Aide et action sociale
Mettre en œuvre le droit des usagers dans les établissements d’action sociale, Roland Janvier, Yves Matho, 2e édition, Dunod, 211 pages.
1L’usager prend désormais place dans le paysage de l’action sociale. Cela impose une nouvelle analyse des relations établies avec les professionnels. Cet ouvrage propose une mise en œuvre précise et argumentée du droit des usagers. Il s’appuie sur les perspectives nouvelles qu’ouvre la loi rénovant l’action sociale et médico-sociale (réforme de la loi sociale de 1975). L’accent est mis sur le conseil de la vie sociale, espace essentiel de changement des mentalités. Les procédures désormais obligatoires sont déclinées et analysées à travers des exemples clairs accessibles à tout professionnel. Les annexes fournissent la chronologie des principaux textes législatifs et une proposition d’élaboration du règlement de fonctionnement. Cette seconde édition, actualisée, prend en compte les dernières dispositions et projets de loi en vigueur, dans le secteur social et médico-social.
Instaurer la relation de service en action sociale et médico-sociale, Jean-René Loubat, Dunod, 258 pages, 27,5 euros.
2Prestations de service, contractualisation, démarche-qualité, projet personnalisé, redessinent les pratiques actuelles de l’action sociale et médico-sociale. La rénovation de la loi de 1975 engage les professionnels à mener à bien une indispensable mutation structurelle ainsi qu’une véritable révolution culturelle qui suppose : la mise en place de dispositifs innovants et mieux adaptés, l’instauration de réseaux de travail modulables, meilleure lisibilité et traçabilité des pratiques en matière de services rendus aux bénéficiaires. Tous ces bouleversements doivent également tenir compte des valeurs humaines inhérentes à l’entreprise même d’actions à vocation sociale. Une nouvelle éthique se précise et s’affirme, en repositionnant la personne au cœur des préoccupations et au centre des dispositifs. C’est donc à la mise en œuvre d’une véritable « culture de service » au sein des établissements que nous invite cet ouvrage. Méthodologique et pratique, il offre de nombreux outils et cas concrets, issus des expériences de terrain auprès des établissements, de leurs professionnels et des associations.
Guide de l’aide à domicile, Florence Leduc (dir.), Dunod, 350 pages.
3L’aide à domicile désigne l’ensemble des fonctions qui concourent au maintien dans leur milieu de vie des familles en difficulté, des personnes âgées et des personnes handicapées. De nombreux métiers et services relèvent actuellement de l’aide à domicile. Depuis le début du siècle, et plus particulièrement dans l’immédiat après-guerre, le mouvement s’est généralisé et appuyé sur une réglementation en constante évolution. Le contexte récent de l’adoption de l’allocation personnalisée à l’autonomie (APA) remet en lumière et en discussion la place des populations fragilisées par leur situation familiale, la maladie, le handicap ou l’âge. Cet ouvrage, conçu dans un esprit synthétique définit l’ensemble des contours professionnels de cette fonction en plein développement. Il se propose de clarifier les concepts, de décrire les structures, et présenter les dispositifs et les métiers.
Exclusion et pauvreté
Les travaux de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale 2001-2002, La Documentation française, 25 euros.
4Ce volume analyse, dans sa première partie, les données disponibles sur les évolutions récentes de la pauvreté et les représentations qu’elle véhicule. Pour ce faire, ont été mobilisées les données les plus récentes sur les aspects conjoncturels de la pauvreté : que nous disent des principaux indicateurs chiffrés provenant des administrations économiques et statistiques ? Les signes préoccupants observés depuis le printemps 2001 ne risquent-ils pas de mettre à mal l’impact positif du retournement conjoncturel de 1997 ? L’étude des représentations, considérablement approfondie cette année, apporte aussi des éclairages instructifs sur la manière dont les citoyens, les médias mais aussi la sphère politico-administrative s’emparent de ces questions. La deuxième partie de l’ouvrage reflète la volonté de l’Observatoire de varier davantage les approches et d’explorer des voies nouvelles de connaissance, en particulier sur des aspects peu connus de la pauvreté. La pauvreté s’inscrit dans des territoires : comment la géographie modèle-telle l’ampleur mais aussi les formes et les figures de la pauvreté ? La pauvreté, voire l’exclusion, touche davantage certains publics : qu’apprend-on sur les familles monoparentales, les étrangers, les ruraux, mais aussi les personnes sans domicile, les demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite, les publics accueillis par les associations de solidarité ? Enfin, les travaux explorent trois des dimensions qui traversent régulièrement les études et débats concernant la pauvreté et l’exclusion, à savoir : la santé, le logement ainsi que la faiblesse de certains salaires.
