CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1La question du devenir des « enfants placés » fait l’objet d’une attention particulière, tant dans le champ scientifique que dans celui de l’intervention sociale. Des recherches ont ainsi mis en évidence une forte surreprésentation des personnes ayant été placées parmi les jeunes « sans domicile » utilisateurs des services d’aides (35 % des 18-24 ans) [1]. Cependant, il est souvent « difficile de distinguer ce qui relève du placement en soi et ce qui relève des circonstances qui l’ont précédé, causé ou suivi » (Firdion, 2006).

2D’un point de vue méthodologique, étudier le lien entre placement et devenir peut être envisagé à partir d’une collecte rétrospective. Cette approche est cependant problématique, car elle suppose de retrouver une population anciennement placée plusieurs années après la dernière prise en charge (Frechon et Dumaret, 2008). De plus, il n’existe pas encore en France d’étude longitudinale prospective qui suivrait sur le long terme un large échantillon représentatif des enfants placés [2]. Les recherches françaises sur le devenir adulte d’anciens placés se situent généralement à l’échelle départementale ou locale et adoptent une approche monographique, en se concentrant sur un service de familles d’accueil ou un foyer qui accueille des jeunes entre 16 et 20 ans (Frechon et Dumaret, 2008). De ce fait, l’une des difficultés rencontrées par les auteurs est liée à la comparabilité et à la généralisation des résultats.

3De plus, la durée de la prise en charge, les types de placement, les motifs d’entrée et de sortie ou les caractéristiques des familles d’origine sont autant d’éléments qui interagissent et rendent la population des « enfants placés » très hétérogène [3]. Ces éléments ont des effets tant sur les conditions d’insertion au moment de la sortie de placement (Biehal et al., 1995 ; Dixon et Stein, 2005 ; Stein et Munro, 2008) que sur le devenir à plus long terme (Frechon et Dumaret, 2008). En France, une quinzaine d’études monographiques ont été réalisées depuis les années 1980 ; sept d’entre elles ont pris en compte des informations sur la trajectoire passée. Malgré une grande hétérogénéité dans la construction et l’utilisation des typologies proposées, la plupart des résultats convergent : plus que la durée de la prise en charge, c’est la multiplicité des placements qui a une influence négative sur l’insertion sociale et professionnelle (Corbillon et al., 1990 ; Frechon, 2001 ; Hubert et al., 2006 ; Grasset et al., 2008). Par ailleurs, le lieu de placement (un foyer vs une famille d’accueil en fin de parcours) reste un élément déterminant des relations familiales à l’âge adulte et de l’insertion sociale et professionnelle : le devenir des adultes anciennement placés en famille d’accueil ou en village d’enfants est souvent plus favorable que celui des personnes placées en institution [4] (Frechon et Dumaret, 2008). On voit donc bien ici la nécessité de prendre en compte toute la complexité des trajectoires de prise en charge et le besoin d’une étude quantitative[5] sur les trajectoires individuelles de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance.

4À partir des données d’une enquête sur 809 jeunes ayant connu un placement, nous proposons ici une description des parcours individuels de prise en charge en deux temps. Nous dresserons tout d’abord un portrait général de la population étudiée. Ensuite, nous proposerons une typologie empirique des trajectoires de prise en charge, en tentant de rendre compte de leur diversité. La description de trajectoires types permettra d’ouvrir une discussion sur la pertinence et les limites de l’étude du devenir d’une population définie par la prise en charge institutionnelle qu’elle a connue durant une partie ou la totalité de son enfance.

Une enquête biographique à partir des dossiers archivés

5En 2007-2008, une étude a été réalisée afin d’étudier les trajectoires de prises en charge d’une cohorte d’enfants nés la même année (au milieu des années 1980) et ayant atteint 21 ans, l’âge limite de la protection de l’enfance en France [6]. Ces jeunes ont en commun d’avoir connu au moins un placement au cours de leur jeunesse et d’être sortis du système de protection de l’enfance après l’âge de 10 ans [7]. Cette collecte est exhaustive pour les deux départements étudiés (l’un en Île-de-France et l’autre en province, voir encadré) : les parcours de prise en charge de la naissance jusqu’à 21 ans ont été recueillis pour l’ensemble des jeunes répondant aux critères définis (n = 809 ; Frechon et al., 2009).

Les deux départements étudiés [Encadré 1]

L’étude a été réalisée dans deux départements : un en Île-de-France, à dominante urbaine ou péri-urbaine très forte (seulement 0,6 % de la population en zone rurale) et un en province avec 17 % de sa population en zone rurale (INSEE, RP99). Les structures par âge sont relativement semblables aux âges jeunes : les 0-20 ans représentent 30 % de la population totale du département francilien et 27 % du département de province.
En revanche, le département de province avait un taux de chômage de 6,9 % en 2008 contre 5,5 % pour le département francilien. Les aides sociales (telles que l’API, l’AAH, ou le RMI) sont plus fortes dans le département de province. Les enfants y sont aussi davantage placés : en 2009, 12 jeunes de moins de 20 ans sur 1 000 bénéficient d’une mesure physique dans le département de province contre « seulement » 7 pour 1 000 dans le département francilien [8].
Enfin le département de province a une offre d’accueil plus importante en placement familial que le département francilien (62 % contre 50 % des enfants placés le sont en famille d’accueil) (Borderies et Trespeux, 2011). Ces différences d’accueil témoignent de choix de politiques départementales différents (Frechon et al., 2009).

6Ce travail a été mené exclusivement à partir des dossiers de l’Aide sociale à l’enfance et des tribunaux pour enfants rattachés aux deux départements. Il s’agit donc d’une observation à partir des informations administratives et socio-éducatives renseignées par les services de protection de l’enfance depuis le moment où l’enfant fait l’objet d’une première mesure jusqu’à sa dernière prise en charge par les services de protection de l’enfance. Les éléments composant les trajectoires analysées doivent donc se comprendre comme ce que retient l’institution pour prendre en charge un enfant en danger (pour une discussion sur ces données, leurs avantages et leurs limites, voir Frechon et al., 2009).

7Pour chaque mesure de prise en charge, on a reporté dans des grilles biographiques : la date de début et de fin de la mesure, le type de mesure (administratif, judiciaire civil ou pénal ; mesure en milieu ouvert ou prise en charge physique) et le mode de placement (famille d’accueil, maison d’enfants à caractère social, foyer de l’enfance, institut sanitaire et social, internat scolaire, tiers digne de confiance, hébergement autonome…). En s’appuyant sur les différents écrits présents dans les dossiers (signalements, évaluations écrites des travailleurs sociaux, ordonnances, etc.), toutes les raisons ayant motivé chaque début et fin de mesure ont aussi été recueillies.

