CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Les effets combinés du vieillissement de la population active et du ralentissement de la croissance démographique font du maintien des seniors [1] en emploi un enjeu politique et économique majeur en Europe [2]. Cet article [3] vise à analyser les logiques sexuées de la seconde partie de carrière dans le contexte actuel d’incitation politique à la prolongation de la vie active. Bien que l’emploi des seniors ait fait l’objet de nombreux travaux, les enjeux de cette étape du parcours de vie sont rarement appréhendés sous l’angle du genre (Wanner, Stuckelberger et Gabadinho, 2003b ; Höpflinger et Hugentobler, 2005).

2Dans un premier temps, le cas helvétique sera resitué dans une perspective européenne, plus particulièrement par rapport au cas français. Cette comparaison s’avère d’autant plus intéressante que la Suisse devance d’ores et déjà les objectifs européens en matière d’activité des seniors (OCDE, 2006) et est souvent érigée en modèle (Dorn, 2004). Ce pays se démarque notamment par un taux d’emploi féminin élevé, en augmentation constante, qui alimente une convergence des comportements d’activité entre les sexes. La comparaison internationale constitue donc une véritable stratégie de recherche (Guillemard, 2010 p. 25), car elle permet de relier les différentes réponses politiques nationales aux évolutions démographiques et aux trajectoires professionnelles contrastées des hommes et des femmes.

3Dans un second temps, nous verrons que la progression de l’activité des femmes seniors découle en grande partie du régime de retraite suisse. Organisé autour de trois piliers, ce régime est fortement inégalitaire du point de vue du genre. Il repose sur un modèle de carrière masculine qui favorise le maintien en emploi – notamment des femmes – jusqu’à l’âge officiel de la cessation d’activité, voire après celui-ci. En Suisse, environ 20 % des personnes qui ont plus de 65 ans exercent une activité professionnelle (Méry, 2011). Comme une part importante de la population poursuit une activité lucrative au-delà de l’âge légal de la retraite, la notion de seconde partie de carrière doit être entendue dans une acception large, au sens de la période comprise entre 50 et 75 ans.

4Enfin, dans un troisième temps, la seconde partie de carrière sera examinée à la lumière de la division sexuelle du travail. À quel prix se réalise la progression de l’activité des femmes de 50 ans et plus ? Comment se recompose l’articulation des contraintes professionnelles et familiales dans cette étape de la vie active qui tend partout à s’allonger ? Loin de la représentation dominante selon laquelle la seconde partie de carrière rimerait, pour les femmes, avec un investissement plus marqué dans l’univers professionnel en raison d’un allégement substantiel des responsabilités familiales, l’analyse de différents indicateurs relatifs au travail rémunéré et non rémunéré dessine une autre réalité qui souligne la permanence des logiques de genre.

Vieillissement actif : la Suisse dans une perspective européenne

5Depuis le début des années 2000, en Europe, l’heure est aux réformes visant à inverser la tendance de la retraite anticipée qui s’était ancrée dans les pratiques, lois et règlements. Maintes fois réitéré au cours de cette dernière décennie, l’objectif d’une prolongation de la vie active (Thozet, 2007) se traduit notamment par la consécration de l’année 2012 en Année européenne du vieillissement actif. Pour l’horizon 2020, la Résolution du Parlement européen sur le défi démographique et la solidarité entre générations (2010) préconise le plein emploi jusqu’à l’âge légal de la retraite – qui s’échelonne actuellement entre 60 et 67 ans au sein des États membres de l’Union européenne –, la suppression des incitations à la préretraite, la lutte contre les discriminations fondées sur l’âge, la promotion de la formation continue pour les seniors et la facilitation de leur réintégration sur le marché du travail. Dans un contexte de vieillissement démographique, ces mesures ont avant tout des visées financières. La lutte contre la discrimination par l’âge constitue donc un « instrument pour remettre au travail une frange de la population dont la participation est jugée insuffisante » (Caradec, Poli et Lefrançois, 2009 p. 20). Comme le montre l’exemple français, le « problème des retraites » (Friot, 2010) représente un enjeu de société décisif et les réformes successives visant à retarder l’âge de la retraite ne sont pas acceptées sans heurts par les populations concernées. Malgré la visibilité sociale du mouvement de contestation, le fait que les mesures envisagées soient davantage discriminatoires pour les femmes peine à être reconnu et, partant, les inégalités de genre ainsi renforcées ne sont pas sérieusement prises en considération (Bousquet, 2010). En atteste la proposition de décret de rétablir la retraite à 60 ans préconisée par le nouveau président de la République française. Annoncé pour la fin du mois de juin 2012, le décret concernera très peu de salarié(e)s (un[e] assuré[e] sur cinq) puisqu’il se base sur une durée de cotisation continue de quarante et une annuités. Rares seront les femmes qui pourront donc bénéficier de cette mesure législative de « justice sociale ». La prise en compte du congé maternité – autre mesure « égalitaire » – apparaît anecdotique au regard de l’exclusion, dans le calcul, des quarante et une annuités de la majoration de durée d’assurance (MDA) pour les mères de famille (deux annuités par enfant).

