Introduction
1Au moment de l’arrivée d’un enfant, nombreuses sont les femmes qui réorganisent leur temps professionnel, car le temps consacré aux tâches domestiques et parentales concurrence de façon objective le temps qu’elles peuvent dédier à une activité rémunérée (Garner et al., 2006). Si certaines reprennent leur emploi au sortir du congé de maternité en retrouvant leur rythme d’activité antérieur, d’autres réduisent leur temps de travail, d’autres encore arrêtent de travailler.
2Les femmes ayant des enfants de trois ans ou plus passent en moyenne 1 heure à 1 h 30 par jour aux tâches parentales, environ trois fois plus lorsque l’un des enfants est âgé de moins de trois ans, alors que les hommes y consacrent moitié moins de temps (Brousse, 2015). La place importante qu’occupent le temps parental et, de façon liée, le travail domestique dans le temps des femmes traduit la spécificité de leur offre de travail rémunéré. Plus que pour les hommes, celle-ci se formule au niveau du ménage, en tenant compte des revenus du foyer, dont ceux du conjoint, et des charges familiales. Les arbitrages économiques qui s’opèrent au sein des couples jouent généralement en défaveur des femmes en raison d’un salaire souvent moins élevé que celui de leur conjoint et de perspectives de carrière moins favorables. L’arrivée d’un enfant et le besoin de temps supplémentaire pour s’en occuper favorisent alors une spécialisation des rôles, les charges matérielles et financières étant plus largement dévolues aux hommes, les charges familiales et domestiques, non rémunérées, aux femmes. Cependant, la place des femmes et des hommes au travail et au foyer ne résulte pas du seul arbitrage qui, au sein des couples, privilégie l’activité professionnelle du conjoint présentant un avantage comparatif dans la sphère marchande. En effet, certains travaux de recherche attribuent aux femmes des traits de personnalité et des préférences les défavorisant dans leur évolution professionnelle par rapport aux hommes, comme une plus grande aversion au risque (Azmat et Petrongolo, 2014). Les normes sociales favorisent aussi des postures identitaires les conduisant à se tourner préférentiellement vers la sphère familiale (Akerlof et Kranton, 2000). Ces mécanismes interviennent dès les choix d’orientation scolaire et contribuent à la ségrégation professionnelle entre les femmes et les hommes. Celle-ci entretient les stéréotypes de genre sur lesquels reposent la discrimination à et dans l’emploi et les phénomènes d’autocensure de certaines femmes qui altèrent leur liberté de choix d’offre de travail.
3Décider de rester à domicile pour garder ses enfants résulte ainsi d’un jeu de souhaits et de contraintes, combinant des critères économiques et des valeurs identitaires et éducatives. Le contexte professionnel apparaît déterminant : les retraits du marché du travail choisis s’inscrivent souvent dans des parcours stables ; les retraits résignés ou subis sont plus fréquents dans des parcours incertains, jalonnés d’emplois de courte durée (Briard, 2016). Ces ralentissements d’activité, même temporaires, ont pourtant des effets persistants sur les carrières des femmes, réduisant leurs perspectives salariales et promotionnelles (Meurs et al., 2010 ; Moschion et Muller, 2010 ; Briard et Valat, 2017).
4L’exploitation de l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants 2013, qui détaille la situation professionnelle des parents des enfants de moins de six ans et retrace leur temps de travail sur une semaine de référence (voir encadré), permet d’examiner les articulations des temps professionnels et parentaux des femmes seules et au sein des couples. Dans un premier temps, nous caractérisons le profil des femmes ayant interrompu ou réduit leur activité professionnelle, ainsi que les raisons qu’elles avancent à ce changement. Puis, en examinant les rythmes de travail quotidiens et hebdomadaires des parents, nous apprécions la latitude dont les parents disposent pour organiser la garde de leurs enfants et le temps qu’ils y consacrent en fonction de leurs horaires de travail.
Sources, définitions et conventions retenues
Le parent répondant à l’enquête renseigne un calendrier détaillé sur la semaine de référence – la semaine précédant l’enquête, sauf si elle a été perturbée par la maladie d’un enfant, les congés d’un parent ou l’indisponibilité d’un mode d’accueil. L’enquêté mentionne les périodes durant lesquelles lui-même et son conjoint éventuel ont travaillé, ainsi que les périodes et les modes d’accueil de chaque enfant âgé de moins de six ans présent dans le foyer.
•Parents
Sont désignés par les termes « mère » et « père », le parent et son conjoint partageant le lieu de vie de l’enfant lors de la semaine de référence. De façon arbitraire, dans les couples composés de deux femmes (moins de 1 % des couples), la mère est supposée être la répondante.
Sont considérées être « seules », les femmes qui ne sont pas en couple ou qui vivent dans un logement différent de leur conjoint.
