CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Le Portugal, pays à la fois d’émigration et d’immigration, présente actuellement une situation singulière dans l’Union européenne et dans le contexte de la mondialisation croissante de l’économie et de l’emploi. Ce pays a connu ces dernières années une importante modernisation ; l’évolution macroéconomique a favorisé la croissance et l’emploi, malgré les décalages en termes de productivité et de revenus qui séparent encore le Portugal de la moyenne européenne.

2Traditionnellement le Portugal est un pays d’émigration. Il s’agit d’une donnée structurelle, à la fois de l’économie et de la société, en raison de la culture migratoire et de l’existence de communautés portugaises partout dans le monde. À cela s’ajoute la persistance d’un différentiel de développement par rapport aux pays les plus riches d’Europe et d’Amérique du Nord. Des flux d’émigration spécifiques, notamment temporaires et saisonniers, persistent encore pour des motifs économiques. Les migrants tissent des réseaux migratoires, grâce auxquels ils s’installent dans une mobilité transnationale. Dans la migration intra-européenne des Portugais, se développent des logiques de double résidence et d’aller-retour.

3Mais le Portugal est de plus en plus un pays d’immigration confronté à des populations avec lesquelles il n’y a pas de liens historiques ni culturels, et à de nouvelles figures de migrants. Ce pays a désormais une politique d’immigration, elle a régularisé des clandestins et les immigrés font partie du marché formel et informel du travail.

4L’analyse de la situation des immigrés au Portugal et des modalités d’intégration des émigrés portugais dans l’espace européen, permet de nous interroger sur le rôle de ces circulations migratoires dans la construction européenne.

5L’évolution des marchés du travail, les politiques des pays concernés et la force des réseaux migratoires actifs aux deux bouts de la chaîne migratoire sont des facteurs déterminants des migrations portugaises. Il est fait appel aux travailleurs étrangers pour répondre aux exigences de flexibilité du marché du travail et de l’économie et aux besoins temporaires de maind’œuvre liés aux fluctuations conjoncturelles de l’activité (travail saisonnier, sous-traitance, prestation de services). Les tensions sont visibles dans les pratiques professionnelles : travail au noir, clandestinité, développement des formes atypiques d’emploi et de l’économie souterraine.

6Malgré les nouvelles facilités offertes par l’intégration européenne, les ressortissants portugais n’échappent pas totalement à la problématique classique inhérente aux mouvements migratoires. Dans le cadre de l’Union monétaire européenne, les migrations de travailleurs constituent-elles un facteur d’ajustement de l’économie portugaise ? Quelles en sont les conséquences sur le marché du travail, alors que le chômage est en forte augmentation au Portugal, et qu’il est particulièrement élevé dans d’autres pays d’immigration du Sud (Espagne, Italie et Grèce) où le chômage de longue durée est également très important ? Des différences significatives subsistent entre les États membres, en ce qui concerne le chômage, l’emploi, l’activité, les performances macroéconomiques et les structures sociales.
Le présent article abordera tour à tour :

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  • les politiques migratoires au Portugal, marquées par la régularisation d’étrangers « sans papiers » et l’hétérogénéité des politiques d’intégration ;
  • l’ampleur et les caractéristiques de l’émigration portugaise ;
  • l’immigration au Portugal, notamment la situation des différents groupes sur le marché du travail et la nouvelle vague venue d’Europe de l’Est.
En conclusion, on s’interrogera sur le rôle des migrations de travailleurs dans l’économie portugaise et sur les perspectives et les enjeux des mouvements migratoires au Portugal.

Les politiques migratoires en Europe et au Portugal

8C’est surtout dans les années quatre-vingt que le débat sur l’Europe sociale a été relancé avec le renouveau de la construction européenne : achèvement des règles de libre circulation des personnes ; affirmation d’un objectif de cohésion économique et sociale ; nécessité d’un droit social européen plus approfondi… La dimension sociale de l’Europe doit déboucher sur l’expression concrète d’une solidarité à l’échelle communautaire, qui reste un des facteurs de la cohésion européenne. Depuis 1986, date de son entrée dans la Communauté européenne, le Portugal fait des progrès en matière de convergence réelle et nominale et est entré, au 1er janvier 1999, comme membre fondateur de la zone euro [1]. Avec la création de l’Union économique et monétaire (UEN), les États providence européens sont entrés dans une nouvelle phase d’évolution et les marges de manœuvre des budgets publics ont substantiellement diminué.

Construction européenne, démographie et marché du travail

9L’immigration au Portugal serait le résultat, d’une part, de l’épuisement progressif des réserves internes de main-d’œuvre dans un contexte de croissance économique, d’autre part, de facteurs internes aux pays d’origine des immigrés poussant ces derniers à les quitter, mais également le résultat de la persistance de l’émigration portugaise, surtout vers d’autres pays européens (Suisse, France, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Luxembourg…), pour occuper des postes de travail mieux rémunérés à l’extérieur, mais similaires à ceux qui restent vacants pour les immigrés au Portugal. Celui-ci joue à la fois le rôle de pays relais, de pays de nouvelle immigration et de pays de transit vers d’autres destinations européennes, tout en étant un pays périphérique par rapport au noyau dur de la zone euro (Ramos, 2002 b).

10Étant donné le faible taux de chômage au Portugal jusqu’à 2001 [2], le niveau élevé d’activité des femmes [3] et le maintien de l’émigration, on comprend le recours à la main-d’œuvre étrangère pour combler des besoins spécifiques du marché du travail et atténuer les tensions salariales [4].

11Les indicateurs démographiques (taux de fécondité très bas et vieillissement accéléré de la population), rendent encore plus souhaitable cet appel aux étrangers pour les ajustements nécessaires. Pour éviter le vieillissement de la population portugaise jusqu’à 2021, il faut faire entrer au pays près de 200 000 immigrés par an (étude de Rosa et al., 2003, fondée sur les données du recensement de 2001). Ce nombre est nécessaire pour équilibrer le rapport entre la population active (15-64 ans) et âgée (plus de 64 ans) et tient compte du flux des émigrés sortant et des prévisions de mortalité et de fécondité pour les prochaines années.

12Ces dernières années on constate au Portugal des formes d’emploi non permanent et atypique et l’importance de l’économie souterraine. L’existence d’une offre de main-d’œuvre de travailleurs illégaux et clandestins, a constitué, surtout dans la construction, un facteur important pour la prolifération d’entreprises informelles créées et gérées par des entrepreneurs qui exploitent ces ressources humaines. Dans ce contexte, la flexibilité apportée par la main-d’œuvre immigrée peu exigeante est appréciée pour des raisons économiques : bas niveau des salaires, horaires de travail souples et longs…

13L’intégration des travailleurs étrangers est nécessaire pour valoriser leurs qualifications professionnelles dans l’économie portugaise et dans la productivité globale du travail. L’enjeu de l’immigration économique pour la compétitivité a été souligné récemment par le gouverneur de la Banque du Portugal [5].
L’immigration en Europe se diversifie, devient un phénomène durable, et d’anciens pays d’émigration comme le Portugal, l’Italie, l’Espagne et la Grèce sont aujourd’hui des pays d’accueil confrontés à de nouvelles figures de migrants : saisonniers, salariés, intellectuels, techniciens, commerçants, entrepreneurs, illégaux… Ils sont les révélateurs des transformations du marché de l’emploi et de la mondialisation : l’intensification des flux migratoires s’accompagne, en effet, d’une diversification des caractéristiques des migrants. La mondialisation contribue à installer dans la mobilité des populations variées [6] où coexistent « le citoyen en tant que national » et « le citoyen du monde » (Castles et Davidson, 2000). La difficile gestion de l’immigration permanente contribue à l’édification de nouvelles frontières au sein des États européens, des frontières institutionnelles qui, en maintenant de nouveaux migrants dans l’irrégularité, les confirment en marge de la citoyenneté.

Politiques européennes de gestion des flux et évolution de la politique d’immigration au Portugal

14L’immigration est au cœur du débat politique en Europe. Les conventions de Schengen, de Dublin et d’Amsterdam traduisent « l’européanisation » du débat sur l’immigration. Des politiques communes d’immigration et d’asile ont été définies conformément aux conclusions du Conseil européen de Tampere (octobre 1999). Si les États du nord de l’Europe se sont efforcés de réviser leur législation, les États traditionnels d’émigration du Sud ont eu plutôt à en élaborer une, face à l’impératif d’harmonisation des normes et des procédures. Avec le dispositif de Schengen, un important système de maîtrise de l’information se met en place pour lutter contre l’immigration clandestine et pour le contrôle aux frontières. Paradoxalement, c’est le domaine où l’Europe est actuellement fortement mise en cause. L’affichage, par les pays d’accueil, de politiques restrictives et parfois répressives a provoqué des effets pervers dont le phénomène des « sans-papiers » est l’illustration. La complexité des flux migratoires est à la base des difficultés accrues des États à contrôler les frontières et à élaborer une politique migratoire commune. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Organisation internationale du travail (OIT) et la Commission européenne soulignent l’inadéquation de la politique de « l’immigration zéro ». À une telle politique s’opposent en effet à la fois l’argument du droit (le regroupement familial et l’accueil des réfugiés sont des droits intangibles) et des raisons économiques et démographiques.
La plupart des États membres de l’Union européenne sont confrontés à la nécessité d’élaborer des solutions en matière d’asile et d’immigration qui tiennent compte à la fois des évolutions économique et démographique des États de l’Union européenne et de leurs liens historiques avec des pays tiers dans une optique de coopération pour le développement.

De la politique « d’ouverture régulée » à la politique de quotas

15Le Portugal est devenu, surtout depuis la Révolution des Œillets d’avril 1974, un pays d’immigration. Dans un premier temps, la décolonisation a entraîné l’implantation d’une communauté portugaise africaine. Ensuite, l’adhésion du Portugal à l’Union européenne (1986), qui a intensifié le processus de modernisation du pays, a permis l’accroissement et la consolidation des communautés issues des pays africains de langue officielle portugaise (PALOP), ainsi que des citoyens d’autres États membres. L’adhésion du Portugal à l’espace Schengen (signé le 25 juin 1991) a conduit aux « régularisations extraordinaires » de 1993 et 1996 (cf. ci-après), période marquée aussi par l’arrivée d’immigrés brésiliens (déjà en 1993, ils représentaient 13,6 % des régularisés). À partir de 1995, l’entrée en application de l’accord de Schengen (signé en 1985), qui constitue un pas important vers l’harmonisation des politiques migratoires à l’égard des « pays tiers », établit un régime favorable à la libre circulation des personnes au sein des pays adhérents. Elle a été suivie par un nouveau mouvement migratoire provenant des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) vers les pays d’Europe occidentale, Portugal inclus, et lié à la débâcle des régimes politiques et économiques des pays de l’ex-Union soviétique.

