CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Cette contribution se propose de brosser un panorama de la recherche sur la justice environnementale, en explorant, d’une part, le concept même de justice environnementale ainsi que d’autres appellations utilisées pour traiter cette question – inégalités environnementales, inégalités écologiques – et, d’autre part, les mouvements sociaux qui se revendiquent explicitement de ce courant. Les enjeux en termes de recherche mais aussi de politiques publiques, seront également explicités afin de mettre en lumière les apports potentiels de ce courant de recherche foisonnant aux États-Unis pour la réflexion sur le cumul d’inégalités socio-économiques et environnementales en Europe. L’apport de ces réflexions principalement anglo-saxonnes dans le cadre de la mise en œuvre d’actions publiques à destination de publics cumulant risques sociaux et environnementaux peut contribuer à repenser les liens entre nature et société, et ce tout particulièrement dans les villes.

2Une première section est consacrée à l’analyse des divers concepts couvrant le champ de recherche étudié, ses origines et son évolution aux États-Unis où il apparaît dès les années 1980, ainsi que dans le cadre de sa reconnaissance officielle au milieu des années 1990. Nous le distinguons ensuite d’un autre courant généralement mobilisé pour rendre compte des conflits environnementaux jusqu’à présent : le « NIMBY ». Finalement, nous mettons en exergue la littérature principalement issue de la sociologie française de l’environnement, qui a traité plutôt implicitement jusqu’ici la justice environnementale. Nous montrons les différences entre les deux courants, et notamment que la force du mouvement nord-américain est, à nos yeux, double : elle mobilise une appellation relativement uniforme – la justice environnementale – permettant de fédérer de nombreuses recherches et de favoriser échanges et collaborations scientifiques, et mobilisations collectives à différentes échelles, d’une part. Le développement concomitant d’un activisme mobilisant ce cadre analytique assure, d’autre part, un soutien concret et une voix collective pour la défendre. Dans une seconde section, nous proposons de réfléchir aux différentes méthodologies permettant de mettre en exergue l’existence d’inégalités environnementale. Dans une troisième section, nous mettons en lumière les principaux avantages et originalités d’une approche en termes d’inégalité environnementale, ainsi que les limites de la justice environnementale, tout particulièrement dans l’optique de son développement dans le contexte européen. Nous terminons sur une discussion des perspectives que pourrait apporter la justice environnementale pour la recherche et l’action publique en Europe.

La justice environnementale : revue d’un champ extrêmement vaste

Approche conceptuelle : les multiples appellations de la justice environnementale

3La justice environnementale, ou racisme environnemental, est une notion qui s’est progressivement construite dans la lignée d’une série d’affaires visant à faire connaître les injustices environnementales subies par les populations issues de minorités ethniques aux États-Unis à la fin des années 1970. Elle est devenue, en une trentaine d’années, un champ de recherche et d’activisme social et environnemental majeur dans le contexte nord-américain. Avant de nous attacher à l’émergence et au succès de ce courant puis à sa diffusion nationale et internationale, nous proposons de revenir rapidement sur un champ sémantiquement peu clair. En effet, se côtoient aujourd’hui de nombreux concepts et notions parmi chercheurs et activistes tentés de se rallier à ce domaine de recherche bien établi aux États-Unis, permettant de lier questions sociales et environnementales dans un cadre de référence unique, encore assez méconnu en Europe.

4Si le champ de la justice environnementale offre aujourd’hui au chercheur une foisonnante littérature, tant sur les plans méthodologique et théorique qu’empirique, ouvrant des perspectives originales sur l’évolution du milieu urbain notamment, il n’en reste pas moins flou dans les notions centrales qu’il mobilise. Nous revenons ici respectivement sur les notions de justice environnementale, d’inégalité environnementale et d’inégalité écologique, les trois principaux concepts nourrissant le champ.

5Si la justice environnementale est le concept originel utilisé par universitaires et militants – certains cumulent d’ailleurs les deux casquettes –, repris ensuite par de nombreux mouvements qui revendiquent un combat pour faire valoir leur droit à plus de justice environnementale, il a également été plébiscité par le président Bill Clinton en 1994 lorsqu’il a reconnu explicitement dans un Executive Order (EO) la nécessité d’assurer les conditions d’une justice environnementale au niveau national, nous y reviendrons. Le racisme environnemental, expression que Robert Bullard et Bunyan Bryant, parmi d’autres universitaires eux-mêmes issus de minorités ethniques, utiliseront pour mettre l’accent sur la dimension ethnique des discriminations environnementales aux États-Unis (Bullard, 2000 ; Mohai et Bryant, 1998), ne connaîtra pas quant à lui la même diffusion. De nombreux auteurs cherchent en effet à montrer que ce sont les populations issues de minorités ethniques mais aussi pauvres, qui subissent le plus les dommages et pollutions environnementaux et vivent dans les environnements les plus dégradés. La justice environnementale recouvre ainsi plus largement ces deux types de publics.

6La notion d’inégalité environnementale, principale appellation en Europe continentale, est toutefois également utilisée aux États-Unis. Celle-ci est plus nuancée. Peut-on réellement parler d’injustice ? Ou est-il plutôt question d’une inégalité de situation ? Amputée d’une partie centrale de la justice environnementale américaine qu’est la coexistence de recherches scientifiques et de mobilisations collectives se revendiquant d’un cadre de « justice environnementale », ce concept est utilisé en Europe principalement pour tenter d’étudier les situations de cumuls d’inégalités socio-économiques et environnementales à différentes échelles : internationale (Martínez Alier, 2003 ; Larrère, 2009 ; Agyeman, Bullard et Evans, 2003), nationale, régionale ou locale (Deboudt, 2010). Il ne faut toutefois pas conclure à une vision monolithique de l’inégalité environnementale en Europe où la différence des traditions juridique et de l’action publique crée des situations contrastées, comme le relève Lydie Laigle :

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« Deux conceptions majeures de la notion d’inégalité prévalent en Europe. Pour l’approche anglo-saxonne, l’inégalité est assimilée à une différence de situation qui résulte des discriminations subies par des groupes d’individus. De cette notion de l’inégalité découle une conception de l’action publique légiférant sur de nouveaux droits pour corriger les différences de situations considérées comme injustes. Les approches d’Europe continentale ne cantonnent pas l’analyse des inégalités aux processus de discrimination. Ces approches mettent en avant la dimension sociale et territoriale de ces inégalités, ainsi que le rôle des politiques publiques et des dynamiques de développement des territoires dans leur émergence ou leur réduction [1]. »

8La notion d’inégalité écologique renvoie, quant à elle, tantôt à la prise en compte non seulement des risques environnementaux auxquels les populations sont exposées mais également aux impacts générés par les ménages (Dozzi, Lennert et Wallenborn, 2008), souvent les plus aisés, que ce soit à l’échelle locale, nationale ou internationale, tantôt à la prise en compte d’une justice écologique centrée sur la nature, et non pas sur les relations entre l’homme et la nature (Dobson, 1998).

9Malgré le manque d’une définition claire et définitive des termes « justice environnementale », « inégalités environnementales » ou encore « équité environnementale » (Bowen, 2002 ; Chaumel et La Branche, 2008), l’idée sur laquelle se base la recherche sur les inégalités environnementales est que les personnes et les groupes ne subissent pas la même charge environnementale et n’ont pas un égal accès aux services urbains et environnementaux (Emelianoff, 2006). Les inégalités environnementales contribueraient à renforcer les disparités socio-économiques et la ségrégation spatiale et urbaine. Une approche en termes d’inégalités environnementales embrasse une notion large de l’environnement, incluant l’accès à des biens et services comme les espaces verts, les transports en commun ou le logement, en clair, le cadre de vie et le bien-être des populations.

