1Rédactrice en chef de la Revue française des Affaires sociales de 1991 à 2000, Élisabeth Zucker est aujourd’hui à la retraite. Elle revient pour nous sur ses neuf années consacrées à la revue.
2• La revue était-elle différente quand vous êtes arrivée au poste de rédactrice en chef ?
3Oui, notamment la façon de gérer les articles. À mon arrivée, je me suis trouvée face à un stock considérable de textes. Les numéros étaient composés à partir des articles recueillis et parfois nous réalisions un numéro thématique quand il y avait beaucoup de sujets sur un même thème.
4• Qu’est-ce qui a changé ?
5La revue était rattachée à la DAGPB. À partir de 1995, nous avons changé de directeur de la publication. Jean-Marie Bertrand a été nommé à ce poste. Il souhaitait que la revue gagne en prestige afin, notamment, d’augmenter le nombre d’abonnés. La ligne graphique de la revue a évolué comme pour les autres publications du ministère. Du côté des articles, le comité de rédaction a été mis davantage à contribution pour passer des commandes d’articles sur des sujets précis. Les membres du comité proposaient des thèmes et suggéraient des auteurs. La revue est ainsi devenue plus réactive et proposait des informations d’actualité. Un atout qui a permis d’attirer des lecteurs dans le milieu universitaire parce qu’ils trouvaient de la matière récente et pointue pour leurs mémoires, leurs exposés… De mon côté, je pouvais m’appuyer sur un comité de rédaction, d’une vingtaine de personnes, organisé et efficace. Il m’aidait à sélectionner des sujets, à réécrire des articles.
6• Quelles étaient les particularités de la Revue française des Affaires sociales à cette époque ?
7C’était la revue des ministères des Affaires sociales et de l’Emploi. Une revue d’échanges entre les chercheurs et l’administration, avec un rôle d’interface entre ces acteurs. Elle se voulait aussi, transversale à toutes les directions. Les auteurs étaient aussi bien des fonctionnaires que des chercheurs qui présentaient leur vision des choses sur un même sujet. Nous souhaitions lui donner un rôle de management, pour reprendre l’expression de Jean-Marie Bertrand. Aussi, elle ouvrait souvent sur des discussions entre collègues. Parfois, des étudiants se proposaient pour écrire sur un sujet sur lequel ils travaillaient dans le cadre de leur thèse. Ce n’était pas une revue de recherches en sciences administratives ou politiques, de santé publique…, comme aujourd’hui.
8• Certains numéros ou thèmes vous ont-ils particulièrement marquée ?
Oui, bien sûr. Autant dans le travail collectif qu’ils ont généré que dans leur impact. Je pense, entre autres, à des numéros sur le thème de la « contrepartie », à partir duquel nous avons organisé un colloque avec CERC-Association sur les politiques sociales et les différents contrats qui peuvent les accompagner (RMI, politiques d’insertion et d’accompagnement à l’emploi). Précédemment, nous avions organisé une rencontre autour des modes de garde en Europe pour les enfants, après la réunification de l’Allemagne. Et aussi plusieurs numéros qui m’ont beaucoup marquée sur les risques sanitaires. L’un d’entre eux était un très gros numéro avec de nombreuses entrées. C’était très ambitieux : on y abordait le risque nucléaire, la vache folle, les maladies nosocomiales… Je souhaitais que la revue serve de base pour des colloques et non l’inverse. Je me suis aussi beaucoup investie sur les thèmes du handicap, de la santé en prison…