•Situation par rapport à l’emploi
Sont considérées être « en emploi », les personnes qui occupent un emploi, ont travaillé durant la semaine de référence ou sont en congé « ordinaire » – congés annuels (vacances), RTT, congé de maternité/paternité, arrêt de travail pour maladie ordinaire ou congé pour enfant malade. Au sein des couples biactifs, moins de 5 % des femmes et moins d’1 % des hommes ont été en congé durant la semaine de référence, la plupart pour une journée. Afin de recouper la notion de disponibilité, le « non-emploi » est défini de façon large. Les personnes ne travaillant pas sont dans deux cas : soit elles n’occupent pas d’emploi (étudiantes, chômeuses, inactives…), soit elles en occupent un, mais sont en congé de longue durée pour cause de maladie ou de formation par exemple, en congé de présence parentale ou en congé parental total.
Le congé parental permet aux salariés ayant au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise ou l’administration de suspendre leur activité durant au plus deux ans (sauf naissances multiples) avant les trois ans de l’enfant. Le congé peut être partiel, avec une quotité de travail ne dépassant pas 80 %. Le parent en congé parental peut percevoir, sans condition de ressources, une allocation durant six mois ou jusqu’aux trois ans de l’enfant à partir du deuxième enfant à condition de justifier d’une durée minimum de travail de deux ans dans les deux à cinq années précédant la demande, selon le nombre d’enfants.
•Choix de travailler et d’avoir arrêté de travailler
La notion de choix de travailler ou d’avoir arrêté de travailler est définie selon la situation d’activité des femmes à la date de l’enquête à partir de deux questions :
- les femmes qui sont en emploi sont considérées comme ayant choisi de travailler si elles répondent « Non » à la question : « Préféreriez-vous interrompre votre activité pour vous consacrer principalement à votre (vos) enfant(s) ? » ;
- les femmes qui ne travaillent pas à la date de l’enquête sont considérées comme ayant choisi d’arrêter de travailler si elles répondent « Oui, c’était un choix » à la question : « Vous avez cessé de travailler. Était-ce un choix de votre part ou auriez-vous préféré continuer à travailler ? » Les femmes qui ont choisi d’arrêter, mais souhaiteraient reprendre une activité professionnelle, ne peuvent être isolées.
Pour les femmes ne travaillant pas à la date de l’enquête, seule l’année de cessation d’activité et non la date exacte est connue. L’âge des enfants lors de la cessation d’activité de leur mère est alors approché par la moyenne entre l’âge minimal et l’âge maximal possibles l’année où intervient l’arrêt d’activité.
•Horaires de travail
Les personnes pour lesquelles les conditions horaires de travail ne sont pas précisées sont considérées comme ayant des horaires identiques tous les jours, jamais de nuit (ou en soirée) et non modifiables en cas d’imprévu. Cela concerne 8 % des femmes en emploi à propos du travail de nuit et une proportion négligeable pour les deux autres items.
Les analyses reposant sur la durée de travail excluent les ménages pour lesquels cette durée varie de plus de 3 heures d’une semaine sur l’autre pour l’un des conjoints. Parmi les ménages où est présent un enfant de moins de trois ans, cela concerne 9 % des couples biactifs et 6 % des mères en emploi vivant seules.
Travailler, arrêter ou réduire son temps de travail
5Les mères de jeunes enfants, âgés de moins de six ans, sont d’autant moins souvent en emploi et à temps complet qu’elles ont plusieurs enfants et de très jeunes enfants (Observatoire national de la protection de l’enfance, 2016). Cette distance croissante à l’emploi avec l’agrandissement de la famille témoigne de l’importance de la composante familiale dans leurs comportements d’activité. Mais dans quelle mesure cesser de travailler ou être en activité est-il un choix pour elles ? Qui sont les mères qui souhaitent ralentir ou suspendre leur activité ? Le font-elles effectivement ? Quels facteurs interviennent dans le choix d’arrêter de travailler ? L’analyse des caractéristiques individuelles, familiales et professionnelles des mères et des raisons qu’elles avancent à leur situation d’activité permet d’apporter quelques réponses quantitatives.
Cesser de travailler : un choix ?
6Parmi les mères d’un enfant de moins de trois ans ayant arrêté de travailler et ne recherchant pas un emploi, sept sur dix déclarent que cette situation résulte d’un choix, qu’elles aient travaillé à temps complet ou partiel (tableau 1). Ce choix peut cependant couvrir une large gamme de situations, allant de la décision parfaitement libre à une décision résignée de façon plus ou moins consciente. En effet, la frontière entre choix et non-choix peut être ténue lorsque les conditions de travail sont pénibles, les perspectives d’évolution limitées, les modes de garde peu adaptés ou lorsque les injonctions sociales à rester auprès des enfants sont fortes. Ainsi, parmi les 40 % de femmes ayant choisi d’arrêter de travailler qui sont femmes au foyer [1], au moins un quart ont en fait perdu leur emploi : soit elles ont été licenciées, soit leur contrat n’a pas été renouvelé. Parmi elles, seule une sur cinq n’a pas repris une activité professionnelle au motif qu’elle n’avait pas retrouvé d’emploi, mais plus de la moitié le justifie avant tout par le souhait de s’occuper davantage de ses enfants, retenant ainsi l’aspect positif d’une situation d’inactivité initialement subie a priori. À l’inverse, plus d’une femme en congé parental total sur cinq déclare ne pas avoir choisi d’arrêter de travailler, alors que le congé parental ne peut être imposé. Cette proportion non négligeable de femmes contraintes au congé parental peut notamment s’expliquer par des horaires de travail peu compatibles avec ceux des services de garde (Crenner, 2011).