Une problématique bien ancrée dans le paysage associatif et scientifique nord-américain

10La justice environnementale, de son appellation la plus courante aux États-Unis où elle s’établit dans le courant des années 1980, constitue aujourd’hui un champ de recherche et d’activisme largement développé dans ce pays, trouvant également une concrétisation politique.

11Ce champ de réflexion est porté par des individus, comités locaux, associations, au départ non familiers des pratiques activistes. Son origine est souvent associée à deux affaires clefs dans le contexte nord-américain : d’une part l’affaire Bean versus Southwestern Management, en 1979, qui fut la première affaire invoquant la discrimination raciale en matière environnementale devant les cours et tribunaux aux États-Unis [2], portée par le père de la justice environnementale américaine, le professeur Robert Bullard ; d’autre part l’étude menée dans le Warren County, en Caroline du Nord, par le révérend Ben Charvis, qui avait pour objet d’établir une corrélation entre la présence de populations issues de minorités ethniques et la proximité d’installations polluantes à l’échelle nationale (United Church Of Christ Commission for Racial Justice, 1987).

12Si la justice environnementale nord-américaine s’est d’abord concentrée sur l’étude des formes du « racisme environnemental » [3], elle s’est ensuite étendue conceptuellement en intégrant les populations pauvres en général. Elle a été progressivement appropriée par divers groupements populaires (grassroot) aux États-Unis, ainsi que par des chercheurs et universitaires qui tentent de démontrer l’existence d’inégalités environnementales ou même d’injustices environnementales : localisation et impact disproportionnés d’industries polluantes à proximité de populations issues de minorités ou pauvres, avec des conséquences néfastes sur la santé, impacts différenciés – intentionnels ou non [4] – des politiques et programmes publics sur ces populations. Robert Bullard, notamment, focalise ses recherches sur ces thématiques et tente de démontrer le lien entre origine ethnique, tout d’abord, ou précarité des populations, ensuite, d’une part, et dégradations environnementales, d’autre part (Bullard, 1983 et 2000 ; Abadie, 2005). L’on voit ainsi le lien fort qui se constitue entre un mouvement social et des chercheurs menant côte à côte un « combat » contre les injustices environnementales.

13Au-delà d’un champ d’investigation scientifique, la justice environnementale se constitue donc graduellement en cadre d’action pour l’activisme mêlant environnement et droits civiques, alternative au mainstream environmentalism (et en rejet par rapport à celui-ci). Dorceta Taylor identifie en effet plusieurs éléments ayant contribué à l’émergence de l’Environmental Justice Movement (EJM) : a framing process, un cadre de réflexion commun (« from submerged to a master frame »), a mobilizing structure, composée d’un réseau de microstructures se saisissant de la thématique, resource mobilization (expertise, données, Système d’information géographique-SIG et analyses scientifiques notamment sont utilisés pour démontrer l’existence de telles injustices/inégalités) et a political opportunity (Taylor 2000), un contexte politique propice à la reconnaissance d’un tel courant sous présidence démocrate au milieu des années 1990.

14R. Gregory Roberts, avocat spécialisé sur les questions de justice environnementale, distingue les activistes environnementaux « traditionnels », qui centrent leurs réflexions sur les activités de loisirs, la nature, la réduction de la pollution ou la régulation de l’industrie, des activistes de justice environnementale, intéressés par les droits civiques, l’équité sociale et les processus de discrimination institutionnelle (Roberts, 1998). Luke W. Cole, également avocat activiste, identifie, quant à lui, trois éléments de distinction entre ces deux types d’activistes : les motifs (protection de la nature versus focus sur les impacts directs des politiques environnementales sur les populations et la santé), le milieu (classe moyenne versus minorités ethniques et pauvres) et une perspective (environnementale versus plus globale et holistique d’une transformation « nécessaire » dans la société) (Cole 1992).

15Le concept d’inégalités environnementales postule que les inégalités socio-économiques peuvent être renforcées par des « facteurs » environnementaux, tels que l’accès à des aménités, à une qualité de vie et de logement, ou l’inégale exposition à différentes sources de pollution. La justice environnementale remet dès lors en question le paradigme écologique dominant, « utilized by environmental researchers that failed to recognize and/or adequately address the fact that environmental problems are contextual and experienced unevenly across the population » (Krieg et Faber, 2004). Taylor affirme par ailleurs :

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« Environmental problems are social problems ; they are socially constructed claims defined through collective processes. By social construction, I mean that environmental problems are not static. They are not always the product of readily identifiable, visible, or objective conditions ».

17D’une vision restreinte axée sur la mise en lumière de la localisation d’installations polluantes (décharges, etc.) dans des quartiers majoritairement habités par des populations afro-américaines ou hispaniques, la justice environnementale s’est ouverte à une vision plus globale, étendant son champ à des considérations telles que l’accès à des aménités et à des « biens » environnementaux beaucoup plus divers, et à une étude non pas uniquement de la distribution inégale et injuste des maux environnementaux mais aussi à une approche plus complexe tentant de mettre en lumière les processus, historiques, sociaux et économiques, menant à ces situations d’injustices environnementales.

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« In substantive terms there has been a broadening of the environmental and social concerns positioned within an environmental justice framing moving beyond only environmental burdens to include environmental benefits and resources in various forms[5]. »

19Les stratégies des activistes (recours à la justice et au droit, manifestations, lobbying auprès des parlementaires, etc.) ont été également largement étudiées. La justice environnementale devient ainsi progressivement la principale manière de traiter ensemble enjeux sociaux et environnementaux, principalement dans les villes américaines [6].

20Par ailleurs, la notion de justice, centrale dans ce courant, a amené plusieurs auteurs à s’intéresser à adapter les théories de la justice contemporaines, principalement inspirées de la Théorie de la Justice de John Rawls (Rawls, 1971), à la justice environnementale [7]. Ce sont principalement quatre approches de la justice environnementale qui sont envisagées : une justice distributive (quelle répartition des biens et des maux environnementaux ?), une justice procédurale (qui participe et a voix au chapitre dans les processus environnementaux – décisions et politiques ?), une justice liée à la reconnaissance (des populations dans la légitimité de leurs perceptions, représentations et réclamations), une justice liée aux « capabilités » (c’est-à-dire à la possibilité offerte à chacun de vivre une vie pleinement épanouissante) (Schlosberg, 2007). Ces auteurs, principalement des politistes, échouent toutefois à proposer une philosophie de la justice environnementale satisfaisant les philosophes eux-mêmes. En effet, David Schlosberg, par exemple, identifie quatre dimensions principales de la justice environnementale (Hunold et Young, 1998 ; Young, 2011), développées principalement par Martha Nussbaum (Nussbaum, 2012 ; Holland, 2008), Amartya Sen (2012) et Axel Honneth (1996). Toutefois, Schlosberg ne convainc pas dans sa démarche : il sépare fictivement les « capabilities » d’une approche distributive de la justice, ces « capabilités » appartiennent pourtant en principe à une approche distributive de la justice, constituent la métrique d’une théorie distributive particulière. Par ailleurs, sa tentative d’appliquer une théorie « générale et pluraliste » de la justice à un type de mouvements en particulier, ceux qui se revendiquent de la justice environnementale aux États-Unis (et à l’échelle internationale), pose un problème méthodologique : elle tente de recoller une théorie normative de la justice (ce que la société devrait être) à un courant préexistant ; elle mélange ainsi les registres théorique et empirique.