8Les motifs de prise en charge peuvent être regroupés en trois catégories : les quatre formes de maltraitances telles qu’elles sont classiquement catégorisées par les professionnels de la protection de l’enfance (violences physiques, abus sexuels, violences psychologiques et négligences lourdes) ; les autres motifs liés aux comportements ou conditions de vie des parents, intégrant aussi l’absence de ceux-ci (comme les conditions d’éducation défaillantes, les mineurs orphelins ou isolés, les enfants exposés à des violences ou conflits conjugaux des parents, les mineurs étrangers isolés ou les conditions de précarité de la situation résidentielle des parents) ; les motifs davantage liés au comportement de l’enfant lui-même, tels que les problèmes de comportement du jeune vis-à-vis de la société (délinquance), les situations de danger résultant du comportement de l’enfant lui-même (fugue, tentative de suicide, mauvaise influence des pairs, toxicomanie, prostitution…), les conflits familiaux (ego avec toute ou partie de la famille) ou les problèmes scolaires comme la déscolarisation ou la prise en charge pour suivre une formation.

Qui sont ces enfants protégés ?

9Parmi ces jeunes sortis de protection après l’âge de 10 ans, les garçons sont un peu plus nombreux que les filles (56 % contre 44 %). Ces proportions sont les mêmes dans les deux départements et se retrouvent dans une étude sur les parcours d’enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance réalisée dans un autre département (Madec et Potin, 2007) [9].

Des contextes d’origine souvent difficiles

10La prise en charge est souvent associée à des contextes familiaux difficiles. Les jeunes concernés sont ainsi fréquemment issus de familles nombreuses, séparées et/ou recomposées. Ainsi, 43 % ont au moins un demi-frère ou une demi-sœur ; seuls 5 % n’ont ni frère ni sœur. Leurs parents ont eu leur premier enfant relativement précocement : en moyenne deux ans plus tôt qu’en population générale. Bon nombre de parents ont vécu eux-mêmes une enfance difficile : 13 % des enfants ont un père et/ou une mère ayant été maltraité(e) et/ou placé(e). Près d’un jeune sur cinq est orphelin d’au moins l’un des deux parents [10], et 8 % n’ont pas été reconnus par leur père.

11Par ailleurs, un jeune enquêté sur cinq est né à l’étranger. Si cette proportion diffère peu selon le sexe, les parcours se distinguent nettement. Les filles d’origine étrangère sont arrivées relativement tôt en France et ont des motifs d’entrée en protection de l’enfance similaires aux autres filles de la cohorte. Les garçons, quant à eux, arrivent plus tardivement sur le sol français et sont pris en charge en tant que « mineurs étrangers isolés » à l’aube de leur majorité. Ils connaissent en moyenne quatre lieux de placements différents et restent placés 4,6 ans [11] (Frechon et al., 2009).

Des prises en charge différenciées selon l’âge et le sexe

12La protection de l’enfance intervient lorsqu’un enfant est en danger ou en risque de danger dans son lieu de vie habituel. Chaque fois qu’il est possible, l’enfant doit être maintenu dans son milieu familial. L’Aide sociale à l’enfance ou le juge des enfants désigne alors un service pour apporter aide et conseil à la famille, afin de surmonter les difficultés matérielles ou morales qu’elle rencontre : c’est l’aide à domicile (AED) ou l’action éducative en milieu ouvert (AEMO). S’il est nécessaire de retirer l’enfant de son milieu, l’Aide sociale à l’enfance – avec le consentement de la famille – ou le juge des enfants [12] prennent une décision de placement. Un large éventail de prises en charge est alors disponible selon l’âge et les besoins de l’enfant : placement chez un tiers digne de confiance (généralement un autre membre de la famille), dans un foyer, un internat scolaire, une famille d’accueil, un hébergement autonome…

13La proportion d’enfants protégés par une mesure en milieu ouvert ou une mesure physique augmente de la naissance jusqu’à l’âge de 18 ans (figure 1). La majorité marque la fin de la prise en charge pour de nombreux jeunes, un « couperet ». Passé cet âge, les mesures de protection de l’enfance prennent un caractère contractuel entre l’institution et le jeune, dans le cadre de mesures « jeunes majeurs ». La proportion de ces mesures décroît rapidement : après 21 ans, tous les jeunes sont sortis du système de protection. L’âge à la prise en charge distingue aussi mesures physiques et mesures en milieu ouvert, les dernières étant principalement proposées entre 8 et 18 ans et rarement présentes en fin de parcours.

Figure 1

Proportion de filles et de garçons pris en charge à chaque âge (mesure physique et/ou milieu ouvert)

Figure 1

Proportion de filles et de garçons pris en charge à chaque âge (mesure physique et/ou milieu ouvert)

CHAMP • L’ensemble des 809 jeunes de l’enquête.
SOURCE • Enquête Elap, 2008.

14Par ailleurs, jusqu’à l’âge de 8 ans, la proportion d’enfants placés est identique parmi les filles et les garçons de l’enquête : elle culmine à 16 % à 8 ans. Les garçons sont davantage pris en charge par des mesures en milieu ouvert, ce qui les amène à être légèrement plus présents en protection de l’enfance dès l’âge de 3 ans. À partir de 8 ans, la part des garçons protégés augmente plus rapidement que celle des filles, pour les prises en charge physiques comme pour celles en milieu ouvert (la différence atteint 5 à 10 %). Vers 16 ans, la proportion de garçons placés se stabilise aux environs de 45 % – à cela s’ajoutent 10 % de mesures en milieu ouvert – alors que celle des filles continue de croître jusqu’à dépasser les 50 % de mesures physiques (plus 8 % de mesures en milieu ouvert) à 18 ans. L’effet « couperet » de la majorité atteint également filles et garçons, même si les filles sont plus nombreuses à bénéficier d’une mesure « jeunes majeurs ». Au final, la prise en charge en protection de l’enfance commence et s’achève légèrement plus tard pour les filles que pour les garçons.

15Plusieurs interprétations peuvent expliquer ce décalage. Les filles auraient un comportement plus inhibé que les garçons, ce qui rendrait le danger moins visible à l’évaluation par les professionnels (Plagès, 2007) : la situation de danger est alors connue plus tard et un placement rapide s’impose, sans qu’une mesure préventive (comme les mesures en milieu ouvert) ne soit mise en place en amont. À l’adolescence, les jeunes filles expriment leur mal-être par les fugues, les tentatives de suicide ou les troubles alimentaires, qui constituent souvent les premiers signaux d’alerte pour les professionnels. Les violences subies parfois depuis plusieurs années sont alors révélées plus tardivement (Boujut et Frechon, 2009). Quant aux sorties plus précoces des garçons, elles s’expliqueraient par l’adhésion moindre des garçons aux mesures contractualisées (Turcotte et Bellot, 2009) et par les pratiques genrées des professionnels (Boujut et Frechon, 2009 ; Boujut et Frechon, à paraître).

