. Chez les parents relais, caractéristiques des familles où l’un des conjoints a des horaires irréguliers ou atypiques, les pères sont beaucoup plus impliqués. Les chercheures insistent cependant sur le coût organisationnel et mental d’une telle organisation : « L’articulation travail-famille est alors construite empiriquement au mois le mois, au gré des plannings croisés, imposant une organisation ajustée à la demi-heure près tout en étant flexible [avec des systèmes de “roue de secours”]. » (Goussard et Sibaud, p. 182).

L’appropriation différenciée du congé parental par les pères et les mères

29Certaines configurations familiales et professionnelles favorisent donc un plus grand investissement des pères dans la prise en charge des enfants en bas âge. Cependant, rares sont ceux qui diminuent ou interrompent leur activité professionnelle à la naissance des enfants. Alors que la possibilité est ouverte aux pères de prendre un congé parental depuis les années 1980, et que le partage du CLCA est proposé depuis les années 2000 et même encouragé avec la mise en place de la PreParE, le recours au congé parental par les pères demeure rare, particulièrement à temps complet. Fin 2015, les pères représentent seulement 4 % de l’ensemble des bénéficiaires d’un complément d’activité (PreParE ou CLCA) et 2 % des bénéficiaires à taux plein qui ont cessé leur activité. Les caractéristiques sociales des pères prenant un congé parental ont déjà fait l’objet de plusieurs recherches (Govillot, 2013).

30Cependant, leurs motivations et leur utilisation de cette parenthèse professionnelle demeuraient moins connues. Dans son enquête menée en Île-de-France, Myriam Chatot s’intéresse ainsi à la situation et à la justification des pères prenant un congé parental, largement pensé dans l’opinion publique comme une prérogative féminine. S’ils rencontrent finalement peu de résistances de la part de leurs employeurs (la plupart d’entre eux travaillant dans des secteurs où l’investissement paternel est perçu comme un engagement positif) et qu’ils sont soutenus par leur conjointe dans leur démarche, rares sont ceux qui revendiquent utiliser ce temps uniquement pour s’occuper de leurs enfants. Ce point les différencie des femmes dans la même situation, qui insistent davantage sur leur investissement maternel. En effet, la plupart des hommes interrogés associent au départ ce congé à un projet personnel ou professionnel, qu’ils sont pourtant rarement en mesure de concrétiser du fait de la charge de travaux domestique et parental. Myriam Chatot distingue ainsi les pères dont les ressources familiales ou financières leur permettent de déléguer la garde des enfants à des tiers extérieurs de ceux qui ne peuvent le faire et qui voient ainsi leur reconversion professionnelle ou leur engagement associatif fortement compromis. Cet enfermement dans la sphère domestique est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquels certains d’entre eux écourtent leur congé parental. Ces pères qui associaient le projet du congé parental à « du temps pour soi », n’avaient pas pris conscience avant de l’expérimenter de l’ampleur des contraintes temporelles et logistiques, de la mobilisation que représente l’accueil à plein temps de jeunes enfants. Les professionnel•le•s, dont c’est le métier d’assurer cet accueil, doivent d’ailleurs composer avec cette représentation persistante de leur activité comme d’un travail qui n’en est pas vraiment un.

Confier son enfant, accueillir des enfants : les professionnel•le•s face aux parents

31Professionnel•le•s en EAJE ; assistant•e•s maternel•le•s exerçant au sein de leur propre logement ou dans des structures extérieures, comme les crèches familiales ou les MAM ; salarié•e•s au domicile des parents ; les conditions d’exercice, les trajectoires individuelles et les formations des personnes assurant l’accueil des jeunes enfants sont très diverses. Tou•te•s ont en commun de développer des compétences leur permettant de gérer de petits groupes de très jeunes enfants, souvent invisibles au regard des autres et en premier lieu des parents. Cette invisibilité des tâches effectuées, propre aux métiers du care, les place dans la situation de devoir prouver, d’une certaine façon, leur légitimité professionnelle [6]. Cela ne prend toutefois pas strictement la même forme selon les professionnel•le•s considéré•e•s, car ils•elles ne font pas exactement face aux mêmes représentations. Les parents expriment en effet des préférences, socialement différenciées, entre les modes d’accueil s’offrant à eux, même si, comme cela a déjà été souligné, la répartition territoriale des différents modes d’accueil et les contraintes personnelles ne permettent pas toujours de concrétiser les préférences initiales, voire conduisent à transformer les opinions parentales.