Choix et non-choix de travailler ou d’avoir arrêté de travailler

Choix et non-choix de travailler ou d’avoir arrêté de travailler
Lecture : parmi les mères d’un enfant de moins de trois ans, ayant déjà travaillé et ne recherchant pas un emploi, 76 % travaillent à la date de l’enquête. Parmi elles, 71 % ont répondu « Non » à la question « Préféreriez-vous interrompre votre activité pour vous consacrer principalement à votre(vos) enfant(s) ? » Parmi les femmes qui ont arrêté de travailler, 70 % ont répondu « Oui, c’était un choix » à la question « Vous avez cessé de travailler. Était-ce un choix de votre part ou auriez-vous préféré continuer à travailler ? »Champ : France métropolitaine ; mères d’un enfant de moins de trois ans ayant déjà travaillé, ne recherchant pas un emploi.
7Pour près de huit mères sur dix, le souhait de s’occuper des enfants intervient dans la décision d’arrêter de travailler ou, pour celles dont l’arrêt est à l’initiative de l’employeur, de ne pas reprendre une activité. Il en est la raison principale pour sept mères sur dix, vient ensuite l’intérêt financier à garder soi-même son(ses) enfant(s) pour 13 %, et l’inadaptation des modes de garde ou leur incompatibilité avec les horaires de travail pour 9 % [2].
Travailler malgré le souhait d’arrêter et alléger son rythme de travail
8Près de trois femmes sur dix qui travaillent préféreraient s’arrêter pour se consacrer principalement à leurs enfants (tableau 1). Parmi les mères d’un enfant de moins de trois ans, neuf sur dix motivent la poursuite de leur activité professionnelle par la perte financière qu’impliquerait son interruption (tableau 2). Les inquiétudes sur les conséquences professionnelles apparaissent aussi être des résistances à l’arrêt : trois femmes sur dix craignent des effets négatifs sur leur carrière et plus d’une sur cinq craint de ne pas retrouver un emploi [3]. Ces craintes sont exprimées plus fréquemment par les femmes seules et les femmes en contrat à durée limitée. Elles le sont moins par les femmes travaillant dans la fonction publique, qui bénéficient de la garantie de l’emploi si elles sont titulaires, ainsi que par les femmes travaillant à temps partiel, dont les attentes professionnelles peuvent être moindres que celles des femmes à temps complet et dont l’environnement professionnel peut aussi être plus tolérant vis-à-vis des ralentissements d’activité.
Raisons invoquées pour continuer de travailler malgré le souhait de se « consacrer principalement » aux enfants(1),(2)

Raisons invoquées pour continuer de travailler malgré le souhait de se « consacrer principalement » aux enfants(1),(2)
(1) La somme des lignes est supérieure à 100, car les personnes enquêtées peuvent être en accord avec plusieurs motifs.(2) Estimation par régression logistique sur les seules variables ici présentées. Référence : femme en couple travaillant à temps complet dans le secteur privé en contrat à durée indéterminée (CDI). ns : non significatif à 10 % ; seuils de significativité : * 10 %, ** 5 %, *** 1 %.
Lecture : 89 % des femmes qui travaillent et ont répondu « Oui » à la question « Préféreriez-vous interrompre votre activité pour vous consacrer principalement à votre(vos) enfant(s) ? » déclarent ne pas le faire faute de compensation suffisante de leur salaire. Le rapport de chances de répondre « Oui » plutôt que « Non » est trois fois inférieur pour les femmes en contrat à durée limitée que pour celles en CDI, leurs autres caractéristiques étant identiques.
Champ : France métropolitaine ; mères d’un enfant de moins de trois ans, en emploi (hors congé long), ayant répondu à l’enquête (80 % de ces mères).
9La réduction d’activité peut représenter une alternative à l’arrêt, les motivations et les réticences à réduire le temps de travail étant globalement de même nature que celles d’arrêter de travailler. Parmi les mères qui travaillent à temps partiel, plus de sept sur dix déclarent l’avoir choisi ou sont en congé parental partiel. La plupart des femmes — neuf sur dix [4] — le motivent par le souhait de « consacrer davantage de temps [aux] enfant(s) ou [à la] famille ». Seules 5 % signalent la nécessité de garder leurs enfants à défaut d’un autre moyen [5]. Parmi les mères travaillant à temps complet, près de six sur dix déclarent qu’elles préféreraient diminuer leur temps de travail pour leurs enfants, mais les trois quarts indiquent ne pas le faire pour des raisons financières, plus d’un tiers en raison d’une charge de travail trop importante, un quart par crainte des conséquences négatives sur leurs relations professionnelles et plus d’un tiers pour leur carrière.