16Il existe de nombreuses formes de placements. On en distingue ici cinq catégories, dont l’importance varie selon l’âge (figure 2) :

  • Les familles d’accueil : elles regroupent à la fois les familles d’accueil gérées par un service départemental, associatif, les familles d’accueil spécialisées ou les villages d’enfants. C’est le type de placement majoritaire jusqu’à l’âge de 12 ans.
  • Les placements en milieu collectif : ils regroupent les foyers de l’enfance, pouponnières, maisons d’enfants à caractère social, établissements sanitaires et éducatifs, internats scolaires, centres maternels, lieux de vie, foyers d’accueil et d’orientation, centres de placement immédiat, centre éducatif renforcé ou fermé… Ce type de placement domine largement entre 15 et 18 ans.
  • Les tiers dignes de confiance : l’enfant est placé en milieu familial élargi (grands-parents, oncles et tantes, fratrie, beaux-parents…). Cette forme de placement reste relativement marginale.
  • Les placements « cousu-main » : certains enfants ont bénéficié de plusieurs formes de placements simultanément ; il ne s’agit pas toujours de ce que l’on nomme « pratiques innovantes » (Breugnot, 2011), mais plutôt des aménagements liés soit à une scolarité ou un suivi spécialisé éloignés du lieu d’accueil, soit à une semaine partagée entre deux modes de placements. Les placements « cousu-main » sont assez peu nombreux, même si leur utilisation augmente durant les dernières années avant la majorité.
  • Les placements en autonomie : le jeune est placé en hébergement dit « autonome », c’est-à-dire sans éducateur ou famille d’accueil sur son lieu de vie, mais avec un accompagnement éducatif externe. Les placements en autonomie sont utilisés après 16 ans et surtout entre 18 et 21 ans.

Figure 2

Proportion d’enfants placés par âge et type de placement

Figure 2

Proportion d’enfants placés par âge et type de placement

CHAMP • L’ensemble des 809 jeunes de l’enquête.
SOURCE • Enquête Elap, 2008.

Une typologie des trajectoires de prise en charge

17L’analyse – menée dans la partie précédente – des modalités de prise en charge à un niveau agrégé fait apparaître la grande variété des trajectoires. Pour dégager les principaux profils de parcours de prise en charge observables dans la population étudiée, nous allons maintenant nous concentrer sur les trajectoires au niveau individuel. On construit pour cela une typologie des trajectoires, à l’aide des méthodes d’appariement optimal (Optimal Matching Analysis) [13]. Toutes les trajectoires individuelles sont reconstituées sous forme de séquences. La situation des jeunes par rapport à l’Aide sociale à l’enfance est codée, pour chaque mois, de la naissance à 21 ans, parmi les onze états suivants : pas encore pris en charge ; entrée en milieu ouvert ; placement chez un tiers digne de confiance ; placement en famille d’accueil ; placement en autonomie ; placement en milieu collectif ; placement « cousu-main » ; retour dans la famille d’origine ; sortie en milieu ouvert ; sortie définitive ; pas d’information. On mesure ensuite la similarité entre l’ensemble des séquences avec l’appariement optimal (voir encadré 2) et une classification ascendante hiérarchique (CAH) est effectuée à partir de la matrice de distance obtenue [14].

L’appariement optimal [Encadré 2]

L’appariement optimal (Optimal Matching Analysis) est une méthode statistique apparue dans les années 1950 et 1960, utilisée notamment en biologie pour l’étude de l’ADN et introduite dans le champ des sciences sociales par le sociologue Andrew Abbott (Abbott et Forrest, 1986). Son principe consiste à mesurer la dissimilarité entre deux séquences. Cette dissimilarité est équivalente au coût de transformation de l’une des séquences en l’autre.
La transformation est effectuée au moyen de trois opérations élémentaires : l’insertion d’un élément dans une séquence ; la suppression d’un élément ; la substitution d’un élément par un autre. Chacune de ces opérations élémentaires se voit associée un coût. À partir de ces opérations élémentaires, il existe plusieurs manières de transformer une séquence en une autre : la mesure de la dissimilarité entre les séquences est alors égale au coût minimal de transformation de l’une en l’autre. Le calcul de la dissimilarité entre l’ensemble des paires de séquences mène à la création d’une matrice de distance entre les séquences, qui peut être utilisée pour des analyses ultérieures telles que la classification ascendante hiérarchique. Le coût de substitution a été fixé ici à 2 et celui d’insertion et de suppression à 1,1, soit une valeur légèrement supérieure à la moitié du coût de substitution, ce qui permet de limiter l’usage des opérations d’insertion et de suppression et donc de conserver l’information sur le moment auquel interviennent les événements qui scandent les trajectoires (Macindoe et Abbott, 2004).
Ces analyses ont été effectuées à partir du package TraMineR du logiciel R (Gabadinho et al., 2011).

18La principale caractéristique structurant la typologie obtenue est l’âge à l’entrée en prise en charge par la protection de l’enfance, celui-ci étant étroitement lié au type de prise en charge. Les professionnels privilégient en effet les placements en famille d’accueil pour les jeunes enfants, lorsque la situation de danger risque de perdurer, et au contraire un placement en foyer au moment de l’adolescence. Néanmoins, l’éventail des histoires individuelles et familiales, les modes d’entrées en protection (le juge des enfants ou l’Aide sociale à l’enfance comme détenteur de la première information), les politiques départementales, et par conséquent la variabilité des types de prise en charge et la disponibilité des places, sont autant d’éléments qui peuvent influer sur les parcours de prise en charge. Cette analyse permet donc de trouver des similitudes dans les parcours de placements et d’y repérer des profils de jeunes et de situations familiales que l’on retrouve le plus couramment.

Les trajectoires types : les temporalités de la prise en charge

19Quatre parcours types principaux se dessinent, dont deux peuvent être subdivisés en deux sous-types.

Les « parcours en famille d’accueil »

20Les jeunes du premier groupe ont connu une trajectoire de prise en charge longue et principalement en placement familial. Ils représentent 19 % des enfants de la cohorte (n = 155 ; voir tableau 1). On les retrouve davantage dans le département de province, qui offre plus de places en famille d’accueil. Filles et garçons sont en proportions similaires à l’ensemble de la cohorte. Si le placement familial correspond dans neuf cas sur dix à une famille d’accueil, on observe aussi quelques cas de placement auprès d’un tiers digne de confiance.