6En Suisse, l’idée d’une promotion nécessaire du vieillissement actif s’est également imposée au cours de la décennie écoulée (Arend et Gsponer, 2004 ; OCDE, 2006), et cela malgré le taux d’emploi élevé des seniors. En effet, pour la population de 55 à 64 ans résidant en Suisse, ce taux s’élève à 68,4 % en 2009 contre 48 % dans l’Union européenne à quinze.

Tableau 1

Évolution du taux d’emploi des 55-64 ans, en 2009, en Europe (UE à 15) et en Suisse

Tableau 1
Année All. Bel. Dan. Esp. Fin. Fra. Ital. P.-B. Por. Sué. Gr. Br. UE-15 Com. Hél. 2000 37,4 25 54,6 36,8 41,2 29,4 27,3 37,9 51,3 64,3 50,4 37,5 63,3 2009 56,2 35,3 57,5 44,1 55,5 38,9 35,7 55,1 49,7 70 57,5 48 68,4

Évolution du taux d’emploi des 55-64 ans, en 2009, en Europe (UE à 15) et en Suisse

SOURCES • Eurostat-EFT.

7Malgré leurs « bons résultats », les autorités helvétiques préconisent une double action en matière de prolongation de la vie active (Groupe directeur mixte DFE/ DFI, 2005). D’une part, il s’agit d’encourager les employeurs à développer des politiques d’entreprise en matière de gestion des âges – quasi inexistantes en Suisse – visant à réaménager les postes de travail et à contrer les stéréotypes discriminants à l’égard des seniors en emploi. D’autre part, au niveau des politiques publiques, l’objectif n’est pas de réformer le système des assurances sociales liées à l’emploi, considéré comme performant. Il s’agit de l’adapter au nouveau contexte caractérisé par la prolongation de la vie active et l’exigence de réduction des dépenses publiques. Au niveau de l’assurance chômage, la nouvelle loi (2011) introduit une diminution du nombre maximal d’indemnités journalières, ainsi que de leur montant, et pénalise avant tout les jeunes et les femmes (Togni, 2010). Simultanément, cette loi encourage la participation des chômeurs et chômeuses seniors à des mesures de formation (Kuehni, 2011). Quant à la sixième révision de l’assurance invalidité annoncée, elle concourt au maintien en emploi des seniors puisqu’elle impose une réduction du nombre de rentiers et rentières et promeut la réinsertion des personnes ayant une capacité de travail limitée. Concernant le régime de retraite, l’objectif des révisions projetées est de limiter les incitations au départ anticipé, bien que ces dernières soient déjà très restreintes et ne concernent que certaines catégories de salarié(e)s. Dans la mesure où ce système constitue un paramètre déterminant de la seconde partie de carrière (Guillemard, 2010), il s’avère pertinent de s’y arrêter brièvement afin de dégager les spécificités helvétiques et l’impact des réformes en cours en pointant les incidences de ce cadre structurel sur la dimension sexuée des trajectoires des 50 ans et plus.

Le régime de retraite suisse : une histoire d’inégalités

8Le système de retraite suisse est fondé depuis 1972 sur trois piliers, que nous allons brièvement passer en revue. Il associe deux logiques différentes, redistribution et capitalisation, qui ne sont pas neutres du point de vue des relations entre les sexes.

Prévoyance publique ou le premier pilier

9En vigueur depuis 1948, l’assurance vieillesse et survivants (AVS) constitue le socle du premier pilier et correspond à la prévoyance publique. Basée sur un système de répartition à laquelle chaque adulte contribue, cette assurance est censée garantir l’octroi d’une rente couvrant les besoins vitaux aux individus ayant atteint l’âge légal de la retraite (Streit, 2009), soit 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes. Les retraité(e)s dont les revenus ne permettent pas de couvrir le minimum d’existence ont cependant droit à des prestations complémentaires.

10La dixième révision de l’AVS (1995) a représenté une avancée significative en matière d’égalité entre femmes et hommes en introduisant les bonifications pour tâches éducatives et d’assistance, le remplacement de la rente de couple par deux rentes individuelles, ainsi que le splitting – le calcul séparé des revenus des deux époux pendant la durée du mariage. Toutefois, cette assurance reste marquée par le modèle de famille nucléaire traditionnelle [4] et, surtout, la révision de 1995 coïncide avec l’élévation de l’âge de la retraite des femmes de 62 à 64 ans. Un des enjeux essentiels de la onzième révision proposée, qui s’inscrit dans la volonté de prolongation de la vie active, réside dans l’alignement de l’âge de la retraite des femmes sur celui des hommes. Bien que des impératifs financiers président à ces réformes, l’argument de l’égalité entre les sexes est mobilisé de manière récurrente. Critiquant l’instrumentalisation des revendications féministes, certaines auteures (Rubattel et al., 2002) relèvent cependant qu’il n’y a aucune « égalité » à contraindre les femmes, responsables de la quasi-totalité du travail reproductif non rémunéré et par ailleurs fortement discriminées tout au long de leur vie professionnelle, à travailler une année supplémentaire.

