Protection et assistance sociales
Où va la protection sociale ?, Anne-Marie Guillemard (dir.), coll. « Le lien social », Presses universitaires de France, 2008, 416 pages, 26 euros
1Ce livre propose une synthèse des transformations qui ont affecté la protection sociale française durant les deux dernières décennies, en les comparant et les resituant dans le contexte européen. Il s’efforce d’éclairer les enjeux et de dégager le sens des évolutions en cours. Quels sont les principaux défis auxquels est confronté aujourd’hui le système français de protection sociale ? Quelles significations peut-on prêter aux voies de réformes adoptées ou en cours dans les secteurs du social, de la santé, des retraites, de l’emploi ?... La notion même de protection sociale et de sécurité est en cours de redéfinition. Va-t-on vers un modèle de type libéral selon lequel la responsabilité de l’État se réduit à un filet minimal de protection sociale et à un individu seul responsable de son sort, ou assiste-t-on à un mouvement de modernisation de la protection sociale, en vue de l’adapter aux nouvelles conditions économiques et sociales, tout en préservant sa visée universaliste ? Selon les orientations qui seront prises, c’est l’avenir même de la citoyenneté sociale et du « vivre ensemble » qui est mis en question.
Les assurances sociales en Europe, Michel Dreyfus (dir.), coll. « Pour une histoire du travail », Presses universitaires de Rennes, 2009, 262 pages, 18 euros
2Longtemps sous-estimée par les historiens, la protection sociale est devenue depuis deux décennies un objet d’étude important, en France comme en Europe. Pourtant l’histoire des assurances sociales restait à écrire à travers une démarche comparative internationale et c’est ce que fait cet ouvrage qui propose une histoire comparée des assurances sociales en Europe. Tout d’abord, il présente trois études inédites sur l’organisation de la protection sociale en Espagne, en Italie et en Grande-Bretagne, de la fin du XIXe siècle au terme de la Seconde Guerre mondiale. Il était nécessaire d’examiner ces réalisations au regard des assurances sociales qui ont fonctionné en France jusqu’à la Libération : c’est pourquoi un chapitre traite de ces dernières et en particulier des acteurs sociaux ou mutualistes, patrons et syndicalistes ou qui, aux côtés de l’État, en ont assuré la gestion. Enfin, les liens internationaux noués par les organismes des assurances sociales des différents pays européens, à travers la Conférence internationale de la mutualité et des assurances sociales (CIMAS), restaient également à redécouvrir : c’est pourquoi la CIMAS a fait l’objet d’une contribution spécifique. Ce livre retrace ainsi les principales lignes de force de la protection sociale en Europe, de la veille de la Première Guerre mondiale à la fin de la Seconde.
Les retraites en question, Antoine Rémond, La Documentation française, 2009, 208 pages, 14,50 euros
3Pourquoi le système de retraite, qui a pourtant permis d’ajouter du temps libre aux années de vie et d’envisager la retraite comme une nouvelle phase de l’existence, suscite-t-il aujourd’hui une telle méfiance ? Les changements intervenus au cours des dernières années sont-ils à l’origine de cette perte de repères ? Les comportements semblent ne pas avoir évolué dans le sens voulu par les réformes. Les mesures visant à favoriser les prolongations de carrière et celles ayant allongé la durée de cotisation ont, dans un contexte de faible progression de l’emploi des seniors, produit une situation paradoxale : la liberté pour certains de choisir l’âge de départ à la retraite après avoir effectué une carrière complète, la privation de cette liberté pour d’autres qui ne peuvent pas prétendre partir à l’âge requis faute d’avoir pu effectuer une carrière complète. Après un aperçu historique, une présentation du système de retraite français, l’ouvrage revient sur les termes du débat, souligne l’influence de l’échelon européen sur les retraites, et présente les réformes menées en France depuis les années 1990, puis leurs effets. Il s’achève en proposant de nouveaux éléments de réflexion.
Assistance sociale et contrepartie, actualité d’un débat ancien, Aurélien Purière, L’Harmattan, 2009, 136 pages, 13,50 euros
4Cet ouvrage retrace les origines historiques et les fondements théoriques de la notion de contrepartie en matière d’assistance. Si ce très ancien débat réapparaît aujourd’hui, c’est d’abord parce que la force du modèle de protection sociale a été dégradée et s’il rencontre un tel écho, c’est parce que la contrepartie est présentée comme un remède à une supposée société de l’assistanat. L’auteur propose des pistes de réflexion autour de ces questions et d’autres sur l’assistance.
La protection sociale en Russie, une approche historique du système de protection du IXe siècle à nos jours, Olga Artemova, avec les contributions de Jean Besson et Pierre Auffret, Éditions Eska, 2009, 178 pages, 35 euros
5Cet ouvrage retrace l’histoire de la protection sociale en Russie, depuis l’émergence de l’assistance sociale et l’apparition des assurances sociales après 1917 jusqu’aux réformes récentes des systèmes de retraite et de santé.