Tableau 1

Description des parcours types de prise en charge

Tableau 1
Parcours en famille d’accueil Parcours en collectif Parcours mixtes Placement tardif sans Total retour avec retours Total Prévention précoce Préparation au placement Total Caractéristiques générales Effectif 155 56 49 105 93 292 385 164 809 Répartition de l’ensemble de la cohorte 19% 7% 6% 13% 11% 36% 48% 20% 100% Répartition pour le département d’Île-de-France 17% 5% 6% 11% 12% 45% 57% 16% 100% Répartition pour le département de province 23% 8% 9% 17% 11% 21% 32% 28% 100% Part de garçons 54% 73% 45% 60% 62% 58% 59% 46% 56% Part d’enfants nés à l’étranger 3% 4% 2% 3% 1% 14% 11% 46% 15% Caractéristiques du parcours Durée moyenne de la prise en charge 12,5 12,1 9,9 11,1 7,1 3,3 4,2 1,8 6,2 Durée moyenne de placement 11,4 9,8 6,5 8,3 3,0 2,0 2,3 1,5 4,6 Durée moyenne en milieu ouvert 3,3 3,3 4,6 4,0 5,1 2,1 3,0 1,1 3,0 Âge moyen en début de prise en charge 5,9 6,9 3,6 5,4 8,1 13,9 12,5 17,2 11,2 Âge moyen en début de placement 6,2 7,4 4,2 5,9 12,4 14,4 14,0 17,4 12,1 Âge moyen en fin de placement 18,1 18,5 18,1 18,3 16,1 16,8 16,6 18,9 17,6 Âge moyen en fin de prise en charge 18,3 18,7 18,4 18,6 17,0 17,2 17,1 19,0 17,9 Durée moyenne des retours en famille (entre deux placements) 1,8 2.1 7,8 5,4 1,1 1,1 1,1 0,5 2,6 Nombre moyen de placements 4,2 5,5 4,9 5,2 2,4 2,4 2,4 2,0 3,0 Motifs de prise en charge apparaissant au moins une fois Motifs résultant de la situation familiale : Conflits et violences conjugales 21% 38% 22% 30% 19% 7% 10% 5% 14% Conditions d’éducation défaillantes 67% 66% 76% 70% 63% 40% 45% 13% 46% Précarité de la situation résidentielle des parents 11% 7% 14% 10% 14% 3% 6% 2% 7% Mineur isolé (même temporairement) 17% 14% 18% 16% 13% 12% 12% 16% 15% Mineurs étrangers isolés 0% 0% 0% 0% 0% 5% 4% 29% 8% Conflit familial 12% 16% 20% 18% 13% 22% 20% 22% 19% Problèmes de comportement : 21% 43% 51% 47% 46% 52% 51% 32% 41% dont grande déscolarisation 5% 5% 6% 6% 24% 18% 19% 11% 13% dont délits 9% 20% 14% 17% 27% 22% 23% 7% 16% dont situation de danger résultant du comportement de l’enfant lui-même 15% 32% 37% 34% 24% 31% 29% 16% 25% Motifs scolaires : Niveau scolaire insuffisant 5% 20% 16% 18% 12% 8% 9% 2% 8% Pour suivre une formation 25% 25% 27% 26% 16% 8% 10% 23% 18% Motifs liés à la maltraitance : 40% 50% 53% 51% 41% 36% 37% 21% 36% dont abus ou violences sexuelles 10% 0% 6% 3% 12% 9% 10% 3% 8% dont violences physiques 23% 32% 41% 36% 29% 27% 28% 18% 26% dont négligence lourde 14% 16% 27% 21% 10% 4% 5% 2% 8%
Tableau 1
Parcours en famille d’accueil Parcours en collectif Parcours mixtes Placement tardif sans Total retour avec retours Total Prévention précoce Préparation au placement Total dont violences psychologiques 7% 18% 16% 17% 5% 10% 9% 4% 9% Victimes de maltraitance (motifs + révélations) : 48% 55% 53% 54% 51% 44% 46% 33% 45% dont abus ou violences sexuelles 24% 27% 18% 23% 23% 21% 21% 13% 20% dont violences physiques 29% 39% 41% 40% 31% 29% 29% 22% 29% dont négligence lourde 10% 18% 16% 17% 8% 12% 11% 5% 10% dont violences psychologiques 14% 16% 27% 21% 11% 4% 6% 2% 9% Contacts avec les parents au moment de la sortie de prise en charge Deux parents présents 28% 46% 41% 44% 51% 38% 41% 26% 36% Deux parents absents 30% 14% 16% 15% 12% 13% 15% 17% 17% Père absent 28% 25% 31% 28% 25% 26% 26% 17% 25% Mère absente 9% 11% 6% 9% 9% 9% 9% 4% 8% Mineurs étrangers isolés 0% 0% 0% 0% 0% 4% 3% 25% 6% Non indiqué 6% 4% 6% 5% 4% 11% 9% 11% 8% Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Description des parcours types de prise en charge

CHAMP • L’ensemble des 809 jeunes de l’enquête.
LECTURE • 24 % des jeunes ayant connu un parcours en majorité en placement familial ont été protégés au moins une fois pour le motif d’avoir été « témoins de conflit et/ou de violence conjugale ».
SOURCE • Enquête Elap, 2008.

21Le placement marque souvent l’entrée en protection et les mesures en milieu ouvert, quand elles existent, sont rarement mises en place et sont de courte durée. Près d’un tiers de ces parcours inclut des retours en famille suivis d’un autre placement, relativement court. Ils se composent en moyenne de quatre placements différents. 30 % de ces jeunes ont été accueillis en foyer de l’enfance avant d’être orientés vers une famille d’accueil, cette première prise en charge ayant pour finalité de prendre le temps de l’évaluation de la situation familiale. Par ailleurs, plus le parcours en protection de l’enfance est long, plus le risque de changer de lieu de placement est important. L’assistante familiale peut en effet être en âge de prendre sa retraite ou souhaiter interrompre la prise en charge devenue trop lourde à l’adolescence ; l’enfant lui-même peut souhaiter un changement. Parfois, du fait d’un retour dans sa famille nécessitant un « re-placement », l’enfant est orienté dans une autre famille d’accueil ou bien un foyer, selon l’âge. Ces parcours « en famille d’accueil », que l’on retrouve dans les études sur le devenir des jeunes de l’œuvre Grancher (Dumaret et Coppel, 1995) ou des villages d’enfants (Dumaret et al., 2009), s’incarnent dans le parcours d’Anne :

22Anne est la cadette d’une fratrie de quatre enfants. Elle a moins d’un an lorsque sa mère décède d’un cancer, son père demande le placement de la fratrie. Elle est accueillie en famille d’accueil avec sa sœur de 2 ans et retourne régulièrement chez son père le week-end et pendant les vacances scolaires. À l’âge de 5 ans, elle est hospitalisée à la suite de violences de son père. Celui-ci sera jugé et la mesure de placement jusqu’alors contractuelle se judiciarise. Anne retourne dans sa famille d’accueil et ne reverra son père qu’à l’âge de 11 ans un week-end sur deux. Des problèmes de comportements apparaissent et à 12 ans elle révèle subir des attouchements sexuels de la part du père. Dès lors, sa scolarisation s’en trouve perturbée et elle intègre à 13 ans une cinquième SEGPA. À 16 ans, elle est orientée en internat scolaire pour suivre un CAP de vente alimentaire pendant deux ans, les vacances et les week-ends se passent toujours dans sa même famille d’accueil. À 18 ans, elle obtient le CAP et retourne dans sa famille d’accueil y vivre jusqu’à l’âge de 19 ans où elle s’installe dans une chambre en ville.