21La justice environnementale constitue aujourd’hui un champ de recherche important aux États-Unis, les centres de recherche et programmes d’études spécialisés s’y étant multipliés. Les inégalités environnementales, comme on les appelle plus communément en Europe [8] y constituent un champ grandissant de recherche mais ne sont pas encore mobilisées en tant que cadre d’action et de mobilisation collective, à l’exception du Royaume-Uni (où notamment Friends of the Earth, en Écosse et Angleterre, ont contribué à faire connaître ce courant dès le milieu des années 1990 via de grandes campagnes de sensibilisation).

La reconnaissance officielle de la justice environnementale aux États-Unis

22Aux États-Unis, les revendications des mouvements d’environmental justice ont mené à l’adoption de l’Executive Order 12898 en 1994 sous la présidence de Bill Clinton. Une définition « officielle » de la justice environnementale est alors choisie ainsi que la création d’un organe spécialisé au sein de l’EPA, l’Environmental Protection Agency. Il s’agit du NEJAC (National Environmental Justice Advisory Council), conseil fédéral fournissant des recommandations à l’EPA en matière de justice environnementale. L’EPA y a un programme de droits civiques, permettant d’envisager conjointement politiques environnementales et droits de l’homme. Toutes les agences américaines sont ainsi supposées prendre en considération la justice environnementale lorsqu’elles élaborent et mettent en œuvre leurs politiques. Certains auteurs critiquent toutefois la mise en œuvre réelle de la justice environnementale dans les politiques publiques environnementales américaines. Raoul S. Lievanos distingue ainsi les concepts académiques de leur mobilisation concrète par les activistes, d’une part, et de leur mobilisation « politique » par les autorités, d’autre part (Lievanos, 2012) [9].

23Sous la pression de mouvements sociaux (« local EJ activism ») et de coalitions d’académiques et de chercheurs (dont la Michigan Coalition) qui ont rendu publiques leurs revendications en 1991 lors du First National People of Color Summit organisé à Washington D.C. afin d’établir les principes de la justice environnementale à l’échelle nationale [10], le président Bill Clinton a mis à l’agenda la question de la justice environnementale dès le début des années 1990 [11].

24Reprenant l’approche de William Felstiner, Richard Abel et Austin Sarat (Felstiner, Abel, et Sarat, 1980), le « naming, blaming, claiming » peut être transposé au processus de reconnaissance de la justice environnementale en tant que problème public aux États-Unis. En effet, cette thématique est rapidement appelée « racisme environnemental » ou « justice environnementale » par de nombreux acteurs ; cette cohérence dans l’appellation et l’identification du problème permet d’inclure sous celle-ci toute une série de revendications (naming). La littérature ainsi que les mouvements se revendiquant explicitement de ce cadre identifient les autorités publiques ayant selon eux la responsabilité des décisions d’implantations d’industries polluantes à proximité des populations minoritaires et pauvres, ainsi que les entreprises privées (« mistrust of government and big business », Cable, Hastings et Mix, 2002) – et même pour certains le capitalisme de manière générale (Holifield, 2004) à l’échelle nationale voire internationale (blaming). Robert Bullard et Glenn S. Johnson identifient comme conditions de l’émergence de telles injustices environnementales :

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« the unequal enforcement of environmental civil rights and public health laws, […], discriminatory zoning and land use practices, exclusionary practices that prevent some individuals and groups from participation in decision making[12] ».

26C’est finalement la revendication de la reconnaissance de la légitimité de la lutte pour la justice environnementale, au niveau fédéral, étatique ou local, qui est demandée, et des outils pour y arriver (claiming). La date clef de la reconnaissance de la justice environnementale est le 11 février 1994 lorsque le président Bill Clinton reconnaît explicitement la justice environnementale dans un Executive Order (EO) intitulé « Federal Actions to Address Environmental Justice in Minority Populations and Low-Income Populations ». L’EO définit la justice environnementale comme :

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« the fair treatment and meaningful involvement of all people regardless of race, color, national origin, or income with respect to the development, implementation, and enforcement of environmental laws, regulations, and policies ».

28En juillet 1990, un groupe de travail sur l’équité environnementale est créé par l’administrateur de l’EPA, William Reilly (Higgins, 1993). Dès 1992 est institué au sein de l’EPA un Office of Environmental Equity qui deviendra ensuite Office of Environmental Justice. L’EO signé par Clinton constitue la culmination de plusieurs années d’efforts, initiant la première « vague » de justice environnementale (Holifield, 2012). Cette reconnaissance politique de la justice environnementale se concrétise notamment par la délégation aux régions [13] de l’identification des zones de justice environnementale (« potential EJ areas or communities »), ainsi que les populations cibles de ces politiques. Dès cette première reconnaissance en 1994, l’EO inclut non seulement les populations de couleur mais également les populations pauvres, ce qui crée une controverse entre les grassroots movements, ces mouvements émanant directement de la population, qui défendent une vision centrée sur la lutte contre le racisme environnemental, d’une part, et les autorités qui reconnaissent les deux publics cibles, d’autre part.

29Fondamentalement basée sur l’idée d’une cartographie des zones jugées à risque, la législation suggère progressivement l’amélioration des méthodologies de collecte des données sur ces thématiques (Cable, Hastings et Mix, 2002). L’EPA invite les bureaux régionaux (une dizaine pour le territoire américain) à élaborer des indicateurs permettant d’identifier les zones sur lesquelles il faut agir en priorité en vue d’améliorer la justice environnementale. Après cette « première vague » (Holifield, 2012), l’administration Bush redéfinit dès 2001 la justice environnementale en élargissant sa portée à « toutes les communautés et personnes ». En faisant cela, la justice environnementale se retrouve « déconnectée » des populations pauvres et des minorités et s’oriente vers la désignation de zones géographiques, appellation plus neutre que les « EJ communities ». Un rapport publié en 2004 par l’Office of the Inspector General (OIG) – organe indépendant de l’EPA – critique la politique mise en place par l’EPA, estimant que la délégation aux offices régionaux conduit à des disparités régionales en termes de mise en œuvre des objectifs de justice environnementale. Le manque de définition des notions d’impact disproportionné, de minorité et des autres concepts clefs à l’échelle nationale empêche une réelle intervention publique (Holifield, 2012). On peut en effet s’étonner que vingt ans après la reconnaissance officielle de la justice environnementale, aucune mesure permettant de l’étudier ni aucun des efforts fournis afin de l’atteindre n’ait été concrétisé à l’échelon national. Malgré une mobilisation impressionnante tant par des universitaires que par de nombreux mouvements sociaux, la justice environnementale peine à trouver une concrétisation dans des politiques publiques précises.