16C’est pour répondre à ces nouveaux défis migratoires que le Portugal a instauré une loi d’immigration [7] qui régule l’entrée, le séjour permanent, la sortie et l’expulsion des étrangers du territoire national, ouvrant le chemin à une autre politique d’immigration qui, selon l’ex-ministre de l’Intérieur, Nuno Teixeira (2001), se veut une « politique d’ouverture régulée » dans laquelle le flux migratoire doit être proportionnel à la capacité d’intégration dans la société portugaise [8]. Cette intégration est d’abord économique, puis professionnelle, et ensuite sociale et culturelle. Cette politique devrait se développer autour de trois points fondamentaux :

  • la régulation étatique du flux migratoire permettant de favoriser l’immigration légale en fonction du marché de travail [9] ;
  • la fiscalisation, avec pour objectif le combat contre l’immigration illégale, les réseaux de trafics de migrants et l’exploitation de la main-d’œuvre. Pour faire face à ce fléau, les autorités portugaises veulent renforcer leurs délégations consulaires dans les pays de l’ex-bloc soviétique. Les consulats portugais dans ces pays deviennent en quelque sorte des centres d’emploi, où les immigrés pourront s’inscrire et postuler pour des offres d’emploi en accord avec les besoins de l’économie portugaise et obtenir un visa ;
  • quant à l’intégration, ce sera sans doute le plus complexe et le plus long du fait des diversités culturelles représentées dans les communautés étrangères au Portugal. Avec l’objectif d’une meilleure intégration des immigrés, ont été créés des centres locaux d’appui et d’information, dans trois langues (portugais, anglais et russe), qui donnent des informations sur différents services (sécurité sociale, éducation, santé, etc.). En novembre 2002, un pacte social a été signé afin de clarifier les droits et les devoirs des immigrés, d’associer l’ensemble des institutions portugaises à la lutte contre toute forme d’exploitation ou de discrimination à l’égard de cette population, et de promouvoir le développement des pays pauvres afin de réduire l’incitation à émigrer.
L’ex-ministre Nuno Teixeira (2001) souligne que la politique migratoire portugaise doit non seulement s’aligner sur la politique européenne dans ce domaine, mais aussi passer d’une politique migratoire réactive à une politique proactive. Cette évolution politique démontre que l’immigration ne doit pas être perçue comme un problème, mais comme une opportunité, puisque l’histoire a démontré que ce sont surtout les pays développés – pays d’accueil – qui ont le plus bénéficié de l’apport des travailleurs immigrés.

17Dans le domaine de la coopération bilatérale, des accords temporaires de main-d’œuvre permettent aussi de réguler les flux migratoires en fonction des besoins du marché du travail. Il existe un accord avec le Cap-Vert [10] et des accords avec la Bulgarie, la Roumanie, l’Ukraine et la Russie (signés en 2001 et 2002). Le gouvernement portugais a, dans le même sens, entamé des négociations avec les États moldave, slovène et slovaque.

18La loi sur l’immigration [11], approuvée par l’actuel gouvernement, défend l’établissement de quotas. Le visa de travail devient le seul moyen d’être en situation régulière au Portugal. Le candidat à l’émigration doit l’obtenir dans un consulat portugais à l’étranger et entrer au Portugal avec une promesse de contrat de travail. Mais des difficultés existent en raison de l’absence de consulats portugais dans certains pays, comme par exemple en Moldavie ou en Ukraine, deux pôles de la nouvelle immigration [12]. Ceux qui veulent obtenir une autorisation de travail doivent s’adresser en Roumanie ou à Moscou ou… utiliser des réseaux illégaux.

19Les nouvelles directives de janvier 2004 donnent la priorité aux candidats connaissant la langue portugaise, ce qui peut bénéficier aux immigrés originaires des pays africains lusophones. Ceci veut renforcer les rapports avec les nationaux des États culturellement plus proches du Portugal et aussi avec des immigrés d’autres pays ayant déjà des contacts avec la langue et la culture portugaises.
La politique d’immigration est basée essentiellement sur un régime de quotas, définis de deux en deux ans. Mais en même temps, a été reconnu aux enfants d’immigrés – quelle que soit la situation (légale ou non) de leurs parents – un droit d’accès à l’éducation et à la santé [13]. La nouvelle réglementation ouvre aussi la possibilité de regroupement familial aux titulaires d’une autorisation de séjour (temporaire).

Une importante régularisation des étrangers « sans papiers »

20L’intensification de l’immigration au Portugal a abouti à trois opérations significatives de régularisation d’étrangers (1993, 1996 et 2001). Il y avait, fin 2003, 434 548 étrangers en situation régulière [14], ce qui correspond à environ 5 % de la population totale et 10 % de la population active. Ces dernières années le Service des étrangers et des frontières (SEF) a fréquemment repéré et expulsé des immigrés en situation irrégulière (de Guinée, Cap-Vert, Angola, Brésil, Roumanie, Moldavie, Ukraine, Russie…) [15] ; il a arrêté des personnes suspectées de recruter ces travailleurs pour le marché du travail clandestin. L’Institut pour l’inspection des conditions de travail (IDICT) a relevé dans plusieurs entreprises de travaux publics, la présence de main-d’œuvre nationale et étrangère en situation irrégulière, dont des « sans-papiers » travaillant dans des conditions violant les lois (absence de déclaration à la sécurité sociale, salaires inférieurs aux normes légales, horaires dépassant les heures supplémentaires permises par la loi…) [16].

21Lors de la régularisation de 1996, les étrangers non communautaires devaient être entrés sur le territoire portugais avant le 25 mars 1995, date de l’application des accords de Schengen. Selon les autorités officielles portugaises, les opérations de régularisation de 1993 et 1996 ont créé le besoin de nouvelles régularisations en raison d’effets pervers dus à l’existence de réseaux organisés d’immigration clandestine qui profitent des facilités de libre circulation dans les pays de l’Union européenne appartenant à l’espace Schengen.

22La loi sur l’immigration, votée le 26 juillet 2000, a permis aux étrangers de vivre et de travailler légalement au Portugal grâce à une autorisation temporaire de travail (émise pour une année renouvelable jusqu’à la limite maximale de cinq ans) mais qui ne leur permet pas de bénéficier du revenu minimum garanti, ni des allocations chômage. Ce qui est proposé aux travailleurs sans papiers c’est la sécurité de l’emploi, grâce à un contrat de travail. La régularisation des immigrés sans autorisation de séjour mais ayant un contrat de travail qui a commencé en janvier 2001 [17], se caractérise par une étroite collaboration entre le SEF, l’Inspection du travail et la Sécurité sociale. Cette régularisation se traduit par l’attribution d’un titre annuel, qui peut être prorogé pour une période de cinq ans.

23Le projet de résolution du Conseil des ministres de septembre 2001 insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’adopter une politique d’immigration équilibrée qui privilégie les canaux d’immigration économique légale dès les pays d’origine. Cette politique passe par l’admission d’étrangers munis d’un visa de travail adéquat, dans le cadre d’accords d’immigration ou non, mais toujours en fonction des besoins du marché de travail national. Or pour régulariser leur situation, certains immigrés ont produit plusieurs contrats de travail, ce qui illustre bien la pression exercée par les entreprises et les autorités gouvernementales pour trouver la main-d’œuvre indispensable à l’économie. Une telle situation exige un état prévisionnel des besoins de main-d’œuvre par secteur d’activité. Toutefois, les études sur d’autres pays européens montrent qu’il est très difficile de planifier l’immigration, de contrôler qualitativement les flux migratoires et de programmer l’entrée des familles des travailleurs immigrés.

24Les données fournies par le SEF montrent que 126 901 travailleurs étrangers ont été régularisés au Portugal, pendant la seule année 2001. Pour faire le bilan des régularisations jusqu’à la fin 2003, il faut ajouter 47 657 étrangers en 2002 et 9 097 en 2003 qui ont obtenu une autorisation de séjour temporaire. Ces chiffres ont dépassé toutes les prévisions [18]. La plupart des bénéficiaires sont originaires d’Ukraine, de Moldavie, de Roumanie, de Russie, du Brésil et d’Afrique lusophone (cf. tableau 6 en annexe). La fin du processus de régularisation laisse en situation illégale des étrangers qui n’ont pas pu régulariser leur situation. Toutefois, par décision de l’Inspection générale du travail, ceux qui pouvaient attester de leur situation professionnelle avant le 30 novembre 2001 pourraient être régularisés.

25Par ailleurs, conformément à l’accord entre le Portugal et le Brésil sur le recrutement réciproque de nationaux, signé le 11 juillet 2003 pendant la visite au Portugal du Président du Brésil, le gouvernement portugais a lancé au mois d’août, un recensement des Brésiliens qui souhaitent régulariser leur situation [19] et qui sont entrés au Portugal avant le 11 juillet. Ceux-ci devront présenter leur passeport tamponné ou la déclaration d’entrée au Portugal, l’inscription à la sécurité sociale et aux impôts. Cet accord concerne également la régularisation des immigrés portugais au Brésil, dont le nombre a augmenté ces dernières années, essentiellement des cadres, des investisseurs et des retraités. Il permet aussi la libre circulation entre les deux pays pour une période inférieure à 90 jours.
Enfin, les recommandations émises par le gouvernement en janvier 2004 permettent la régularisation des immigrés qui apportent la preuve qu’ils ont séjourné au minimum pendant une période de trois mois au Portugal avant le 13 mars 2003, ont été inscrits à la sécurité sociale et ont payé des impôts. Ils doivent aussi fournir une preuve de logement et un extrait de casier judiciaire au Portugal et dans le pays d’origine.
Il n’est pas possible d’évaluer l’importance des étrangers illégaux actuellement au Portugal. Quelques organisations non gouvernementales avancent le nombre d’environ 100 000 immigrés clandestins, essentiellement originaires de l’Est européen, du Brésil, de l’Afrique, de la Chine et de l’Inde. Pour l’Inspection générale du travail, le nombre d’immigrés dans cette situation varie de 40 000 à 50 000.

Réseaux de transnationalité et de circulation migratoire de la diaspora portugaise

26Les Portugais et leurs descendants sont dispersés dans différents continents (dans 123 pays) : selon les estimations du ministère des Affaires étrangères et des Communautés portugaises (DGACCP), leur nombre atteint 4,9 millions de personnes en 2003, c’est-à-dire environ 50 % de la population résidant au Portugal, ce qui représente une des plus grandes diasporas au monde (Ramos, 1999, 2003b). Le Portugal est aussi une terre d’accueil, pour d’autres diasporas actuellement en structuration, comme celles du Cap-Vert et du Brésil (Ramos, 2000b, 2002b). Une diaspora suppose qu’à partir de la dispersion d’un peuple dans plusieurs pays d’accueil se manifestent un lien communautaire et une conscience identitaire très forte [20].