Les « parcours en collectif »

23Le second pro l de parcours regroupe 13 % de la cohorte (n = 105). Comme dans le groupe précédent, ces trajectoires se caractérisent par une prise en charge longue, mais cette fois principalement en placement collectif. Elles sont plus présentes dans le département de province que dans le département d’Île-de-France.

2480 % des jeunes de ce pro l ont bénéficié de mesures en milieu ouvert et la moitié a connu des périodes de doubles mesures, associant un placement et une mesure en milieu ouvert et surtout utilisées par les juges des enfants. Une étude sur le devenir de jeunes filles anciennement placées dans un foyer au moment de l’adolescence (Frechon, 2001) faisait la distinction entre les « institutionnelles » et les « navetteuses ». On retrouve ici cette dichotomie, à travers deux sous-groupes de parcours : les « parcours en collectif avec retours », avec des retours en familles fréquents et/ou de longue durée (49 individus) et les « parcours en collectif sans retour », avec des retours en famille inexistants ou très brefs (56 individus). Les membres du premier sous-groupe sont entrés en protection plus jeunes que ceux du second.

25Dans les deux cas, ces jeunes ont connu un grand nombre de placements (5,2 en moyenne), un peu plus fréquents dans le second sous-groupe. Les garçons sont fortement surreprésentés parmi les « parcours en collectif sans retour », alors que les filles sont relativement plus présentes dans les « parcours en collectif avec retours ». Le cas de Rémi illustre ce pro l de « parcours en collectif » : Rémi est le troisième d’une fratrie de quatre enfants. À l’âge de 6 ans, il est en hôpital de jour et fait l’objet d’un signalement du secteur : il a un retard d’évolution et pose des problèmes de violences scolaires. Une mesure d’investigation et d’orientation éducative (IOE) est mise en place et il est orienté vers un institut médico-éducatif (IME). Il a alors 8 ans. L’année suivante, il révèle avoir été victime d’abus sexuel. À l’âge de 11 ans, sa violence au sein de l’IME entraîne une exclusion de trois jours. Une aide éducative en milieu ouvert (AEMO) est alors mise en place pour clarifier les relations familiales. Un an plus tard, Rémi est toujours à l’IME mais en semi-internat (le reste du temps, il est dans sa famille). À l’âge de 14 ans, il entre en institut médico-professionnel (IMPro) en internat complet. À 16 ans, son comportement se dégrade sérieusement, il traverse une période de violence et de provocation sexuelle et consomme des stupéfiants. Il est condamné à quinze jours de prison avec sursis pour violence. Ses comportements entraînent le passage à une prise en charge uniquement en semi-internat par l’IMPro (il retourne alors dans sa famille le reste du temps). Rémi s’oriente en atelier cuisine et fait un stage en boucherie, mais à 17 ans, il est l’auteur de violences à l’arme blanche. Il nit sa prise en charge le jour de ses 18 ans.

Les « parcours mixtes »

26Les parcours du troisième pro l associent des périodes en milieu ouvert et des périodes de placement. Ils représentent près de la moitié de la cohorte (n = 385) et se retrouvent davantage dans le département d’Île-de-France, où l’offre de placement est plus faible. La moitié de ces parcours se compose d’un seul placement.

27Deux sous-groupes se distinguent nettement : d’une part, les parcours de « prévention précoce », débutant dans l’enfance et alternant des périodes – souvent longues – en milieu ouvert et des périodes de placements à partir de l’adolescence (n = 93) ; d’autre part, les parcours de « préparation au placement », débutant à l’adolescence et alternant des périodes souvent plus brèves de milieu ouvert et des périodes de placement (n = 292). Les premiers sont également répartis dans les deux départements, alors que les seconds sont nettement surreprésentés dans le département d’Île-de-France. Les deux sous-groupes sont majoritairement masculins.

28Les jeunes aux parcours de « prévention précoce » restent protégés plus longtemps – principalement en milieu ouvert – que ceux aux parcours de « préparation au placement », et le nombre de placements est plus élevé. Dans les deux cas, les doubles mesures (milieu ouvert et placement) sont très fréquentes. Les parcours de « prévention précoce » correspondent souvent à des mesures judiciaires où la famille est déjà connue des services sociaux et/ou la mesure en milieu ouvert couvre l’ensemble de la fratrie. Support d’accompagnement éducatif à des familles monoparentales ou recomposées de milieu très défavorisé, le placement fait suite soit à une dégradation sociale de la situation parentale, soit à une demande directe ou indirecte du jeune de s’éloigner un temps de son milieu familial.

29Les parcours de « préparation au placement », quant à eux, peuvent être nommés ainsi, car les mesures en milieu ouvert y précèdent souvent le placement ou sont mises en place entre deux placements. La famille n’est généralement pas connue des services sociaux avant que le jeune manifeste les premiers signes de mal-être (déscolarisation, fugue, toxicomanie). Suite à une enquête sociale ou une IOE, le jeune peut bénéficier d’un accompagnement éducatif en milieu ouvert permettant sa réintégration dans le milieu scolaire et préparant le jeune et ses parents à une orientation vers une prise en charge physique.

30Ces parcours mixtes peuvent être mis en regard des travaux sur les jeunes du Studio-PJJ (Hubert et al., 2006) et du Tremplin (Grasset et al., 2008). Cependant, le temps de prise en charge en milieu ouvert n’a pas été suffisamment étudié dans les recherches sur le devenir adulte pour permettre de mesurer la portée de la distinction entre « préparation au placement » et « prévention précoce ».

Les « placements tardifs »

31Le dernier groupe, le plus homogène, est composé de jeunes entrés très tardivement en protection et bénéficiant de mesures de protection « jeunes majeurs ». Ils représentent 20 % de la cohorte (n = 164) et sont davantage présents dans le département de province.

32Le début de la prise en charge est ici très tardif (vers 17 ans en moyenne) et celle-ci est de courte durée, souvent moins de deux ans. Seuls 38 % ont bénéficié de mesures en milieu ouvert et 19 % de doubles mesures (milieu ouvert et placement). La brièveté du temps de parcours est associée à la rareté et à la brièveté des retours en famille suivis d’un autre placement. Près de la moitié de ces jeunes – dont les mineurs isolés étrangers – sont nés à l’étranger et les filles y sont relativement plus nombreuses. Alors qu’ils représentent un cinquième des enfants placés, il n’existe pas jusqu’à présent d’étude sur leur devenir.

Des motifs de prise en charge différents selon les parcours

33Les motifs de prises en charge sont divers et une mesure est souvent motivée par différentes raisons. De plus, la poursuite ou le renouvellement de la prise en charge s’effectuent souvent pour des raisons différentes – et éventuellement complémentaires – des précédentes.

34Par ailleurs, un quart des jeunes a révélé au moins une forme de maltraitance au cours de la prise en charge (Boujut et Frechon, 2009).