Travailler ou choisir d’arrêter
10Plus des trois quarts des mères d’un enfant de moins de trois ans travaillent, ont continué de travailler après la naissance ou ont repris une activité professionnelle après une courte interruption [6], et une sur six s’est arrêtée de travailler par choix et n’a pas repris d’activité (tableau 1). Dans quelle mesure le profil de ces femmes diffère-t-il ? Est-il lié à la présence d’un très jeune enfant ? Des réponses peuvent être apportées en comparant les mères d’enfants de moins de six ans en activité et celles ayant choisi d’arrêter de travailler depuis au plus trois ans [7], selon qu’elles ont ou non un enfant de moins de trois ans (tableau 3).
11Une première différence entre ces mères tient à leurs caractéristiques individuelles. Les mères de jeunes enfants ayant choisi de s’arrêter sont moins souvent titulaires du baccalauréat. Elles le sont encore moins si elles n’ont pas d’enfant de moins de trois ans, ce qui peut rendre compte d’un retour plus rapide à l’emploi des diplômées lorsqu’elles s’interrompent. Ce lien plus fort à l’emploi des femmes ayant le baccalauréat s’observe aussi parmi les femmes ayant eu leur premier enfant à un âge relativement tardif et parmi les femmes plus âgées [8]. Il peut résulter d’un choix des mères de privilégier la vie professionnelle sur la construction d’une famille, et aussi de coûts d’opportunité à arrêter de travailler plus importants, en raison de rémunérations plus élevées du fait d’une meilleure insertion professionnelle lorsqu’elles sont devenues mères ou d’une plus longue ancienneté sur le marché du travail.
12Les femmes ayant choisi de cesser leur activité et les femmes en emploi lors de l’enquête semblent peu se différencier selon la taille de leur zone de résidence. Seules les mères d’un très jeune enfant qui ont choisi de s’arrêter vivent un peu moins souvent dans une zone faiblement peuplée, où la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale pourrait être facilitée par un accès plus aisé à certains modes de garde, comme les assistantes maternelles (Blanpain, 2006), ou à un réseau amical ou familial plus développé.
13Pour les femmes n’ayant pas d’enfant de moins trois ans – mais au moins un enfant âgé de trois à cinq ans –, choisir de s’arrêter de travailler est fortement lié à la présence d’enfants plus âgés (au moins un enfant de six ans ou plus). La cessation d’activité est alors postérieure à la dernière naissance, ce qui témoigne de l’arbitrage qui peut s’opérer au profit de la sphère domestique, lorsque la charge familiale est importante. En revanche, la présence d’autres enfants d’au moins six ans n’apparaît pas caractéristique des femmes ne travaillant pas lorsqu’elles ont un enfant de moins de trois ans. Cela suggère que la présence d’un très jeune enfant prédomine sur celle d’autres enfants dans le choix d’arrêter de travailler, ce qui peut en partie être lié à la possibilité pour certaines femmes de prendre un congé parental dans les trois premières années de l’enfant.
14Les femmes ayant choisi de s’arrêter et celles en emploi ne se distinguent pas par leur situation de couple. Si les femmes vivant seules au moment de l’enquête sont relativement moins nombreuses à déclarer qu’elles ont choisi d’arrêter de travailler (54 % contre 73 % des femmes en couple) et sont plus nombreuses à continuer de travailler par crainte de ne pas retrouver un emploi en cas d’interruption de leur activité professionnelle (tableau 2), la différence n’est pas significative à caractéristiques identiques. En particulier, les femmes seules sont plus souvent en contrat à durée limitée que les femmes en couple, ce qui s’accompagne plus fréquemment d’une cessation d’activité.
15La situation professionnelle est en effet étroitement liée à la décision d’interrompre son activité professionnelle. Lors de leur dernier emploi, les mères qui ont fait ce choix étaient moins souvent salariées du secteur public ou indépendantes (majoritairement des professions libérales et des professions intermédiaires de la santé et du social), statuts qui offrent en général des facilités pour concilier vies professionnelle et familiale – temps partiel pour les premières, horaires flexibles pour les secondes [9] – et permettent un retour plus rapide en activité en cas d’interruption (Pailhé et Solaz, 2012). Toutes choses égales par ailleurs, elles étaient plus fréquemment non salariées de l’artisanat ou du commerce, dans les métiers de l’agriculture ou de l’ordre public [10] et les mères d’un enfant de moins de trois ans plus souvent employées, ouvrières ou au service de particuliers, professions et catégories sociales aux rémunérations souvent peu élevées, aux horaires de travail à l’amplitude et la variabilité parfois peu conciliables avec des services de garde, et dont l’exercice peut être physiquement pénible.
Caractéristiques des femmes ayant choisi de cesser leur activité professionnelle par rapport aux femmes en emploi

Caractéristiques des femmes ayant choisi de cesser leur activité professionnelle par rapport aux femmes en emploi
Estimation par régression logistique. Réf. : modalité de référence ; ns : non significatif à 10 % ; seuils de significativité : * 10 %, ** 5 %, *** 1 %.La situation professionnelle des femmes ne travaillant pas est celle du dernier emploi occupé, l’âge de la mère et la composition du ménage sont reconstitués à la date d’arrêt ; la situation de couple est celle de la date de l’enquête. Le travail en soirée ou de nuit correspond à 2 heures consécutives travaillées avant 6 heures ou après 18 heures.