27En ce qui concerne l’histoire des migrations internationales, le Portugal est un pays qui se localise aussi bien au « Nord » qu’au « Sud » du monde, occupant ainsi une position en même temps centrale et périphérique et ce, en fonction de l’espace régional pris comme référence. B. Sousa Santos (1994, p. 133-134) parle de « culture de frontière » qui serait spécifique à la situation semi-périphérique du pays. Le Portugal a connu des migrations de type colonial jusqu’au XIXe siècle et encore, bien que ralenties, au XXe siècle, vers les ex-colonies d’Afrique. Depuis la fin du XIXe siècle, l’émigration dirigée vers le Brésil jusqu’à 1950 et surtout vers l’Europe dans l’après-guerre, sont des migrations typiques orientées Sud-Nord.
L’émigration est donc une « constante structurelle » de l’économie et de la société portugaises. Il existe un lien direct entre les migrations et les inégalités sociales et économiques, internes et externes. L’évolution de l’émigration portugaise, au long de la seconde moitié du XXe siècle, met en évidence les multiples transformations de la société, opérées par les mouvements de population en Europe, surtout les migrations liées à l’emploi.

Les nouvelles formes de mobilités intra-européennes

28L’ouverture des frontières communautaires a promu de nouvelles formes de mobilité intra-européenne qui ne cadrent pas avec le concept « classique » d’émigration.

29Le Portugal reçoit de l’Union européenne un personnel hautement qualifié (cadres dirigeants et professionnels scientifiques et techniques liés à l’investissement direct étranger et à la modernisation de l’économie) ; en revanche, il fournit des travailleurs peu qualifiés aux États européens les plus développés. Le Portugal reçoit aussi des travailleurs peu qualifiés originaires des pays en voie de développement, notamment des anciennes colonies d’Afrique, mais il envoie vers ces pays africains de langue portugaise, des cadres et des professionnels de qualification équivalente à ceux qu’il reçoit de l’Union européenne.

30L’émigration portugaise augmente progressivement depuis le milieu des années quatre-vingt pour plusieurs raisons : création et structuration des réseaux migratoires vers de nouvelles destinations (Suisse, Luxembourg [21], Royaume-Uni et Espagne, par exemple) ; revitalisation de réseaux déjà existants (transocéanique, notamment vers le Brésil, le Canada et les États-Unis) ; nouvelles conditions de mobilité internationale dans un cadre légal communautaire, comme par exemple le « détachement » de travailleurs temporaires portugais vers d’autres pays européens et des déplacements saisonniers en Europe.

31Mais les nouvelles formes de mobilité intra-européenne prennent aussi un caractère illégal. On assiste, en Europe, notamment dans des pays du Sud – dont le Portugal – au développement de formes illégales de travail : emploi irrégulier d’étrangers, fausse sous-traitance internationale, trafics de main-d’œuvre [22] et réseaux organisés d’immigration clandestine [23], notamment de l’Europe de l’Est. L’immigration clandestine a pris un caractère structurel à la fois dans les pays d’immigration récente, comme ceux de l’Europe du Sud, et dans les pays traditionnels d’accueil. L’augmentation des flux migratoires clandestins dans les pays du Sud (Italie, Espagne, Portugal et Grèce) est associée à l’accélération de leur croissance économique, provoquant de nouvelles zones d’attraction pour une main-d’œuvre peu exigeante.

32Les nouveaux courants d’échange, d’investissement et de sous-traitance engendrent des relations complexes qui resserrent les liens entre les marchés nationaux du travail. Mobilité et clandestinité apparaissent liées, dans l’espace communautaire, aux problèmes de distorsion de la concurrence, de délocalisation et de marchandage salarial dus au dumping social et au développement de l’économie souterraine. Jouant sur les inégalités de niveau de vie et les disparités des législations sociales et du travail, certaines entreprises parviennent à des formes extrêmement souples de gestion de la main d’œuvre qui, même si elles ne peuvent pas toujours être définies juridiquement comme travail clandestin, en sont fort proches. Plusieurs affaires ces dernières années montrent le degré d’organisation de ce type de gestion du travail à l’échelle européenne, notamment entre le Portugal, l’Allemagne et la France et dans certains secteurs, comme le BTP, délaissé par les Portugais qui profitent de la libre circulation pour travailler comme saisonniers sur les chantiers européens.

33À partir du milieu des années quatre-vingt, les statistiques officielles portugaises montrent, pour les sorties permanentes, des flux réduits vers des destinations plutôt non européennes, comme les États-Unis et le Canada. En revanche, la grande majorité des migrants sont des travailleurs temporaires se rendant dans l’un des pays de l’Union européenne ou en Suisse [24]. Nos travaux, en s’appuyant sur les statistiques de la présence d’immigrés portugais en France et en Suisse dans les années 1970 et 1980, confirment que l’émigration temporaire est souvent une émigration permanente masquée. Un nombre significatif d’émigrants temporaires restaient illégalement dans les pays d’accueil et renouvelaient systématiquement leur contrat de travail. Depuis le milieu des années soixante-dix, les émigrés portugais en Europe sont essentiellement des émigrés temporaires ou saisonniers, dont une partie significative est devenue « permanente » dans les pays d’accueil, notamment en France et en Suisse. Dans ces pays, les Portugais deviennent une des communautés étrangères les plus nombreuses. En Ile-de-France, ils ont fourni une partie importante du contingent des clandestins avant l’entrée en vigueur, en 1992, des règles communautaires de libre circulation (Lebon, 1998). En Suisse, en 2000, 58 % des travailleurs saisonniers sont portugais (Sopemi).
Le nombre de Portugais dans l’espace économique européen est important (ils représentent environ 30 % des Portugais résidant à l’étranger). Ils sont parmi les citoyens communautaires les plus nombreux (plus d’un million) à vivre dans l’Union européenne, hors de leur pays d’origine. Il s’agit d’une stratégie de « migration circulation » qui s’inscrit dans la dynamique d’une mobilité croissante stimulée par la globalisation et facilitée par les droits inhérents à la citoyenneté européenne. La circulation des hommes, des marchandises et des idées a toujours été fondamentale pour une diaspora. L’évolution des techniques de transport et de communication au cours des dernières décennies, a considérablement accru les va-et-vient entre pays d’accueil et d’origine et a renforcé les liens culturels. Dans le contexte de la globalisation, beaucoup de nouveaux immigrés construisent des espaces et des réseaux sociaux qui traversent les frontières géographiques, politiques et culturelles. Le transnationalisme désigne ici l’ensemble des processus par lesquels des immigrés tissent et entretiennent des relations sociales de nature diverse reliant leur société d’origine et celle d’installation. Ces réseaux sont à la base de la formation des communautés transnationales (Portes, 1999).

Des logiques de double résidence et d’allers et retours

34Parallèlement au ralentissement de l’émigration permanente, un mouvement de retour des émigrés portugais s’est amorcé durant la décennie 1980 et se poursuit aujourd’hui. La migration intra-européenne se distingue de l’émigration transocéanique par le retour au Portugal qui est plus élevé sur le continent européen où se développent des logiques de double résidence et d’allers-retours. Les transferts de fonds des émigrés à destination du Portugal restent importants, même quand les immigrés ont déjà bâti leur maison, ce qui confirme la pratique d’allers-retours entre le pays d’origine et les pays d’accueil. Ces transferts représentent environ 3 % du PIB portugais, même si, sur le long terme, on observe une diminution de ces envois (Banque du Portugal).

35Les statistiques des demandeurs d’emploi au service emploi de la chambre du commerce et de l’industrie luso-française au Portugal montrent la présence dans la circonscription de Porto d’un nombre assez important de jeunes femmes célibataires, souvent d’origine portugaise, venant poursuivre au Portugal des études commencées en France ou qui sont à la recherche d’un premier emploi. Selon ces statistiques (Pasquier, 1999), dans l’ensemble des curriculum vitae présentés annuellement, 70 % sont des Franco-Portugais binationaux. Par ailleurs, les autorités portugaises facilitent le retour des jeunes luso-descendants à travers l’insertion dans la vie active par le biais des stages de travail en entreprise [25]. Sont concernés les jeunes âgés de 18 à 30 ans, ayant un niveau de qualification supérieur ou une formation technico-professionnelle et qui sont au chômage.
La très forte présence en Europe de communautés portugaises conjuguée avec le retour au Portugal de Portugais ayant vécu dans des pays d’accueil européens, fait que notre pays constitue un laboratoire de la mise en place de la citoyenneté européenne et de l’Europe sociale.

Diversification et augmentation des flux migratoires : quelle réalité ?

36Plusieurs instruments communautaires dans le cadre de la Stratégie européenne pour l’emploi appuient les efforts des États membres en faveur de la mobilité de la main-d’œuvre et de l’accès à l’éducation et à la formation tout au long de la vie. La stratégie visant à promouvoir l’essor de nouveaux marchés européens du travail a été adoptée par le Conseil européen de Stockholm en mars 2001 ; l’accent est mis sur les qualifications et la mobilité. De nombreuses initiatives dans le domaine de la sécurité sociale ont été proposées pour améliorer la coordination des régimes et permettre aux travailleurs et aux demandeurs d’emploi de tirer davantage parti de leur droit à la libre circulation.

37L’émigration portugaise a augmenté ces dernières années dans des pays comme l’Espagne et le Royaume-Uni. Or des affaires récentes rendent compte de situations « d’exploitation » de Portugais en Espagne, notamment dans le secteur agricole et celui de la construction, ou au Royaume-Uni et aux Pays-Bas où ils ne connaissent ni la langue ni leurs droits. Ils se trouvent souvent dans des situations dramatiques, engagés par des agences de travail temporaire et par des intermédiaires, très souvent portugais, travaillant dans des conditions ne respectant ni le droit du travail ni le droit à un logement décent [26].

38Enfin, les difficultés pour évaluer les flux de sortie des émigrés sont importantes et les chiffres sont apparemment sous-évalués. L’enquête par échantillon de l’Institut national de statistique (INE) portugais ne retient qu’une partie de cette réalité, confirmant quand même jusqu’en 2002, les sorties des moins instruits (enseignement élémentaire) et l’importance des sorties temporaires des jeunes hommes. Mais la mobilité des plus qualifiés augmente, notamment des cadres et des chercheurs, pour des courtes périodes dans l’espace européen, mais aussi vers d’autres pays comme le Brésil (la destination principale de l’investissement portugais à l’étranger ces dernières années), et cette réalité n’est certainement pas bien appréhendée [27]. L’important taux de chômage des jeunes portugais diplômés (14,8 % en 2002 – INE, Enquête « Emploi »), laisse entrevoir une propension à émigrer dans un contexte de récession et d’occidentalisation des systèmes d’enseignement supérieur (notamment dans le cadre du programme communautaire Erasmus), ce qui facilite la mobilité d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, habituellement appelée « fuite des cerveaux » (brain drain).
La caractéristique la plus marquante des migrations contemporaines est l’utilisation de l’infrastructure de l’économie globalisée pour les deux extrêmes des flux migratoires : celui des professionnels transnationaux hautement qualifiés et celui des trafiquants pour les marchés du travail.