35Le tableau 1 présente l’ensemble des motifs d’entrée qu’un jeune a pu connaître au moins une fois au cours de sa trajectoire de prise en charge. Il est possible de regrouper les différents motifs en trois catégories :

  • les motifs liés au comportement des parents (intégrant l’absence de ceux-ci) ;
  • les motifs liés au comportement de l’enfant lui-même ;
  • les maltraitances [15].
D’une manière générale, les prises en charge précoces sont motivées par la situation familiale des parents. Mais au l des années, les problèmes de comportement des jeunes peuvent aussi apparaître, exprimant leur propre mal-être (Frechon et al., 2009). Ainsi, les jeunes au « parcours en famille d’accueil » sont entrés pour des difficultés familiales et ont connu moins de difficultés de comportements que les autres. Lorsque des motifs scolaires sont présents, c’est principalement pour prolonger le placement au-delà de 18 ans afin de favoriser la poursuite d’une formation. Près de la moitié des jeunes de ce type ont été victimes de maltraitance, ce qui reste dans la moyenne de l’ensemble de la cohorte.

36À l’inverse, les jeunes au « parcours en collectif » ont connu, en plus des difficultés familiales, des problèmes de comportements, notamment le fait de se mettre en danger. Les trois quarts des jeunes placés longtemps « en collectif sans retour » sont des garçons, ce qui peut expliquer en partie la proportion importante de jeunes ayant commis des délits. Un jeune sur cinq a été placé au moins une fois pour suivre un cursus scolaire spécialisé du fait d’un niveau scolaire insuffisant. Ils sont alors souvent orientés en instituts spécialisés (IME, IMpro, FAO [16] ou internat scolaire). Ce sont enfin parmi les jeunes au « parcours en collectif » que l’on trouve les proportions les plus élevées de victimes de maltraitance.

37Les jeunes au parcours de « prévention précoce » sont aussi pris en charge pour des motifs liés à la situation familiale, mais les professionnels tentent alors de maintenir l’enfant dans sa famille. Des problèmes de comportement (déscolarisation, délits, etc.) peuvent motiver le placement, même de courte durée. La moitié de ces jeunes ont été victimes de maltraitance.

38À l’inverse, les jeunes au parcours de « préparation au placement » sont initialement protégés du fait de problèmes de comportement, à l’encontre des autres (délits) ou d’eux-mêmes (mise en danger). Les difficultés familiales passent alors au second plan : entre « jeune en danger » et « jeune dangereux », les motifs de la prise en charge sont largement liés au comportement, alors même que la proportion de victimes de maltraitance reste élevée.

39Les jeunes au « placement tardif », enfin, ont des motifs de prise en charge bien différents. Problèmes de comportements et difficultés familiales motivent bien moins souvent leur protection. En revanche, une part relativement importante des membres de ce pro l entre dans la catégorie des « mineurs étrangers isolés » (MEI). Arrivés à l’aube de leur majorité, ils font l’objet d’une protection orientée par la nécessité d’aider au passage à l’âge adulte des jeunes en rupture tardive avec leur famille.

Les liens avec leurs parents au moment de la sortie

40Quel que soit leur parcours type, neuf jeunes sur dix sortent de prise en charge après l’âge de 15 ans ; plus des trois quarts après l’âge de 17 ans [17]. La fin de prise en charge correspond donc en majorité à la période du passage à la vie indépendante et non pas à un retour en famille. Or, si les ruptures de liens avec les parents au moment de la sortie de placement ne sont pas toutes irréversibles (Frechon, 2003), les jeunes ne sont pas tous égaux devant le soutien que peuvent ou non leur offrir leurs parents durant cette période qui, en France, repose largement sur la solidarité familiale (Van de Velde, 2008).

41L’orientation à la sortie de protection n’était pas systématiquement renseignée dans les dossiers et ne peut être analysée. Malgré tout, il est possible d’étudier les liens des jeunes avec leur père et/ou leur mère à la fin de la dernière prise en charge. Dans la plupart des dossiers d’enfants « mineurs étrangers isolés », aucune information n’est disponible sur la famille. Mais l’isolement sur le sol français ne signifie pas qu’ils n’ont plus de contact avec leurs parents restés au pays et il est important de distinguer cette situation. Enfin, on n’observe ici que des séparations de fait (absence de liens), la mesure subjective de la qualité des relations parents/enfants ne pouvant s’envisager qu’à partir d’une enquête auprès des enfants eux-mêmes et/ou des parents.

42Un tiers des jeunes ont leurs deux parents présents au moment de la sortie de protection (tableau 1). Cette proportion est plus forte parmi les parcours associant milieu ouvert et placement (« parcours mixtes »), et plus particulièrement parmi les « préventions précoces », mais aussi parmi les « parcours en collectif sans retour ».

43À l’inverse, les jeunes ayant connu des « parcours en famille d’accueil » sont les plus nombreux à n’avoir aucun contact possible avec leurs deux parents (du fait d’un décès, d’une non-reconnaissance ou plus rarement d’un abandon). Lorsqu’un des deux parents est absent, il s’agit le plus souvent du père. On retrouve notamment cette situation parmi les « parcours en collectif avec retours ».

Discussion

44L’étude de la prise en charge des enfants placés montre toute la diversité des parcours individuels. À partir des dossiers administratifs archivés par l’Aide sociale à l’enfance et les tribunaux pour enfants, les parcours en protection de l’enfance ont pu être reconstruits. Cette reconstruction s’appuie donc uniquement sur les écrits de professionnels, c’est-à-dire sur leur évaluation des situations. Certaines données, comme l’origine sociale des parents, ne sont pas systématiquement présentes dans les dossiers et ne peuvent donc malheureusement pas être étudiées, alors même que les inégalités sociales face à la protection de l’enfance mériteraient plus ample investigation [18]. D’autres informations, comme la scolarité, n’ont pas pu être exploitées dans la mesure où les trajectoires scolaires, lorsqu’elles sont présentes dans les dossiers, ne reflètent que le temps de prise en charge : il est dès lors difficile de comparer les performances scolaires entre des trajectoires courtes ou longues. Cette information est pourtant primordiale pour mieux comprendre et analyser la situation au moment de la sortie de prise en charge et le devenir à plus long terme des jeunes placés, notamment en termes d’insertion professionnelle. Enfin, les résultats de cette étude ne révèlent pas comment les changements de placements, les choix d’orientation et la durée des prises en charge façonnent la capacité des jeunes placés à s’insérer et à devenir autonomes pendant la transition vers l’âge adulte.

45Ils mettent cependant en évidence l’hétérogénéité mais aussi les régularités au sein de cette population. Ainsi, des maltraitances ont été repérées pour environ la moitié des jeunes étudiés, et ce, quelle que soit la forme de leur trajectoire de prise en charge. Par ailleurs, si l’âge à l’entrée varie entre les six parcours types identifiés, l’âge à la sortie est assez proche d’un groupe à l’autre et celle-ci a lieu neuf fois sur dix après 15 ans.