Prévoyance professionnelle ou le deuxième pilier

11La prévoyance professionnelle (LPP) est fondée sur un système de capitalisation dont l’objectif initial était le maintien du niveau de vie antérieur à la cessation d’activité. À l’échelle nationale, le deuxième pilier est organisé très librement, ce qui contribue à une hétérogénéité extrême des situations du point de vue du montant des rentes. Le calcul des rentes LPP prend en considération le niveau de salaire et le nombre d’années de cotisation, mais il dépend aussi du montant de la cotisation versée par l’employeur et du régime de cotisation de la caisse de pension.

12Bien que le système multi-piliers helvétique soit souvent présenté comme un modèle (Bonoli, Bertozzi et Wichmann, 2008), le régime actuel du deuxième pilier est discriminatoire pour les personnes ayant des parcours professionnels discontinus et/ou à temps partiel, soit des femmes dans la très grande majorité des cas [5]. En effet, le seuil d’accès à la rente LPP, fixé à 23 000 francs suisses [6] jusqu’en 2004, exclut du deuxième pilier les personnes ayant des revenus annuels inférieurs à ce montant. Ainsi, en 2000, 28 % des femmes actives ne sont pas couvertes par le deuxième pilier car leurs salaires sont inférieurs au seuil d’accès, alors que ce n’est le cas que de 8,6 % des hommes [7]. En tenant compte des femmes sans activité professionnelle – ce qui ne signifie pas sans travail –, une femme sur deux n’avait donc pas de prévoyance professionnelle en 2000. L’abaissement du seuil d’accès dans le cadre de la LPP révisée en 2005 a, toutefois, permis d’élargir la couverture du deuxième pilier à 140 000 personnes actives supplémentaires, dont les quatre cinquièmes sont des femmes (Hugentobler, 2011). Malgré cette adaptation, la prévoyance professionnelle reste construite sur le modèle de trajectoire masculine continue et à temps plein, contraignant de nombreuses femmes à travailler le plus longtemps possible afin d’augmenter le niveau de leur rente LPP.

13Quant au montant de la rente, pour les femmes bénéficiant d’un deuxième pilier, ce dernier reste actuellement plus de deux fois inférieur à celui des hommes (Office fédéral de la statistique - OFS, 2011 p. 12). La volonté politique d’encourager le maintien des seniors sur le marché du travail le plus longtemps possible s’est récemment traduite par une révision partielle de la LPP (OFS, 2012 p. 4). D’une part, l’institution de prévoyance peut désormais prévoir la possibilité, pour les assuré(e)s ayant atteint l’âge de 58 ans et dont le salaire diminue de moitié ou plus, de demander le maintien de leur prévoyance au dernier gain assuré. D’autre part, les assuré(e)s peuvent également contribuer à la prévoyance professionnelle jusqu’à la cessation de leur activité lucrative, mais au plus tard jusqu’à 70 ans.

Prévoyance individuelle ou le troisième pilier

14La prévoyance individuelle repose sur un système de capitalisation et correspond à la capacité d’épargner afin de bénéficier de prestations vieillesse supplémentaires à la retraite. Facultative, cette possibilité n’est cependant ouverte qu’aux personnes exerçant une activité lucrative et est étroitement liée au niveau de revenu de l’activité professionnelle. Compte tenu de la ségrégation professionnelle qui caractérise le marché du travail (Charles, 2005) et de l’infériorité des salaires féminins (Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes - BFEG et OFS, 2009), les femmes ont moins de probabilités de constituer un troisième pilier et, lorsqu’elles s’avèrent en mesure de le faire, elles bénéficient d’une prévoyance individuelle globalement inférieure à celle des hommes. En 2008, environ un tiers de l’ensemble des retraité(e)s de 64 à 70 ans touchent un troisième pilier ; mais 42,3 % des hommes contre seulement 25,3 % des femmes bénéficient de telles prestations (OFS, 2011 p. 10).