Ce que révèlent les préférences des parents

32Plusieurs contributions à ce dossier abordent la question des préférences des parents pour les différents modes d’accueil. Concernant les deux principaux modes d’accueil extraparentaux, les EAJE et les assistant•e•s maternel•le•s, les analyses divergent. Bertrand Geay met en valeur la distance, voire la méfiance qui peuvent exister par rapport aux modes d’accueil collectifs, dans certains milieux populaires où le rôle des mères auprès des jeunes enfants est considéré comme primordial. Dans les familles évoluant dans un contexte social proche, mais où le maintien d’une activité professionnelle des mères est possible et valorisé, les assistant•e•s maternel•le•s sont privilégié•e•s, du fait de leur statut et de leur « savoir-faire de mère professionnalisée ». Les parents des classes moyenne et supérieure cultivées sont en revanche davantage attachés à une prise en charge institutionnalisée, garantie d’une compétence professionnelle et assurant une complémentarité des rôles entre les parents et les professionnel•le•s. Or Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, Pierre Gilbert, Marie-Hélène Lechien et Sylvie Monchatre, dans leur enquête auprès d’une trentaine de couples de parents de jeunes enfants, notent justement un changement de discours de la part des parents employés et ouvriers qu’ils ont rencontrés, signe selon eux des transformations des attentes et des pratiques éducatives. En entretien et à l’instar des classes moyennes et supérieures, ces derniers expriment une préférence pour la crèche et sont plus critiques envers le mode d’accueil proposé par les assistant•e•s maternel•le•s. Cette disqualification revêt des enjeux différenciés en fonction de la position sociale des parents : d’un « mépris euphémisé » pour la classe supérieure avec une vision des assistant•e•s maternel•le•s comme de simples femmes au foyer sans grande compétence, à un « rejet radical » pour certains couples de classe moyenne avec le soupçon que ce travail à domicile, peu contrôlé, les conduit à ne pas réellement s’occuper des enfants pour privilégier leurs propres tâches domestiques. Enfin, ce même soupçon, exprimé dans certains couples de milieux plus populaires, se teinte d’un reproche de bénéficier « d’argent facile », pour un travail domestique à la portée de tous.

Des professionnel•le•s en quête de légitimité

33Ces opinions renvoient à l’invisibilité du travail que représente l’accueil de jeunes enfants et à laquelle se trouvent confronté•e•s l’ensemble des professionnel•le•s du domaine. Les moyens mobilisés par les uns et les autres pour y faire face sont de différents ordres.

34Marie Cartier et Marie-Hélène Lechien analysent ainsi les différentes stratégies discursives et matérielles des assistant•e•s maternel•le•s pour faire reconnaître leur professionnalisme auprès des parents. De la salle de jeux, dans laquelle les parents projettent ce qui sera le quotidien de leurs enfants, aux différentes preuves des activités faites avec les enfants, il s’agit, pour ces professionnel•le•s, de rendre visible un travail qui, par définition, ne se voit pas et de sortir ainsi du soupçon d’oisiveté qui pèsent sur eux•elles. L’enquête met également en évidence la difficulté de s’ajuster à des attentes éducatives parentales fortement différenciées. Ainsi, certains parents qui préféraient un accueil en crèche peuvent être sensibles aux activités liées aux « apprentissages scolaires » alors que des parents plus attachés à un accueil par un•e assistant•e maternel•le peuvent montrer une certaine défiance envers cette course à la précocité. Dans leur article, les auteures montrent que cette quête de légitimité concerne la plupart des assistant•e•s maternel•le•s, quels que soient leur âge ou leur niveau de formation. Toutefois, les plus formé•e•s et diplômé•e•s tendent à légitimer leur métier en reproduisant des activités identifiées en crèche quand les moins formé•e•s s’appuient sur l’offre d’un accueil reproduisant un environnement « familial ». Les assistant•e•s maternel•le•s doivent néanmoins adapter leur stratégie en fonction de la concurrence locale et des préférences des parents.