46Parmi les parcours longs, la distinction se situe entre des parcours en placement familial (« parcours en famille d’accueil ») ou en institution (« parcours en collectif »), puis, parmi les parcours longs en collectif, entre les parcours avec de longues périodes de retour en famille (« parcours en collectif avec retours ») et ceux où les jeunes restent en milieu collectif (« parcours en collectif sans retour »). Un quatrième type de parcours long consiste en une longue prise en charge en milieu ouvert, ponctuée – souvent au moment de l’adolescence – de placements courts (« prévention précoce »). Dans ces quatre formes de parcours longs, on retrouve très souvent des difficultés d’ordre familial (conditions d’éducation défaillantes, conflits conjugaux, absence de parents, etc.). Le choix d’orienter vers du collectif plutôt que vers des familles d’accueil semble tenir, aux jeunes âges, à la qualité des liens avec les parents, à l’évaluation d’une situation de danger de courte durée (pour les retours en famille notamment) ; plus tard (au moment de l’adolescence), ce sont les problèmes de comportement des jeunes qui amènent les professionnels à orienter leurs choix vers le collectif. Toutefois, les orientations sont aussi dépendantes de l’offre de prise en charge existant dans le département.

47Les parcours courts sont ceux qui débutent à la préadolescence ou à l’adolescence. Un premier type alterne des périodes en milieu ouvert avec des périodes de placement au moment de l’adolescence (« préparation au placement ») : il s’agit de jeunes connus tardivement de l’Aide sociale à l’enfance et pour lesquels les motifs d’entrée sont fortement liés à des problèmes de comportement (déscolarisation, délit, mise en danger du jeune lui-même). Ces parcours sont principalement suivis en judiciaire, oscillant parfois entre les mesures civiles et pénales. La situation familiale passe en arrière-plan. La prise en charge est plus courte et des solutions sont recherchées dans le milieu familial. Le second type de parcours courts (« placements tardifs ») est très différent : rarement pris en charge en milieu ouvert, les jeunes concernés sont connus tardivement des services sociaux. Presque tous les mineurs étrangers isolés sont présents dans ce groupe, mais aussi les jeunes qui se retrouvent sans soutien parental. Ils ont surtout besoin d’une aide pour passer plus facilement la transition vers l’âge adulte.

48En d’autres termes, les parcours de prise en charge varient selon l’âge à la première entrée, la situation familiale et les liens possibles avec la famille d’origine, les politiques départementales de prise en charge et l’offre sur le territoire, et enfin selon les comportements des jeunes eux-mêmes hors et dans le placement. Cette dernière raison reste discutable bien que l’on retrouve les mêmes résultats dans des études étrangères sur les trajectoires de prises en charge (Wulczyn et al., 2003 ; Zinn, 2007 ; Havlicek, 2010). En effet, ces comportements peuvent traduire une multitude de formes de mal-être consécutives à l’éducation familiale, au traitement institutionnel lui-même, voire à des caractéristiques individuelles qu’il conviendrait de définir. Pour autant, ce motif explique souvent les ruptures et les changements de placement, notamment à l’adolescence, et il demande à ne pas être surinterprété lorsqu’on étudie les relations entre devenir adulte à court ou long terme et stabilité ou instabilité dans le placement. Ainsi, de nombreuses recherches sur le devenir après le placement montrent que les jeunes ayant connu un parcours stable ont plus tendance à vivre leur accès à l’autonomie de manière positive que ceux qui ont connu des parcours chaotiques dans le service de protection (Stein et Munro, 2008 ; Frechon et Dumaret, 2008). Cette stabilité aide les jeunes à deux égards : d’une part, en leur offrant une relation protectrice (attachement sécurisé compensatoire), qui peut en soi réduire la probabilité de rupture de placement (Stein, 2004) ; d’autre part, la stabilité du lieu de placement peut assurer la continuité des autres dispositifs mis en place pour l’enfant. Ces études trouvent donc une limite dans le biais de sélection qu’induisent les problèmes de comportement, les liens de cause à effet – entre trajectoire chaotique et difficultés lors du passage à l’âge adulte – sont impossibles à faire ressortir.

49Si la population des enfants placés n’est pas un tout homogène, les résultats des études – souvent monographiques – sur le devenir adulte des enfants placés ne sont pas généralisables à l’ensemble de la population. En effet, la plupart d’entre elles portent sur des individus anciennement placés dans un foyer ou un service de familles d’accueil spécifique, et qui sont sortis de prise en charge à 17 ans ou plus (Frechon et Dumaret, 2008). De plus, certaines de ces études restreignent leur échantillon aux personnes restées au moins trois, voire cinq ans dans la même institution. Tous ces éléments entraînent une surreprésentation des parcours longs ou stables parmi la population étudiée. À l’inverse, le travail présenté ici permettra à l’avenir de situer les monographies dans l’ensemble de la population des enfants placés. Il conviendra alors de prendre en compte les trajectoires de prise en charge pour mieux définir les frontières de la population étudiée. Néanmoins, les liens de causalité entre trajectoire de prise en charge et devenir à court et moyen termes ne pourront être que partiellement élucidés, en tenant compte à la fois des régularités observées entre les différents parcours types et les caractéristiques qui leur sont associées et de la perception qu’ont les individus de leur propre parcours. Des études sur le devenir de jeunes sortis précocement pour retourner dans leur famille d’origine pourraient aussi compléter l’éventail des possibles ; mais sont-elles pratiquement envisageables ?

50Enfin, depuis les années 2000, les périodes d’enfance placée sont régulièrement repérées dans certaines enquêtes auprès de populations adultes dont la thématique porte sur les inégalités ou dont la population est spécifiquement dé nie comme vulnérable. Ainsi, dans l’enquête ENVEFF (2000) sur les violences faites aux femmes, les personnes ayant été placées par l’Assistance publique, à la DDASS ou ayant eu une mesure d’assistance éducative sont recherchées parmi les « situations vécues au cours de l’enfance ». Dans l’enquête SIRS (Santé inégalité rupture sociale, 2001), il est demandé si, avant l’âge de 18 ans, les personnes ont été adoptées ou bien placées dans une famille d’accueil ou une institution. Dans une enquête auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement et les distributions de repas chaud (2001), on recherche si la personne a été placée dans une famille d’accueil même provisoirement, ainsi que la durée de prise en charge, et les éventuels placements en institutions. Dans l’enquête Événement de vie et santé (2005), les placements en famille d’accueil et en institutions sont repérés avec des informations sur les âges d’entrée et les durées de prise en charge ; les mesures en milieu ouvert apparaissent également. Enfin, la récente Enquête auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement et les distributions de repas chaud (2012) aborde plus précisément la question des trajectoires de placement, prenant en compte les types de prises en charge, les durées et les âges, ainsi que les allers et retours entre famille et placement. S’il est vrai que les anciens placés sont surreprésentés dans bien des situations de vulnérabilité à l’âge adulte, les liens de causalité entre placement durant l’enfance et situation vulnérable à l’âge adulte restent impossibles à définir. En effet, le fait d’avoir été placé enfant entraîne l’accumulation et l’entremêlement de risques divers. Une situation de vulnérabilité à l’âge adulte peut s’expliquer par la reproduction intergénérationnelle de la pauvreté comme par le fait d’avoir vécu une enfance malheureuse dans sa famille, d’avoir connu des difficultés scolaires ou de ne pas avoir pu s’appuyer sur un soutien familial à certaines périodes de la vie. Le placement semble alors devenir un indicateur synthétique de l’ensemble de ces difficultés, alors même qu’elles ne sont pas toutes vécues par l’ensemble des jeunes. On peut d’ailleurs déplorer que la question des conséquences du placement n’existe pratiquement que dans des études auprès de populations vulnérables, entraînant ainsi une image pessimiste du devenir des enfants placés.