15Ce rapide tour d’horizon montre, d’une part, que le système de retraite helvétique concourt à allonger la seconde partie de carrière en incitant au maintien en emploi jusqu’à l’âge officiel de la cessation d’activité, voire au-delà de ce seuil légal. D’autre part, il apparaît que le parcours individuel détermine en grande partie les modalités de cette étape de la vie active, dont la possibilité (financière) ou non d’avancer la sortie du marché du travail. Actuellement, le système de retraite flexible permet d’anticiper la rente vieillesse d’un à deux ans et de l’ajourner de un à cinq ans [8]. Mais les probabilités de sortie anticipée du marché du travail sont plus élevées pour les personnes ayant beaucoup cotisé, c’est-à-dire pour celles qui ont des parcours professionnels continus et à temps plein tout au long de la vie (Guggisberg, 2006). Le retrait précoce concerne donc surtout les hommes travaillant dans des branches spécifiques des secteurs secondaire et tertiaire qui occupent un emploi qualifié ou une fonction d’encadrement, disposant de revenus confortables (OFS, 2008 ; Gognalons-Nicolet et Le Goff, 2001). Comme nous allons l’examiner, la variabilité de la seconde partie de carrière et des « chemins » (pathways) vers la retraite (Kohli et al., 1991) trouve son origine dans la division sexuée du travail qui façonne les parcours de vie.

Les enjeux sexués de la seconde partie de carrière

16La seconde partie de carrière ne présente pas les mêmes configurations selon le pays considéré. Les disparités résultent principalement des « définitions sociales de l’âge de travailler et de cesser le travail, ainsi que des manières spécifiques de répartir les temps de travail et de non-travail entre les âges propres à chaque contexte sociétal » (Guillemard, 2010 p. 40). Elles découlent également du régime de genre qui caractérise les relations entre les sphères d’activité dans un pays donné. Afin de cerner les reconfigurations de la seconde moitié de carrière dans le contexte de prolongation de la vie active, il convient donc d’examiner cette étape à la lumière de la division sexuelle du travail. Saisir les caractéristiques de cette étape du parcours de vie nous oblige cependant à prendre en considération la première partie de carrière. En effet, pour la majorité des femmes qui vivent en Suisse, les charges familiales ont un impact direct sur leur trajectoire professionnelle, qui se traduit par une interruption d’activité et le travail à temps partiel. Ayant des itinéraires différents, hommes et femmes ne sont donc pas égaux au seuil de la seconde partie de carrière.

Divergence et convergence des comportements d’activité

17Bien que le taux d’emploi des travailleurs et travailleuses âgé(e)s en Suisse ait augmenté au cours des deux dernières décennies, force est de constater que les courbes masculine et féminine ont suivi des mouvements différents. Depuis 1991, la participation des hommes âgés de 50 à 65 ans au marché du travail diminue, alors que celle des femmes de même âge s’accroît. C’est ce que montre l’analyse par groupes d’âge quinquennaux selon le sexe.

Graphique 1

Taux d’emploi des hommes de 50 à 74 ans entre 1991 et 2010 en Suisse

Graphique 1

Taux d’emploi des hommes de 50 à 74 ans entre 1991 et 2010 en Suisse

SOURCES • Enquête suisse sur la population active (ESPA).

18Quel que soit le groupe d’âge considéré dans le graphique ci-dessus, l’emploi masculin baisse de plusieurs points depuis vingt ans. Cette diminution est particulièrement marquée parmi les hommes âgés de 55 à 65 ans, dans la mesure où le taux d’emploi chute entre 1991 et 2010 de près de sept points en moyenne dans chaque classe d’âge. Les plans de retraite anticipée promulgués par plusieurs employeurs lors des restructurations économiques de la décennie 1990 expliquent en grande partie cette baisse (Le Goff, Hagmann et Höpflinger, 1999). Pour les hommes, le taux d’emploi reste élevé jusqu’à 60 ans, puis diminue de manière rapide au cours des cinq ans précédant l’âge légal de la retraite. Cette diminution s’explique notamment par un effet générationnel : les hommes de la génération du baby-boom ont bénéficié, grâce à l’introduction progressive du deuxième pilier, d’une prévoyance vieillesse qui a permis un retrait anticipé plus marqué qu’auparavant du marché du travail. Avant les années 1990, les départs anticipés à la retraite étaient rares en Suisse comparativement aux pays limitrophes, concernés par ce phénomène depuis 1970 (Guillemard, 2003). Les années 2000 marquent cependant un inversement de tendance dans l’activité des sexagénaires, conformément aux objectifs fixés au niveau européen.

19En comparaison avec leurs homologues de sexe masculin, les femmes de plus de 50 ans sont proportionnellement moins nombreuses à exercer une activité lucrative. Quelle que soit la classe d’âge examinée, plus de dix points séparent les taux d’emploi masculin et féminin. L’assignation des femmes au travail domestique, que traduit un taux d’inactivité féminin plus élevé que celui des hommes, rend en grande partie compte de cet écart. En 2007, le taux d’inactivité des femmes de plus de 50 ans s’élève à 30 % contre 15 % chez les hommes (OFS, 2008 p. 19). Cependant, les disparités entre les sexes tendent à se réduire au fil du temps. Entre 1996 et 2007, la proportion de femmes seniors n’exerçant pas d’activité lucrative recule de 32,6 % à 29,6 %, alors que celle des hommes progresse de quatre points durant la même période, passant de 11,9 % à 15,8 % (OFS, 2008 p. 18). Une autre partie de la disparité entre les sexes chez les personnes âgées de 60 à 64 ans relève de la différence dans l’âge légal de la retraite. En revanche, et c’est là une transformation majeure, la proportion de travailleuses âgées connaît une progression constante depuis vingt ans au sein de toutes les classes d’âge étudiées. Cette évolution est portée par la progression du niveau de formation des femmes et une insertion professionnelle plus stable que celle de leurs aînées.