30Holifield identifie une troisième vague, associée à un nouvel instrument, EJ SEAT (Strategic Enforcement Assessment Tool), qui vise à redonner une cohérence nationale aux approches régionales. L’EJ SEAT définit des scores pour chaque census tract américain [14] sur base de 18 indicateurs, uniformes pour tout le territoire. Toutefois, des problèmes de disponibilité des données existent toujours aujourd’hui. Les indicateurs localisés constituent certainement une approche intéressante de la réalité des inégalités environnementales mais ne prennent pas en compte le vécu et la perception des populations, pourtant considérés comme des éléments importants par le mouvement de justice environnementale, notamment dans le cadre des « self defining communities », supposant une dynamique bottom-up, caractéristique de l’approche grassroot (populaire) de la justice environnementale aux USA (Blanchon, Moreau et Veyret, 2009). En effet, Sylvia Tesh et Bruce A. Williams identifiaient déjà en 1996 le hiatus potentiel entre deux types de savoirs mobilisés par le mouvement pour la justice environnementale : « “identity politics”, basing the legitimacy of its calls for political change on the experiences and values of its members, and “desinterested politics”, basing the legitimacy of its demands on the published findings of (presumedly) neutral science » (Tesh et Williams, 1996). La nécessité de réunir ces deux approches était alors rappelée par ces deux chercheurs :

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« This conception of a neutral science as the way to decide policy controversies means that, given the weaknesses of the scientific studies used by the environmental justice movement, policymakers are constrained from taking the movement’s claims into account ».

32On voit déjà que malgré les orientations prises par les pouvoirs publics pour répondre aux injustices environnementales, des voix dissonantes critiquent dès le milieu des années 1990 une approche qui serait basée uniquement sur des indicateurs quantifiables, supposément basés sur « la science ». Le débat reste aujourd’hui ouvert, alors que la revendication pour plus de justice environnementale reste très forte et que les politiques publiques mises en place pour y répondre semblent trop faibles face aux enjeux colossaux qu’elles représentent dans le contexte nord-américain mais également ailleurs dans le monde.

La justice environnementale versus NIMBY : quelle plus-value pour appréhender les conflits environnementaux ?

33Généralement, le « paradigme » dominant considéré en Europe (principalement dans le monde anglo-saxon) pour appréhender la gestion des conflits environnementaux est la réaction dite « NIMBY », « Not in My Backyard », fournissant une interprétation des réponses des citoyens face aux décisions d’implantations d’industries polluantes ou plus globalement de ce que les Anglo-Saxons appellent LULUs, pour « locally undiserable/unwanted land uses », couvrant toute nouvelle affection potentiellement jugée néfaste par et pour résidents ou associations locales.

34L’approche de la justice environnementale offre toutefois une perspective différente sur les conflits et enjeux environnementaux à l’échelle locale. Cette partie vise ainsi tout d’abord à distinguer ces deux domaines avant de montrer la plus-value que peut apporter la littérature sur les inégalités et la justice environnementales pour la gestion de ces enjeux, notamment en termes de compréhension des modes d’action des acteurs et des perceptions et représentations associées à ce type de conflits. De plus, certains spécialistes de la justice environnementale tendent à distinguer leurs actions d’une vision négative, voire péjorative, du « NIMBYisme ». Hilda E. Kurtz (2003) souligne ainsi :

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« Social movements scholars in the USA demonstrate that environmental justice activists reject the localization of their grievances and the aspersions of NIMBYism that come with it ».

36La justice environnementale est centrée sur une approche spatiale des zones urbaines et périurbaines, en majorité [15], et cherche à démontrer les inégalités de situation et la manière dont les populations se mobilisent – ou pas – contre les choix urbanistiques et environnementaux et les décisions publiques ayant un impact disproportionné pour certaines portions de territoire ou de population. Elle se distingue ainsi d’une approche uniquement centrée sur « ceux qui font entendre leur voix », plus proche du NIMBY. David Blanchon affirme à ce sujet que :

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« Une dérive possible des mouvements pour la justice environnementale est représentée par le phénomène NIMBY qui, au lieu de lutter pour la réparation de discrimination ou d’oppression environnementale, se mobilise pour la défense d’un cadre de vie privilégié, quitte à reporter les nuisances environnementales dans d’autres espaces [16]. »

38Tout d’abord, le NIMBY est souvent conçu comme un label péjoratif donné principalement à des populations rejetant la localisation d’un « LULU » mais qui acceptent néanmoins la pertinence de son existence ailleurs. Michael E. Kraft et Bruce B. Clary affirment toutefois : « NIMBY is a multidimensional phenomenon that differs from prevailing construct » (Wolsink, 2006 ; Kraft et Clary, 1991). Une étude majeure réalisée par William R. Freudenburg et Susan K. Pastor en 1992 avait pour objet de déconstruire le concept NIMBY et identifiait trois explications possibles à des comportements NIMBY : ignorant/irrationnel, égoïste ou prudent (Freudenburg et Pastor, 1992). Ils questionnaient ainsi la plus-value du concept de NIMBY pour la compréhension des réponses citoyennes face aux décisions d’implantation litigieuse. Le NIMBY a été progressivement perçu comme « the ultimate legitimization for not considering the arguments that are put forward » (Wolsink, 2006).

39Certains auteurs ont toutefois tenté de dépasser cette première réaction spontanée face au NIMBY, arguant qu’il y a également des utilisations « positives » du « NIMBYisme », incluant les idéaux de l’action démocratique [17] (Johnson et Scicchitano, 2012). Les réactions NIMBY incluent bien souvent des attitudes et réactions face aux décisions publiques relatives à l’affectation des sols et à la qualité de vie résidentielle moins étriquées qu’une vision commune et limitée du « NIMBYisme ». Avec Kate Burningham (2000), nous arguons : « academics might rather usefully study participants’ use of NIMBY, but should distance themselves from the activity of attributing NIMBYism ».

40Après ces premières considérations mettant en perspective les préjugés et restrictions concernant le NIMBY, nous pensons qu’une approche en termes de justice et d’inégalité environnementales apporte trois avantages principaux pour mieux comprendre les conflits environnementaux locaux au sens large, nourris par l’existence avérée ou perçue d’inégalités ou d’injustices environnementales. Tout d’abord, cette approche est plus déconnectée de jugements de valeur concernant ce qui est ou devrait être compris comme des réactions négatives ou égoïstes par rapport à un projet d’implantation polluante. Le NIMBY a été largement étudié, surtout dans le monde anglo-saxon, et souffre d’une confusion et du rejet d’un projet comme une attitude intéressée et « locale », dans le « mauvais » sens du terme. Deuxièmement, nous croyons que la justice environnementale offre une nouvelle opportunité d’élargir le champ de réflexion au concept de « ceux qui sont affectés » (« those affected » ou « all affected ») dans le cadre du processus de décision publique, incluant ainsi des personnes qui n’utilisent pas les canaux traditionnels de la contestation. Cette approche intégrant les « all affected », tente de rassembler les personnes qui n’ont généralement pas voix au chapitre dans ce type de processus, en ouvrant la réflexion à une plus grande diversité d’acteurs. La justice environnementale permet d’ouvrir le débat environnemental à la question de la justice sociale (Martínez Alier, 2003). Cette démarche permet également d’inclure les phénomènes de « non-mobilisation », ainsi que leurs diverses causes potentielles (emploi versus mobilisation environnementale, par exemple). Finalement, une démarche axée sur « l’inégalité ou l’injustice environnementale » ouvre la réflexion sur les espaces environnementaux ordinaires du quotidien (« ordinary environmental spaces of everyday life », Whitehead, 2009), et aux inégalités ordinaires, à travers une analyse approfondie des environnements de vie et de travail des personnes concernées : habitat, cadre résidentiel, espaces de loisirs, accès à des services.