Lecture : pour une femme sans enfant de moins de trois ans (mais ayant au moins un enfant de trois à cinq ans) en contrat à durée limitée, le rapport de chances d’avoir choisi d’arrêter de travailler plutôt que d’être en emploi est 4,7 fois supérieur à celui d’une femme en contrat à durée déterminée (CDI), dont toutes les autres caractéristiques sont identiques.
Champ : France métropolitaine ; femmes travaillant ou ne travaillant pas par choix depuis au plus trois ans, mères d’un enfant de moins de six ans.
16Être en contrat à durée limitée est aussi positivement lié au choix d’arrêter de travailler. Le lien est moins fort pour les mères d’un très jeune enfant en raison de la possibilité qu’elles ont de prendre un congé parental si elles justifient des conditions d’ancienneté requises (voir encadré), soit en premier lieu des femmes en CDI ou fonctionnaires. Mais alors que les femmes en congé parental peuvent réintégrer leur entreprise ou leur administration à la fin du congé, les femmes qui s’arrêtent de travailler en dehors du congé parental et qui sont en contrat à durée limitée ne sont pas assurées de reprendre leur emploi ou d’en retrouver un. Face à cette incertitude et à la difficulté qui en découle de s’investir sur le moyen ou le long terme dans leur activité professionnelle, elles peuvent choisir de privilégier leur vie familiale et arrêter de travailler, en particulier en renonçant à rechercher un nouvel emploi au terme de leur contrat. Qu’elles aient choisi d’être à temps partiel ou qu’elles subissent leurs conditions de travail, les femmes qui travaillent moins de 35 heures par semaine peuvent aussi éprouver un certain désinvestissement par rapport au travail. Associé à des craintes limitées sur l’avenir professionnel en cas d’arrêt d’activité professionnelle (tableau 2), il peut expliquer pourquoi, lorsqu’elles ont un jeune enfant, ces femmes se retirent plus souvent du marché du travail que les femmes ayant une durée de travail plus longue.
17En revanche, les autres conditions horaires de travail n’apparaissent pas liées au choix d’avoir arrêté de travailler plutôt que d’être en emploi. Cela suggère que les mères d’un enfant de moins de six ans ayant des horaires de travail irréguliers, décalés ou encore peu flexibles peuvent compter sur un conjoint ou des proches pour assurer la garde des enfants ou qu’elles ont accès à des modes de garde aux horaires compatibles avec leurs horaires de travail.
Continuer de travailler et rester disponible pour ses enfants
18Les mères de jeunes enfants en activité ne se distinguent pas de celles qui ont choisi de s’arrêter de travailler par des horaires de travail plus contraignants ou par le fait d’être seules. Une explication est que ces situations s’accompagnent de contreparties permettant de compenser ou de contourner les limites qu’elles imposent pour assurer la garde des enfants. Ainsi, l’impossibilité d’organiser ses horaires est rarement associée à des durées de travail relativement longues, et les horaires décalés s’accompagnent souvent de durées de travail courtes (Lesnard, 2006). Cependant, à durée de travail donnée, les explications sont à rechercher dans les stratégies de garde. Les conjoints des mères ayant des horaires peu flexibles ou décalés ont-ils eux-mêmes davantage de temps à consacrer aux enfants ? Lorsqu’elles sont seules, les mères ont-elles un accès facilité à certains modes de garde ?
Le temps professionnel des parents : quelle disponibilité pour garder les enfants ?
19Parmi les mères d’un très jeune enfant, âgé de moins de trois ans, près de neuf sur dix vivent en couple avec, pour la plupart, un conjoint qui travaille (tableau 4).
Situation professionnelle des mères d’un enfant de moins de trois ans et de leur conjoint

Situation professionnelle des mères d’un enfant de moins de trois ans et de leur conjoint
Champ : France métropolitaine ; mères d’un enfant de moins de trois ans.20La durée habituelle de travail des pères d’un enfant de moins de trois ans s’établit en majorité à 39 heures par semaine, en moyenne à un peu plus de 40 heures lorsque leur conjointe travaille, sans différence significative qu’elle soit à temps complet ou partiel [11]. La majorité des mères de très jeunes enfants en emploi, seules ou en couple, travaille 35 heures par semaine. Les femmes seules travaillent en moyenne un peu plus de 32 heures, les femmes en couple un peu plus de 34 heures (tableau 5), cette différence étant à relier à la surreprésentation des premières dans des catégories sociales moins élevées que les secondes, dont les durées de travail sont plus longues.
Durée de travail habituelle des mères en emploi*

Durée de travail habituelle des mères en emploi*
* hors durée de travail variant d’au moins trois heures par semaine pour la mère ou son conjoint. ** arrondi à 5 min.Champ : France métropolitaine ; mères d’un enfant de moins de trois ans, en emploi.