20Comme le montre le graphique 2, de plus en plus de femmes seniors se maintiennent sur le marché du travail. L’augmentation est particulièrement marquée parmi les femmes âgées de 55 à 59 ans : le taux d’emploi passe en effet de 55 % en 1991 à 72 % en 2010. Cette variation s’inscrit dans une tendance générale de progression de l’activité féminine au cours de la seconde moitié du xxe siècle (Bühler, 2002). Les femmes nées après 1950 s’inscrivent massivement et durablement sur le marché du travail rémunéré. Contrairement aux trajectoires féminines des générations précédentes (Chaze, Bilger et Schlesser, 2005 ; Schoeni, 2012), la maternité entraîne moins souvent une interruption définitive de l’activité rémunérée.

Graphique 2

Taux d’emploi des femmes de 50 à 74 ans entre 1991 et 2010 en Suisse

Graphique 2

Taux d’emploi des femmes de 50 à 74 ans entre 1991 et 2010 en Suisse

SOURCES • Enquête suisse sur la population active (ESPA).

21En résumé, en Suisse, les femmes de plus de 50 ans sont toujours plus nombreuses à exercer une activité lucrative, alors que les hommes sont plus enclins à quitter le marché du travail avant l’âge légal de la retraite. Ces tendances illustrent une convergence des comportements d’activité des seniors des deux sexes. En atteste également la progression importante du taux d’emploi des femmes sexagénaires, qui laisse penser que la volonté des couples de synchroniser le départ à la retraite (Wanner, Gabadinho et Ferrari, 2003a) est atténuée par d’autres facteurs. En France (tableau 2), l’évolution du taux d’emploi des seniors des deux sexes fait apparaître un mouvement similaire à celui qui se dessine en Suisse en ce qui concerne les femmes, bien que la participation des Françaises au marché du travail soit particulièrement réduite après 60 ans.

Tableau 2

Taux d’emploi des femmes et des hommes en France, 1989-2000-2009

Tableau 2
Hommes Femmes 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 1989 85,0 62,6 23,3 56,6 40,8 16,6 2000 85,0 60,4 14,8 67,4 47,1 12,8 2009 85,9 61,4 19,0 75,4 55,7 15,2

Taux d’emploi des femmes et des hommes en France, 1989-2000-2009

SOURCES 1989 et 2000 • Guillemard (2010). SOURCES 2009 • DARES (2010).

22Si le taux d’emploi est l’un des indicateurs les plus fiables pour mesurer la participation effective au marché du travail, il masque cependant l’existence de disparités importantes, selon le sexe et au sein des groupes de sexe, et contribue à occulter les enjeux sexués de la prolongation de la vie active. En effet, la situation et les parcours professionnels féminins et masculins affichent une diversité considérable et interrogent le modèle dominant des seniors (masculin) qui sous-tend de nombreuses publications scientifiques (Guillemard, 2003).

Inégalités de sexe durant la seconde partie de carrière

23L’étape de la vie qui débute à 50 ans se caractérise par de nombreux changements, comme le rétrécissement de la taille du ménage, la transformation du réseau et des responsabilités familiales. Selon certains auteur(e)s, cette période du cycle de vie offre la possibilité d’une nouvelle carrière pour les femmes (Wanner, Gabadinho et Ferrari, 2003a). D’autres indicateurs montrent, en revanche, que la seconde partie de carrière n’est pas exempte de charges familiales (OFS, 2009 ; 2010). Il convient dès lors de regarder attentivement les modalités d’investissement des femmes et des hommes dans l’univers professionnel et domestique.

24Le graphique 3 laisse clairement entrevoir que les conditions d’emploi des seniors diffèrent selon le sexe. Seules trois femmes âgées de 55 ans et plus sur dix occupent un emploi à plein-temps, alors que plus de huit hommes sur dix participent au marché du travail sur la base d’un plein-temps. La majorité des actives âgées travaillent à temps partiel.

Graphique 3

Part de l’emploi à temps partiel en Suisse selon l’âge et le sexe en 2010 (en %)

Graphique 3

Part de l’emploi à temps partiel en Suisse selon l’âge et le sexe en 2010 (en %)

SOURCES • Enquête suisse sur la population active (ESPA).