Notes

  • [*]
    Isabelle Frechon, sociologue et démographe, chargée de recherche CNRS, laboratoire Printemps (UMR 8085), et chercheure associée, Institut national des études démographiques (INED).
  • [**]
    Nicolas Robette, maître de conférences en démographie à l’université de Versailles – Saint-Quentin, membre du laboratoire Printemps et chercheur associé à l’INED.
  • [1]
    Enquêtes de l’INED de 1995 et 1998 et enquête de l’INSEE de 2001.
  • [2]
    Une telle enquête, qui soulève des questions méthodologiques, juridiques et éthiques (Issenhuth, 2010) est cependant actuellement en cours de préparation à l’INED.
  • [3]
    Hétérogénéité amplifiée par les choix de politiques en matière de protection de l’enfance, qui varient d’un département à l’autre.
  • [4]
    Même s’il peut exister un biais de sélection difficile à mettre au jour entre ces différentes orientations.
  • [5]
    On entend par là portant sur un échantillon raisonné de plusieurs centaines de jeunes.
  • [6]
    Cette étude a été financée dans le cadre d’un appel à recherches « Genre et politiques sociales » lancé par la Mission Recherche de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) des ministères chargés des Affaires sociales et de la Santé.
  • [7]
    Cette seconde condition est liée au système d’archivage dans les départements : si l’enfant était sorti définitivement depuis plus de dix ans du système de protection, son dossier était classé aux archives départementales, ce qui aurait nécessité une investigation très difficile. Néanmoins, il a été possible, à l’aide des registres d’un des deux départements, d’estimer la proportion de ces jeunes aux parcours précoces et courts : ils représentent 22 % de l’ensemble de la cohorte. Parmi eux, les filles sont proportionnellement plus nombreuses que les garçons (25 % contre 19 %). La durée du placement est en moyenne de 1,1 an et deux tiers des enfants ont connu un placement de moins d’un an.
  • [8]
    En France métropolitaine au 31/12/2009, 9 ‰ jeunes de moins de 20 ans sont pris en charge physiquement par l’Aide sociale à l’enfance (proportions calculées à partir des données des bénéficiaires de l’aide sociale de la DREES et de l’INSEE).
  • [9]
    On notera toutefois qu’une estimation portant sur les enfants pris en charge précocement et sortis avant l’âge de 10 ans dans l’un des deux départements avait au contraire mis en évidence qu’il s’agissait plus de filles (56 %) que de garçons (44 %) (Frechon, 2009).
  • [10]
    À titre de comparaison, seuls 7 % des jeunes de moins de 20 ans sont orphelins de père et/ou de mère en population générale (Monnier et Pennec, 2006).
  • [11]
    La durée médiane de placement est de 3 ans.
  • [12]
    Le juge des enfants peut placer un enfant sans le consentement des parents, mais il doit toujours s’efforcer de recueillir l’adhésion de la famille à la mesure envisagée.
  • [13]
    Cette approche a déjà été adoptée dans une étude réalisée aux États-Unis (Havlicek, 2010). Mais celle-ci était limitée à une population toujours en placement à l’âge de 17 ans : les sorties précoces étaient donc exclues.
  • [14]
    Le critère d’agrégation utilisé pour la CAH est celui de Ward.
  • [15]
    Sont aussi présentées dans le tableau 1 les taux de victimation calculés à partir des motifs d’entrées mais aussi des révélations de maltraitance en cours de prise en charge.
  • [16]
    IME : institut médico-éducatif ; IMpro : institut médico-professionnel ; FAO : foyer d’accueil et d’orientation.
  • [17]
    Rappelons que cette étude ne prend pas en compte les jeunes entrés et sortis définitivement de la protection de l’enfance avant 10 ans.
  • [18]
    La position professionnelle de la mère a pu être collectée et analysée dans deux enquêtes (Dubrulle, 1971 ; Madec et Potin, 2007) : dans les deux cas, les enfants semblent principalement issus des classes populaires.
Français

Cet article présente une analyse des trajectoires de jeunes pris en charge en protection de l’enfance, à partir d’une étude sur dossiers administratifs réalisée en 2007 auprès d’une cohorte exhaustive d’enfants ayant connu au moins un placement au cours de l’enfance et/ou de l’adolescence. À partir des 809 trajectoires individuelles reconstruites, on distingue six parcours types de prise en charge : des parcours longs en familles d’accueil ; des parcours longs en collectif, avec ou sans retours en famille ; des parcours de « prévention précoce » ; des parcours débutant plus tard, au moment de l’adolescence (parcours mixtes de « préparation au placement » et « parcours tardifs »). Cette typologie met notamment en évidence la différenciation des parcours de prise en charge selon l’âge à la première entrée, la situation familiale, les liens possibles avec la famille d’origine, les politiques départementales et l’offre de prise en charge sur le territoire, et enfin selon les comportements des jeunes eux-mêmes hors et dans le placement. On souhaite ainsi donner une description générale et quantitative de la diversité de la catégorie des enfants placés et de leurs trajectoires, complément indispensable à une meilleure compréhension du devenir adulte de cette population.

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Isabelle Frechon [*]
Sociologue et démographe, chargée de recherche CNRS au laboratoire Printemps (UMR 8085), et chercheure associée à l’Institut national des études démographiques (INED).
  • [*]
    Isabelle Frechon, sociologue et démographe, chargée de recherche CNRS, laboratoire Printemps (UMR 8085), et chercheure associée, Institut national des études démographiques (INED).
Nicolas Robette [**]
Maître de conférences en démographie à l’université de Versailles – Saint Quentin, membre du laboratoire Printemps et chercheur associé à l’Institut national des études démographiques (INED), il travaille sur les trajectoires biographiques des jeunes adultes, l’espace des méthodes quantitatives en sciences sociales et sur la stratification sociale des goûts culturels.
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    Nicolas Robette, maître de conférences en démographie à l’université de Versailles – Saint-Quentin, membre du laboratoire Printemps et chercheur associé à l’INED.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 31/07/2013
https://doi.org/10.3917/rfas.125.0122
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