21Que les femmes soient seules ou en couple, avec un conjoint en emploi ou non, leurs rythmes d’activité professionnelle quotidiens et hebdomadaires sont assez similaires ; les dimanches, les samedis et, dans une moindre mesure, les mercredis étant les journées les moins travaillées. L’emploi du temps professionnel des femmes en couple est peu différent de celui des hommes en couple, tout en étant moins dense (figure 1). En particulier, les femmes travaillant à temps partiel sont environ trois fois moins présentes au travail le mercredi et travaillent aussi moins longtemps les autres journées de la semaine. Cette proximité des rythmes professionnels reflète la prédominance des journées de travail se déroulant majoritairement entre 8 heures et 17-18 heures. Certains semainiers de parents en emploi présentent des configurations plus atypiques, mais les horaires décalés – tôt le matin, le soir ou de nuit – ou les journées étendues concernent les deux conjoints dans moins d’un couple sur dix [12].
Semaine de travail des mères et de leur conjoint en emploi (Proportion de mères au travail selon l’heure et le jour de la semaine – en pourcentage)

Semaine de travail des mères et de leur conjoint en emploi (Proportion de mères au travail selon l’heure et le jour de la semaine – en pourcentage)
Lecture : le lundi à 11 heures, 76 % des femmes travaillant à temps complet, dont le conjoint est en emploi, sont au travail.Champ : France métropolitaine ; mères d’un enfant de moins de trois ans, en emploi.
22Le temps dont disposent les parents pour être auprès de leurs jeunes enfants est d’autant plus important que leurs temps de travail et de trajet professionnel sont réduits [13]. Le week-end et le mercredi sont les journées où la durée pendant laquelle l’enfant peut être auprès d’au moins un de ses parents est en moyenne la plus longue. En semaine, elle est la plus courte lorsque la mère travaille et vit seule : en moyenne, hors temps de travail et de trajet domicile-travail, elle est alors de 17 heures 40 par jour, contre 19 heures 10 lorsque la mère est à temps complet et 20 heures 30 lorsqu’elle est à temps partiel.
23Une faible durée de travail et le fait d’être en couple permettent ainsi d’étendre la plage horaire durant laquelle au moins un des parents peut être auprès de l’enfant et sont donc propices à la garde parentale (Sautory, 2011). Dans les couples, l’articulation des horaires des parents détermine alors la part qu’y consacre chacun.
Disponibilité et garde parentales : un lien étroit pour la mère
24Les très jeunes enfants, âgés de moins de trois ans, passent la majorité de leur temps auprès de leurs parents (figure 2). En semaine, entre 8 heures et 19 heures, seuls les enfants dont la mère vit seule ou travaille à temps complet avec un conjoint en emploi passent moins de temps avec elle qu’avec d’autres accompagnants : le père s’il ne vit pas avec l’enfant, un proche ou un professionnel de la petite enfance.
25Les trois quarts des enfants passent davantage de temps avec leur mère qu’avec leur père lorsque les deux travaillent, et un peu moins d’un tiers des enfants, lorsque leur père est sans emploi. Dans ces situations peu nombreuses (4 % des enfants), le temps passé avec le père seul s’allonge de l’ordre de 10 heures par semaine, celui passé avec les deux parents de 10 heures également, mais le temps que passent les mères avec l’enfant, seules ou en compagnie du père, ne diminue que de 2 heures si elles sont à temps complet, et il est inchangé si elles travaillent à temps partiel (figure 2). Comme plusieurs études l’ont mis en évidence, la plus grande disponibilité des pères ne réduit donc pas sensiblement la durée que passent les mères auprès de leurs enfants, dont une large part semble incompressible (Bittmann, 2015 ; Brousse, 2015 ; Pailhé et Solaz, 2008) [14].
Temps passé par l’enfant de moins de trois ans avec ses parents entre 8 heures et 19 heures en semaine*

Temps passé par l’enfant de moins de trois ans avec ses parents entre 8 heures et 19 heures en semaine*
* : cette catégorie compte moins de 50 observations.Lecture : dans les couples où la mère travaille à temps complet et où le père travaille (35 % des enfants concernés), le plus jeune enfant de moins de trois ans passe en moyenne 25 heures avec ses parents en semaine entre 8 heures et 19 heures (sur les 55 heures considérées), 15 heures avec sa mère seule, 4 heures avec son père seul.
Champ : France métropolitaine ; plus jeunes enfants âgés de moins de trois ans vivant avec leur mère seule ou avec leurs deux parents (ou un beau-parent), soit 3 190 ménages.
26Dans les couples où les deux conjoints travaillent, le temps que chacun consacre à la garde des enfants en journée est étroitement lié à ses conditions horaires de travail. Ainsi, lorsque la mère travaille à temps complet, des horaires contraignants – décalés, alternants ou changeants, non modifiables – pour au moins l’un des parents se traduisent par leur plus grande participation à la garde entre 8 heures et 19 heures (tableau 6). En effet, le décalage du temps professionnel, bien que souvent associé à l’irrégularité et à la rigidité des horaires, permet plus de disponibilité en journée et la désynchronisation des horaires des parents allonge le temps durant lequel au moins l’un d’eux peut être auprès de l’enfant. Des horaires alternants pour l’un des parents s’accompagnent aussi souvent de durées de travail moins longues pour l’autre parent : inférieures à 35 heures pour les mères, 39 heures pour les pères [15].