25Ce taux de temps partiel féminin, particulièrement élevé en Suisse, manifeste les modalités contemporaines de la division sexuelle du travail et le régime de genre helvétiques (Giraud et Lucas, 2009), et diffère sensiblement de la situation française où les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à être occupées à plein-temps (Maruani, 2011). Comme l’établissent différents travaux (Bühler, 2002 ; Rosende, 2008), la naissance d’enfants et les tâches d’éducation se répercutent durablement sur l’activité salariée féminine. Couplée au nombre insuffisant de structures de garde de la petite enfance et à la faible harmonisation des horaires scolaires dans le système d’enseignement obligatoire, l’assignation du travail domestique aux femmes contraint un grand nombre d’entre elles à opérer des arbitrages professionnels qui ont longtemps pris la forme de l’interruption provisoire ou définitive de l’activité lucrative. Actuellement, la maternité entraîne plutôt l’option du travail à temps partiel que celle de l’interruption, lorsque le niveau de qualification et la position professionnelle de la personne le permettent (Messant-Laurent, 2001). Qu’il corresponde à un « choix » durant une période du parcours biographique ou à la demande de travail, le travail à temps partiel participe ainsi de l’injonction à « concilier » vie professionnelle et familiale qui est faite aux femmes et à elles seules (Junter-Loiseau, 1999) et situe la Suisse dans le « modèle modifié de l’homme pourvoyeur des ressources » (Le Feuvre, 2011). En conséquence, les trajectoires d’activité professionnelles féminines sont encore dictées en Suisse par le rythme de naissance des enfants et les tâches d’éducation, à la différence des carrières masculines uniquement structurées par le travail salarié. En témoigne la typologie établie par R. Lévy, J.-A. Gauthier et E. Widmer (2006), qui permet de circonscrire particulièrement bien les caractéristiques les plus marquantes des parcours masculins et féminins dans le contexte helvétique. Parmi les six types identifiés, deux sont masculins et quatre féminins. La grande majorité des parcours masculins obéissent au modèle du « plein-temps », caractérisé par une phase prolongée d’activité rémunérée à plein-temps avant le départ à la retraite [9]. Du côté des femmes, un tiers des parcours ressemble au modèle masculin du « plein-temps ». Près d’un quart d’entre eux se caractérise par une activité rémunérée continue, mais exercée à temps partiel depuis la naissance du premier enfant (modèle « temps partiel »). Le troisième type, nommé « reprise », rassemble près d’un tiers des femmes et renvoie à une trajectoire caractérisée par une interruption d’activité à la naissance du premier enfant suivie d’une reprise à temps partiel. Enfin, une minorité de femmes s’inscrit dans le modèle « au foyer » : celles-ci se consacrent exclusivement au travail familial.

26Si l’emploi à temps partiel s’est substitué aux interruptions d’activité au moment de la maternité et a soutenu la progression de l’activité féminine au cours des dernières décennies, il convient de souligner que cette modalité d’emploi comporte de nombreux handicaps au niveau de l’avancement professionnel et de la situation économique. Un taux d’occupation inférieur à 50 % est synonyme de faible couverture sociale et conforte la dépendance des femmes à l’égard d’un homme dans le cas de celles vivant en couple, ou de l’État dans le cas de celles vivant seules. Figure emblématique de l’emploi féminin en Suisse, le temps partiel, en expansion depuis trois décennies, se répercute sur la seconde partie de carrière. Il contraint de nombreuses femmes à se maintenir sur le marché du travail jusqu’à l’âge légal de la retraite ou plus longtemps afin de bénéficier d’une rente LPP « correcte » [10]. Ainsi, parmi les retraitées qui exercent une activité lucrative, on compte de nombreuses femmes occupant un poste peu qualifié (employées de bureau, vendeuses). Les retraités actifs réunissent avant tout des hommes exerçant une activité qualifiée (entrepreneurs, directeurs, commerçants) (Wanner et al., 2005 p. 81).

L’angle mort du travail salarié : le travail domestique et de care

27Les écarts observés en matière de taux d’occupation des seniors en Suisse démontrent qu’aucune recomposition majeure de l’articulation des contraintes professionnelles et familiales ne s’opère durant la seconde partie de carrière. Seule une minorité de femmes âgées de 55 ans et plus travaille à plein-temps. Pour la majorité des travailleuses âgées, l’activité rémunérée est exercée à temps partiel. Certes, le taux de temps partiel des hommes âgés de 55 ans et plus augmente (graphique 3), mais les études thématiques disponibles établissent qu’il progresse surtout après 60 ans. En 2001, près de 37 % des hommes de 60 ans et plus sont occupés à temps partiel contre 7 % des hommes de 50 à 59 ans (Strub, 2003 p. 10). On peut faire l’hypothèse que le temps partiel accompagne la transition masculine à la retraite. Cependant, les raisons motivant le temps partiel diffèrent selon le sexe (Baillod, 2006). Chez les hommes, tous âges confondus, ce sont essentiellement la formation et le « fait de ne pas avoir trouvé un poste à 100 % » qui sous-tendent l’emploi à temps partiel, tandis que les raisons familiales arrivent en tête chez les femmes (Strub, 2003 p. 20). La vie familiale est également le principal motif de l’inactivité féminine au-delà de 50 ans, alors que la retraite anticipée et les raisons de santé constituent les principaux facteurs explicatifs de l’inactivité des hommes seniors (OFS, 2008 p. 18).