35Le travail des professionnel•le•s des EAJE s’avère tout aussi difficile à rendre visible dans toute sa complexité. Et Anne-Lise Ulmann le décrit justement dans ce dossier au sujet des auxiliaires de puériculture ou les titulaires d’un CAP petite enfance travaillant en EAJE, les parents considérant souvent que le travail effectué se réduit à « une activité ordinaire, domestique ou vocationnelle ». L’enjeu des format•eur•rice•s de ces futurs agent•e•s exerçant en crèche est donc double : enseigner pour obtenir un diplôme et également pour faire reconnaître un travail. La chercheure montre notamment que la formation de ces professionnel•le•s se concentre sur la distinction entre le rôle réservé aux parents, les marques d’affection et les contacts physiques spontanés par exemple, et les tâches qui sont professionnelles : apprendre les gestes techniques adéquats, avoir une « démarche de soin », d’inspiration médicale, distanciée et sans affect. La recherche de reconnaissance professionnelle passe par cette « stratégie » de rapprochement avec l’univers médical des soignant•e•s. Mais Anne-Lise Ulmann note le fort décalage existant entre cette formation et la réalité des pratiques. D’une part, les tâches finalement confiées en EAJE aux auxiliaires de puériculture et aux titulaires de CAP petite enfance sont souvent subalternes, parfois même sans lien avec les enfants (entretien des locaux). D’autre part, cet accent mis sur le médical a tendance à occulter les compétences et le travail « réels » : savoir s’occuper de plusieurs enfants tout au long d’une journée, savoir se coordonner et travailler avec d’autre•s professionnel•le•s ne partageant pas nécessairement les mêmes valeurs éducatives, etc. Ce décalage a des conséquences sur la construction de l’identité professionnelle de ces jeunes femmes − pour la plupart – et sur leur motivation à exercer ces métiers dans la durée, l’absentéisme n’étant pas rare, même en début de carrière. Comme la chercheure l’a également dit lors du colloque « Petite enfance : regards croisés sur les modes d’accueil des jeunes enfants », leur reconnaissance pourrait passer par une plus grande visibilité de leur savoir pratique et par une plus grande valorisation du travail en crèche dans la formation.

36Mais au-delà des représentations des modes et du travail de l’accueil, les parents et les professionnel•le•s engagent souvent aussi une relation au long cours, interpersonnelle, avec l’enfant en son centre, faite à des degrés divers de confiance, de reconnaissance des compétences et des rôles mutuels et d’adaptation, comme le décrit Bertrand Geay. De la crèche, dans laquelle l’alimentation, le sommeil et la santé sont soumis à un cadre précis, aux salarié•e•s à domicile, pour qui « l’imposition des normes » des parents est la plus importante, un ajustement se met en place, qui permet aux professionnel•le•s d’accueillir les enfants dans de bonnes conditions et aux parents d’être rassurés quant à la prise en charge de leur enfant. Parmi les parents, certains, notamment lorsqu’ils rencontrent des difficultés pour réguler le comportement ou le sommeil de leurs enfants par exemple, vont même jusqu’à assigner à leur assistant•e maternel•le un rôle important de « prescripteur ». D’autres attendront de la crèche l’apprentissage de règles, d’une discipline ou « un peu en difficulté pour maintenir des rythmes réguliers à la maison, [la] possibilité de moments de régulation du comportement de l’enfant » (B. Geay, p. 310). Ainsi, si des rapports de pouvoir traversent les relations qui se construisent entre les parents et les personnes qui s’occupent de leurs enfants, où les différences de milieu social jouent, les professionnel•le•s, quel que soit leur statut, se voient aussi accorder une confiance forte dans leurs capacités à encadrer, guider, sinon éduquer les jeunes enfants.