L’exclusion : définitions et mécanismes, Jérôme Ballet, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 255 pages.
5L’exclusion est au cœur de nombreux débats, et la croissance ne l’éliminera probablement pas entièrement ; le terme lui-même semble couvrir une variété de situations très large, rendant l’analyse parfois délicate. De toute évidence, pensent certains, trop de mécanismes sont à l’œuvre pour qu’une unité puisse être trouvée. L’auteur nous invite au contraire à comprendre l’exclusion à partir d’une définition unificatrice du sujet. L’exclusion est une privation de droits réels dans une société à un moment donné. Cette définition a certains avantages. Elle permet d’abord de différencier nettement l’exclusion de la pauvreté. Elle n’enlève rien au processus, mais leur donne plutôt un point d’ancrage. L’auteur étudie d’ailleurs deux mécanismes, l’un lié à l’enclavement dans le chômage, l’autre lié au capital social.
Famille
Partage des temps et des tâches dans les ménages, sous la direction de Marie-Agnès Barrère-Maurisson (dir.) avec la collaboration de Martine Buffier-Morel, Sabine Rivier, La Documentation française, 143 pages, 18 euros.
6Cet ouvrage présente les résultats pour la France d’une recherche menée au niveau européen sur le partage des activités rémunérées et non rémunérées entre les hommes et les femmes, réparties dans deux sphères : travail et hors travail. La vie des personnes est ici appréhendée à partir de la construction de cinq temps de vie (professionnel, parental, domestique, personnel et physiologique) ; la quantification du temps parental permettant de souligner la forte inégalité qui persiste entre hommes et femmes. À quelles conditions les politiques publiques peuvent-elles influer sur un partage des temps et des tâches plus équitable entre hommes et femmes ? Comment les lois de réduction du temps de travail ont-elles abordé ces questions relatives à l’égalité professionnelle ?
Construire la médiation familiale, Monique Sassier, Dunod, 176 pages.
7Même si elle se généralise, la médiation familiale souffre encore d’un défaut de reconnaissance. Dans cet ouvrage, qui fait suite au rapport remis au ministre déléguée à la Famille, à l’Enfance et aux Personnes handicapées, l’auteur dessine les nouvelles évolutions à mettre en œuvre pour assurer à ce « contrat public et social renouvelé » les conditions d’une généralisation au service du maintien du lien co-parental, seul gage de la structuration réelle de l’enfant. La médiation familiale peut et doit entrer de plain-pied dans le droit de la famille et notamment dans le tine relatif à l’autorité parentale. Elle n’est pas une procédure de réalisation de la séparation mais un processus de construction de liens et d’accords. Telle est la thèse argumentée par l’auteur. La médiation familiale se veut ainsi une véritable prise en compte active des accords par les deux membres du couple en crise. Elle contribue à l’instauration de droits effectifs face à la séparation. Elle s’inscrit dans un processus de prévention des séparations. Trente-six propositions, résumées en cinq axes permettent d’ancrer la médiation familiale dans une logique de sens, et non dans la panoplie des simples outils.
Le nouvel esprit de famille, Claudine Attias-Donfut, Nicole Lapierre, Martine Ségalen, Odile Jacob, 22 euros.
8La famille élargie a-t-elle disparu ? Le rôle des générations est-il effacé ? L’amour filial est-il fini ? Certainement pas. Cette enquête unique sur les liens familiaux tels qu’ils se vivent au quotidien entre toutes les générations dans la France d’aujourd’hui le montre de façon étonnante. Elle révèle que ces relations ont plus que jamais un rôle essentiel et que de multiples transmissions assurent le relais de l’histoire et de la mémoire. Non, famille et modernité ne sont pas contradictoires ; oui, dans toutes les couches sociales, il existe un « esprit de famille », une façon d’être entre soi qui conforte liens et continuités tout en ménageant, mieux que par le passé, l’autonomie de chacun.