Risques sanitaires
À l’épreuve du sang contaminé, pour une sociologie des affaires médicales, Emmanuelle Fillion, coll. « En temps et lieux », Éditions EHESS, 2009, 323 pages, 20 euros
6Révolte des victimes, indignation publique, médecins et politiques sur le banc des accusés... jamais avant le sang contaminé, la santé n’avait été, en France, une telle affaire d’État. Pourtant, l’épidémie transfusionnelle par le virus du sida est restée pendant des années confinée à un tout petit univers médical, l’hémophilie, composé de quelques centaines de malades et de leurs médecins.
7Pour comprendre comment le drame d’un microcosme est devenu une crise politique majeure, ce livre revient sur l’expérience de ses acteurs les plus directs : les malades hémophiles et leurs proches, leur association et leurs médecins. Il propose d’entendre la parole de ces individus, de restituer leur expérience du traumatisme, de saisir quelles ont été leurs ressources pour faire face à la crise et tenter de produire un monde médical qui ne soit plus trompeur. Cette démarche compréhensive se dissocie du plaidoyer comme de l’accusation, sans évacuer la question de la responsabilité.
Sociologie d’une crise alimentaire, les consommateurs à l’épreuve de la maladie de la vache folle, Jocelyn Raude, coll. « Sciences du risque et du danger », Tec & Doc, 2008, 259 pages
8Au cours de la dernière décennie, les systèmes alimentaires des pays occidentaux ont été confrontés à une succession impressionnante de crises sanitaires plus ou moins graves, parmi lesquelles la crise dite de la « vache folle » constitue sans aucun doute l’événement qui a le plus profondément marqué les mémoires individuelles et collectives. La principale question est de savoir à quelles conditions et dans quelle mesure les consommateurs modifient leurs comportements alimentaires lorsqu’ils sont potentiellement exposés à un risque. D’une manière générale, l’analyse sociologique des comportements alimentaires dans le contexte des crises de la vache folle tend à démontrer que les consommateurs perçoivent et réagissent au risque de manière compatible avec le maintien ou le renforcement de systèmes culinaires concurrents, c’est-à-dire d’ensembles des pratiques et des croyances alimentaires qui préexistent aux processus d’identification du risque. Ces résultats empiriques permettent de mobiliser plusieurs niveaux d’explication – de l’individu au social – de la diversité dans la réponse affective, cognitive et comportementale des populations lorsqu’elles sont confrontées à un risque sanitaire dans le cadre de leur alimentation.
Évolution récente des actions en responsabilité médicale en France, comparaison avec l’étranger, Anne-Marie Duguet (dir.), Les études hospitalières, 2008, 357 pages, 46 euros
9La responsabilité médicale suscite toujours un large intérêt tant pour les juristes que pour les professionnels de santé. La création en France d’un système d’indemnisation des accidents médicaux conduit à s’interroger sur l’impact de ce nouveau dispositif sur des actions en responsabilité. C’est le thème choisi pour le onzième séminaire d’actualité de droit médical dont cet ouvrage réunit la majorité des présentations qui émanent de chercheurs venus du monde entier.
Famille
Concilier vie familiale et vie professionnelle en Europe, Blanche le Bihan-Youinou et Claude Martin (dir.), coll. « Lien social et politiques », Presses de l’EHESP, 2008, 373 pages, 30 euros
10Cet ouvrage propose un triple éclairage de la question de la conciliation vie familiale, vie professionnelle :
- celui de l’analyse des politiques publiques, qui retrace la genèse des législations européennes et décrypte les objectifs avancés par tel ou tel État, institution ou groupe d’acteurs ;
- celui de la sociologie du travail et des professions, qui s’intéresse à la manière dont chaque secteur d’activité aborde et régule le problème de l’articulation des temps de vie ;
- celui des pratiques sociales au sein des ménages, des manières de faire des individus, de leurs choix et préférences, négociations et arrangements concrets.
Entraide familiale et solidarités entre les générations, dossier réalisé par Jérôme Minonzio et Julie Pagis, coll. « Problèmes politiques et sociaux », La Documentation française, 2009, 200 pages, 12 euros
11Ce dossier montre comment l’entraide familiale et les solidarités entre les générations sont constitutives de notre modèle social et peuvent dans certains cas pallier ses défaillances. Contrairement aux idées reçues, la solidarité au sein de la famille n’est pas l’apanage d’un âge d’or révolu de la société préindustrielle. Elle tend même à s’accroître pour faire face à des configurations nouvelles (travail des femmes, allongement des études, chômage, dépendance des personnes âgées). Cette entraide familiale s’exerce sous des formes les plus diverses, matérielle ou financière, qui, notamment pour cette dernière, vient, la plupart du temps, renforcer les inégalités déjà existantes entre groupes sociaux. À l’échelle macroscopique de la société, se posent les questions de l’articulation entre générations familiales et générations sociales et de la complémentarité entre aides publiques et aides familiales.