28Incarnation de la division sexuelle du travail, les « raisons familiales » restent donc toujours une clef de lecture des comportements d’activité en seconde partie de carrière. En tant que membres de la génération « sandwich » ou « pivot », les femmes de 50 ans et plus sont souvent concernées par la prise en charge de parents âgés (Wanner et al., 2005), de petits-enfants et parfois d’enfants qui sont encore partiellement dépendants. Elles occupent de ce fait une position centrale dans le jeu des solidarités intergénérationnelles (Kellerhals, Burton-Jeangros et Hammer, 2001). La faiblesse des structures de prise en charge des personnes dépendantes en Suisse renforce cette réalité et contribue au cumul des effets « genre » et « génération ». Selon une enquête récente (Perrig-Chiello, Höpflinger et Hutchison, 2011), la prise en charge des personnes âgées nécessitant des soins est encore une affaire de femmes [11], qu’il s’agisse de la partenaire, de la fille ou de la belle-fille. Lorsque c’est la fille qui assume ces soins, la prise en charge des parents restreint considérablement la possibilité d’avoir une vie professionnelle. Ainsi, 18 % d’entre elles réduisent leurs charges professionnelles, 16 % vont jusqu’à quitter leur emploi et près de 5 % prennent une retraite anticipée (Perrig-Chiello, Höpflinger et Hutchison, 2011 p. 3).

29Malgré la diminution des tâches domestiques assumées par les femmes au fil des étapes de la vie, le travail domestique représente l’univers où les avancées en matière d’égalité entre les femmes et les hommes sont particulièrement faibles. Parmi la population âgée de 50 ans et plus, le nombre d’heures consacrées par les femmes aux activités domestiques et familiales diminue, passant en moyenne de trente-trois heures à vingt-huit heures entre 50 et 65 ans, alors que la participation au travail non rémunéré augmente de deux heures chez les hommes seniors, passant de dix-sept à dix-neuf heures en moyenne (OFS, 2009 p. 9) [12]. Aux activités de prise en charge de personnes dépendantes qui incombent aux femmes s’ajoute le travail bénévole informel consistant en des activités de soins ou de services fournis dans d’autres ménages (voisins, connaissances). En 2004, les femmes âgées de 55 à 64 ans ont consacré 17,5 heures au travail bénévole informel alors que les hommes du même groupe d’âge ont investi 9,8 heures (Schön-Bühlmann, 2005 p. 277).

30En résumé, les trajectoires professionnelles des seniors en Suisse restent profondément marquées par un partage inégal du travail domestique entre les sexes, et c’est à l’aune de cette persistance qu’il s’agit d’appréhender la seconde partie de carrière.

Conclusion : prolongation de la vie active, à quel prix pour les femmes ?

31Les taux d’emploi des seniors sont plus élevés en Suisse que dans d’autres pays européens, qu’il s’agisse de la population féminine ou masculine. Revisitée à l’aune du genre, la seconde partie de carrière interroge la réussite du modèle helvétique et plus globalement les mesures de vieillissement actif qui, reposant sur un modèle asexué de senior, passent sous silence les inégalités de sexe en matière d’insertion et de trajectoire professionnelle (Dandurand, Jenson et Junter, 2002). En Suisse, la majorité des hommes seniors travaillent à plein-temps sur le modèle du parcours continu et une part importante d’entre eux cesse son activité lucrative au cours des cinq ans précédant l’âge légal de la retraite. Quant aux femmes, elles sont davantage concernées par l’activité à temps partiel et ont des parcours professionnels discontinus, alimentant la prégnance des modèles familiaux bourgeois « classique » (male breadwinner et female carer) et « contemporain » (modified male breadwinner) qui se mettent en place lors de la naissance des enfants (Bühler, 2002). Cette réalité de la première partie de carrière contraint les femmes quinquagénaires et sexagénaires à se maintenir en emploi le plus longtemps possible pour des raisons financières. De plus, la seconde partie de carrière n’est pas exempte de tâches domestiques et, partant, elle ne correspond nullement à une recomposition de l’articulation vie professionnelle et vie familiale.