Santé
L’information médicale : information du patient et information sur le patient, Olivier Dupuy, ed. Les Études hospitalières, 277 pages, 36 euros.
9L’information médicale est aujourd’hui au cœur de l’actualité juridique et médicale. Sa place au sein des débats qui animent les professionnels est justifiée par la mutation technologique à laquelle doivent faire face les professionnels de santé. De plus, l’information confère à celui qui la détient un réel pouvoir. Dès lors, la transmission des données médicales requiert sans nul doute un encadrement juridique suffisamment précis pour préserver au mieux les intérêts des différents acteurs, au premier rang desquels le patient. Cet ouvrage se propose de recenser, de façon « simple » et « intelligible », le cadre juridique qui entoure le processus d’information du patient, mais aussi celui qui s’applique à la récolte et à la diffusion des données médicales le concernant. Il est bien sûr fait état des principales dispositions du projet de loi relatif aux droits des malades et à la qualité du système de santé sur le sujet.
Société
La médiation : expériences et compétences, Philip Milburn, La Découverte, coll. « Alternatives sociales », 170 pages, 17 euros.
10La notion de médiation se répand dans les discours aussi rapidement que les médiateurs se multiplient au sein de la société. À tel point que l’objet « médiation » devient de plus en plus difficile à circonscrire, de même que l’activité à laquelle il correspond. La profusion des formes de médiation cache pourtant bien des disparités, que cet ouvrage tente d’éclairer. Il s’intéresse à tous les modes alternatifs de résolution des conflits réunis sous le terme générique de « médiation horizontale » : médiation familiale, pénale, judiciaire civile, scolaire, urbaine et sociale. L’auteur ne se contente pas de définir ces différents types de médiation : grâce à des enquêtes de terrain et de nombreux entretiens avec les acteurs concernés, il rend compte de leur pratique avec un point de vue à la fois critique et compréhensif. On entre ainsi dans la « boîte noire » des secrets de fabrication de la médiation ; Qui sont les médiateurs et comment sont-ils amenés à exercer cette activité ? Quel est le fonctionnement interne des instances ? Quels sont les ressorts des conflits auxquels ils se confrontent ? Quels moyens les médiateurs mobilisent-ils pour faire parvenir les parties à un accord ? Quelle relation la médiation entretient-elle avec les pouvoirs publics ?
Erving Goffman et les institutions totales, C. Anouroux et A. Blanc (dir.), L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 314 pages.
11Inscrites désormais dans le registre de nos connaissances du contrôle social, les institutions totales (concept développé par Goffman dans Asiles) se révèlent d’une richesse plurielle dont le champ va de la réflexion sur le politique à une sociologie des organisations, via des innovations épistémologiques et méthodologiques. Signe patent de leur valeur heuristique, les institutions totales nous interrogent et nous amènent à dépasser les limites habituelles des études institutionnelles des prisons, des navires militaires, des hôpitaux, des centres éducatifs, des usines.
L’âge d’or des patronages (1919-1939). La socialisation de l’enfance par les loisirs, Dominique Dessertine, Bernard Maradan, ed. Vaucresson CNFE-PJJ, 235 pages, 9,15 euros.
12Dans une période marquée par une crise économique généralisée, par une accélération de l’urbanisation et par de profondes mutations sociales, l’encadrement de la jeunesse des banlieues et quartiers populaires préoccupait déjà les élites de l’entre-deux-guerres. Dominique Dessertine et Bernard Maradan étudient l’une des réponses apportées alors au processus de socialisation collective des jeunes et des enfants des classes populaires : les patronages. Enjeux de luttes entre catholiques et laïcs, ces institutions doivent une partie de leur efficacité à cet affrontement idéologique qui tout à la fois stimule l’imagination des acteurs et permet de canaliser les tensions liées à un contexte social difficile. À la lecture de ce livre où se croisent histoire urbaine, histoire de l’éducation, histoire des politiques publiques, histoire religieuse même, une remarque iconoclaste vient à l’esprit : la solution au « problème des jeunes des banlieues » aujourd’hui ne se situe pas dans une prise en charge technocratique.