État de la recherche en Europe

41Exportée progressivement hors du contexte nord-américain, la justice environnementale est réappropriée différemment selon les contextes nationaux, principalement sous l’appellation inégalités environnementales en Europe. Sans constituer un champ de recherche aussi foisonnant qu’aux États-Unis, des chercheurs dans de nombreux pays européens tentent d’appréhender ces inégalités dans leur contexte national et de faire connaître ce champ de réflexion encore largement méconnu aujourd’hui [18], en l’axant principalement sur les questions de pauvreté et de cohésion sociale en lien avec l’environnement et la qualité du cadre de vie (Charles et al., 2007).

42Au niveau de l’Union européenne, où les enjeux environnementaux occupent une place de choix, la justice environnementale n’est pas un concept qui s’est développé non plus de manière explicite, que ce soit au niveau du droit de l’Union ou des arrêts de la Cour de justice. Elle constitue néanmoins un thème émergent à la suite de la Convention d’Aarhus adoptée en 1998 (Laurent, 2010 et 2011), même si ce thème n’est pas encore traité directement par des instances telles que l’agence européenne de l’environnement. À travers l’EEB (European Environmental Bureau, rassemblant de nombreuses ONG environnementales), et qui se revendique comme étant « the environmental voice of European citizens, standing for environmental justice, sustainable development, and participatory democracy. », la notion de justice environnementale est explicitement mentionnée.

43La justice environnementale s’est en revanche développée en Grande-Bretagne depuis la fin des années 1990 comme champ de recherche importé des États-Unis, en tentant d’y adapter les principes et enjeux aux spécificités de ce contexte [19]. Au fur et à mesure, celui-ci a été repris par quelques associations locales (Blanchon, Moreau et Veyret, 2009) et des associations environnementales de grande envergure, telles Friends of the Earth (FoE), mais pas directement par des grassroots movements comme cela a été le cas aux États-Unis où l’activisme de justice environnementale s’est développé en parallèle de l’environnementalisme plus classique.

44L’Europe continentale ne voit se développer ce champ de recherche que plus tardivement. En France, l’activisme de justice environnementale, par exemple, est absent mais les inégalités environnementales commencent à se développer comme champ de recherche, notamment à l’initiative des autorités publiques, dont le PUCA [20] qui commande une série d’études sur le thème en 2004. Un Livre Blanc du comité français pour le sommet mondial du développement durable de Johannesburg en 2002, consacre un groupe de travail à la question « inégalités sociales, inégalités écologiques ». La stratégie nationale de développement durable 2003-2008 identifie dans son axe 2 l’enjeu de « mieux connaître et réduire les inégalités écologiques et sociales ». Différents rapports commandités sont également produits sur la question : un rapport de l’inspection générale de l’environnement et du conseil général des Ponts et Chaussées est entièrement dédié à la question en 2005 (Diebolt et al., 2005 ; Faburel et Roy, 2006). Des études commanditées par le ministère de l’Écologie et du Développement durable (MEDD) au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), et réalisées par Lydie Laigle, ont contribué à la diffusion de cette thématique en France (Laigle, 2005 et 2009). Des numéros spéciaux de revue y sont consacrés (Villalba et Zaccaï, 2007).

45Les inégalités environnementales sont envisagées en France en lien étroit avec les dynamiques urbaines et territoriales. C’est en effet essentiellement des géographes [21] et des économistes (E. Laurent, 2010 ; Zuindeau, 2005) qui s’intéressent à la question, contrairement aux États-Unis, où c’est principalement la sociologie qui s’en est emparée. Ces différentes études n’ont toutefois pas conduit jusqu’à présent à une réelle mise sur agenda politique de la thématique des inégalités environnementales en France, prévoyant un monitoring ou des objectifs clairs, même si certaines initiatives existent à l’échelle locale ou régionale [22]. Lydie Laigle, dans une étude sur les inégalités environnementales en Europe, conclue :

46

« L’analyse et le traitement des inégalités environnementales dépendent étroitement des héritages urbains, des conceptions de l’action publique et des collectivités territoriales impliquées dans la mise en œuvre du développement urbain durable [23] ».

47Jacques Theys (2007) avance plusieurs hypothèses pouvant expliquer pourquoi inégalités sociales et environnement s’ignorent en France et en Belgique : « la construction des systèmes de représentation et de connaissance » des deux domaines, la structuration du champ politique, la rentabilité politique du thème, etc.

48

« Le cadre théorique permettant de croiser environnement et justice sociale demeure fragile, comme si les deux champs de réflexion s’étaient mutuellement ignorés. On manque de cadre conceptuel pour penser l’environnement et les inégalités sociales, et définir une éthique de l’environnement [24]. »

49Par ailleurs, la sociologie française s’est notamment intéressée aux liens conceptuels entre environnement et social [25]. Même si de nombreuses recherches et publications ont contribué à penser ces relations, à étudier les préoccupations sociales et environnementales conjointement, elles ne l’ont pas fait dans les mêmes termes et dans le même objectif que le courant de la justice environnementale. Le point focal de cette dernière visant à la transformation de la société par une intervention sur de « nouvelles » inégalités, mises en exergue au travers de recherches et de mobilisations collectives, constitue une innovation par rapport à la recherche sociologique française. Dans un ouvrage récent, Bernard Kalaora et Chloé Vlassopoulos reconnaissent ainsi « le retard en France de l’intégration de l’environnement dans les sciences sociales et particulièrement dans l’étude des enjeux sociaux et politiques » (Kalaora et Vlassopoulos, 2013). Ils constatent en effet la place marginale occupée par les rapports entre environnement, injustice et santé, tant dans le débat scientifique que dans l’action collective, tout comme :

50

« la difficile appropriation de la notion de justice environnementale, tant par la communauté scientifique que par les autorités publiques [qui] est d’autant plus étonnante que la connexion entre environnement dégradé, risques sanitaires et pauvreté était déjà présente dans le discours hygiéniste français du xixe siècle [26] ».

51En France, ce sont d’autres champs et terminologies qui ont toutefois contribué à réfléchir à des questions proches de celles posées par la justice environnementale : l’écologie spatiale urbaine (Guermond, 2005), la ville durable (Mathieu et Guermond, 2011) ou encore la démocratie environnementale (Barbier et Larrue, 2011). C’est également par le prisme d’autres thématiques d’investigation telles que la santé environnementale [27], l’épidémiologie populaire (Martínez Alier 2003), la qualité du logement [28], les risques environnementaux et les transformations de la société [29] ou encore dans les rapports entre justice et énergie (Laurent, 2012 ; Da Cunha et Guinand, 2014) que s’est définie une sociologie de l’environnement en France, négligeant toutefois jusqu’à récemment d’y inclure explicitement les enjeux de la justice et de l’égalité.

Comment mettre en lumière des inégalités environnementales ? Réflexion critique sur les méthodes d’investigation

À quelle échelle étudier les inégalités environnementales ?

52De nombreuses questions se posent quant à l’échelle la plus pertinente pour étudier les inégalités et la justice environnementales. En effet, d’une approche internationale visant à mettre en exergue des disparités entre pays du Nord et du Sud en matière environnementale (Martínez Alier, 2003 ; Agyeman, Bullard, et Evans, 2003) à une étude micro visant à mettre au jour les problèmes spécifiques d’un quartier urbain précarisé et dégradé d’un point de vue environnemental [30], en passant par le niveau régional [31], ce que l’on cherche à démontrer varie extrêmement.