27Par ailleurs, les parents consacrent une part plus importante de leur temps disponible à la garde lorsque l’un d’eux a des horaires contraignants, spécialement lorsque ceux-ci concernent la mère. Par rapport à la situation où les deux parents ont des horaires classiques – en journée et identiques tous les jours –, le temps que chacun passe seul avec l’enfant est alors quasi inchangé ou s’allonge. Ainsi, lorsque le père a des horaires décalés, alternants ou changeants, cette part augmente de l’ordre de 3-4 points, alors que celle de la mère est relativement stable [16]. Lorsque la mère a des horaires contraignants, cette part augmente de l’ordre de 10 points, celle du père d’environ 4 points. Que le père ou la mère ait des horaires contraignants, le père consacre donc davantage de son temps disponible à la garde en assurant, seul, le relais de la mère [17].
Garde parentale de l’enfant âgé de moins de trois ans, en semaine de 8 heures à 19 heures, dans les couples où la mère travaille à temps complet*,**

Garde parentale de l’enfant âgé de moins de trois ans, en semaine de 8 heures à 19 heures, dans les couples où la mère travaille à temps complet*,**
* : avec une marge hors de ce créneau d’au plus trois heures cumulées sur la semaine.** : la part de temps disponible – temps hors travail et trajet domicile-travail – consacrée à la garde est plafonnée à 100 % pour les parents dont le temps de garde excède le temps disponible (travail à domicile, accompagnement de l’enfant durant le trajet domicile-travail, erreurs de déclarations).
Lecture : en moyenne, lorsque les deux parents ont des horaires décalés (8 % des couples biactifs dont la mère travaille à temps complet), ils assurent 60 % du temps de garde de leur plus jeune enfant de moins de trois ans. Cette durée représente 80 % du temps durant lequel au moins un parent est disponible. Le temps durant lequel la mère assure seule la garde représente 50 % de son temps disponible.
Champ : France métropolitaine ; parents d’un enfant de moins de trois ans, en emploi, mère à temps complet.
28Ne partageant pas leur vie avec un conjoint, les mères seules ne disposent pas de la même souplesse horaire que les femmes en couple pour garder les enfants et elles le compensent en recourant plus fréquemment à un tiers : en journée du lundi au vendredi, 63 % des enfants de moins de trois ans vivant avec leur mère seule en emploi passent plus de temps avec une autre personne contre 58 % des enfants dont les deux parents sont en emploi. Les femmes seules ont en moyenne des revenus moins élevés que les femmes en couple, mais à ce titre elles bénéficient plus souvent d’allocations lorsqu’elles font garder leurs enfants en lieux d’accueil collectifs (Villaume, 2015 ; Boyer et Villaume, 2016). Cela leur permet de recourir autant que les femmes en couple aux services de garde formels (crèche, halte-garderie, assistante maternelle, garde à domicile…) ; ces derniers représentent le principal mode de garde de la moitié des très jeunes enfants dont les parents travaillent, qu’ils vivent avec leur mère seule ou en couple. Si les femmes seules peuvent éprouver plus de craintes à s’arrêter de travailler (tableau 2), celles qui choisissent d’interrompre leur activité professionnelle le motivent moins souvent que les femmes en couple par des raisons financières – 8 % l’avancent comme raison principale contre 14 % des femmes en couple – et davantage par une inadaptation des modes de garde ou une incompatibilité avec les horaires de travail – 14 % des femmes seules contre 9 % des femmes en couple. Les aides financières facilitent donc certainement l’accès à des services de garde pour les femmes seules, mais des services adaptés à leurs contraintes professionnelles – et à leurs attentes en termes de bien-être et de développement de l’enfant (Paris, 2007) – permettraient vraisemblablement d’alléger encore le poids des contraintes familiales sur leur activité professionnelle.
Conclusion
29Le premier argument qu’avancent les mères d’un enfant de moins de trois ans pour réduire ou interrompre leur activité professionnelle est le souhait de s’en occuper elles-mêmes. Elles franchissent d’autant plus le pas qu’elles y ont un intérêt financier et qu’elles ont peu de craintes sur les conséquences professionnelles de leur ralentissement d’activité. Être peu diplômée, en contrat à durée limitée, travailler dans le secteur privé, dans des professions physiquement pénibles ou dont les amplitudes horaires sont longues sont des caractéristiques qui conduisent relativement plus souvent au retrait de l’emploi. En revanche, être une mère seule ou avoir des horaires de travail contraignants ne sont pas des caractéristiques déterminantes. D’autres stratégies d’organisation, comme le recours à une aide extérieure ou le relais du conjoint éventuel, se mettent alors en place pour assurer une présence auprès des enfants.
