CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Inhérente à la fonction de directrice de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le poste de directrice de la publication de la RFAS est occupé par Mireille Elbaum depuis décembre 1998. En effet, avec la création de la DREES, la responsabilité de la revue a été transférée de la DAGPB à la DREES et notamment à la Mission Recherche (MiRe).

2Vous avez donné une nouvelle impulsion à la revue. Sous quelle forme ?

3En m’impliquant dans les comités de rédaction et en tentant de leur donner aussi un rôle de comité de lecture, afin de se rapprocher des normes des revues scientifiques. J’ai aussi essayé que ce comité soit un lieu de discussions et d’échanges, qui ait sa dynamique propre et qui mette les chercheurs et personnalités extérieures qui y participent « en appétit ». Les participants semblent apprécier ces échanges autour de la lecture des différents articles. Au-delà de cette idée d’animation, j’ai aussi souhaité qu’un certain nombre de programmes de recherche soutenus par la DREES trouvent un aboutissement dans la Revue française des Affaires sociales, sous forme d’articles retraçant à la fois les recherches effectuées, mais aussi d’autres travaux sur les mêmes problématiques. Nous avons de ce fait continué à développer les numéros à thèmes dans la revue. De même, les colloques sont une base intéressante pour des articles ou des numéros spéciaux. Ces tendances existaient déjà auparavant, mais nous avons voulu les accentuer.

4Quelles sont vos propres motivations ?

5Tout d’abord, cela me paraît naturel de participer à la lecture des articles. De plus, j’ai un goût personnel pour les questions de politique éditoriale, de publications, et de l’appétence pour la lecture des travaux conduits dans le champ sanitaire et social, au-delà des seules activités de la DREES. Mon objectif est que le comité de rédaction soit un lieu de discussions intéressant, animé et de haut niveau. Cette activité de directrice de la publication est relativement lourde, mais je l’ai vraiment faite avec grand plaisir.

6Vous êtes à linitiative des numéros de la Revue française des Affaires sociales en anglais…

7En effet. L’un des apports des liens entre la revue et la MiRe, c’est une articulation forte avec les travaux de recherche sur la comparaison des systèmes de santé et de protection sociale au niveau européen… Ceci nous a amenés à organiser de nombreux colloques thématiques appuyés sur des recherches, parfois financées par la MiRe, et sollicitant des chercheurs étrangers, et d’articuler ces manifestations avec un débouché dans la revue. Or, ces travaux de comparaisons internationales ne peuvent être assez largement diffusés à l’étranger que s’ils sont disponibles en anglais. D’où la mise en place de numéros publiés dans les deux langues. De plus, les traductions trahissent parfois la pensée des auteurs étrangers, qui raisonnent souvent à partir de leurs propres concepts, notamment en matière de protection sociale. Nous avons ainsi voulu donner la possibilité aux gens qui le souhaitent, par exemple pour les pays scandinaves, d’accéder directement aux textes originaux, car beaucoup de ces chercheurs écrivent directement en anglais.

8Quen est-il de la mise en ligne des articles ?

9Nous n’avons pas encore abouti à un accord définitif avec La Documentation française, afin de mettre les numéros de la Revue française des Affaires sociales sur internet. Mais nous le souhaitons vraiment, car la double diffusion (écrite et électronique), est aujourd’hui indispensable, notamment dans le monde de la recherche.

10Quels sont, selon vous, les numéros de la Revue française des Affaires sociales les plus marquants ?

11Les numéros à thèmes et ceux liés à des colloques. En amont, ils ont généré beaucoup de travail. C’est tout le chemin parcouru pour un numéro qui est intéressant, et la satisfaction d’avoir réalisé un « bon produit ». J’ai beaucoup aimé le numéro autour de l’enquête « Handicap, incapacités, dépendance ». Nous avons travaillé en amont avec des chercheurs, à la fois pour préparer un colloque et un numéro spécial de la revue. Certains articles m’ont aussi marquée par leur qualité et leur originalité. Je pense notamment à celui de Robert Lafore, directeur de l’IEP de Bordeaux, sur l’évolution des politiques sociales départementales. Sa thèse est que nous assistons à l’apparition, à côté de l’État, d’un « Département providence ». C’est un article particulièrement stimulant, qui donne une vision originale de ce que deviennent les politiques sociales. L’article de Dominique Polton sur la décentralisation des systèmes de santé m’a également frappée par la pertinence de ses analyses, et sa capacité à clarifier des notions employées souvent de façon très floue.

12Pouvez-vous rappeler le fonctionnement du comité ?
Oui. Il compte une trentaine de membres : des représentants des différentes directions des ministères et des chercheurs de différentes disciplines. Cette variété est primordiale, notamment au niveau des chercheurs, parce qu’elle permet de vérifier que les articles ont un intérêt pour des lecteurs d’horizons différents. Nous souhaitons des articles à la fois de très bon niveau mais qui intéressent des publics divers, et cet équilibre n’est pas facile à trouver. Nous cherchons d’ailleurs à susciter davantage d’articles de la part de juristes et d’économistes, qui en proposent moins spontanément à la revue que les sociologues. Au cours du comité, nous discutons de chaque projet d’article. Certains textes s’imposent et emportent l’adhésion de tous rapidement. Sur d’autres, les membres du comité sont d’accord soit pour ne pas les publier, soit pour demander des modifications. Il y a enfin des articles qui entraînent des échanges vifs et des débats parfois longs, jusqu’à plus d’une demi-heure. Souvent, nous finissons par demander une nouvelle version à l’auteur, tenant compte de l’ensemble de ces discussions. Il arrive aussi que, lorsque l’article reflète une position engagée ou sujette à débat de la part de son auteur, nous essayons d’en préciser le statut, dans le titre ou à travers une présentation dans une rubrique « Points de vue ». Ces comités sont donc à la fois animés et stimulants, avec l’expression de points de vue différents en fonction des centres d’intérêts et des problématiques de chacun : scientifique, juridique, gestionnaire… De façon générale, ce sont ces comités de rédaction qui donnent pour moi beaucoup de son intérêt à la revue et je les vis comme des moments de curiosité et d’ouverture intellectuelles.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2010
https://doi.org/10.3917/rfas.064.0085
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