53Toutefois, partant de la nécessité d’une approche spatiale des inégalités environnementales – en termes de disparités géographiques –, tout particulièrement à l’échelle locale, micro de la ville et de ses quartiers, cette littérature peut constituer un appui majeur à la transformation des politiques de requalification des zones urbaines défavorisées, cumulant inégalités socio-économiques et environnementales, dans une approche concertée et intégrée de redéveloppement. La mise en lumière de zones particulièrement touchées par le cumul d’inégalités, et la concertation et coélaboration de politiques avec les acteurs clefs locaux pourrait contribuer à mettre en avant les impacts différenciés des politiques publiques et la nécessité d’être à l’écoute des revendications et initiatives locales en matière environnementale et sociale.

Méthodes quantitatives versus qualitatives ?

54La plupart des recherches menées sur les inégalités et la justice environnementales dans le contexte nord-américain mais aujourd’hui aussi en Europe sont quantitatives. Elles mobilisent des données issues d’enquêtes ou recensements, généralement géolocalisées, afin de mettre en lumière des disparités spatiales à l’échelle d’un quartier, d’une ville ou d’une région. La disponibilité de données sur les minorités ethniques dans les recensements aux États-Unis a permis un traitement statistique des disparités raciales en matière d’accès à des aménités environnementales mais aussi de proximité à des installations polluantes. Celles-ci ont constitué la base des recherches sur la justice environnementale à partir des années 1980 :

55

« Studies of this form focusing on the quantitative analysis were particularly influential in the early emergence and shaping of the environmental justice movement in the US, focusing predominantly on using data on the locations of polluting installations or on emissions or levels of pollution and relating this to data on ethnicity and social class[32]. »

56Toutefois, malgré le foisonnement de travaux sur la thématique de la justice environnementale, certaines dimensions ont jusqu’à présent été peu développées dans la recherche nord-américaine et, a fortiori, européenne. Essentiellement centrées sur une approche quantitative visant à prouver l’existence de ces injustices ou inégalités, elles ont largement délaissé une démarche qualitative offrant pourtant un potentiel pour la compréhension de ces dynamiques (Faburel, 2012 ; Deldrève et Candau, 2014) : perception, ressenti et expériences de l’environnement et de leur cadre de vie par les populations concernées. L’approche « quantitative » a conduit notamment les pouvoirs publics à privilégier l’élaboration d’indicateurs permettant d’identifier, par exemple, des « zones de justice environnementale », ce qu’est une « minorité ethnique » ou les attributs d’une communauté défavorisée et des critères permettant d’établir la présence de « populations disproportionnellement impactées » (Holifield, 2012), plutôt que de favoriser des réponses concertées et élaborées en bonne intelligence avec les publics touchés par ce type d’inégalités.

57Les études quantitatives ont été critiquées par divers auteurs mettant en question la manière dont les données sont traitées, la confusion entre une volonté « partisane » de démontrer des inégalités/injustices et la rigueur scientifique nécessaire pour asseoir leur existence d’un point de vue scientifique, l’échelle de mesure des inégalités, une certaine confusion entre exposition à des nuisances et proximité par rapport à des installations, le choix des types de pollution considérées (Been, 1995 ; Bowen, 2002), ainsi qu’un amalgame entre données objectives, quantifiables et géolocalisables, d’une part, et perception et représentation des populations locales et des autorités par rapport à ces données, d’autre part.

58Au-delà même d’une dichotomie entre démarches quantitatives et qualitatives, les débats scientifiques et méthodologiques entourant les études publiées sont importants [33]. William M. Bowen, dans un article très critique, remet en question la validité scientifique d’une partie non négligeable de la recherche scientifique sur la justice environnementale aux États-Unis. En 2001, moment où il a étudié cette question, il inventorie environ 200 articles scientifiques publiés aux États-Unis sur la justice environnementale, qui forment la base de sa critique. Il conclut dans son article :

59

« Environmental justice moved to a national political level through a combination of grassroots activism and pseudoresearch done by advocates, not by reasoned arguments based on sound empirical knowledge[34]. »

60Même si ces remarques sont spécifiques à la justice environnementale telle qu’elle s’est analysée dans le contexte nord-américain, elles invitent à la prudence dans le traitement des inégalités environnementales en Europe. Laigle, dans une étude française, remarque également que « l’approche territoriale des disparités “écologiques” reste cantonnée à un constat qui permet difficilement de construire une problématique des inégalités de situation » (Laigle, 2009).

61La notion d’environnement dans la justice environnementale et les inégalités environnementales inclut aujourd’hui de nombreuses notions : aménagement urbain, aménités, transports. C’est également le point de vue privilégié par Gordon Walker, lorsqu’il constate que la plupart des études sur la justice environnementale se sont soit intéressées à la notion de justice et à des considérations théoriques, soit à tenter de démontrer l’existence d’inégalités voire d’injustices environnementales :

62

« The point here is that the academic literature on environmental justice has tended to focus either on analysing justice concepts and theories – drawing on various philosophical and political traditions (Wenz 1988 ; Dobson 1998 ; Schlosberg 2007) – or on the generation of evidence of patterns of inequality. Rarely have the linkages been adequately explored or both elements been approached as forms of claim-making[35]. »

63La gestion du nouveau champ que constituait la justice environnementale aux États-Unis a stimulé le développement de réflexions, études et outils permettant d’y apporter une réponse politique. Ces outils questionnent notamment la confrontation de savoirs « experts » – indicateurs, statistiques – et de savoirs profanes (Hassenteufel, 2008) – épidémiologie populaire, street-based science (Corburn, 2005). Des études combinant approches quantitatives et qualitatives sont aujourd’hui privilégiées par certains auteurs – notamment Guillaume Faburel en France – considérant qu’il est nécessaire de dépasser une approche purement objectiviste, voire « physicaliste », de la qualité de l’environnement, pour étudier les perceptions et représentations des populations locales par rapport à toute une série d’aménités et de désaménités environnementales à proximité de leur lieu de résidence, et leur impact potentiel sur les choix résidentiels des ménages, notamment les plus riches, conduisant à des phénomènes d’isolation et de ségrégation spatiales (Faburel, 2012).

Discussion : la justice environnementale, réelle innovation ou nouvelle manière de poser la vieille question des relations homme-nature ?

64La justice environnementale pose-t-elle réellement de nouvelles questions de recherche ? Permet-elle de mettre en lumière un impensé des politiques environnementales et urbanistiques en Europe ? Cet article plaide en faveur d’une approche renouvelée des inégalités entre populations et entre territoires, afin de mettre en exergue des inégalités environnementales majeures dont souffrent les populations les plus défavorisées. L’objet de cette section consiste ainsi à mettre en lumière la nouveauté de cette approche ainsi que ses limites.

En faveur d’une approche renouvelée des inégalités environnementales

65La recherche sur les inégalités environnementales offre des concepts scientifiquement établis et des méthodologies élaborées permettant une assise scientifique forte, notamment par rapport à d’autres courants plus politiques, tels que le développement durable.

66Les inégalités environnementales peuvent être étudiées à de multiples échelles, au niveau d’un quartier ou d’une ville européenne, ou encore à l’échelon international, mettant en exergue des enjeux multiples : inégalités nord-sud, inégalités historiques de développement des territoires urbains, etc.