Un nouveau pays d’immigration

Des filières traditionnelles aux nouveaux flux d’immigration

39Jusqu’aux années soixante, le nombre d’étrangers sur le sol portugais reste plus ou moins constant ; il est multiplié par plus de trois entre 1960 et 1981 [28] et ne cesse d’augmenter depuis. On passe de 209 102 étrangers ayant un permis de séjour au Portugal en 2000 à 434 548 en situation légale en 2003, dont 250 991 étrangers résidents, les autres ayant une autorisation de séjour provisoire (cf. tableaux 1 et 2 en annexe).
Au XXe siècle, l’immigration a dépassé à trois reprises l’émigration : à la fin des années trente ; dans la période 1975-1980 et, dernièrement, de 1995 à nos jours. Ce phénomène joue un rôle décisif dans la croissance de la population au Portugal (Rosa, 2003) [29]. Ce pays est donc devenu un pays d’immigration bien que le dynamisme des sorties continue à être important. Le système migratoire présente une grande fluidité : les nationaux sont envoyés à l’étranger et les étrangers entrent pour les remplacer. De plus, de nombreux actifs étrangers sont orientés vers l’économie informelle. La demande de main-d’œuvre clandestine de certains secteurs économiques et sa mobilisation par les réseaux ethniques instaurent une immigration en chaîne, particulièrement concentrée dans les villes.

Une forte diversification de l’immigration

40La situation portugaise présente certaines spécificités :

  • surreprésentation des citoyens des pays africains de langue portugaise [30] jusqu’à la régularisation de 2001 ;
  • forte diversification de l’immigration, avec l’augmentation du nombre des immigrés originaires du Brésil, de l’Europe de l’Est et de l’Asie (cf. tableaux 2 et 6 en annexe) ;
  • dispersion des nouveaux immigrés sur tout le territoire portugais, et pas seulement dans la région de Lisbonne ou les districts de Setubal et Algarve [31] ;
  • modification du profil des niveaux d’éducation des actuels flux, notamment de ceux provenant du centre et de l’Est européen ;
  • dynamisme de l’économie portugaise depuis le milieu des années quatre-vingt, lequel a rendu nécessaire le recrutement de main-d’œuvre étrangère.
En 2003, les étrangers qui ont un statut de résident au Portugal sont essentiellement originaires par ordre décroissant des pays suivants : Cap-Vert ; Brésil ; Angola ; Guinée-Bissau ; Royaume-Uni ; Espagne ; Allemagne ; États-Unis ; France ; Sao Tomé et Prince ; Mozambique [32]. Ce sont essentiellement des hommes, 55 % du total, et 72 % sont des citoyens non communautaires (SEF).

41S’agissant en grande partie des originaires des pays lusophones et étant donné la proximité culturelle avec le pays d’accueil, on pouvait s’attendre à une intégration sociale plus facile. Ce n’est pas le cas pour les migrants africains, notamment au niveau scolaire : c’est la minorité qui a les résultats les plus défavorables dans ce domaine (base de données : secrétariat Inter-Cultures) (Machado, 1996 ; Ramos, 2000b). Or, l’exclusion scolaire est trop souvent la première étape vers la marginalisation sociale. Mais la présence élevée d’étudiants et de femmes au foyer parmi les citoyens de pays africains lusophones est le symptôme d’une stabilisation et elle reflète également une intégration économique. L’actuelle présence africaine au Portugal ne se limite pas aux immigrants, mais comprend les luso-africains, qui recouvrent deux catégories : l’une, plus ancienne, est celle des Africains de nationalité portugaise, de condition sociale moyenne ou élevée, et souvent mixte du point de vue racial, qui ont opté pour l’installation au Portugal après la décolonisation ; l’autre, qui se dessine actuellement, est celle des enfants des immigrants qui sont nés et/ou qui ont grandi au Portugal (Machado, 1994).

L’immigration au Portugal : des réalités socio-économiques et historiques diverses

42Des groupes différents constituent la population étrangère :

  • l’immigration africaine est en général peu qualifiée mais les situations sont diverses selon les nationalités ;
  • les descendants de l’émigration portugaise (Brésiliens inclus) ont été associés à des professions qualifiées dans une première phase d’immigration jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix et moins qualifiées pour ceux qui sont arrivés après ;
  • des profils d’instruction intermédiaires prédominent dans les communautés chinoises et indiennes, très liées à la restauration et au commerce traditionnel ;
  • les chercheurs européens et les cadres des institutions multinationales, originaires essentiellement de l’Union européenne ;
  • les travailleurs de l’Europe de l’Est constituent une immigration majoritairement jeune, masculine et très qualifiée ;
  • les retraités (surtout en Algarve et à Madère), originaires d’autres pays de l’Union, tels que le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas.
Il s’agit donc d’une population étrangère ayant des capitaux culturels, sociaux et économiques distincts, dont les modes d’intégration dans la société d’accueil sont eux aussi contrastés. Cette diversité est évidente en termes scolaires, occupationnels, et dans la structure sociale. Jusqu’aux années soixante, la population étrangère résidant au Portugal est constituée principalement de petits groupes d’origine européenne, dont certains, comme les Anglais, étaient depuis longtemps présents dans des activités économiques tel le commerce du vin de Porto (Gonçalves, 2003). Ensuite, le pouvoir d’attraction migratoire exercé par le Portugal a augmenté. L’ouverture aux investissements étrangers, à la suite de l’industrialisation et de l’adhésion du Portugal à l’EFTA (European Free Trade Association) à la fin des années cinquante, a fait venir des professionnels et des cadres en provenance de l’Europe développée. Au cours des années quatre-vingt, on a pu observer l’augmentation régulière des entrées en provenance de pays membres de l’Union européenne : cadres dirigeants et professionnels, scientifiques et techniques, qui viennent très souvent pour des périodes limitées (Ramos, 2000a). Plus de la moitié des citoyens de l’Union occupent des positions élevées dans la hiérarchie des compétences.

43L’exode massif de Portugais vers cette Europe crée des besoins dans certains secteurs d’activité, surtout le bâtiment, favorisant l’entrée d’un premier contingent d’Africains, recrutés principalement au Cap-Vert. Après la révolution de 1974 et la décolonisation, on assiste au retour au Portugal de quelques milliers d’Africains. Ce n’est qu’à partir du milieu des années quatre-vingt que l’immigration de travail devient très importante, notamment en ce qui concerne les pays africains de langue portugaise, bien présents lors des deux premières régularisations (cf. tableau 3). À cette époque, l’immigration brésilienne se développe également. Il s’agit d’une migration économique, bien que le niveau socioprofessionnel des Brésiliens soit plus élevé et dispersé que celui des Africains. Les Brésiliens ont bénéficié largement des trois régularisations. En 2003, 32 462 avaient un statut de résident légal au Portugal (représentant la deuxième communauté étrangère, après le Cap-Vert) et 37 734 ont obtenu une autorisation temporaire lors de la régularisation de 2001, atteignant 21 % des autorisations émises (cf. tableau 6) ; à ceux-ci il faut ajouter 31 000 en situation irrégulière qui attendent la régularisation en cours, accordée en juillet 2003.

L’arrivée des citoyens de l’Est européen et de Chine : un changement du panorama de l’immigration au Portugal

44L’ampleur des entrées et l’origine des entrants varient en fonction des événements politiques et de la situation économique des différentes régions du monde. À partir du milieu des années quatre-vingt-dix, l’Union européenne a enregistré des arrivées importantes en provenance de l’Europe centrale et orientale. D’un point de vue politique, la gestion des migrations a une importance croissante pour le système migratoire européen (Marie, 2002).
L’arrivée des citoyens de l’Est européen après la chute de l’Empire soviétique, ainsi que l’augmentation de la communauté chinoise, après le passage de Macao à l’administration chinoise (en 1999), ont changé le panorama de l’immigration au Portugal : les Européens deviennent le principal contingent d’étrangers ; les Africains ont perdu de l’importance ; le nombre de Brésiliens et d’Asiatiques a augmenté rapidement [33]. La communauté chinoise a quintuplé en dix ans, de 1993 à 2003. À la fin des années quatre-vingt-dix, des Chinois illégaux en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, ont profité des facilités de régularisation pour s’installer au Portugal dans la restauration et le commerce traditionnel, à l’aide des réseaux communautaires immigrés [34]. Ces dernières années, on assiste à l’augmentation du nombre de citoyens des pays de l’Est, très souvent qualifiés et en situation irrégulière, dans le secteur de la construction. Ils représentent la grande majorité des étrangers concernés par la régularisation de 2001 et ont changé le panorama de l’immigration au Portugal au début du XXIe siècle.

Besoins de main-d’œuvre, insertion des étrangers sur le marché du travail et apports économiques

45Parallèlement aux deux opérations de régularisation des immigrés en situation irrégulière qui ont eu lieu en 1993 et 1996, un secrétariat coordinateur des Programmes d’éducation multiculturelle (aujourd’hui appelé secrétariat Inter-Cultures) a été créé en 1991, des mesures d’éducation multiculturelle ont été introduites dans les écoles publiques, un Haut Commissariat pour l’immigration et les minorités ethniques est lancé en janvier 1996. L’immigration devient ainsi un enjeu pour le Portugal à la fois au niveau de l’emploi, des politiques migratoires, de l’éducation et du développement (Ramos, 2000b ; 2002b). Le programme « Portugal Accueille », sous la responsabilité du ministère du Travail (via l’IEFP), lancé en juin 2001, vise à faciliter l’intégration et la consolidation socioprofessionnelle des immigrés par le biais de cours de langue et de citoyenneté. La définition du régime juridique des associations d’immigrés a été approuvée par la loi n° 115 du 3 août 1999.

La détermination des besoins de main-d’œuvre au Portugal

46Comme on l’a vu précédemment, l’augmentation progressive des qualifications moyennes de la population portugaise au cours des vingt dernières années, le besoin de main-d’œuvre au Portugal après l’adhésion à la Communauté européenne et la poursuite de l’émigration portugaise pour les emplois saisonniers et de sous-traitance en Europe, font que l’économie portugaise manque de travailleurs dans certains secteurs utilisant une main-d’œuvre demandant une faible qualification. C’est ainsi que le Portugal a fait appel au recrutement légal de travailleurs étrangers, surtout issus des pays de langue portugaise et des pays de l’Est pour les grands travaux publics [35]. Cependant, l’activité illégale d’immigrés, surtout d’Afrique et des pays de l’Est, se maintient aujourd’hui dans ces branches, bien que les contrôles de l’immigration soient devenus plus stricts.