En conclusion : et les enfants dans tout ça ?

37Même si la vision de l’accueil des jeunes enfants comme un investissement social est relativement récente, le souci de la qualité de cet accueil est loin d’être absent des politiques familiales depuis les années 1970. En atteste en particulier l’accompagnement à la professionnalisation des assistant•e•s maternel•le•s et les normes d’accueil qui y sont associées (Thévenon, 2016). L’accueil collectif s’est quant à lui doté très tôt de normes de fonctionnement, notamment sanitaires et par la suite éducatives. Mais alors qu’elle était subsidiaire jusque dans les années 2000, la question des intérêts du jeune enfant s’impose de plus en plus comme un objectif prioritaire des politiques publiques : le changement de vocabulaire qui substitue progressivement, à partir des années 1980 [7], le terme de « modes d’accueil » des jeunes enfants à celui de « modes de garde » est, à cet égard, très significatif. La mission confiée, en 2015, à Sylviane Giampino par Mme la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes sur le développement du jeune enfant, les modes d’accueil et la formation des professionnel•le•s confirme par ailleurs cette préoccupation croissante [8].

38La prise en compte des intérêts de l’enfant témoigne de ce que certain•e•s sociologues nomment le « sacre de l’enfant », qui caractérise les relations à l’enfance dans les sociétés occidentales contemporaines (Déchaux, 2014). Doté d’une valeur incommensurable (Zeliver, 1985), le petit enfant est, dès sa naissance – et même avant –, de plus en plus investi par sa famille et par la société plus généralement. Derrière un discours globalement bienveillant et consensuel sur les conditions de l’épanouissement du jeune enfant se cachent cependant parfois des préoccupations plus anxiogènes de certains parents sur les compétences à venir de leur enfant. Encouragés par la vulgarisation des découvertes scientifiques récentes sur les capacités neurologiques des tout-petits, ils sont ainsi de plus en plus sensibles à la question de la stimulation précoce de leur progéniture [9]. C’est notamment ce qui explique, selon les recherches menées par Marie Cartier et al., la représentation banalisée d’une « supériorité éducative » de la crèche ou la valorisation des pratiques proches du milieu scolaire chez les assistant•e•s maternel•le•s. Diffuses et implicites, ces injonctions normatives à l’éveil du jeune enfant ne sont cependant pas sans danger sur le développement même de l’enfant et sur son bien-être. Sylviane Giampino pointe ainsi « le risque de surcognitivation, d’accélération des attentes vis-à-vis des compétences et des acquisitions des enfants » (p. 333) au sein des modes d’accueil préscolaires et à l’école maternelle, où le ludique devrait être, selon elle, prioritaire pour leur assurer de bonnes conditions de développement.

39Cette course sociale à l’éveil – dont les industries marchandes ont bien compris le potentiel – doit aussi se lire comme le reflet d’une préoccupation parentale plus large concernant l’insertion sociale de leur enfant et, notamment, sa réussite scolaire. Pourtant, comme l’observent Gilles Brougère et Pascale Garnier dans leur enquête sur la scolarisation précoce, il ne suffit pas de confronter plus tôt les enfants aux normes et aux attentes scolaires pour que cette rencontre soit nécessairement gagnante. Dans son point de vue, Claude Martin alerte également sur les dangers de cette surenchère à la réussite scolaire : « Nombre de parents se conduisent ainsi comme des parents inquiets du futur pour leurs enfants, du fait du déclassement auquel ils savent que leurs enfants seront confrontés ; des inquiétudes qui les conduisent souvent aussi à mettre une forte pression sur la réussite scolaire, au risque de compromettre le bien-être de leurs enfants » (p. 305). En cela, la petite enfance ne peut se penser uniquement comme l’antichambre de l’école et montre toute la difficulté à penser une politique cohérente des âges de la vie, qui tienne compte des spécificités du développement de l’enfant et des transitions entre les différentes institutions dans lesquelles il est amené à grandir. Rejoignant Sylviane Giampino dans son point de vue, Claude Martin explique ainsi que la France a tardé à penser une vision intégrée de ces transitions entre les âges de la vie et que c’est sans doute l’un des principaux enjeux à venir pour développer une politique performante des premiers âges de la vie.