67Les inégalités environnementales invitent à réfléchir aux situations de cumul d’inégalités socio-économiques, éducatives et environnementales, dans une perspective large incluant le logement, l’accès à des services urbains, à des espaces verts, la qualité de vie, la limitation des nuisances, etc. Ces impacts différenciés, pour les territoires et les populations, d’une série de politiques environnementales et urbanistiques constituent un impensé dans de nombreux pays européens : quel est l’état de l’environnement, son impact sur les populations, tout particulièrement les plus précarisées, et sur leur santé, et comment rendre publiques ces inégalités et y remédier politiquement ? L’ampleur des inégalités qui se cachent derrière la recherche sur les inégalités environnementales nécessite de trouver des réponses locales, nationales ou internationales pour restaurer la qualité de vie et d’environnement des populations.

68Fondées non seulement sur une recherche scientifique bien établie aux États-Unis et ailleurs, les inégalités environnementales se basent également sur le mouvement de justice environnementale, interrogeant les impacts des politiques publiques et des installations ou infrastructures polluantes pour différentes catégories de populations. Elle propose dès lors, au-delà de situations de cumul d’inégalités socio-économiques et environnementales, d’étudier comment les populations locales (associations, riverains, experts locaux, etc.) se saisissent de ces questions et les perçoivent : mobilisations, action collective, dynamique des relations bottom-up et top-down entre citoyens et autorités publiques, et sont intégrées aux processus de réflexion sur leur espace de vie – avec une note particulière pour les populations les plus défavorisées, souvent exclues de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques environnementales.

69Une réflexion en termes d’inégalités environnementales permet finalement l’intégration et la délimitation de nouvelles zones d’action prioritaire sur les villes et les quartiers, combinant critères sociaux, économiques et environnementaux, centraux dans les processus de requalification de zones urbaines précarisées. Elle invite de la même manière à repenser la démocratie et ses outils : participation citoyenne ou réel empowerment des populations, coconstruction des problèmes publics et des réponses politiques à y apporter.

Les limites de la justice environnementale

70Même si la justice environnementale offre d’intéressantes perspectives pour la recherche et l’action publique en Europe, elle est également problématique à plusieurs égards.

71Face à une multiplicité de concepts et à une extension progressive des champs d’action potentiels, la justice environnementale ne va-t-elle pas perdre de sa lisibilité et de son pouvoir de persuasion ? Si l’idée d’inégalité environnementale est a priori accrocheuse, il serait utile de clarifier les différents concepts – dont une ébauche est proposée dans cette contribution – et de toujours préciser ce que l’on veut démontrer quand on parle d’inégalités environnementales. La diversité des thématiques potentiellement considérées comme des facteurs d’injustice environnementale – pollution atmosphérique, proximité d’installations polluantes, bruit d’infrastructures de transport, étendus progressivement à des thématiques comme l’accès à des aménités (transports en commun ou espaces verts) ou la qualité du logement comme lieu central du bien-être – ne doit pas non plus desservir le courant de recherche en lui conférant un trop grand spectre d’action potentielle.

72Ce concept, largement hérité d’études et de courants nord-américains, ne doit pas non plus faire oublier le lien fort qu’il continue de nourrir avec la tradition des droits de l’homme et le combat pour les droits civiques spécifiques à ce contexte. Blanchon affirme ainsi que « la justice environnementale naît dans un cadre géographique bien particulier, aux États-Unis, pays fortement urbanisé dont la société inégalitaire est marquée par une forte ségrégation sociospatiale » (Blanchon, Moreau et Veyret, 2009). La transposition de ce courant de recherche et des enjeux qu’il pose pour la société et les politiques publiques doit faire l’objet d’une adaptation et d’une appropriation en Europe, nécessitant recherches, méthodes et cas d’études de ce côté de l’Atlantique, permettant de montrer ses potentialités et ses limites dans divers contextes, nationaux ou locaux.

73Par ailleurs, en Europe, le potentiel pour le développement d’une réflexion en termes d’inégalités environnementales manque également cruellement de toute la dynamique portée par les mouvements sociaux se revendiquant de la justice environnementale aux États-Unis. Si la recherche n’est pas également portée et revendiquée par des citoyens, riverains ou associations dont l’objet même est de prétendre à un changement de société, permettant une autre relation au social et à l’environnemental, celle-ci manquera des relais et de la concrétisation sociale nécessaires à sa mise à l’agenda public. Toutefois, aujourd’hui, excepté en Grande-Bretagne où de tels mouvements de justice environnementale ont émergé, de plus en plus d’associations et de groupements locaux s’intéressent à ces questions, même si la référence explicite au courant de la justice environnementale ne s’est pas encore concrétisée.

74Par ailleurs, la disponibilité de données à plusieurs échelles, et tout particulièrement locale aux États-Unis, a contribué à asseoir la justice environnementale d’un point de vue scientifique. Ces données sur les populations (origine, appartenance ethnique) ainsi que sur les pollutions de divers types, constituent un élément fondamental du développement de la recherche, et sont souvent moins précises et moins nombreuses en Europe.

Conclusions et perspectives pour la recherche en Europe

75Malgré les limites exposées de la justice environnementale – sources de données, spécificité de son contexte d’émergence, flou conceptuel –, ce courant nous semble offrir plusieurs perspectives intéressantes et originales pour étudier les phénomènes de renforcement d’inégalités socio-économiques par des facteurs environnementaux (pollution, nuisances, cadre de vie).

76Encore largement délaissées par la recherche européenne, les inégalités environnementales permettent de questionner les politiques publiques (environnementales, urbanistiques ou de la ville) ainsi que le positionnement des acteurs publics sur ce type d’enjeux majeurs dans un contexte où le développement durable est devenu le maître mot politique. Les inégalités environnementales et la justice environnementale offrent ainsi des outils théoriques et méthodologiques concrets, une perspective innovante face aux échecs répétés des politiques de reconversion et de transformation des villes dégradées d’un point de vue environnemental, invitant par ailleurs à une participation citoyenne renforcée, à une ouverture aux perceptions et représentations des acteurs cibles de politiques publiques environnementales renouvelées.

77La justice environnementale, se distinguant de l’approche NIMBY, propose des outils empiriques, méthodologiques et scientifiques pour repenser les liens entre social et environnement, souvent « impensés » des politiques publiques en Europe. Par ailleurs, les constats tirés d’une analyse des politiques publiques américaines mises en place depuis vingt ans pour adresser l’enjeu de la justice environnementale permettent d’orienter les solutions publiques pouvant y répondre en Europe : utilité et limites d’outils de mise en œuvre d’une approche quantitative (indicateurs), compréhension des processus, perception et représentations des acteurs, échelles de mise en œuvre, etc.

78Les inégalités environnementales ouvrent une nouvelle perspective sur les processus démocratiques, la participation citoyenne et les stratégies d’empowerment : comment les voix oubliées, non entendues des populations marginalisées et des quartiers pauvres peuvent-elles être entendues en matière environnementale ? Qui a son mot à dire dans le processus de décision publique pour influencer les orientations politiques environnementales ? L’inégalité environnementale questionne la manière dont les politiques environnementales et urbaines sont élaborées aujourd’hui.