47Le projet du Conseil des ministres de septembre 2001 prévoyait que les entrées autorisées pour des travailleurs extracommunautaires au deuxième semestre 2001 concernaient les secteurs suivants : 50 % dans la construction, 23 % dans l’hôtellerie et la restauration, 12 % dans l’agriculture et 15 % dans les autres secteurs. Des éléments du rapport réalisé par l’Institut de l’emploi et de la formation professionnelle (IEFP) pour 2002 montrent des positions diverses sur le nombre de travailleurs étrangers nécessaires à l’économie nationale. D’une part, le rapport a suggéré le recrutement de 27 000 travailleurs, notamment pour les BTP, les services et l’hôtellerie. Cette forte baisse du recrutement de travailleurs par rapport à l’année 2001 est, d’après les auteurs du rapport (par exemple Pires, 2002), due au ralentissement de la croissance de l’économie portugaise. D’autre part, les patrons liés aux secteurs concernés par l’immigration tablent, quant à eux, sur une création d’emplois correspondant à environ 91 000 travailleurs (dont 21 000 non communautaires) à savoir : 32 700 postes pour les BTP, 20 200 pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration et 13 400 pour le commerce.

48Sur la base d’un rapport qui souligne le besoin de manœuvres pour le BTP et de travailleurs agricoles et estime les besoins de main-d’œuvre étrangère pour 2004 à environ 20 000 travailleurs, les autorités portugaises ont décidé, en mars 2004, que 8 500 immigrés non communautaires (agriculture 2 100 ; hôtellerie et restauration 2 800 ; construction 2 900 ; services 700) pourront entrer dans le pays. Ces chiffres tiennent compte du nombre d’immigrés déjà inscrits comme chômeurs dans les centres d’emploi (environ 16 000). Ils n’entrent pas dans ce quota, les Brésiliens illégaux qui pourront bénéficier de l’accord signé en juillet 2003 (31 000), ni les travailleurs étrangers aussi illégaux, mais qui contribuent pour la sécurité sociale (entre 2 500 et 10 000).

49Des organisations patronales et syndicales, ainsi que des associations de défense des immigrés et l’Église catholique questionnent le système de quotas et considèrent leur nombre insuffisant. À ce propos, A. Vitorino, le commissaire portugais responsable pour les politiques d’immigration dans l’Union européenne, signale que « les quotas sont seulement un instrument et la question centrale est l’intégration. Nous avons l’obligation d’intégrer les immigrés dans le respect par nos valeurs » (Público, 2 février 2004).
Les flux transnationaux de capitaux, biens, services, matières premières et informations s’accompagnent de mouvements importants de main d’œuvre. Ainsi une grande partie des nouveaux résidents arrivés légalement ces dernières années sont originaires des pays de l’Union européenne, principalement du Royaume-Uni, de l’Espagne, de l’Allemagne et de la France qui sont les principaux partenaires économiques du Portugal dans le commerce, l’investissement direct étranger (IDE) et les transferts des remises des émigrés portugais (Banque du Portugal).

Une migration européenne liée au développement des investissements étrangers au Portugal

50Cette migration européenne est donc liée au développement des investissements étrangers au Portugal, à l’implantation d’entreprises multinationales, ainsi qu’aux flux de retraités fixés surtout au sud du pays (Algarve). Les réformes structurelles induites par l’intégration européenne, ont entraîné une forte croissance des investissements étrangers au Portugal et une augmentation du commerce intracommunautaire. L’importance du commerce portugais (importations et exportations) avec les autres pays de l’Union européenne représente environ 80 % du commerce extérieur (INE). Le stock cumulé des investissements étrangers dans l’économie portugaise est originaire à plus de 80 % de l’Union européenne. En ce qui concerne de son côté l’investissement direct portugais à l’étranger, depuis 1986, il s’est dirigé à environ 60 % vers l’Union, principalement l’Espagne, la France et le Royaume-Uni (Institut pour le commerce extérieur portugais – ICEP). Les transferts des émigrés portugais subissent la même évolution : en 2003, 61 % sont originaires de l’Union européenne, essentiellement de France (36 % du total) ; la Suisse, les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont aussi de l’importance (Banque du Portugal).

51L’ouverture à l’investissement étranger, à partir de 1960, fut parallèle à l’entrée des cadres dans les fonctions techniques ou de contrôle des organisations. Au départ, ce furent des mouvements réduits qui se caractérisaient par des séjours prolongés dans le pays. Aujourd’hui, il s’agit des mouvements plus nombreux caractérisés par une plus grande rotation du personnel fréquemment liée aux politiques de développement de carrière. Une partie importante des Européens qui ont cherché à s’installer au Portugal a un lien avec les mouvements de capitaux. Si l’on suit la courbe de l’investissement direct étranger qui a très fortement augmenté depuis l’adhésion du pays à l’Union européenne, ainsi que les données sur les secteurs économiques d’insertion, les stratégies d’investissement et la nationalité des filiales des entreprises, on obtient des indicateurs qui expliquent l’augmentation à partir des années quatre-vingt et la rénovation des flux de cadres, malgré le remplacement progressif de ces expatriés par des nationaux.

52En prenant l’exemple des États-Unis, Massey (2003) souligne que l’accroissement des flux migratoires internationaux est directement corrélé au phénomène de mondialisation des échanges. « Toute terre d’immigration attire prioritairement des résidents de ses principaux pays partenaires économiques, de ses anciennes colonies ou des pays dans lesquels ses troupes furent un jour déployées » (p. 33).
Sassen (1998) signalait également que les facteurs économiques qui contribuent à créer des liens entre pays d’origine et pays d’accueil relèvent principalement de trois catégories : les liens créés par l’internationalisation de l’économie ; les liens créés en vue du recrutement de main-d’œuvre ; les filières d’exportation de celle-ci.

L’intégration de la nouvelle vague d’immigration de l’Europe de l’Est

53Ces dernières années, on constate l’entrée dans l’espace Schengen de citoyens de l’Est européen avec des visas touristiques de courte durée. L’année 2001 constitue sans doute un tournant dans l’immigration au Portugal. Le pays qui détenait antérieurement un modèle de spécialisation de flux migratoires de pays lusophones ou bien de l’Union européenne, typique des années 1980 et 1990, assiste à l’arrivée massive d’immigrés provenant majoritairement de l’Europe centrale et orientale. L’arrivée d’un si grand nombre d’immigrés de l’Est au Portugal est liée à la facilité d’obtention de visas touristiques (généralement émis par les pays de l’Union européenne qui se trouvent géographiquement plus près de ces États) tout comme par le déplacement relativement facile et rapide dans l’espace Schengen. Il s’agit en général d’immigrés ayant un niveau d’instruction supérieur auquel s’ajoutent des compétences techniques acquises dans le système d’enseignement de l’ex-Union soviétique. Une enquête à la demande du Haut Commissariat à l’immigration (novembre 2002), constate qu’avant de venir au Portugal, 45,2 % des immigrés de l’Est exerçaient des professions supérieures (Lages et Policarpo, 2002).

54Leur arrivée au Portugal a commencé à s’intensifier avec la diffusion d’informations sur les opportunités réelles de travail du fait de l’organisation de l’Euro 2004 et après la visite du ministre portugais des Affaires étrangères dans certaines républiques de l’ex-Union soviétique. D’autre part, l’ouverture d’ambassades portugaises dans ces républiques, notamment à Kiev (en Ukraine) en 1993, a permis l’instauration d’un dialogue politique tout comme une consolidation des relations luso-ukrainiennes. Les visites officielles entreprises en Ukraine par le Président portugais Jorge Sampaio, en 1998, ainsi que celle de son homologue ukrainien L. Kuchma au Portugal, en octobre 2000, stimulèrent encore plus cette coopération bilatérale alors même que la priorité de la politique extérieure de l’Ukraine vise l’intégration européenne (Tymoshenko, 2002). Les clichés typiques que les immigrés de l’Est ont du Portugal sont régulièrement associés au tourisme et au football, qui bien souvent sont véhiculés par le biais de la chaîne de télévision Euronews diffusée en langue russe depuis 2001. Ces immigrés ont aussi pris connaissance des bonnes probabilités de trouver un emploi dans un marché du travail en croissance qui a enregistré, les dernières années, l’un des plus faibles taux de chômage d’Europe. Leur degré de qualification les rend attrayants aux yeux des employeurs portugais par rapport aux Africains, ce qui contribue à l’augmentation du chômage de ces derniers, constatée notamment pour les Capverdiens et les Angolais (IEFP). Il est possible d’envisager une évolution qualitative de l’emploi chez les travailleurs de l’Est : après le travail dans le bâtiment, après s’être libérés des passeurs, après avoir appris le portugais et bénéficiant d’une meilleure formation, ils sont demandés dans d’autres secteurs (comme l’hôtellerie) ou même dans des emplois très qualifiés, ayant obtenu l’équivalence des diplômes [36]. On peut envisager non seulement une mobilité sectorielle, mais aussi géographique au sein de l’Union européenne. Des mesures pour accueillir cette population au Portugal se succèdent. En janvier 2004, une mesure législative autorise l’attribution de l’action sociale scolaire aux enfants des immigrés de l’Est européen, dans les mêmes conditions que les enfants portugais, de l’Union européenne et des pays lusophones.

55Sur les 126 901 étrangers qui ont été régularisés en 2001, lors de la régularisation, 57 % étaient originaires d’Europe de l’Est (SEF). Si l’on observe les autorisations de résidence temporaire accordées en 2001-2003, on constate que les principaux contingents d’immigrés régularisés sont ukrainiens (35 % du total des autorisations [37]), moldaves, roumains et russes. Il est important de souligner que, parallèlement au phénomène de concentration des immigrés près des pôles urbains et industriels, on constate chez cette population un phénomène de dispersion dans le monde rural et agricole. Pour certains villages et petites villes de province en pleine récession démographique, ces immigrés sont une aubaine pour revitaliser la vie économique, mais aussi sociale et culturelle [38].