Notes

  • [1]
    L’ordre de présentation a été défini par les coordonnateurs.
  • [2]
    Les coordonnateurs du numéro remercient Sophie Villaume qui a préparé ces travaux et, notamment, l’appel à contribution du dossier, lorsqu’elle était chargée d’études au bureau Jeunesse-Famille, à la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).
  • [3]
    Cet objectif est explicité dans la dernière convention d’objectifs et de gestion signée entre la CNAF et l’État pour la période 2013-2017.
  • [4]
    On ne mesure pas strictement le nombre de places offertes aux enfants de deux ans, mais seulement les places occupées par un enfant de deux ans. L’hypothèse est donc que toutes les places offertes aux enfants de deux ans sont pourvues.
  • [5]
    Établissement public en charge de la gestion des crèches associatives.
  • [6]
    Pour une synthèse des travaux de recherche sur cette question, nous renvoyons à l’article écrit par Marie Cartier, Marie-Hélène Lechien et Ève Meuret-Campfort en 2014. Bien qu’axée sur la place que les sciences humaines et sociales ont accordée aux travailleuses de la petite enfance, cette introduction de dossier thématique dans la revue Sociétés contemporaines donne en effet plus largement à voir les différentes recherches qui ont été menées sur les jeunes enfants et leurs conditions de prise en charge.
  • [7]
    Le terme « mode d’accueil » apparaît dans un document officiel pour la première fois en 1982 (Bouyala et Roussille, 1982).
  • [8]
    « Développement du jeune enfant. Modes d’accueil, formation des professionnels », rapport remis à Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes le 9 mai 2016, [en ligne] http://www.familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr/wp-content/uploads/2016/05/Rapport-Giampino-vf.pdf.
  • [9]
    Bien que ces préoccupations se matérialisent dans le discours et les stratégies éducatives de certains parents, nous pouvons nous demander à quel point elles ne sont pas le reflet d’une pression sociale croissante sur la performance des jeunes enfants.

Références bibliographiques

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  • Zelizer V.-A. (1985), Pricing the Priceless Child - The Changing Social Value of Children, New York (NY), Basic Books.
Marie-Clémence Le Pape
Maîtresse de conférence en sociologie à l’université Lumière-Lyon-II et membre du Centre Max-Weber, elle est également collaboratrice extérieure au bureau jeunesse, famille de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Ses travaux de recherche portent d’une part sur la parentalité et, en particulier, sur l’étude des normes et des pratiques éducatives des parents. Elle s’intéresse d’autre part à l’analyse des relations intergénérationnelles dans la famille et travaille actuellement sur les normes de solidarité entre générations.
Jacques Bellidenty
Chargé d’études à la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), il mène des études sur la thématique de la famille.
Bertrand Lhommeau
Adjoint à la cheffe du bureau de la jeunesse et de la famille de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).
Émilie Raynaud [1][2]
Cheffe du bureau de la jeunesse et de la famille de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Ses travaux portent actuellement sur les formes familiales, les modes de vie des familles, la conciliation entre vies familiale et professionnelle, les conditions de vie des jeunes et l’entrée dans la vie adulte.
  • [1]
    L’ordre de présentation a été défini par les coordonnateurs.
  • [2]
    Les coordonnateurs du numéro remercient Sophie Villaume qui a préparé ces travaux et, notamment, l’appel à contribution du dossier, lorsqu’elle était chargée d’études au bureau Jeunesse-Famille, à la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).
Mis en ligne sur Cairn.info le 18/07/2017
https://doi.org/10.3917/rfas.172.0007
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