CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Depuis plusieurs années, la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) élabore une cartographie des dépenses de soins et des pathologies, qui permet d’appréhender, à partir de l’ensemble des données médico-administratives disponibles [1], le poids des différentes pathologies dans la population assurée et les dépenses afférentes pour le système de santé.

2 En 2013, on comptait environ 7,2 millions de personnes ayant eu des soins en rapport avec la santé mentale, soit 13 % de la population totale ayant eu recours au système de santé durant l’année (56 millions de bénéficiaires du régime général, sections locales mutualistes comprises). Les dépenses associées sont estimées à 21,3 milliards d’euros, représentant 15 % des dépenses d’assurance maladie associables directement à des pathologies (147 milliards d’euros).

3 Le champ de la santé mentale recouvre toutefois des réalités très différentes en termes de sévérité de la pathologie, de modes de prise en charge et de coût pour l’assurance maladie. La cartographie distingue d’une part les personnes en affection de longue durée (ALD) ou hospitalisées pour une pathologie psychiatrique et d’autre part les patients qui consomment régulièrement des psychotropes (plus de trois délivrances dans l’année), mais sans affection de longue durée ni hospitalisation pour une pathologie psychiatrique [2].

4 Le premier groupe concerne seulement un quart des patients, soit 1,8 million, mais ceux-ci ont un recours aux soins très important, tout particulièrement aux soins hospitaliers en psychiatrie. En 2013, par exemple près de 380 000 patients étaient ainsi identifiés comme souffrant de troubles psychotiques. Cette pathologie qui concerne plutôt des jeunes (deux tiers ont moins de 55 ans) conduit à une dépense remboursée de plus de 5 milliards d’euros, dont 80 % sont des soins hospitaliers. Plus nombreux, les patients identifiés comme souffrant de troubles névrotiques et de l’humeur (dont les troubles dépressifs) étaient près de 900 000 et induisaient une dépense de plus de 4 milliards d’euros, dont 50 % sont des soins hospitaliers et 25 % des prestations en espèces.

5 Au total, les pathologies psychiatriques ayant donné lieu à une hospitalisation ou à une prise en charge pour une affection de longue durée génèrent deux tiers des dépenses remboursées dans le champ de la santé mentale (un peu moins de 15 milliards d’euros), dont 10 milliards d’euros de soins hospitaliers.

6 Le second groupe, identifié par sa consommation de psychotropes, compte trois quarts des effectifs (5,5 millions). Ils sont plus âgés (deux tiers ont plus de 55 ans), plus souvent des femmes (68 %) et induisent une dépense dans le champ de la santé mentale de l’ordre de 7 milliards d’euros. Parmi ces dépenses, 35 % sont des prestations en espèces, 22 % des remboursements de médicaments et 17 % des remboursements de soins de médecins. Par exemple on dénombrait en 2013 un peu plus de 3 millions de personnes traitées régulièrement par anxiolytiques, générant une dépense de 2,5 milliards d’euros. De même, on comptait 1,6 million de personnes traitées régulièrement par hypnotiques (près de 3 % de la population française) pour une dépense de 1,4 milliard.

7 Les principaux postes de dépenses de santé mentale sont ainsi d’une part les soins hospitaliers (38 %) dont l’importance est liée à la sévérité des pathologies prises en charge (schizophrénie, déficience mentale, trouble bipolaire) et d’autre part des prestations en espèces (20 %) et des remboursements de médicaments (12 %), dont les montants élevés sont liés au nombre important de patients concernés.

Notes

  • [1]
    La cartographie des pathologies et des dépenses s’appuie sur les données issues du système national d’information inter-régimes de l’assurance maladie (SNIIRAM), intégrant celles du programme de médicalisation du système d’information (PMSI).
  • [2]
    Dans l’ensemble de cette partie sur la santé mentale, on fera référence aux pathologies psychiatriques quand celles-ci ont pu être identifiées à travers le code diagnostic d’une ALD psychiatrique ou d’une hospitalisation pour un motif psychiatrique, survenue dans l’année en cours ou l’année précédente, que ce soit dans le PMSI médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie – MCO ou le PMSI psychiatrique (recueil d’informations médicalisées pour la psychiatrie – RIM-P). Les consommateurs réguliers de médicaments psychotropes sont quant à eux ceux qui se sont vu délivrer au moins trois fois des médicaments psychotropes dans l’année, mais n’ont pas de prise en charge par ALD ou d’hospitalisation dans les deux ans avec un code diagnostic de pathologie psychiatrique.
Frédéric Bousquet
CNAMTS, direction de la stratégie, des études et des statistiques.
Mis en ligne sur Cairn.info le 22/06/2016
https://doi.org/10.3917/rfas.162.0031
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