56L’enquête de l’IEFP (2001), que nous avons évoquée antérieurement, avait démontré que les Européens de l’Est sont surtout présents dans le bâtiment et les travaux publics pour 71,6 % d’entre eux, 14 % travaillent dans l’hôtellerie et la restauration et 9 % dans l’agriculture. L’Inspection générale du travail (2002) semble confirmer les résultats de cette enquête grâce à l’analyse des contrats de la régularisation de 2001. En effet, les recours déposés par les immigrés auprès de cet organisme pour l’obtention d’un statut légal sont assez révélateurs sur la nature des contrats – essentiellement à durée déterminée – et le type de profession : manœuvres dans le BTP, employés de maison… Les Ukrainiens sont répartis dans les différents secteurs de l’économie : BTP ; activités immobilières et autres activités de services aux entreprises ; industrie de produits métalliques et de biens d’équipement ; hôtellerie et restauration ; agriculture ; commerce en gros ; industrie alimentaire. On trouve des résultats plus ou moins comparables pour les Moldaves, Roumains et Russes alors que Biélorusses, Bulgares, Géorgiens et Lituaniens se concentrent majoritairement dans les secteurs du BTP, de l’immobilier et des activités prêtées aux entreprises (Inspection générale du travail – IGT, 2002) [39].
Si l’immigration peut à court terme entraîner des coûts d’intégration pour le pays d’accueil, elle a aussi des effets positifs sur la croissance, la diversité de la population et l’économie. La question de l’impact de l’immigration sur le taux de chômage national est régulièrement posée. Les migrants se substituent aux travailleurs locaux sur le marché du travail secondaire, selon les théories de la segmentation : emplois à bas salaires, ne requérant qu’une faible qualification, non attractifs et sans perspectives de promotion. Il s’agit prioritairement d’hommes seuls, subissant des conditions de travail et de logement pénibles et précaires et des discriminations directes et indirectes. Les « autochtones » et leurs institutions les considèrent comme des « oiseaux de passage » (Piore, 1979). L’analyse théorique et empirique tend cependant à montrer que les conséquences de l’immigration, tant pour le pays d’accueil que celui d’origine, varient fortement d’une situation à l’autre (Jayet et al., 2001). La régularisation des immigrés au Portugal a eu des conséquences bénéfiques au niveau du Trésor public et de la Sécurité sociale (Almeida, 2002). On a assisté également à la régularisation d’entreprises qui fonctionnaient dans l’économie parallèle.
L’immigration représente de plus en plus un enjeu démographique, économique [40] et social pour le Portugal, mais également pour les pays d’origine des immigrés. Selon les données de la Banque du Portugal (2002), les transferts des immigrés vers leur pays ont atteint 395 millions d’euros en 2001 : ceci correspond à environ 10,5 % des transferts des émigrés portugais et à 0,3 % du PIB. Ces valeurs sont en croissance de 109 % par rapport à l’année 2000. Ce montant augmente significativement en 2002, au milieu de cette année, les transferts avaient déjà atteint la valeur de l’année antérieure. L’impact financier des migrations est donc important.

Enjeux et perspectives pour les mouvements migratoires au Portugal – Vers une plus grande circulation des personnes

57En deux ans, de 2000 à 2002, le nombre d’étrangers a doublé au Portugal. Si les critères économiques sont importants pour la définition de quotas d’entrée d’immigrés, ils ne sont pas les seuls, puisque la connaissance de la langue portugaise est également importante. La priorité est l’intégration des immigrés déjà présents au Portugal : face à la récession économique, il faut éviter des tensions entre les différentes communautés d’immigrés et les Portugais [41]. Les difficultés de la main-d’œuvre africaine sont déjà évidentes face aux immigrés de l’Est européen, « Blancs » et plus scolarisés même si certains d’entre eux, sans famille ni réseaux communautaires forts, ne sont pas épargnés par le chômage ou même la mendicité. Dans le cadre de la Stratégie européenne de promotion de l’intégration sociale, les plans d’action nationaux des États membres, notamment celui du Portugal [42], reconnaissent l’émergence d’une diversité ethnique et culturelle croissante ainsi que le risque accru d’exclusion sociale auquel sont exposés les minorités ethniques et les immigrants.

58Le taux de chômage au Portugal augmente depuis l’année 2000 et a atteint au 4e trimestre 2003, 6,6 % de la population active (INE) [43]. Face à la crise économique et au ralentissement de l’activité de l’industrie et de la construction, le chômage des immigrés est en croissance. Étant donné leur importance sur le marché du travail informel, les chômeurs immigrés bénéficient rarement de protection sociale. Le haut commissaire à l’immigration envisage le recours à des plans d’appui au retour volontaire. Un programme ayant cet objectif a été accordé en 1997 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le gouvernement portugais. Il est de plus en plus demandé par les immigrés de l’Est européen, spécialement d’Ukraine et de Russie.

59Plus les salaires sont bas plus cela attire l’immigration illégale et plus les pressions pour moderniser les entreprises sont réduites. L’histoire de l’immigration montre l’importance des emplois à faible rémunération et à faible qualification dans les secteurs les moins avancés de l’économie. Pour maintenir le modèle de développement actuel (basse qualification, faiblesse des droits, faible composante technologique, main-d’œuvre intensive, forte flexibilité des salaires), le patronat cherche à substituer les travailleurs nationaux par la main-d’œuvre immigrée, contribuant ainsi au maintien de l’émigration des Portugais. L’augmentation de l’émigration de jeunes actifs non qualifiés a facilité leur substitution par des immigrés, étant donné que le Portugal n’a pas défini une politique de quotas par qualification, comme l’ont fait d’autres pays, par exemple l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni ou même l’Irlande (OCDE-Sopemi).

60En retraçant des mutations intervenues au Portugal ces dernières années, nous pouvons constater des modifications dans les modèles migratoires, même s’ils gardent un rapport avec les modèles traditionnels ou s’ils s’y adaptent. La demande de main-d’œuvre et la conjoncture économique conditionnent fortement les flux. L’existence d’une demande effective de main-d’œuvre immigrée, dans les pays d’accueil, est une question clé qui facilite les opérations de recrutement et l’efficacité des réseaux communautaires. La dynamique migratoire montre que les forces du marché (conditions d’offre et de demande de travail et les caractéristiques de la croissance économique) se superposent aux facteurs institutionnels, soit la libre circulation pour les pays de l’Union européenne, soit la fermeture des frontières pour les pays tiers. Les facilités accrues de circulations à l’intérieur de l’Union européenne ne transformeront-elles pas, à elles seules, le phénomène migratoire qui deviendra d’autant plus difficile à mesurer ? Quel est le bilan des flux récents d’entrée et de sortie au Portugal ? Les données statistiques actuellement disponibles ne permettent pas une information rigoureuse, faute de comparabilité des données. Même sans connaître exactement le nombre d’immigrés illégaux résidant au Portugal, ni l’émigration non enregistrée officiellement, ni le retour d’émigrés portugais, il apparaît que le nombre d’immigrés entrés au Portugal, ces dernières années, dépasse le nombre de sorties de Portugais.

61Le cas des doubles nationaux illustre les difficultés pour évaluer l’immigration. Par exemple, les Franco-Portugais, ne sont pas comptabilisés comme Français dans les statistiques portugaises, ni comme Portugais dans les statistiques françaises [44]. Selon les estimations des autorités françaises au Portugal, le nombre de personnes liées à la France (Français et Franco-Portugais) est cinq fois supérieur aux nombres officiels portugais. Or, ces binationaux, de plus en plus nombreux, représentent une nouvelle dynamique culturelle, éducative, professionnelle et économique, à dimension européenne, mal connue et sous estimée [45]. La double nationalité [46] apparaît en effet comme un élément qui peut être à la base de politiques d’inclusion sociale.

62La mobilité accrue des personnes entre la France et le Portugal, notamment des Français d’origine portugaise, crée des situations nouvelles, qui se heurtent à l’hétérogénéité persistante des droits nationaux, des pratiques administratives et des niveaux de vie entre les deux pays. L’intégration de la communauté française du nord du Portugal, principal pôle d’émigration, par son caractère biculturel marqué, constitue une expérience réelle du fonctionnement de la citoyenneté européenne et de l’Europe sociale. De nouvelles formes de mobilités se rencontrent aussi bien dans les pays d’immigration ancienne que dans les anciens pays d’émigration devenus terre d’accueil, comme le Portugal. L’immigration n’est pas dissociable de la question des réseaux migratoires et des affinités historiques et culturelles entre migrants et pays d’accueil. N’ayant eu d’abord – et pendant longtemps – aucune politique d’immigration clairement définie, mais s’étant mobilisées par la suite, soucieuses du contrôle des étrangers non communautaires, les autorités portugaises ont donné la préférence aux immigrés des pays lusophones. Les textes législatifs qui réglementent l’obtention de la nationalité portugaise [47] et le droit de vote [48] en sont la preuve, comme les conditions posées pour l’accès aux régularisations extraordinaires de 1993 et 1996 ou les accords bilatéraux décrits plus haut, sont révélateurs d’une volonté du Portugal de maintenir des relations privilégiées avec ses anciennes colonies.

63Toutefois, les Africains de langue portugaise sont eux-mêmes à la recherche d’autres destinations que le Portugal. Aujourd’hui, on trouve des populations capverdiennes de dimension non négligeable en l’Espagne, au Pays-Bas, en Italie et en France. Une partie des Guinéens utilise le Portugal comme passage vers d’autres destinations européennes. À ce titre, le Portugal est aussi devenu une plaque tournante en matière d’immigration. Le phénomène des migrations répétées révèle un certain changement dans la dynamique des migrations dans la mesure où il reflète davantage les circulations migratoires que les migrations strictement bilatérales [49]. Une fois régularisés, certains immigrés rejoignent d’autres pays européens, mais aussi les États-Unis, particulièrement les Brésiliens [50]. Face à l’augmentation du chômage au Portugal, de plus en plus d’immigrés cherchent des travaux saisonniers, notamment dans l’agriculture, en Espagne, France et Italie.
On ne sait pas quel sera l’impact de l’élargissement de l’Union européenne sur l’éventuelle réémigration des travailleurs venus d’Europe de l’Est vers le futur espace intégré [51].
À la suite du changement politique au Portugal en mars 2002, des nouvelles dispositions réglementaires ont été prises concernant l’immigration contrôlée et ajustée aux besoins de l’économie. La gestion des flux d’immigrants en provenance de pays tiers constitue un défi de plus en plus important pour les politiques démographiques et de l’emploi au Portugal et dans l’Union européenne. L’intensification des migrations internationales et la diversification des types et des modèles explicatifs des mobilités exigent des analyses plus approfondies des espaces des circulations migratoires dans le contexte de la mondialisation des économies.