Notes

  • [1]
    Lydie Laigle, 2009.
  • [2]
    Dans le cas en question, des résidents du quartier de Northwood Manor, à Houston (Texas), contestaient la décision d’implanter une décharge dans leur quartier, majoritairement habité par des populations afro-américaines. Ils n’ont toutefois pas gagné leur procès : « Unable to establish intentional discrimination with sufficiently particularized statistical data showing a pattern or practice of placing waste facilities in communities of color, and unable to provide the court sufficiently detailed factual information on the siting decision, the residents were not granted relief and the plant was built ». Ce litige a toutefois contribué à la diffusion des courants de la justice environnementale et du racisme environnemental ; Bean v. Southwestern Management Corp., United States District Court for the Southern District of Texas, 1979, 482 F. Supp. 673.
  • [3]
    Le contexte nord-américain se prête bien au développement d’un activisme centré sur les populations ethniques : le recensement inclut une question sur l’origine ethnique des populations (par auto-identification) permettant de croiser données sociodémographiques et ethniques ; des mouvements sociaux importants existent dans la lignée du civil rights movement qui permettent à la justice environnementale de s’appuyer sur des réseaux préexistants ; une approche des droits naturels de l’homme propice à l’émergence d’une justice environnementale notamment conquise à travers les tribunaux et la mobilisation d’un cadre « discriminations », en sont quelques éléments.
  • [4]
    Certains auteurs essayent par exemple de démontrer que la répartition des fonds qui ont été octroyés dans le cadre du programme Superfund aux États-Unis dans les années 1990, visant à réaffecter des sites industriels pollués, s’est réalisée au détriment des populations pauvres et issues de minorités ethniques.
  • [5]
    Walker, 2009.
  • [6]
    Wenz, 1988 ; Harvey, 1996 ; Bullard, 2000 ; Bullard et Johnson, 2000 ; Pulido, 2000 ; Pellow, Weinberg, et Schnaiberg, 2001 ; Agyeman, 2002 ; Kurtz, 2003 ; Sze, 2003 ; Krieg et Faber, 2004 ; Schlosberg, 2007 ; Taylor, 2011 ; Holifield, 2012.
  • [7]
    Flipo, 2009 ; Gagnon, 2008 ; Dobson, 1998 ; Wenz, 1988 ; Schlosberg, 2007.
  • [8]
    Emelianoff, 2006 ; Cornut, Bauler, et Zaccai, 2007 ; Walker et Eames, 2008 ; Faburel, 2012 ; Walker, 2012.
  • [9]
    Une étude portant sur la Californie lui permet en effet de montrer la déconnexion croissante entre revendications des mouvements et traduction « concrète » dans les politiques publiques.
  • [10]
    Ces principes sont repris à l’adresse suivante : http://www.ejrc.cau.edu/princej.html.
  • [11]
    Le sommet s’est concentré toutefois uniquement sur les personnes de couleur : il débuta en effet par la phrase « We, the people of color ».
  • [12]
    Bullard et Johnson, 2000.
  • [13]
    L’EPA divise le territoire américain en dix régions (« regional offices ») compétentes pour la mise en œuvre des politiques, voir la cartographie en ligne pour plus d’informations : http://www2.epa.gov/aboutepa/visitingregional-office, consulté le 10 mars 2014.
  • [14]
    Le Census tract est plus ou moins l’équivalent de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) en France et du secteur statistique en Belgique, plus petite unité géographique d’analyse de l’information statistique.
  • [15]
    Même si la justice environnementale peut également s’intéresser à des conflits territoriaux, ruraux ou liés à la préservation d’espaces naturels ou de droits ancestraux.
  • [16]
    Blanchon, Moreau et Veyret, 2009.
  • [17]
    Traduction de l’auteur.
  • [18]
    Agyeman et Evans, 2004 ; Steger et al., 2007 ; Faburel et Gueymard, 2008 ; Fairburn, Butler et Smith, 2009 ; Walker, 2012 ; Faburel, 2013 ; Lejeune, Chevau et Teller, 2012 ; Lejeune et al., 2014 ; Cornut, Bauler et Zaccai, 2007 ; Charles et al., 2007 ; Emelianoff, 2006 ; Kohlhuber et al., 2006 ; Rehbinder, 2007 ; Anguelovski, 2013.
  • [19]
    Bulkeley et Walker, 2005 ; Lucas et al., 2004 ; Walker, 2012 ; Fairburn, Butler et Smith, 2009 ; Dobson, 1998 ; Pye et al., 2008.
  • [20]
    Le PUCA est un service interministériel rattaché à la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (http://rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca/puca/presentation.htm).
  • [21]
    Emelianoff, 2006 ; Faburel, 2012 ; Faburel, 2008 ; Ghorra-Gobin, 2005.
  • [22]
    Actu-environnement, « Suivi des inégalités environnementales de santé : les initiatives locales en exemple » [en ligne]. http://www.actu-environnement.com/ae/news/suivi-inegalites-environnementales-sante-initiativeslocales-20770.php4, consulté le 11 mars 2014.
  • [23]
    Laigle, 2009.
  • [24]
    Blanchon, Moreau et Veyret 2009.
  • [25]
    Theys, 2007 ; Blanchon, Moreau et Veyret, 2009 ; Mathieu et al., 1989.
  • [26]
    Kalaora et Vlassopoulos, 2013.
  • [27]
    Charles et al., 2007 ; Lavaine, 2010 ; Akrich, Barthe et Rémy, 2010 ; Charles, Rambaud et Roussel, 2011.
  • [28]
    Lejeune, Chevau et Teller, 2012 ; Charles et al., 2007.
  • [29]
    Charles et Kalaora, 2003 ; Callon, Lascoumes et Barthe, 2001.
  • [30]
    Lejeune, Chevau et Teller, 2012 ; Anguelovski, 2013 ; Faburel, 2012 ; Viel et al., 2011.
  • [31]
    Fairburn, Butler et Smith, 2009 ; Pulido, 2000 ; Krieg et Faber, 2004 ; Szasz et Meuser, 2000.
  • [32]
    Walker, 2012.
  • [33]
    Been, 1993 ; Liu, 1997 ; Bowen, 2002 ; Bowen et Wells, 2002.
  • [34]
    Bowen, 2002.
  • [35]
    Walker, 2012.
Français

Dans cet article, nous centrons notre réflexion sur la notion de justice environnementale, depuis son émergence en tant que champ d’investigation scientifique et d’activisme environnemental et social aux États-Unis dans les années 1980. Son intégration progressive au sein de politiques publiques environnementales ainsi que les résultats de cette mise à l’agenda public seront ensuite esquissés pour en montrer les évolutions et les limites. Ensuite, nous analysons son émergence dans le contexte européen pour montrer la plus-value que la justice environnementale peut apporter à la compréhension des rapports entre environnement et justice sociale. Les enjeux pour le contexte européen, en termes de recherche mais aussi de politiques publiques, sont abordés afin de mettre en lumière les apports potentiels de ce courant de recherche foisonnant aux États-Unis pour la réflexion sur le cumul d’inégalités socio-économiques et environnementales en Europe.

Références bibliographiques

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Zoé Lejeune
Doctorante IPRA (IWEPS PhD Research Activity) en science politique à l’université de Liège (Belgique), elle réalise une thèse de doctorat sur les inégalités environnementales et plus spécifiquement sur les mobilisations environnementales dans les quartiers urbains précarisés de plusieurs villes belges et anglaises.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 24/04/2015
https://doi.org/10.3917/rfas.151.0051
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