32Couplé à une diminution généralisée des prestations sociales liée aux réformes de l’assurance chômage et de l’assurance invalidité, l’impératif « travailler plus longtemps » concourra, dans le contexte actuel de démantèlement de l’État social et de vieillissement démographique, à renforcer les inégalités existantes entre les sexes. Comme le filet de la sécurité sociale s’amoindrit et que les logiques du marché tendent à exacerber la compétitivité, une part croissante de salarié(e)s sera en effet forcée de se maintenir en emploi jusqu’à un âge toujours plus avancé, sans compter celles et ceux qui, exclu(e)s du marché du travail, auront droit à des prestations restreintes. L’autre partie, composée essentiellement d’hommes qualifiés ayant eu un parcours continu, pourra accéder à une retraite anticipée et à une rente vieillesse satisfaisante. Loin de recouvrir un modèle unique, la seconde partie de carrière renvoie à une réalité à géométrie variable qui reste étroitement structurée par le genre et qui s’avère très éloignée du principe de l’égalité censé sous-tendre les réformes récentes de la protection sociale en Suisse comme à l’étranger.

Notes

  • [*]
    Magdalena Rosende, sociologue du travail, elle travaille actuellement à l’université de Lausanne (Suisse) comme chercheuse senior du Fonds national de la recherche scientifique (FNS) dans le cadre d’un projet sur l’égalité des seniors en emploi (PNR60, FNS 406040_129202).
  • [**]
    Céline Schoeni, historienne contemporaniste, elle travaille actuellement à l’université de Lausanne (Suisse) comme chercheuse senior du Fonds national de la recherche scientifique (FNS) dans le cadre d’un projet sur l’égalité des seniors en emploi (PNR60, FNS 406040_129202).
  • [1]
    Il n’existe pas de définition précise des termes senior ou travailleur âgé. Dans le cadre de cet article, senior renvoie à la population âgée de 50 ans et plus.
  • [2]
    Commission des Communautés européennes (2004), Accroître l’emploi des travailleurs âgés et différer la sortie du marché du travail (http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:52004DC0146:EN:NOT).
  • [3]
    Cet article est issu d’une recherche sur l’égalité des seniors en emploi en Suisse dirigée par la professeure Nicky Le Feuvre (PNR 60 : Égalité entre hommes et femmes). Projet FNS n° 406040_129202/1.
  • [4]
    Commission fédérale pour les questions féminines, Droit, AVS et LPP, 2011 (www.ekf.admin.ch/dokumentation/00444/00516/index.html?lang=fr).
  • [5]
    Despland B. (2010), « Les femmes, exclues et prétéritées du 2e pilier », Neuchâtel, Unia (http://www.unia.ch/Les-femmes-exclues-et-preteri.2842.0.html).
  • [6]
    1 euro équivaut à 1,20 franc suisse (taux de change du 13 juin 2012).
  • [7]
    Hughenin M. (2004), Question écrite 04.5047 de la conseillère nationale déposée le 3 août au Conseil national (http.www.parlament.ch).
  • [8]
    Les possibilités d’anticipation n’ont pas été obtenues en même temps pour les deux sexes : pour les hommes, le versement d’une rente AVS anticipée de un an dès 1997 et de deux ans dès 2001 ; pour les femmes de un an dès 2001 et de deux ans dès 2005.
  • [9]
    Le second type masculin, appelé « erratique », ne montre pas de trajectoire globale clairement profilée.
  • [10]
    Ce constat se fonde sur les entretiens biographiques conduits auprès de femmes de plus de 50 ans dans le cadre de la recherche sur l’égalité des seniors en emploi en Suisse.
  • [11]
    L’âge moyen des femmes qui dispensent des soins à un proche est de 57 ans.
  • [12]
    Les données statistiques concernant le travail domestique sont lacunaires en Suisse. La plupart du temps, les rapports s’intéressent au nombre d’heures consacrées aux tâches domestiques et familiales selon la situation familiale, l’âge du plus jeune enfant et le sexe.
Français

Résumé

Cet article propose de mettre en exergue les enjeux sexués de la seconde partie de carrière à partir du cas helvétique. Il prend en considération les logiques structurelles (protection sociale et évolution de l’emploi) qui facilitent ou entravent le maintien sur le marché du travail des personnes de 50 ans et plus. Resitué dans le contexte européen – et plus particulièrement français – d’incitation politique au vieillissement actif, l’examen de l’emploi et du système de retraite révèle l’effet de la division sexuelle du travail sur les trajectoires d’activité rémunérée des seniors. L’article montre que les réformes récentes du système de protection sociale contribuent à recomposer et à renforcer les inégalités de genre durant cette étape de la vie active.

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Magdalena Rosende [*]
  • [*]
    Magdalena Rosende, sociologue du travail, elle travaille actuellement à l’université de Lausanne (Suisse) comme chercheuse senior du Fonds national de la recherche scientifique (FNS) dans le cadre d’un projet sur l’égalité des seniors en emploi (PNR60, FNS 406040_129202).
Céline Schoeni [**]
  • [**]
    Céline Schoeni, historienne contemporaniste, elle travaille actuellement à l’université de Lausanne (Suisse) comme chercheuse senior du Fonds national de la recherche scientifique (FNS) dans le cadre d’un projet sur l’égalité des seniors en emploi (PNR60, FNS 406040_129202).
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 07/01/2013
https://doi.org/10.3917/rfas.122.0130
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