Annexe

Quelques chiffres sur les étrangers au Portugal

Tableau 1

Évolution de la population étrangère résidente au Portugal – 1960 à 2003 (stock)

Tableau 1
Années Nombre 1960 20 514 1970 24 703 1975 31 983 1981 62 692 1986 86 982 1987 89 778 1988 94 694 1989 101 011 1990 107 767 1991 113 978 1992 123 612 1993 1994 136 932 157 073 1995 168 316 1996 172 912 1997 175 263 1998 177 774 1999 191 143 2000 207 607 2001 223 976 2002 239 295 2003 250 991 1 N’inclut pas les étrangers ayant des autorisations de résidence temporaires. Dans les statistiques nationales, il est question d’étrangers et de nationalités mais pas d’immigrés. Source : SEF, ministère de l’Intérieur

Évolution de la population étrangère résidente au Portugal – 1960 à 2003 (stock)

Tableau 2

Résidents étrangers au Portugal par continent (stock)

Tableau 2
1991 2003* Europe/Union européenne 30 042 69 565 Europe/Autres 2 969 7 179 Total Europe 33 011 76 744 Afrique 47 998 119 204 Amérique du Nord 9 236 10 167 Amérique centrale et du Sud 18 666 32 462 Total Amérique 27 902 42 629 Asie 4 458 11 570 Océanie 384 559 Apatrides 225 273 Nationalité inconnue 12 Total 113 978 250 991 * Données provisoires. Source : SEF, ministère de l’Intérieur.

Résidents étrangers au Portugal par continent (stock)

Tableau 3

Demandes de régularisation extraordinaire des étrangers au Portugal par pays d’origine

Tableau 3
1992-1993 1996 Pays africains de langue portugaise Angola 12 525 9 255 1992-1993 – 73 % Cap-Vert 6 778 6 872 1996 – 67 % Guinée-Bissau 6 877 5 328 Brésil 5 346 2 330 Sao Tomé et Prince 1 408 1 549 Chine 1 352 1 608 Sénégal 1 397 672 Pakistan 286 1 754 Autres 3 197 5 714 Total 39 166 35 082 Source : SEF, ministère de l’Intérieur.

Demandes de régularisation extraordinaire des étrangers au Portugal par pays d’origine

Tableau 4

Pourcentage de patrons et travailleurs indépendants qui ont sollicité le statut de résident

Tableau 4
2001 2002 Européens ertuA 15,9 16,1 Africains 8,2 8,7 Nord-Américains art sed te 27,3 stropsn 28,1 Sud-Américains udni’l ed noc al ed 14,9,eirts noitcurts 18,7 Asiatiques elliavarT 45,2 sru 35,4 Source : SEF, ministère de l’Intérieur

Pourcentage de patrons et travailleurs indépendants qui ont sollicité le statut de résident

Tableau 5

Population étrangère active ayant une autorisation de résidence par groupe de professions en 1999 (stock), en pourcentage*

Tableau 5
olpmE séy Professions inimda rdac te etceriD elarébil qinhcet fitneics sfitarts se sru s te seu,seuqi Total étrangers puccO 24,4 snoita 5,8 3,9 8,4 47,7 9,8 100 Européens 42,0 13,7 5,1 13,0 18,2 8,0 100 PALOP 1 4,5 0,3 2,9 3,3 76,9 10,7 100 Brésiliens 46,4 4,4 6,8 12,1 22,4 7,8 100 Asiatiques 21,1 9,0 2,3 28,5 13,9 25,1 100 * N’inclut pas les étrangers ayant des autorisations de résidence temporaire. 1 Pays africains de langue officielle portugaise. Source : SEF, ministère de l’Intérieur.

Population étrangère active ayant une autorisation de résidence par groupe de professions en 1999 (stock), en pourcentage*

Tableau 6

Autorisations de résidence provisoire accordées par les autorités portugaises en 2001-2003

Tableau 6
Principaux pays Effectifs Pourcentage Angola 8 399 4,6 % Brésil 37 734 20,5 % Cap-Vert 8 629 4,7 % Chine 3 889 2,1 % Guinée-Bissau 4 449 2,4 % Inde 3 550 1,9 % Moldavie 12 646 6,9 % Pakistan 3 071 1,6 % Roumanie 10 800 5,9 % Russie 6 774 3,6 % Ukraine 64 302 35,0 % Total 183 655 100,0 % Source : SEF, ministère de l’Intérieur.

Autorisations de résidence provisoire accordées par les autorités portugaises en 2001-2003