30La durée de travail des pères varie peu avec celle des mères, mais le temps de présence paternel apparaît complémentaire à celui de la mère lorsque ce dernier est contraint ou décalé. Ainsi, au sein des couples, le maintien en activité des femmes et, de façon singulière, le fait qu’elles aient des horaires contraignants peut se traduire par un partage plus égalitaire des temps de garde. Pour les femmes seules, dont la souplesse horaire et les revenus sont souvent plus limités que pour les femmes en couple, l’aide de proches et l’accès à des services de garde restent les seuls moyens d’alléger le poids de ces contraintes sur la décision d’activité.
31Si le temps accordé par les femmes à leurs enfants est pour partie non substituable, la question est de savoir si l’on souhaite étendre leurs possibilités de réduire leur temps de travail – au risque qu’elles soient pénalisées à moyen et long terme – ou si l’on souhaite favoriser leur maintien en emploi avec une quotité élevée de travail pour tendre vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes et une indépendance financière à tous les âges. L’organisation du travail est probablement un des outils permettant de concilier ces deux objectifs. Ainsi, des aménagements horaires et une tolérance envers les retraits temporaires de l’emploi peuvent éviter des retraits du marché du travail durables et pénalisants (Pailhé et Solaz, 2012). En outre, parce que les normes de genre véhiculées dans le milieu du travail se prolongent au sein du foyer et participent à ce que les femmes assument l’essentiel du travail non rémunéré du ménage, le développement de dispositifs reconnaissant l’identité paternelle dans la sphère professionnelle peut aider à changer les représentations et permettre une répartition plus équilibrée des temps familiaux et professionnels des femmes et des hommes. Le congé paternité et la prestation partagée d’éducation de l’enfant (PreParE), qui incite les parents à se partager la durée du congé parental, vont dans ce sens.
Notes
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[1]
Les autres femmes ne travaillant pas et déclarant l’avoir choisi sont en congé parental pour la plupart (55 %) ou en formation (5 %).
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[2]
Les autres réponses proposées sont : le travail ne plaisait pas (arrêt à l’initiative du salarié) ou n’a pas trouvé d’emploi (arrêt à l’initiative de l’employeur), une autre raison.
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[3]
L’absence de réponse pour une femme sur cinq, dont le conjoint a répondu à l’enquête, invite à la prudence sur la représentativité de ces chiffres.
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[4]
Dans ce paragraphe, l’information n’est renseignée que lorsque la femme est le répondant à l’enquête (non son conjoint éventuel), soit 86 % de femmes ayant choisi de travailler à temps partiel et 77 % des mères à temps complet.
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[5]
Les autres réponses proposées lors de l’enquête sont : l’exercice d’une autre activité professionnelle ou le suivi d’une formation, des raisons de santé, disposer de temps libre, une autre raison.
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[6]
L’enquête ne permet pas de différencier ces deux situations.
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[7]
Soit 62 % des femmes déclarant avoir choisi de cesser leur activité professionnelle.
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[8]
Dans l’estimation, l’âge élevé au carré permet de prendre en compte les liens non linéaires avec la variable expliquée.
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[9]
Qu’il s’agisse de l’emploi actuel ou du dernier emploi, 38 % des salariées du secteur public travaillent à temps partiel, contre 30 % des autres femmes, et 53 % des indépendantes déclarent organiser leur temps de travail comme elles le souhaitent, contre seulement 13 % des salariées.
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[10]
Les femmes artisans, commerçants, exploitants agricoles et chefs d’entreprise d’au moins 10 salariés représentent 55 % des indépendantes. Les autres indépendantes travaillent comme professions intermédiaires de la santé et du social, professions libérales, travaillent directement au service de particuliers ou, dans une moindre mesure, sont professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises ou sont enseignantes.
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[11]
Sont ici exclues les personnes et leur conjoint éventuel dont la durée de travail habituelle varie de plus de trois heures d’une semaine sur l’autre.
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[12]
Fermanian et Lagarde (1999) et Lesnard et de Saint Pol (2008) concluent également à la faible fréquence des couples dont les deux conjoints ont des horaires atypiques.
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[13]
Cet article n’aborde pas le travail à domicile, qui concerne plus souvent les enseignants et les travailleurs indépendants. Bien qu’il s’accompagne de durées de travail relativement longues (en moyenne 42 heures pour les femmes, 44 pour les hommes), il offre en général une plus grande disponibilité auprès des enfants. Voir par exemple Villaume et Virot (2016).
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[14]
Ces études montrent que certaines activités sont transférables entre les parents lorsque l’un d’eux est inactif, mais certaines activités de la mère – comme des activités de soins – ne le sont pas ou peu.
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[15]
La probabilité d’avoir une durée de travail inférieure à la durée médiane est estimée par régression logistique séparément pour les femmes et les hommes, en retenant uniquement les conditions horaires comme variables. La référence est une femme (respectivement un homme) ayant des horaires identiques tous les jours, modifiables à souhait en cas d’imprévu, ne travaillant jamais en soirée ou de nuit et exerçant en totalité à domicile.
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[16]
Les effectifs parfois faibles ne permettent pas de vérifier si les différences sont toutes significatives.
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[17]
Plusieurs études mettent en évidence ce rôle du père : Boyer et Nicolas (2006) ; Bressé et al. (2007) ; Maublanc (2009) ; Villaume et Virot (2016).