Notes

  • [*]
    Professeur à la faculté d’économie de l’université de Porto (Portugal).
  • [1]
    Mais les inégalités persistent : le PIB per capita du Portugal en 2002 représente seulement 71 % de celui de l’Union européenne (Eurostat).
  • [2]
    Pour cette année-là, le taux de chômage (4 %) était inférieur au taux naturel (5 %), provoquant une tension sur le marché du travail et faisant augmenter les coûts salariaux.
  • [3]
    En 2001, le taux d’activité des femmes portugaises était de 65 % ; ce taux n’atteignait que 60 % pour les femmes dans l’Union européenne (Eurostat).
  • [4]
    De nombreux travaux théoriques et empiriques menés en économie pour divers pays, suggèrent que l’immigration n’aurait guère d’effets sur les niveaux de chômage et de salaire de la zone d’accueil. Mais ce résultat ne fait pas l’unanimité (Héran, 2002).
  • [5]
    V. Constâncio, in Boletim Económico de Dezembro 2003, Lisbonne, Banco de Portugal, janvier 2004, p. 8.
  • [6]
    La mobilité de marchandises, de capitaux, d’informations et d’hommes montre, selon Bauman (1999), l’inégalité entre ceux qui ont lesmoyens pour la mobilité et ceux qui sont condamnés à l’immobilité dans les lieux où ils habitent. Pour lui, « la mobilité est devenue un privilège de classe », constituant un facteur essentiel de stratifications sociales contemporaines.
  • [7]
    DL n° 4/2001.
  • [8]
    Dès la fin des années quatre-vingt, les politiques publiques furent pensées en termes de contrôle : restructuration du Service des étrangers et des frontières (SEF) en 1986, durcissement de la législation en 1993, discours des pouvoirs publics depuis 1995 qui associe contrôle et intégration.
  • [9]
    Le rapport qui détermine les besoins de main-d’œuvre au Portugal est biennal et doit être revu de trois en trois mois par l’Institut pour l’emploi et la formation professionnelle (IEFP). Un premier rapport de l’Institut (IEFP, 2001) fait le bilan des besoins de travailleurs par secteur d’activité ; un deuxième rapport a été élaboré pour la période de 2002.
  • [10]
    Décret-loi 60/1997 du 19 novembre qui approuve le protocole d’immigration temporaire de travailleurs capverdiens pour prestation de travail au Portugal.
  • [11]
    DL 34/2003 du 25 février.
  • [12]
    Même si le ministère des Affaires étrangères et des Communautés portugaises a annoncé, en 2003, l’ouverture des consulats portugais dans ces deux pays (Cesário, 2003).
  • [13]
    La législation prévoit depuis 2001, l’octroi d’autorisation de résidence aux immigrés qui souffrent de maladies chroniques et prolongées, comme le HIV. Les autorités portugaises redoutent une massification des demandes.
  • [14]
    Ce chiffre du Service des étrangers et des frontières (SEF) englobe deux réalités différentes : la population étrangère porteuse d’un permis de séjour -250 991 au 31 décembre 2003 ; les étrangers auxquels a été attribuée une autorisation de séjour provisoire, de « permanence » -183 655 en 2001-2003. La population étrangère residente porteuse d’un permis de séjour (selon la législation en vigueur, DL n° 244/98 du 8 août), n’inclut pas les étrangers ayant des autorisations de courte durée, de visas d’étude, de travail ou de séjour temporaire, ni les étrangers en situation irrégulière. Les étrangers titulaires d’un contrat de travail sont ceux auxquels a été attribuée une autorisation de séjour provisoire émise pour une période d’une année renouvelable jusqu’à la limite maximale de cinq ans. Ces autorisations de permanence sont entrées en vigueur au mois de janvier 2001.
  • [15]
    Parmi les expulsions des étrangers en 2002, 28 % étaient des Ukrainiens, 16 % des Roumains, 9 % des Brésiliens et 7 % des Russes (SEF).
  • [16]
    La fraude fiscale et la fraude à la sécurité sociale sont assez importantes au Portugal puisque 22,5 % du PIB provient de l’économie parallèle (OCDE).
  • [17]
    Selon le décret-loi n° 4/2001.
  • [18]
    Avant cette régularisation, le SEF estimait à environ 30 000 à 40 000 les immigrés en situation irrégulière. Les organisations non gouvernementales de soutien aux immigrés avançaient le nombre de 60 000 à 80 000 « sans-papiers » au Portugal.
  • [19]
    Les premiers résultats de ce recensement illustrent bien la réalité cachée du nombre de « clandestins » étrangers. On attendait 15 000 Brésiliens dans cette situation et se sont présentés le double. Après quelques mois, seulement 1 200 personnes ont été régularisées compte tenu des conditions à remplir.
  • [20]
    M. Bruneau (1994, p. 5) associe la notion de diaspora à « toutes sortes de phénomènes résultant de migrations de populations dans plusieurs pays, à partir d’un pays ou foyer émetteur ». La diaspora portugaise se concentre essentiellement aux États-Unis, au Brésil et en France. Le Canada, le Venezuela et l’Afrique du Sud constituent aussi des destinations privilégiées.
  • [21]
    De « nouvelles communautés d’immigrés » se constituent, comme au Luxembourg, où les Portugais résidents représentent la première nationalité étrangère (regroupant 36 % des étrangers) et plus récemment au Royaume-Uni.
  • [22]
    Trafics pour les marchés du travail et l’exploitation sexuelle de femmes, notamment d’Amérique latine (spécialement du Brésil) et d’Europe de l’Est. Ces trafics ont suscité de la part des autorités portugaises des mesures de lutte contre la traite d’êtres humains.
  • [23]
    Le Bureau international du travail (BIT) définit les migrations clandestines ou illégales comme celles où les migrants se trouvent « au cours de leur voyage, à leur arrivée ou durant leur séjour ou dans leur emploi, dans des conditions contrevenant aux accords internationaux ou à la législation nationale » (Convention n° 143, adoptée par la Conférence du BIT en 1975).
  • [24]
    Selon l’enquête de l’Institut national de statistique (INE) sur les Mouvements migratoires de sortie, réalisée depuis 1992. En 2002, les flux de sortie ont été de plus de 27 000 Portugais, essentiellement des hommes jeunes. Ces chiffres sont des estimations par défaut, étant donné qu’ils sont le résultat d’enquêtes par échantillonnage faites à l’origine et qu’ils ne tiennent pas compte de certaines situations, comme les sorties des porteurs de passeports de tourisme ou même, dans l’espace européen, de simples pièces d’identité. Les différences entre les données officielles enregistrées à l’origine et dans les pays de destination le suggèrent.
  • [25]
    Arrêté ministériel n° 567/2000.
  • [26]
    Des pratiques dénoncées notamment par l’association anglaise « Citizens Advice Bureau ». L’acuité du problème est visible dans une campagne nationale d’information en cours des autorités portugaises (ministère des Affaires étrangères) adressée aux émigrés portugais sous le slogan « Avant de partir à l’étranger, il faut connaître vos droits ». Les services de l’Inspection générale du travail portugais collaborent avec leurs partenaires européens, afin de contrôler et résoudre ce problème.
  • [27]
    L’enquête sur les Mouvements migratoires de sortie de l’INE donne, pour 2002, un pourcentage de 11,3 % des émigrés sortis, au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur.
  • [28]
    Avant la régularisation de 2001, le Portugal était le troisième pays de l’Union européenne (après l’Espagne et la Finlande) ayant le pourcentage le plus bas d’étrangers par rapport à la population totale. Cependant, le Portugal a été dans l’espace communautaire le quatrième pays (après la Finlande, l’Autriche et l’Italie) à enregistrer un taux de croissance des plus élevés de population étrangère dans la première moitié des années quatre-vingt-dix par rapport à la deuxième moitié des années quatre-vingt (OCDE-Sopemi).
  • [29]
    Dans la décennie de 1990 (avant la grande vague de l’immigration, repérée lors de la régularisation de 2001), les étrangers résidant au Portugal ont contribué pour un cinquième à la croissance de la population.
  • [30]
    Les Africains représentent 48 % du total des étrangers en 2003, contre 28 % originaires de l’Union européenne et 13 % de l’Amérique centrale et du Sud (principalement du Brésil) (SEF). Ces données ne concernent pas les dernières régularisations.
  • [31]
    La répartition géographique des nouveaux arrivants régularisés diffère des schémas traditionnels caractérisés par une forte concentration urbaine des étrangers : en 2003, seuls 54 % de la population étrangère (hors autorisations temporaires) résidaient dans le district de Lisbonne (SEF).
  • [32]
    Le Portugal a enregistré un flux de demandeurs d’asile exceptionnel en 1993 (2 090 personnes), provenant pour près des deux tiers de Roumanie et pour 20 % d’Angola. Depuis, les demandes d’asile ont très nettement diminué. Elles ont concerné 232 personnes en 2002 : 18 % originaires de la Pologne, 14 % de la Sierra Leone et 10 % d’Angola (Service des étrangers et des frontières, SEF).
  • [33]
    Ils représentent 8,1 % des régularisés en 2001, originaires spécialement de la Chine, du Pakistan et de l’Inde.
  • [34]
    Selon Light (2000), la mondialisation permet aux réseaux ethniques d’alimenter la dynamique migratoire et parfois, de contribuer au développement de l’économie informelle.
  • [35]
    Notamment la réalisation de l’exposition universelle de Lisbonne en 1998, la construction du métro de Porto, les importantes opérations de modernisation et de rénovation de cette ville, qui a été « capitale européenne de la culture » en 2001 et la construction de grands stades de football pour accueillir, en 2004, le championnat européen.
  • [36]
    Un programme spécial de la Fondation Calouste Gulbenkian destiné aux médecins étrangers résidant au Portugal a été mis en place pour faciliter leur insertion professionnelle et permettre la reconnaissance de leurs diplômes. Il concerne plus spécialement des médecins de l’Est européen. Après le stage, s’ils réussissent l’examen auquel ils sont soumis, ils pourront exercer la médecine au Portugal.
  • [37]
    Les inégalités entre le Portugal et l’Ukraine peuvent être constatées au niveau du PIB per capita : si, en 2001, il était de 18 150 dollars pour notre pays, il n’était que de 4 350 pour l’Ukraine (données du PNUD).
  • [38]
    La région de Alentejo, où il y a un exode de la population et un taux chômage élevé, est un bon exemple de revitalisation apportée par les immigrés de l’Est.
  • [39]
    À titre de comparaison, la communauté de langue permet aux Brésiliens d’être plus présents dans le commerce et la restauration où ils occupent des postes de vendeurs ou de serveurs tout en étant les plus nombreux à travailler dans le secteur de l’éducation et de la santé. Les dernières années, on assiste à l’entrée croissante de médecins et infirmiers étrangers dans le système de santé portugais, spécialement des Brésiliens et des Espagnols. Une étude à partir du recensement de 2001 (Paulino, 2003), montre que la population espagnole au Portugal a une qualification de niveau supérieur, est active et est composée en grande partie de professionnels de santé.
  • [40]
    Les immigrés au Portugal ont apporté aux comptes publics d’importants bénéfices : en 2001, un solde positif de 324 millions d’euros et, en 2002, de 253 millions (ACIME).
  • [41]
    Selon un sondage national réalisé en décembre 2003, 75 % des Portugais enquêtés âgés de plus de 18 ans, s’opposent à l’entrée de plus d’immigrés au Portugal. Cette opinion négative est dominante chez les personnes âgées de 45 à 64 ans (Público, 15 décembre 2003). Une enquête réalisée en octobre 2002 par le Haut Commissariat à l’immigration conclut que la majorité de la population portugaise est contre l’entrée de nouveaux immigrés (Lages et Policarpo, 2002). Une étude pour l’Observatoire de l’immigration de l’ACIME (I. Ferin Cunha et al., 2004), constate que la criminalité est le thème le plus associé par la télévision et la presse, aux immigrés et minorités ethniques au Portugal.
  • [42]
    Plano Nacional de Acção para a Inclusão – Portugal 2003-2005, juillet 2003.
  • [43]
    Pour la même période, les statistiques de l’Eurostat avancent un taux de chômage de 7,9 % pour la moyenne des pays de l’Union européenne.
  • [44]
    Ceci explique les différences importantes qui existent entre les chiffres de l’administration française (rien que dans les consulats de Lisbonne et de Porto étaient inscrits, en 1999, environ 10 000 Français) (Lamy, 1999) et ceux des statistiques portugaises (6 474 Français au Portugal, cette même année 1999, selon l’INE portugais).
  • [45]
    L’importance de cette problématique est croissante et suscite l’intérêt de la Commission européenne qui appuie des projets scientifiques (cf. notamment Ramos et Gomes, 2003b).
  • [46]
    La réforme accomplie par la loi n° 37/81 est d’une importance capitale dans l’évolution du droit portugais de la nationalité. L’acquisition de la nationalité portugaise n’est pas subordonnée à la renonciation à une nationalité étrangère précédente, et l’acquisition d’une autre nationalité ne peut déclencher, à elle seule, la perte de la nationalité portugaise (Moura Ramos, 1999). Il en résulte donc une augmentation très nette des situations de double nationalité.
  • [47]
    Les étrangers en situation régulière peuvent obtenir la nationalité portugaise en demandant leur naturalisation au bout de dix ans de séjour, sauf s’il s’agit de ressortissants de pays lusophones pour lesquels une résidence (légale) de six ans suffit. La loi n° 29/94 du 19 août est une réaction législative à l’évolution des courants migratoires au Portugal étant donné l’augmentation de l’immigration après les années quatre-vingt, conduisant à des dispositions restrictives en ce qui concerne la nationalité et la prédominance du jus sanguinis. Le nombre de naturalisations a augmenté les dernières années, concernant essentiellement des ressortissants de pays non membres de l’Union européenne, originaires de pays d’Afrique lusophone (pour l’essentiel du Cap-Vert), du Brésil, du Venezuela et des États-Unis.
  • [48]
    Le droit de vote et l’éligibilité des étrangers aux élections locales existent depuis 1996 (loi n° 50/96 du 4 septembre) et concerne non seulement les citoyens de l’Union européenne, mais aussi ceux appartenant aux pays lusophones.
  • [49]
    Par exemple, à Londres, on rencontre un nombre croissant d’Africains lusophones, surtout des Angolais, ainsi que des Indiens d’origine portugaise (Hindous originaires de Diu ayant passé par le Mozambique), qui s’installent à Wembrey et à Leicester (Bastos, 2002). Les autorités anglaises ont déjà protesté contre les réseaux d’immigration illégale vers l’Union européenne originaires du Portugal. Selon la législation en vigueur, les citoyens nés dans l’ancien État portugais de l’Inde (Goa, Damao et Diu) avant le 19 décembre 1961 (date de l’annexation militaire), ont le droit à la nationalité portugaise. L’intégration du Portugal dans l’Union européenne a accéléré les demandes de nationalité et certains font recours à des réseaux organisés de falsification de documents. Au Portugal, existeraient environ 70 000 personnes originaires de l’Inde, dont 5 000 ont la nationalité indienne (Haut Commissariat pour la diaspora indienne).
  • [50]
    Il faut signaler que les citoyens de nationalité portugaise n’ont pas besoin de visas pour entrer aux États-Unis.
  • [51]
    Les Ukrainiens sont devenus une main-d’œuvre incontournable dans certains secteurs en République tchèque et en Pologne. Le prochain élargissement contribuera, peut-être, dans un premier temps, à une plus grande mobilité transfrontalière. L’immigration de travailleurs en provenance des PECO aurait des effets différents pour chaque État membre de l’Union européenne et pour les diverses catégories de travailleurs. Selon Bœri et al. (2001), l’immigration devrait toucher surtout l’Allemagne et l’Autriche. De la même façon que les autres pays de l’Union européenne, le Portugal a limité l’entrée des citoyens des nouveaux États membres.
Français

Résumé

Le Portugal, traditionnellement un pays d’émigration, devient un récepteur des migrants, d’abord de ses anciennes colonies, puis du monde entier, notamment ces dernières années des pays de l’Europe de l’Est. Cette situation nouvelle est-elle quantifiable ? A-t-elle entraîné des changements dans les politiques publiques, un impact sur le marché du travail et sur le développement du pays ? Cet article s’intéresse aux changements majeurs intervenus dans les politiques migratoires et aux enjeux d’intégration qu’ils posent. Après une brève allusion aux réseaux de transnationalité des migrants portugais, notamment la circulation migratoire dans l’espace européen, essentiellement à des fins de travail, la singularité du Portugal en ce qui concerne l’immigration sera abordée. Les politiques migratoires portant sur la régularisation des « sans-papiers », ainsi que sur les caractéristiques et l’insertion dans l’emploi des différents groupes d’immigrés, et les perspectives pour les mouvements migratoires seront également analysées. Les migrants créent des liens d’interdépendance entre pays d’origine et pays d’accueil, comme en témoignent les mouvements de personnes et les flux financiers et économiques qui les accompagnent. Ainsi, les enjeux des migrations sont multiples pour le Portugal, au niveau des politiques, des dynamiques économiques et démographiques. L’étude des modalités d’intégration des populations migrantes permet donc de réfléchir à la fois sur la conciliation entre immigration et citoyenneté et sur le défi que cela représente pour l’Europe sociale.

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Maria Pereira-Ramos [*]
Professeure à la faculté d’économie de l’université de Porto. Ses activités d’enseignement et de recherche portent sur les migrations internationales et l’économie des ressources humaines.
  • [*]
    Professeur à la faculté d’économie de l’université de Porto (Portugal).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2010
https://doi.org/10.3917/rfas.042.0109
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